Table des matières 2.0 Services écologiques

Bardekjian, A. et Puric-Mladenovic, D. (2025). Bienfaits des forêts urbaines. Dans Cultiver des villes vertes : Guide pratique de la foresterie urbaine au Canada. Arbres Canada. Repéré sur le site Web d’Arbres Canada : https://arbrescanada.ca/guide-foresterie-urbaine/bienfaits-des-forets-urbaines/

Vue en contre-plongée sur un couvert forestier en milieu urbain avec un ciel bleu.

Points saillants

Valeur écologique et économique

Les forêts urbaines régulent le climat, améliorent la qualité de l’air, favorisent la biodiversité et apportent des bienfaits économiques.

Climat et durabilité urbaine

Les villes canadiennes étendent leurs forêts urbaines pour lutter contre les changements climatiques et améliorer la santé et la qualité de vie.

Quantification des bienfaits des forêts urbaines

Les municipalités canadiennes ont recours à tout un éventail d’outils pour évaluer la structure des forêts urbaines, cartographier les services écologiques et éclairer la prise de décisions.

Les arbres urbains, individuellement ou collectivement en tant que forêts urbaines, apportent une variété de services écologiques, dont certains peuvent être monétisés et apporter une valeur économique à la société. Les services écologiques des forêts urbaines incluent généralement des services liés à la régulation, à l’approvisionnement, au soutien et à la culture (Filho et al., 2020). Les services de régulation des forêts urbaines sont capables de modérer l’environnement en régulant le climat, en contrôlant les inondations, en éliminant la pollution dans l’air et en stockant du carbone. Les services d’approvisionnement offrent des produits concrets comme de la nourriture, de l’eau, du bois et des plantes médicinales (Visentin, 2019). Les services de soutien désignent les processus naturels qui soutiennent la vie, y compris les cycles des nutriments, la création du sol, la biodiversité, l’habitat, la production d’oxygène, la photosynthèse, la production de biomasse, la lutte contre l’érosion et le cycle de l’eau (Przewoźna, 2022). Par exemple, les forêts urbaines soutiennent la biodiversité grâce à la pollinisation et à la dispersion des graines, et offrent un habitat aux oiseaux, aux mammifères et aux espèces invertébrées (FAOUN, 2022; Pickett et al., 2016). Les services culturels des forêts urbaines profitent aux humains lors des interactions directes ou indirectes avec les arbres. Par rapport aux autres types de services, les services culturels sont souvent plus difficiles à quantifier et à monétiser. Toutefois, ils améliorent la qualité de vie de la population grâce à leur valeur esthétique, récréative et restauratrice (NWF, s. d.). La pratique de la foresterie urbaine, qui inclut la gestion et la planification associées à l’entretien et à la protection des forêts urbaines et des espaces verts, soutient également un flux constant de services écologiques pour la société (Arbres Canada, 2019; Salmond et al., 2016). Elle apporte aussi des avantages économiques en matière de création d’emplois, de réduction de l’entretien des infrastructures et d’autres bienfaits directs et indirects (Filho et al., 2020).

Climat et durabilité urbaine

En raison des préoccupations grandissantes relatives à l’instabilité climatique et des engagements gouvernementaux envers la durabilité environnementale et la protection de la biodiversité, les forêts urbaines et les espaces verts sont reconnus comme des solutions climatiques naturelles et des outils essentiels pour améliorer la qualité de vie en milieu urbain. Alors que près de 75 % de la population canadienne vit dans des zones urbaines ou métropolitaines (Statistique Canada, 2022), des efforts concertés d’aménagement des terres et de gestion des forêts urbaines sont indispensables pour maintenir la qualité du cadre de vie en ville face aux changements climatiques et aux défis environnementaux.

Les répercussions négatives des changements climatiques, l’expansion urbaine et le développement intensif se poursuivent, ce qui renforce également la prise de conscience du public concernant les questions environnementales. Bon nombre de personnes reconnaissent l’importance des forêts urbaines et des services écologiques qu’elles apportent. Par conséquent, la foresterie urbaine est devenue un sujet de premier plan dans les discussions liées aux politiques municipales et au processus de prise de décisions partout au Canada. Conscientes de ces défis et de la nécessité d’augmenter le couvert forestier urbain pour profiter des bienfaits des arbres, des villes canadiennes se sont fixé des objectifs des plus ambitieux en matière de canopée urbaine. Par exemple, plusieurs grandes villes du pays dont Vancouver, Halifax, Montréal, Ottawa et Winnipeg se sont engagées à augmenter leur couvert forestier de plus de 25 % d’ici 2030 (ICC, 2021). Toronto a même fixé son objectif encore plus haut : 40 % d’ici 2050. Ainsi, avec plus de 11,5 millions d’arbres et environ 1 500 parcs urbains et espaces verts, Toronto a intégré les forêts urbaines dans le tissu d’aménagement urbain en vue de devenir l’une des villes comptant le plus de forêt au Canada (Ville de Toronto, 2024; Ville de Toronto, s. d.).

