Table des matières 1.0 Contexte

Définition des forêts urbaines

Bardekjian, A. et Puric-Mladenovic, D. (2025). Définition des forêts urbaines. Dans Cultiver des villes vertes : Guide pratique de la foresterie urbaine au Canada. Arbres Canada. Repéré sur le site Web d’Arbres Canada : https://arbrescanada.ca/guide-foresterie-urbaine/definition-des-forets-urbaines/

Un grand arbre se trouve devant des gratte-ciel. On voit le soleil en arrière-plan

Points saillants

Définitions clés

Explication des forêts urbaines, de la foresterie urbaine et de la canopée urbaine.

Évolution des définitions

Changement de la compréhension des forêts urbaines, de la foresterie et des zones urbaines au fil du temps.

Foresterie urbaine en tant que pratique

Gestion, planification, plantation, entretien et protection des forêts urbaines.

Ressources sur la foresterie urbaine au Canada

Ressources disponibles.

Lorsqu’on imagine une « forêt urbaine », à quoi pense-t-on? Aux arbres qui longent les rues? Aux arbres dans des contenants placés sur les trottoirs? À des forêts de ravins? Aux arrière-cours des lotissements? La forêt urbaine, c’est tout cela et plus encore!

Depuis le milieu du XXe siècle, les zones urbaines du Canada ont connu une croissance importante et une augmentation de la densité de la population, ce qui a fait émerger un grand nombre de problèmes environnementaux, écologiques et sociaux. Ces défis ont souligné l’importance de bâtir des villes plus vertes et ont renforcé le besoin de mesures de conservation et de gestion des arbres urbains. Au fil des années, le verdissement urbain est passé d’une approche de gestion arbre par arbre à une approche qui reconnaît l’importance de tous les arbres en milieu urbain (Konijnendijk et al., 2004). Des termes comme « forêt urbaine », « foresterie urbaine » et « canopée urbaine » ont été créés, et leurs définitions se sont progressivement enrichies. Ces trois termes sont liés et sont souvent employés de façon interchangeable, mais il est important de souligner leurs différences.

Termes clés en foresterie urbaine

Différentes définitions détaillées de la forêt urbaine et de la foresterie urbaine sont employées au Canada. Habituellement, la forêt urbaine est définie comme un ensemble d’arbres, de plantes ligneuses et de végétation en milieu urbain (Jorgensen, 1974). De façon générale, la foresterie urbaine est considérée comme une branche spécialisée, mais multidisciplinaire de la foresterie. Elle se concentre sur les techniques et les pratiques de gestion de la forêt et des arbres, de la planification à la plantation, en passant par l’entretien et la protection des arbres ainsi que la mobilisation et la sensibilisation du public (Deneke, 1993). La canopée urbaine (ou couvert forestier) est une expression à deux facettes : elle désigne la forêt urbaine ainsi que l’ampleur de l’ombrage au sol de la canopée des arbres (CSLA, 2024; Vogt, 2020). Facilement cartographiable à l’aide de technologies spatiales modernes, la canopée urbaine est souvent utilisée comme une mesure simple et générale pour quantifier, comparer et surveiller les forêts urbaines dans l’espace et le temps (Arbres Canada, 2019).

L’approche consistant à considérer les arbres en milieu urbain comme une forêt est née à la suite de la perte des ormes d’Amérique (Ulmus americana) en raison de la maladie hollandaise de l’orme qui a touché des villes d’Amérique du Nord dans les années 1960. Cette maladie causée par un champignon vasculaire a tué la plupart des ormes d’Amérique dans les villes et a dévasté le couvert forestier de nombreuses localités de l’est de l’Amérique et du Canada. En raison de cette perte soudaine de canopée, les rues et les quartiers ne disposaient plus de suffisamment de protection et d’ombre, ce qui a mené à une mobilisation importante de la population en appui à la conservation et à la gestion des arbres urbains. Le mouvement a mobilisé des spécialistes de la foresterie et des scientifiques pour reconnaître et valoriser les forêts urbaines en tant que ressources naturelles essentielles des milieux urbains. La société a alors commencé à reconnaître que les forêts urbaines étaient indispensables pour apporter des bienfaits environnementaux et sociaux et rendre les zones urbaines agréables à vivre.

