Table des matières 3.0 Inventaire et surveillance

Inventaire des arbres individuels et des boisés, et cycle d’inspection des arbres

Bardekjian, A. et Puric-Mladenovic, D. (2025). Inventaire des arbres individuels et des boisés, et cycle d’inspection des arbres. Dans Cultiver des villes vertes : Guide pratique de la foresterie urbaine au Canada. Arbres Canada. Repéré sur le site Web d’Arbres Canada : https://arbrescanada.ca/guide-foresterie-urbaine/inventaire-des-arbres-individuels-et-des-boises-et-cycle-dinspection-des-arbres/

Carte de Toronto montrant une rivière à gauche, le lac Ontario en dessous et le Collège Humber à droite. La ville est indiquée par des marqueurs verts et rouges sur la carte.

Points saillants

Importance des inventaires d’arbres

Les inventaires d’arbres sont essentiels pour la foresterie urbaine et fournissent des données précieuses pour les spécialistes de la foresterie, les urbanistes, les responsables politiques et les propriétaires de maison.

Détails des inventaires

Espèce, état de santé, taille et emplacement des arbres.

Méthodes de collecte des données

Les inventaires et les inspections peuvent être réalisés à différentes échelles spatiales, manuellement ou à distance.

Science citoyenne et participation de la population

Des inventaires réalisés avec l’aide de bénévoles peuvent être une façon rentable et socialement avantageuse pour commencer ou mettre à jour l’inventaire d’arbres d’une ville.

La structure, la répartition et la composition de la canopée urbaine ont une grande influence sur les bienfaits et les services apportés par les espaces verts urbains dans les villes canadiennes (Przewoźna et al., 2022). Les fondements d’un programme de gestion des forêts urbaines efficace et les renseignements de base permettant d’estimer les services écologiques reposent sur un inventaire d’arbres détaillé. Un inventaire d’arbres est un outil de gestion forestière urbaine nécessaire qui fournit des renseignements sur les arbres comme leur espèce, leur état de santé, leur taille et leur emplacement. Les autorités municipales, les membres de la profession et les chercheuses et chercheurs peuvent exploiter les données d’inventaire de plusieurs façons. Ces données peuvent servir à identifier et analyser la diversité et la répartition des espèces, le pourcentage de couvert forestier, la répartition des tailles et classes, la répartition des groupes fonctionnels, l’état de santé, les tendances de croissance et plus encore (Nielsen, Delshammer et Ostberg, 2014). Les données des inventaires d’arbres peuvent également être utilisées pour soutenir différentes initiatives comme les plans stratégiques de gestion forestière, les évaluations coûts-avantages des mesures d’atténuation du climat urbain ou de la pollution, la création de plans de gestion des espèces envahissantes, l’évaluation des risques, l’étude des dimensions sociales des forêts urbaines et plus encore (Ville de Toronto, 2013). Les gestionnaires de forêts peuvent également donner la priorité aux efforts et ressources d’entretien en connaissant les ressources des forêts urbaines. Par conséquent, pour garantir une gestion efficace des forêts urbaines, il est fondamental de tenir un inventaire des arbres urbains à jour et de prévoir des inspections de routine des arbres.

Inventaire basé sur un échantillon

Il existe différentes méthodes et portées d’inventaire d’arbres auxquelles une ville peut avoir recours. La méthode la plus rapide à la portée la plus réduite est l’inventaire basé sur un échantillon, qui contient des renseignements sur un petit sous-ensemble d’arbres au sein d’un peuplement plus vaste. Un échantillon avec suffisamment de données permet aux forestières et forestiers urbains d’extrapoler les données sur les arbres dans la ville pour représenter une forêt urbaine entière. Ce type d’inventaire est considéré comme une méthode rentable pour obtenir une représentation statistiquement valide d’une forêt urbaine lorsque la portée de l’inventaire et de l’analyse ne requiert pas des données sur chaque arbre pour des applications de gestion spécifiques (Sabatini, 2021). De la même façon, les inventaires partiels se concentrent sur certains domaines d’intérêt, comme des espèces d’arbres spécifiques, des catégories d’utilisation des terres ou des zones géographiques. On a recours à ce type d’inventaire en cas d’invasion de ravageurs ou de maladies qui touchent des espèces en particulier, comme dans le cas de l’agrile du frêne. Un inventaire partiel est également utile pour évaluer les dégâts d’une tempête et lorsqu’on réalise une évaluation des risques (EFUF, 2018).