Les bienfaits des espaces verts et des forêts urbaines, quel qu’en soit l’usage, sont considérables à Toronto. Selon plusieurs indicateurs sanitaires, notamment la santé cardiovasculaire et respiratoire (Statistique Canada, 2019), Toronto est l’une des villes les plus saines au Canada. D’autres villes canadiennes comme Ottawa, Winnipeg et le Grand Vancouver développent et mettent également en place des stratégies de gestion, d’exploitation, d’entretien et de protection pour gérer les espaces verts urbains et profiter pleinement de leurs bienfaits. Il a été prouvé que les services écologiques fournis par les forêts urbaines et les espaces verts améliorent grandement la qualité de vie en milieu urbain tout en favorisant la santé mentale et la promotion de la cohésion sociale (Arbres Canada, 2019). Selon des études épidémiologiques, même de brèves expériences en milieu naturel peuvent réduire l’activité neuronale dans le cortex préfrontal, ce qui indique une diminution des sentiments de stress et d’anxiété (Bratman et al., 2015). Lorsque des expériences similaires ont été menées dans des zones urbaines où il y avait un manque de nature, on n’a pas observé les mêmes effets (Bratman et al., 2015). Des études médicales montrent que les aires naturalisées urbaines et les espaces verts sont essentiels pour améliorer la santé mentale en milieu urbain (Astell-Burt et Feng, 2019; Rugel, Carpiano, Henderson et Brauer, 2019). On a également établi un lien direct entre couvert forestier et capital social : les quartiers urbains avec une canopée plus importante ont plus de réseaux sociaux et un plus grand sentiment de cohésion et bénéficient ainsi d’une meilleure santé mentale (Holtan, Dieterlan et Sullivan, 2014).

Lorsque des espaces verts arborés sont disponibles, les Canadiennes et les Canadiens ont tendance à les utiliser, ce qui augmente la probabilité d’interactions sociales tout en encourageant des activités récréatives dans toutes les tranches de la population (Koley, Kuo et Sullivan, 1997). La proximité et la disponibilité des espaces verts en milieu urbain encouragent l’activité physique, ce qui est bénéfique pour la santé mentale de la population urbaine tout en améliorant les indicateurs généraux de santé physique (FAOUN, 2022). On a démontré des liens positifs entre des zones urbaines plus vertes et une meilleure santé cardiovasculaire, une diminution de la tension artérielle, une réduction des cas d’obésité, d’asthme et de diabète et une amélioration de la mémoire et de la capacité de concentration (Richardson et al., 2013; Pretty et al., 2006; Kim, Lee et Ramos, 2021; Arbres Canada, 2024; Kardan et al., 2015).

Par ailleurs, les arbres urbains sont également des biofiltres essentiels, car ils capturent les polluants atmosphériques et les particules dans l’air des villes, ils assainissent l’air et ils réduisent la gravité des troubles et maladies liés au système respiratoire (Wolf et al., 2020). Les arbres urbains au Canada sont responsables de la séquestration et de la neutralisation d’environ 2,5 millions de tonnes métriques de carbone atmosphérique chaque année (Steenberg et al., 2023). Les arbres peuvent réduire la température ambiante de 2 à 5 degrés Celsius dans les zones urbanisées, luttant ainsi contre les effets négatifs sur la santé relatifs aux températures élevées durant les mois d’été (RNCan, 2016).

Quantification des bienfaits des forêts urbaines

Les zones urbaines qui disposent d’espaces verts nombreux et variés et de solides pratiques de foresterie urbaine profitent pleinement des services écologiques des forêts urbaines (FAOUN, 2022). Dans l’ensemble, les forêts urbaines dans les villes canadiennes apportent de multiples bienfaits, et de nombreuses municipalités ont quantifié et cartographié ces services (i-Tree, 2024; Ville d’Oakville, 2016). L’inventaire et la surveillance des forêts urbaines constituent des étapes fondamentales pour quantifier les forêts urbaines et leurs bienfaits. Selon la méthode et les outils employés, il est possible d’estimer et de quantifier les services des forêts urbaines et de les suivre dans le temps en utilisant des cartes de canopée urbaine, des indicateurs d’espèces d’arbres et des données sur la santé des arbres.

L’un de ces outils permettant d’estimer les services écologiques est i-TreeEco, un outil développé par le service forestier de l’USDA. i-Tree fournit des outils d’analyse de la foresterie en matière d’arbres individuels ou de peuplements entiers, des outils d’évaluation des bienfaits et une base de données pour soutenir la quantification de la structure forestière et éclairer la prise de décisions (i-Tree, s. d.). i-Tree a été utilisé dans plus de 20 municipalités au Canada pour estimer les services écologiques (i-Tree, s. d.).

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Lectures complémentaires