C’est ainsi que l’importance de tous les arbres en milieu urbain a été reconnue et que les termes « forêt urbaine » et « foresterie urbaine » ont été créés. Ces termes ont été définis en 1965 par Eric Jorgensen, Ph. D. à la Faculté de foresterie de l’Université de Toronto, au Canada. Jorgensen a été le premier à définir la « foresterie urbaine » comme « un secteur spécialisé des sciences forestières dont l’objectif est la culture et la gestion des arbres en vue d’assurer leur contribution actuelle et future au bien-être physiologique, social et économique de la société urbaine. Sont inclus dans cette contribution, les bienfaits environnementaux, les activités récréatives et l’utilité publique des arbres » (Jorgensen, 1974). Il considérait également que la foresterie urbaine ne se réduisait pas « aux arbres de la ville ou à la gestion des rues uniques, mais plutôt à la gestion des arbres dans l’ensemble de la zone influencée par la population urbaine » (Jorgensen, 1974).

Évolution des définitions

La définition d’origine de Jorgensen de la foresterie urbaine a été améliorée et enrichie au fil du temps. En 1993, lors de la première Conférence canadienne sur la forêt urbaine, Frederick Deneke a étoffé cette définition en déclarant : « La foresterie urbaine est la planification, la plantation, la protection, l’entretien et le soin durables des arbres, des forêts, des espaces verts et des ressources connexes dans les villes et collectivités ainsi qu’en périphérie de celles-ci visant à fournir aux gens des bienfaits associés à l’économie, à l’environnement, à la société et à la santé publique. Cette définition comprend la préservation des arbres et du couvert forestier alors que les populations s’étendent dans les zones rurales environnantes et la remise en valeur de secteurs vitaux du milieu urbain après les travaux de construction. L’expansion de l’interface entre les zones urbaines et rurales pose des inquiétudes en matière de santé et de sécurité de l’environnement et du public, mais elle offre également des possibilités de former des liens éducatifs et environnementaux entre les résidents urbains et la nature. De plus, la foresterie urbaine communautaire comprend la promotion de la participation et de l’appui des citoyens en vue d’investir dans des programmes permanents et à long terme de plantation, de protection et d’entretien des arbres. »

Au fil des années, à mesure du développement des connaissances et de la compréhension concernant la signification et la valeur de la forêt urbaine, davantage de spécialistes en foresterie et de professionnel·les ont intégré le secteur, et des définitions du terme « forêt urbaine » ont commencé à fleurir dans la documentation et les réglementations professionnelles au Canada. Par exemple, la Loi sur les professionnels forestiers de 2000 du gouvernement de l’Ontario indique que la forêt urbaine s’entend « d’une végétation composée en grande partie d’arbres et des caractéristiques connexes que l’on trouve dans une zone urbaine. S’entend en outre des boisés, des plantations, des arbres d’ombrage, des champs à divers stades de succession, des terres marécageuses et des zones riveraines ». En 2021, la définition de forêt urbaine de la Loi a été complétée, et le terme « terrain boisé urbain » a été ajouté pour inclure les zones naturelles urbaines dans le cadre de la définition suivante : « Terrain boisé situé en milieu urbain, y compris dans une zone riveraine, un ravin ou une terre marécageuse » (Loi sur les forestiers professionnels, 2000).

Au-delà de la définition des forêts urbaines et de la foresterie urbaine, l’importance de la stratégie, de la planification et de la gestion en matière de forêts urbaines est devenue évidente. Kenney (2003) a été le premier à évoquer l’idée de planification stratégique de la gestion forestière urbaine et à souligner l’importance d’une gestion stratégique de toutes les composantes de la forêt urbaine et des facteurs biotiques et abiotiques connexes dans des milieux urbains divers, des petites localités aux plus grandes, et dans les zones qui les relient. C’est ainsi qu’on a commencé à mettre en place des mesures de gestion stratégique des forêts urbaines dans différents espaces urbains : rues, parcs, cimetières, arboretums, propriétés privées et parcelles de forêt naturelle. Tous les éléments de la forêt urbaine étaient considérés comme les pierres angulaires des infrastructures vertes, et comme contributions de la forêt urbaine pour relier les zones vertes urbaines et rurales et améliorer l’environnement urbain (GIOC 2015; RNCan et Service canadien des forêts, 2022).

