Table des matières 2.0 Services écologiques

Bardekjian, A. et Puric-Mladenovic, D. (2025). Gestion des eaux pluviales. Dans Cultiver des villes vertes : Guide pratique de la foresterie urbaine au Canada. Arbres Canada. Repéré sur le site Web d’Arbres Canada : https://arbrescanada.ca/guide-foresterie-urbaine/gestion-des-eaux-pluviales/

Gros plan sur des puisards sous la pluie, avec de l’herbe et des voitures floues en arrière-plan.

Points saillants

Ruissellement des eaux pluviales et urbanisation

Les surfaces imperméables des villes entraînent un ruissellement excessif des eaux pluviales, ce qui augmente les risques d’inondation et les dommages causés aux infrastructures.

Rôle des forêts urbaines

Les arbres contribuent à restaurer les cycles naturels de l’eau en interceptant la pluie, en stabilisant le sol et en améliorant l’absorption de l’eau.

Stratégies de gestion des eaux pluviales

Étendre et renforcer le couvert forestier urbain et les surfaces souples est un moyen efficace de réduire le ruissellement et de gérer les eaux pluviales.

L’urbanisation et le développement intensif des terres ont grandement modifié la perméabilité des paysages urbains et leurs cycles et processus hydrologiques naturels. Les villes deviennent plus vulnérables aux importantes chutes de pluie qui causent un ruissellement rapide et des inondations (Kaykhosravi et al., 2020). Lorsqu’il y a moins de forêts et de végétation naturelles, toute réduction du couvert forestier cause un ruissellement accru ce qui rend les zones urbaines plus susceptibles d’être touchées par des inondations. Les forêts urbaines qui disposent d’un couvert forestier, d’une structure et d’une composition adaptés ont le potentiel d’améliorer l’hydrologie urbaine et de limiter le ruissellement (Berland et al., 2018; Kuehler, Hathaway et Tirpak, 2017; Xiao, McPherson, Simpson et Ustin, 1998). Cependant, pour gérer efficacement les forêts urbaines afin d’améliorer l’hydrologie, de nombreuses villes manquent globalement d’espaces appropriés pour planter des arbres dans l’avenir. Les zones urbaines canadiennes ne font pas exception en matière de problèmes tels que l’urbanisation, l’hydrologie et le couvert forestier.

Les arbres, individuellement et collectivement dans les forêts urbaines, jouent un rôle crucial dans la gestion des eaux pluviales. Des forêts urbaines conservées, gérées et renforcées de façon stratégique peuvent apporter une solution durable aux municipalités canadiennes qui rencontrent des défis environnementaux. Les arbres urbains et leurs canopées gèrent les eaux pluviales par le biais de l’évapotranspiration et en interceptant physiquement la pluie grâce à leurs feuilles, leurs branches et leurs troncs, ce qui permet de réduire le volume d’eau qui atteint le sol (Carlyle-Moses et al., 2020; Dowtin et al., 2023). Cependant, l’interception et l’évapotranspiration sont déterminées par des caractéristiques morphologiques d’espèces, de taille et de stature d’arbres, la densité de la zone feuillue, la structure des branches et le fait que les arbres sont plantés en groupes ou individuellement (Berland et al., 2018; Kuehler, Hathaway et Tirpak, 2017; Xiao, McPherson, Simpson et Ustin, 1998).

Par ailleurs, les racines des arbres stabilisent le sol, améliorent la structure du sol et la matière organique, et augmentent la stabilité du sol pour absorber et filtrer l’eau. Cela permet de réduire le poids sur les infrastructures de gestion des eaux pluviales, les cours d’eau et les étangs, mais aussi de diminuer les risques d’inondation tout en atténuant l’érosion et la sédimentation dans les cours d’eau (Agence de protection de l’environnement des États-Unis, 2023). Les arbres urbains améliorent également la qualité globale de l’eau (The Mersey Forest, 2014) en réduisant le ruissellement et les substances chimiques toxiques comme les métaux, les carburants, les solvants et d’autres polluants (Agence de protection de l’environnement des États-Unis, 2013). Les forêts urbaines qui ont des fonctions hydrologiques contribuent à protéger les propriétés et les infrastructures urbaines grises en réduisant les inondations et le ruissellement lors des vagues de sécheresse extrême, ce qui apporte d’importants avantages économiques (Nesbitt et al., 2017).

De nombreuses villes canadiennes ont élaboré des normes de développement vert pour incorporer les arbres et intégrer les forêts urbaines à l’aménagement des terres (Ville de Toronto, 2023b; Ville de Mississauga, 2012; Ville de Halton Hills, 2019). En préservant et en gérant les arbres urbains, les municipalités réduisent le ruissellement global et renforcent la capacité d’absorption du sol, ce qui créé un milieu urbain, une forêt urbaine et un écosystème naturel plus résilients (Ville de Mississauga, 2023; Ministère des Affaires municipales, 2023).