Inventaire d’arbres individuels

Lorsqu’une analyse plus exhaustive des arbres urbains est nécessaire pour soutenir leur gestion et leur entretien quotidien, on peut mener des études et inventaires à l’échelle des arbres individuels. Parmi les méthodes d’étude, on peut citer l’inspection directe et l’évaluation d’arbres individuels pour obtenir un aperçu complet de l’espèce, de l’âge, de la taille, de l’état de santé, de l’emplacement et d’autres qualités (Nielsen, Delshammer et Ostber, 2014; Morales-Gallegos et al., 2023). Cette approche peut demander beaucoup de travail et être chronophage, mais elle permet de soutenir la gestion et l’exploitation des forêts urbaines avec les données les plus exactes et précises. Les inventaires d’arbres individuels peuvent être considérés comme la méthode d’inventaire privilégiée dans des situations où l’analyse de la diversité et de la répartition des espèces, de la répartition des arbres par taille et classe et de l’évaluation monétaire des arbres individuels ou des espèces est requise, par exemple pour préparer des recommandations de plantation d’arbres ou créer un inventaire de référence pour une future évaluation (Urban Forest Analytics, 2024).

Inspection des arbres

Un cycle d’inspection des arbres, associé à un inventaire des arbres à jour, est indispensable pour les entretenir correctement et pour gérer les risques. Une surveillance efficace des arbres permet d’évaluer les ressources forestières urbaines et d’élaborer des plans et des stratégies d’entretien à court et à long terme, ce qui peut faire économiser des sommes considérables tout en atténuant les risques de sécurité et de dangers liés aux arbres.

L’inspection, l’élagage et l’abattage des arbres sont des composantes essentielles de la foresterie urbaine au Canada [Voir le chapitre Entretien des arbres]. Tenir des inspections à jour des conditions et de l’état de santé des arbres urbains de rue et répertorier les travaux effectués et prévus, sont à la base d’un entretien et d’une gestion efficaces (Ville de Toronto, 2013). Des cycles d’inspection réguliers sont également des outils de santé et de sécurité importants, lors desquels on peut évaluer et gérer en temps opportun les dégâts causés aux arbres par des tempêtes ou des travaux, le dépérissement de la canopée, les dommages aux branches, la présence de ravageurs et de maladies, l’entretien de routine des arbres et le déclin de leur santé pour prévenir les dangers et les risques pour les citoyens et les citoyennes (International Society of Arboriculture, s. d.).

Des indicateurs de santé des arbres à l’échelle de chaque arbre (dommage au tronc, dépérissement de la cime, vandalisme, présence de ravageurs ou de maladies et dommage aux racines) nécessitent une inspection au sol (Morales-Gallegos et al., 2023). En revanche, des indicateurs de santé au niveau de la rue et du peuplement (densité des cimes, âge/taille du peuplement, indices de végétation, facteurs édaphiques – liés au sol – et stress climatiques ou environnementaux) peuvent être inspectés et observés à l’aide d’images satellite, d’inventaires d’échantillonnage, d’indicateurs indirects et de modèles (Haq et al., 2023).

Inventaire aérien de forêt urbaine

À l’inverse, lorsque des données générales sur les arbres sont nécessaires pour des régions plus étendues, de nombreuses villes canadiennes créent des inventaires d’arbres à l’aide de photographies aériennes et de systèmes d’information géographique (SIG) (Esri Canada et Ville de Guelph, s. d.). En s’appuyant sur des images satellite et des outils d’analyse, les villes peuvent mener un inventaire des types de couvert forestier et des qualités générales du peuplement sans inspecter chaque arbre individuellement [Voir le chapitre SIG, télédétection et autres technologies spatiales]. Ce type d’inventaire peut être utile lorsqu’on veut déterminer l’état de santé et les bienfaits de la canopée urbaine, lorsqu’on évalue de vastes régions où les études sur le terrain peuvent être trop coûteuses et chronophages et lorsque les renseignements sur les arbres individuels ne sont pas nécessaires selon la portée de l’application des données (Wood, Norton et Rowland, s. d.; Nielsen, Delshammer et Ostber, 2014).

