Les arbres et la sélection des semences : forêt urbaine et résilience au changement climatique
Le monde entier se laisse envahir par la « fièvre » de la plantation d’arbres alors que des études affirment que des milliards d’arbres permettraient de réduire la pollution au carbone (par ex. Bastin et al.). Le parti libéral s’est engagé à planter deux milliards d’arbres supplémentaires s’il est réélu, tandis que le parti vert a promis de planter 10 milliards d’arbres au cours des 30 prochaines années.
Aux côtés de nombreux autres organismes à l’échelle nationale et internationale, Arbres Canada fait depuis de nombreuses années la promotion de la plantation d’arbres en tant qu’outil efficace permettant d’améliorer nos conditions de vie, de compenser les impacts négatifs liés au développement et de montrer comment nous pouvons investir activement dans des bienfaits pour les futures générations.
Les arbres et les forêts jouent et continueront de jouer un rôle déterminant dans l’atténuation du changement climatique. Exploités correctement, ils sont capables de séquestrer du carbone et de contribuer à une stratégie de lutte contre le changement climatique plus globale. J’emploie le terme « correctement », car on trouve de nombreux exemples de bonnes intentions qui se sont traduites par des résultats moins souhaitables.
Au Canada, plus de 700 000 hectares sont récoltés pour la fabrication de produits en bois, puis replantés. Arbres Canada et de nombreux autres organismes plantent des arbres pour restaurer les écosystèmes forestiers, boiser de nouvelles zones, verdir les collectivités et appuyer les Canadiens qui souhaitent planter des arbres sur leurs terrains privés. Tout cela représente un grand nombre d’arbres.
Cependant, tout projet de plantation est susceptible d’être frappé par la sécheresse ou par des insectes ravageurs. Certains projets nécessitent donc une attention particulière. En raison de la hausse des températures et de la modification des régimes de précipitations, les écosystèmes sont déjà en train de se déplacer géographiquement. Pour que les arbres que nous plantons apportent les bienfaits souhaités, comme un habitat faunique, la restauration de l’hydrologie (réduction des inondations) et la séquestration du carbone, nous devons anticiper ces changements et planifier plusieurs décennies à l’avance.
Partout au Canada, des personnes dévouées travaillent sur des solutions d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, en particulier les forestiers et les professionnels de la plantation d’arbres. Les scientifiques, les gouvernements et les ONG s’efforcent de perfectionner leurs compétences en matière de plantation et d’entretien des arbres : des arbres qui pousseront au bon endroit aujourd’hui, dans 50 ans et dans 100 ans. Des arbres qui constitueront nos forêts pour les nombreuses années à venir.
Le Service canadien des forêts dispose de son propre Centre national de semences forestières qui permet de rassembler les semences provenant de tout le pays et de préserver la diversité génétique pour les prochaines générations. Il mène également des recherches et conseille les villes et d’autres chercheurs concernant les semences à cultiver pour les futures forêts.
Depuis 1992, Arbres Canada a planté plus de 82 millions d’arbres à travers différentes initiatives dont le Programme national de verdissement et le programme Plantez de l’air pur. Ces programmes plantent uniquement des espèces indigènes et s’appuient sur des experts locaux et des planteurs d’arbres professionnels afin de planter le bon arbre au bon endroit. Chaque plantation réalisée par des professionnels de la forêt et de la plantation d’arbres implique le choix de la source de semence et de l’endroit adaptés.
Le Conseil de génétique forestière de Colombie-Britannique (Forest Genetics Council of BC) a développé un programme de transfert des semences en fonction du climat qui veille à ce qu’un matériel génétique adapté soit sélectionné pour refléter le changement climatique. Des espèces dans leur ensemble sont susceptibles de pousser dans de nouvelles régions en raison du changement climatique, comme le mélèze (Larix laricina) en Colombie-Britannique.
En Ontario, l’Association de conservation des ressources génétiques forestières (Forest Gene Conservation Association) se concentre sur des plans stratégiques dédiés à la conservation et à la restauration afin que nos forêts puissent « évoluer » et se développer dans les conditions futures. Au Québec, un outil a été mis au point pour visualiser la modélisation du climat et les conditions futures des écosystèmes et des espèces.
Tous ces exemples prouvent que, d’un océan à l’autre, le secteur de la foresterie canadienne se prépare déjà à ces changements imminents et tente d’adapter ses pratiques de plantation. Nous ferons inévitablement des erreurs, mais nous en tirerons des leçons. Chaque saison, nos connaissances collectives s’enrichiront tandis que nous pourrons apporter des ajustements à nos approches.
En milieu urbain, les villes exploitent également ces connaissances afin de planter les meilleures semences dans le cadre de leurs programmes. De plus en plus de pépinières vendent leurs produits à leurs clients en partageant des informations concernant les espèces propres à leur région.
Tout comme les gens se sont familiarisés avec le type de planification nécessaire pour les plantes de notre jardin, nous devons également nous habituer à planter les arbres adaptés. (Si vous regardez autour de chez vous, les arbres plantés sont là depuis plusieurs décennies!) Les Canadiens peuvent utiliser les cartes de modélisation du climat et les informations en la matière pour acheter un arbre adapté en pépinière. Par ailleurs, lorsque vous achetez des semences indigènes et de petits arbres, votre pépinière locale devrait pouvoir vous confirmer si le matériel génétique est adapté à votre région. (Pour plus de renseignements par région, cliquez sur les liens suivants : Canada, Sud Ontario, Alberta, Colombie-Britannique.)
Toutefois, en fin de compte, nous devons surtout réduire nos émissions et trouver des alternatives à de nombreux niveaux de la société. Dans chaque secteur, des individus ont conscience de ces enjeux et travaillent à l’élaboration de solutions, y compris dans le secteur de la plantation d’arbres. Si chaque Canadien plantait et entretenait au moins un arbre, les résultats seraient bénéfiques pour l’avenir, car comme le dit le proverbe : « Une société grandit bien lorsque les hommes âgés plantent des arbres à l’ombre desquels ils savent qu’ils ne s’assiéront jamais ».
Aujourd’hui plus que jamais le moment est venu de planter des arbres!
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