Stratégies de mise en œuvre

L’une des stratégies les plus efficaces pour gérer les eaux pluviales et réduire le ruissellement est d’augmenter la surface et la qualité de la canopée des arbres. On peut y parvenir en plantant stratégiquement des arbres dans des zones comme les rues, les parcs et les propriétés privées ainsi qu’en adoptant différents types d’utilisation des terres. Pour tirer un plus grand parti des avantages des forêts urbaines, il est recommandé de combiner la plantation et la conservation du couvert forestier avec d’autres formes d’infrastructures vertes comme des jardins de pluie, des toits verts et des chaussées perméables. Cette approche intégrée peut grandement améliorer la gestion des eaux pluviales et optimiser les bienfaits apportés par les forêts urbaines (Carlyle-Moses et al., 2020; USEPA, 2024).

Dernièrement au Canada, plusieurs ordres de gouvernement ont encouragé la plantation d’arbres en ville pour augmenter le couvert forestier et améliorer les conditions environnementales urbaines, ainsi que pour optimiser la gestion des eaux pluviales (Green Infrastructure Ontario Coalition, 2016; Ville de Toronto, 2023a; Ville de Toronto 2023b). Dans ce but, de nombreuses municipalités canadiennes ont établi des objectifs et des lignes directrices en matière de gestion des eaux pluviales qui utilisent les forêts urbaines et renforcent le couvert forestier. Par exemple, conformément aux exigences vertes standardisées de Toronto, la Ville de Toronto vise à limiter le ruissellement à au moins 50 % de ses précipitations annuelles et, dans certains sites, à retenir au moins 5 mm de pluie (par le biais de la réutilisation des eaux de pluie, l’infiltration sur site et l’évapotranspiration) à chaque épisode de précipitations (Ville de Toronto, 2017). En plus de tous les services que les forêts urbaines apportent aux écosystèmes, les arbres urbains permettent également d’économiser des ressources pour la gestion des infrastructures grises. Par exemple, la Ville de Surrey a économisé 4,8 millions de dollars par an sur ses infrastructures d’eaux pluviales grâce à la présence d’arbres (Ville de Surrey et Urban Systems, 2023). Certaines municipalités comme la Ville de Mississauga et la Ville de Kitchener ont mis en place des frais liés aux eaux de pluie pour encourager les propriétaires privés à réduire les surfaces dures sur leurs propriétés. Ces frais sont basés sur un pourcentage de surfaces imperméables pour inciter les propriétaires à utiliser des infrastructures vertes et des surfaces perméables en vue de réduire le ruissellement localisé (Commissaire à l’environnement de l’Ontario, 2016).

Au niveau national
Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Manitoba
Nouveau-Brunswick
Nouvelle-Écosse
Ontario
Québec
Saskatchewan
Terre-Neuve-et-Labrador
Territoires du Nord-Ouest
Non canadiennes
Lectures complémentaires
  • Bartens, J., Day, S. D., Harris, J. R., Dove, J. E. et Wynn, T. M. (2008). Can Urban Tree Roots Improve Infiltration through Compacted Subsoils for Stormwater Management? Journal of Environmental Quality, 37(6), 2048-2057.
  • Carlyle-Moses, D. E. (2012). Trees as green infrastructure in our cities.
  • Carlyle-Moses, D. E., Livesley, S., Baptista, M. D., Thom, J. et Szota, C. (2020). Urban Trees as Green Infrastructure for Stormwater Mitigation and Use. Dans D. F. Levia, D. E. Carlyle-Moses, S. i. Iida, B. Michalzik, K. Nanko et A. Tischer (dir.), Forest-Water Interactions (p. 397-432). Springer International Publishing.
  • Carlyle-Moses, D. E. et Schooling, J. T. (2015). Tree traits and meteorological factors influencing the initiation and rate of stemflow from isolated deciduous trees. Hydrological Processes, 29(18), 4083-4099.
  • Dowtin, A. L., Cregg, B. C., Nowak, D. J. et Levia, D. F. (2023). Towards optimized runoff reduction by urban tree cover: A review of key physical tree traits, site conditions, and management strategies. Landscape and Urban Planning, 239, 104849.
  • Frosi, M. H., Kargar, M., Jutras, P., Prasher, S. O. et Clark, O. G. (2019). Street Tree Pits as Bioretention Units: Effects of Soil Organic Matter and Area Permeability on the Volume and Quality of Urban Runoff. Water, Air, & Soil Pollution, 230(7), 152.
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