Science citoyenne et participation de la population

Pour réaliser des inventaires d’arbres, les villes canadiennes peuvent faire appel à la population et à des organisations à but non lucratif pour qu’elles participent à la collecte des données. Recruter des bénévoles pour recenser des observations générales sur l’état de santé des arbres dans leur quartier (pourrissement des cavités, dépérissement de la cime et dommages au tronc) est un moyen précieux et peu coûteux de créer et de tenir à jour des inventaires sur la santé des arbres sans mener constamment des études sur le terrain (Sabatini, 2021). Au Canada, les programmes d’intendance communautaire comme Neighbourwoods™ (Kenney et Puric-Mladenovic, 1995) permettent à des groupes communautaires et à des bénévoles de contribuer aux inventaires d’arbres, ce qui aide les spécialistes de la foresterie et les urbanistes à connaître l’état des forêts urbaines tout en encourageant la participation de la population aux initiatives de préservation des forêts urbaines. Plusieurs municipalités ontariennes ont mis en place ce programme, qui pourrait être appliqué ailleurs au Canada et au-delà. De plus, les données d’inventaires sur les arbres urbains canadiens peuvent être ajoutées à des bases de données nationales et internationales (comme Forêts urbaines ouvertes de l’IFC (2024), i-Tree (s. d.), Making Nature’s City ToolKit (s. d.), etc.), ce qui soutient les efforts concertés de gestion et de planification.

Il est important de reconnaître que plusieurs programmes de mobilisation communautaire qui s’appuient sur des bénévoles ne touchent qu’un public très ciblé. Souvent, on ne met pas suffisamment l’accent sur la conception paysagère et la mobilisation selon le lieu, qui devraient varier en fonction des besoins des quartiers, des localités et des municipalités (Eisenman et al., 2024). Pour adopter une approche basée sur le lieu en matière de mobilisation communautaire dans le domaine de la foresterie urbaine, il faut comprendre les problématiques, les relations et les besoins des membres de la collectivité à l’endroit en question et coordonner spécifiquement la planification et les ressources pour améliorer la qualité de vie de cette collectivité (Improvement Service UK, 2016). Lorsque les besoins et les objectifs selon le lieu ne sont pas bien compris, les bienfaits de l’implication de la population dans la foresterie urbaine peuvent être répartis de façon non équitable (Kudryavtsev, Stedman et Krasny, 2012).

Pour mettre en place un programme de mobilisation basé sur le lieu réussi et équitable, il est nécessaire d’allouer les fonds correctement, d’échanger de façon authentique avec les bénévoles ciblés, de codévelopper les occasions de participation avec les membres de la collectivité et de viser des résultats en fonction des besoins et des objectifs du lieu (Eisenman et al., 2024). Les gens issus de toutes les communautés doivent pouvoir participer équitablement aux initiatives de foresterie urbaine. Les programmes de participation du public doivent donc refléter leurs besoins et leurs objectifs spécifiques [Voir le chapitre Équité en foresterie urbaine].

Inventaire d’aire naturelle ou de boisé

Table des matières

  • Aires naturelles et boisés urbains
  • Objectifs de gestion : Déterminer le type d’inventaire à utiliser.
  • Méthodes d’inventaire : Sélection des méthodes d’inventaire, échelle et plan d’échantillonnage.
  • Surveillance des boisés et des aires naturelles : Processus continu de suivi des changements dans les collectivités forestières dans le temps et l’espace.

