Le 27 septembre, notre personnel a participé à la marche pour le climat organisée à Ottawa afin de répondre à l’appel à la mobilisation. J’ai été frappé par le nombre de personnes présentes et la conviction qu’on pouvait lire dans leurs yeux. Arbres Canada croit fermement que planter plus d’arbres fait partie d’une solution naturelle pour sauver notre climat. Cela m’a rappelé tout le chemin parcouru pour faire du changement climatique un sujet essentiel de discussion et d’action. En tant qu’employé de longue date d’Arbres Canada, je peux vraiment avoir un regard historique sur la question.
En 1992, Arbres Canada a été créé avec l’objectif d’« assumer un rôle de leader et de promouvoir la sensibilisation du public, l’éducation et les actions communautaires dans le cadre de la plantation et de l’entretien d’arbres à travers le pays » en « contrant les effets du changement climatique ». Cela remonte à 27 ans, c’est incroyable!
Même à l’époque, alors que les gens étaient à peine capables d’appréhender des concepts tels que le « changement climatique », la « séquestration du carbone » ou les « gaz à effet de serre », l’idée que les arbres capturaient le carbone présent dans l’atmosphère dans leur bois avait quelque chose d’à la fois fantastique, mais malgré tout totalement compréhensible. Les gens avaient compris que les arbres pouvaient aider l’environnement.
Dès ses débuts, Arbres Canada a veillé à s’appuyer sur des « experts en changement climatique » au sein de son conseil d’administration. Le professeur Nigel Roulet de l’Université McGill et le professeur Bill Freedman de l’Université Dalhousie ont été les premiers à évoquer le rôle des arbres dans le débat sur le carbone. Ils ont réalisé une étude pionnière intitulée Le rôle des arbres dans la réduction du CO2 dans l’atmosphère qui a suscité un besoin irrépressible chez les Canadiens d’en savoir plus et de se mobiliser. Arbres Canada a été sollicité par ses parrains et donateurs afin de créer des « crédits carbone » pour ses plantations d’arbres, un projet que nous avons entrepris afin de renforcer notre solide réputation d’organisme capable de fournir des solutions positives pour l’environnement aux Canadiens.
Au même moment, Arbres Canada a également dû faire face, à travers son programme Opération Renouvert à de terribles désastres naturels, dont nous savons aujourd’hui qu’ils sont liés au changement climatique. On a depuis observé que non seulement les températures moyennes et les niveaux moyens de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont progressivement augmenté avec des étés plus chauds et plus secs, mais aussi que la planète subit une forte hausse dans la fréquence d’événements climatiques chaotiques et spontanés, dont les répercussions sur les arbres au Canada et dans le monde sont catastrophiques. Parmi les événements survenus au Canada, Arbres Canada est intervenu dans les cas suivants :
- Les inondations au Saguenay (1996)
- La tempête de verglas dans l’Est du Canada (1998)
- L’ouragan Juan (2003)
- Les feux de forêt de Kelowna (2003)
- Les feux de forêt en Colombie-Britannique (2009)
- La tornade à Goderich (2011)
- Le dendroctone du pin ponderosa en Alberta (2011)
- L’agrile du frêne (2013)
- Les inondations en Alberta (2013)
- « Snowtember » en Alberta (2014)
- Les feux de forêt de Fort McMurray (2016)
- Les feux de forêt en Colombie-Britannique (2017)
- Les tornades d’Ottawa-Gatineau (2018)
- L’ouragan Dorian (2019)
Ironie du sort : c’est alors que j’assistais à une cérémonie célébrant les premières plantations importantes suite aux feux de forêt de Fort McMurray le 26 septembre 2018 que j’ai appris la nouvelle des tornades qui s’abattaient sur ma région (Ottawa-Gatineau). Et alors même que j’écris cet article, des gens ont perdu leurs arbres à cause d’une série de tempêtes de neige phénoménales en plein mois d’octobre au Manitoba…
Arbres Canada a dû orienter de plus en plus ses actions collectives sur le front de la compensation des émissions de carbone. Poussés par les encouragements de nombreux parrains, nous avons élaboré un protocole de carbone en 2009 afin d’étudier de manière systématique comment affirmer avec un fort degré de certitude que telle quantité d’arbres pourrait séquestrer telle quantité de tonnes de carbone. Nous avons travaillé avec des entreprises qui voulaient devenir « carbone zéro » en plantant des arbres au Canada, mais aussi avec des familles qui tenaient à compenser les émissions liées à certaines de leurs activités, comme prendre un avion pour aller en vacances. Nous avons mis à jour ce protocole en 2015 avec les travaux de Timo Makinen et d’autres membres du comité carbone de notre conseil d’administration. Notre programme visant à compenser de manière manifeste les émissions de CO2 grâce à la plantation d’arbres s’est ainsi développé.
Je ne dis pas qu’il n’y a eu aucun détracteur. Certains environnementalistes réputés restaient sceptiques dans les années 2000 : ils disaient que les arbres mourraient et que les forêts brûlaient. Arbres Canada a toutefois mis en place des méthodes visant à protéger les arbres nouvellement plantés : en cas d’échec on étudiait d’autres plantations, et le carbone souterrain (par opposition à celui présent au-dessus du sol) n’était volontairement pas inclus dans nos calculs en cas de perte. Notre protocole a été validé et notre programme Plantez de l’air pur a continué de se développer.
Revenons en 2019, alors que les Canadiens et les politiciens ont réalisé (à nouveau) que nos arbres constituent effectivement l’une des manières les plus efficaces de capturer du carbone dans l’atmosphère, à tel point que cela s’est imposé comme un enjeu électoral!
Profondément enracinée, notre mission se poursuit : nous ressentons plus que jamais l’urgence d’aider notre planète et nous entrevoyons une forêt de possibilités pour le bien de tous les Canadiens.
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