S’appuyant sur l’idée de Kenney (2003) qui défendait l’importance de la gestion stratégique des forêts urbaines et reconnaissait l’importance écologique et sociale des arbres urbains dans les zones urbaines mais aussi en dehors, la Stratégie canadienne sur la forêt urbaine 2019-2024 (SCFU) adopte une définition plus large des forêts urbaines : « les arbres, les forêts, les espaces verts et les éléments abiotiques, biotiques et culturels connexes qui se trouvent dans les zones allant du noyau urbain à la limite périurbaine » (Arbres Canada, 2019). De plus, la définition de la SCFU de la foresterie urbaine inclut également « la planification, la plantation, la protection, l’entretien, la gestion et le soin durables des arbres, des forêts, des espaces verts et des ressources connexes dans les villes et collectivités ainsi qu’en périphérie de celles-ci visant à fournir aux gens des bienfaits associés à l’économie, à l’environnement, à la société et à la santé publique ». On y mentionne par ailleurs « les techniques associées à la préservation des arbres dans le contexte de la densification, le couvert forestier alors que les populations s’étendent vers les zones rurales environnantes et le verdissement de secteurs vitaux du milieu urbain à la suite du développement et de l’urbanisation ». Comme le fait remarquer la SCFU, à l’heure où « les frontières géographiques et sociales entre zones urbaines et rurales deviennent de moins en moins marquées, l’urbanisation soulève des inquiétudes en matière d’environnement, mais aussi de santé et de sécurité publiques, créant ainsi le besoin de former des liens éducatifs et environnementaux entre les habitants des villes et la nature. À la croisée de plusieurs disciplines, la foresterie urbaine arbore de multiples facettes et implique de nombreux acteurs au niveau de la recherche, des politiques, des pratiques et de l’engagement communautaire. Elle comprend le développement de l’implication et de l’appui des citoyens en vue d’investir dans des programmes permanents et à long terme de plantation, de protection et d’entretien des arbres ».

Définition des zones urbaines

Les définitions de « forêts urbaines » emploient le terme « urbain » pour décrire les limites de la forêt, mais cela soulève la question de la définition du terme « urbain » lui-même. Au Canada, la définition des zones urbaines a évolué au fil des années. Dans le recensement canadien de 1931, une population urbaine était définie comme une « population résidant dans les limites des villes et villages, quelle qu’en soit la taille ». Toutefois, après 1951, on a commencé à définir les zones urbaines par la taille de leur population, puis, par leur densité de population. Le recensement canadien de 1971, selon la taille et la densité de la population à l’époque, indiquait qu’« une zone urbaine a une concentration de population minimale de 1 000 personnes et une densité de population d’au moins 400 personnes par kilomètre carré ». En 2008, Statistique Canada a distingué deux catégories de zones peuplées au Canada : les zones urbaines et les zones rurales. La population urbaine est définie plus précisément comme « toutes les personnes qui vivent dans les noyaux urbains, les noyaux urbains secondaires et les banlieues urbaines des régions métropolitaines de recensement » (Statistique Canada, 2008).

Par conséquent, puisque les définitions des zones urbaines et de la population urbaine ont évolué spatialement et structurellement, la définition des forêts urbaines s’est également élargie pour inclure les arbres et la végétation connexe qu’on trouve dans les métropoles, les villes ou les villages, ainsi que dans les zones touchées par la population urbaine. Il a également été reconnu que les forêts urbaines et l’urbanisation sont interdépendantes et que les forêts urbaines s’étendent au-delà des limites de la ville et pas uniquement dans les limites municipales (Arbres Canada, 2019). Les zones urbaines et leur population profitent des forêts et des terrains boisés au-delà des délimitations urbaines. Ces forêts et ces arbres, entre les zones urbaines et rurales, dans la zone d’influence urbaine souvent appelée « forêt périurbaine » (FAO, s. d.; Salbitano et al., 2016), offrent des possibilités récréatives pour la population urbaine, favorisent la protection de la biodiversité et, même s’ils se trouvent en dehors des zones urbaines, contribuent à réguler le climat urbain et l’hydrologie, à assainir l’air et la qualité de l’eau et à apporter une valeur esthétique et culturelle. Cependant, les pressions exercées par l’urbanisation, l’aménagement et la population urbaine ont des effets négatifs sur les forêts et le milieu naturel des zones périurbaines, ce qui se traduit souvent par des parcelles de forêt fragmentées et des forêts définitivement perdues ou perturbées à la suite de l’aménagement (Puric-Mladenovic, Kenney et Csillag, 2000). Il est primordial de comprendre et de reconnaître l’interdépendance des zones urbaines et périurbaines, ainsi que les similarités et les relations entre les forêts urbaines et périurbaines, pour établir une gestion et une planification stratégiques en la matière (Kenney et Rosen, 2003; Konijnendijk et al., 2004; Salbitano et al., 2016).

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Lectures complémentaires