La gestion efficace des boisés et des aires et parcs naturels s’appuie sur des connaissances précises sur la composition des espèces de plantes, la structure de la collectivité et l’état de santé de ses composantes. Les inventaires de boisés diffèrent des inventaires d’arbres de rue en matière d’étendue spatiale, mais aussi car dans un boisé, certains arbres poussent naturellement à partir de graines et on trouve des plantes de sous-bois, des animaux et d’autres composantes sur lesquelles les humains n’ont pas de contrôle. Les inventaires de boisés vont d’inventaires forestiers basiques à des inventaires détaillés comprenant le sol, la végétation et la faune. Les objectifs de gestion du boisé déterminent généralement le type d’inventaire choisi pour un projet. Cependant, il est important de garder à l’esprit qu’un inventaire peut mettre au jour de nouvelles informations (comme la présence d’une espèce en péril ou de plantes envahissantes) susceptibles de modifier les objectifs de gestion (Ma et al., 2021).

La première étape pour comprendre ce qui se trouve dans un boisé est d’étudier les images aériennes et les cartes à disposition. Selon le moment et la raison de leur création, ces cartes existantes peuvent déjà délimiter les différents types de peuplements, les routes et les étendues d’eau dans un boisé. Les images aériennes peuvent servir à créer ces cartes et à déterminer la précision d’anciennes cartes ou de cartes à grande échelle en l’absence de nouvelles données (Gougeon, 2014). La disponibilité des cartes d’inventaire de ressources forestières varie selon la région au Canada. On peut les trouver sur les sites de données spatiales ouvertes des provinces [Voir le chapitre Ensembles de données nationaux et provinciaux]. On peut également utiliser les cartes LiDAR pour délimiter les peuplements (Wang et al., 2004).

Après avoir obtenu un aperçu de base des peuplements et des autres caractéristiques d’un boisé, on peut réaliser un plan d’échantillonnage pour créer un inventaire basique. La forme la plus simple d’échantillonnage d’inventaire de boisé est l’inventaire forestier. Dans cette forme d’inventaire, un échantillon d’emplacements (des parcelles de différentes tailles) sont sélectionnés et les arpenteurs y recensent les espèces d’arbres, leur diamètre et leur forme de croissance. Ces données sont ensuite utilisées pour estimer la quantité d’arbres de chaque espèce ainsi que la surface terrière et la quantité de bois marchand par hectare. De nombreux guides d’inventaire forestier sont fournis par des gouvernements provinciaux et des associations de boisés. Toutefois, ce type d’inventaire ne fournit pas suffisamment d’information sur la structure de la forêt, sa composition, la diversité des plantes, les espèces de plantes autres que les arbres, les conditions du sol, la communauté forestière et les autres aspects des boisés, qui déterminent leur intégrité écologique ainsi que leur état de santé et leur classification.

Un inventaire plus détaillé, souvent basé sur des parcelles fixes et qui collecte des données sur les espèces au-delà des arbres ainsi que sur les caractéristiques du site, peut mieux soutenir une gestion personnalisée à des fins multiples comme la surveillance, la protection des habitats et des espèces en péril, la réussite de la régénération, les loisirs ou le stockage de carbone (Day et Puric-Mladenovic, 2012). Un exemple de programme d’inventaire et de surveillance de ce type est le protocole d’échantillonnage de végétation (Puric-Mladenovic, 2016), qui peut être adapté à différentes échelles spatiales selon les besoins du paysage et de gestion (Puric-Mladenovic et Baird, 2017). Il s’agit d’un protocole d’échantillonnage qui collecte des renseignements détaillés à plusieurs fins sur les arbres et leur taille, mais aussi une liste complète des espèces, du bois mort et de l’abondance d’espèces envahissantes (Sherman, 2015). Ce protocole, en tant qu’inventaire stratégique, rassemble des renseignements multifonctionnels et normalisés (collecte de données et portail Web pour la saisie de données) et donne un aperçu précis de l’étendue spatiale et de l’emplacement, ce qui permet aux données récoltées sur le terrain d’être traduites dans différents formats spatiaux et produits de cartographie de la végétation. Il est également utilisé pour la surveillance, car il permet de réaliser un nouvel échantillonnage et de suivre les changements dans les écosystèmes forestiers dans le temps et l’espace. Des protocoles détaillés comme celui-ci peuvent être de formidables ressources pour créer des inventaires précis et des plans de gestion des boisés flexibles.

Canadiennes
Non canadiennes
Outils et protocoles d’inventaire
Lectures complémentaires