Table des matières 4.0 Gestion

Planification de la gestion forestière urbaine

Bardekjian, A. et Puric-Mladenovic, D. (2025). Planification de la gestion forestière urbaine. Dans Cultiver des villes vertes : Guide pratique de la foresterie urbaine au Canada. Arbres Canada. Repéré sur le site Web d’Arbres Canada : https://arbrescanada.ca/guide-foresterie-urbaine/planification-de-la-gestion-forestiere-urbaine/

Grand arbre éclatant entouré de gazon et d’asphalte dans un environnement urbain. Des personnes sont assises sur des bancs autour de la zone gazonnée.

Points saillants

Gestion stratégique des forêts urbaines

Pour maintenir la santé des forêts urbaines, optimiser leurs bienfaits et adopter une gestion proactive.

Planification de la gestion forestière urbaine dans les villes canadiennes

Exemples.

Stratégies de soutien

Ces plans peuvent être renforcés par le biais de la gestion des actifs naturels, la surveillance des forêts urbaines et les certifications.

Gestion des actifs naturels

Stock de ressources naturelles.

Sustainable Forestry Initiative (SFI)

Normes sur les forêts urbaines.

Plusieurs pratiques de gestion forestière urbaine et d’entretien des arbres jouent un rôle vital pour maintenir la santé des forêts urbaines, gérer les dangers liés aux arbres, planter des arbres ou soutenir la canopée en général dans les zones urbaines. Cependant, ces pratiques ont souvent ciblé des arbres publics, en se concentrant sur les arbres de rue ou des pratiques de gestion spécifiques (comme l’élagage). La gestion et l’entretien des arbres urbains ont surtout été mis en œuvre comme réponses en réaction aux répercussions de catastrophes naturelles ou d’espèces envahissantes plutôt qu’en tant qu’approches proactives. L’importance des forêts urbaines a été reconnue dans les années 1960, mais il a fallu plus de 50 ans pour comprendre comment gérer cette précieuse ressource naturelle dans son intégralité et plus stratégiquement.

La gestion stratégique des forêts urbaines au Canada est apparue au début des années 2000. Elle s’appuie sur l’idée que l’ensemble de la forêt urbaine et de ses composantes doivent être gérés stratégiquement dans le cadre d’un processus soigneusement planifié (Kenney, 2003; Kenney et al., 2011). Une telle gestion stratégique et efficace des forêts urbaines garantit l’optimisation et la durabilité des bienfaits des forêts urbaines au fil du temps. En tant que composantes essentielles des infrastructures vertes et des utilisations du territoire urbain, les forêts urbaines et les espaces verts nécessitent une planification et une gestion soignées, flexibles et durables. Il convient également d’adopter une approche proactive pour s’assurer de la gestion des forêts urbaines. Un plan de gestion forestière urbaine doit par ailleurs envisager les pressions et défis potentiels comme le développement urbain, la diversité génétique des espèces d’arbres et la répartition des âges des arbres. Il doit aussi prévoir des mesures pour les défis imprévus susceptibles de survenir en raison d’invasions de ravageurs, d’espèces envahissantes ou des changements climatiques.

Le principal objectif de la gestion forestière urbaine est d’optimiser la superficie foliaire de la canopée en plantant et en entretenant un ensemble d’arbres et d’arbustes génétiquement divers et appropriés au site, objectif qui doit être atteint de façon rentable tout en maximisant les bienfaits publics et en minimisant les risques pour la sécurité de la population. La planification de la gestion forestière urbaine commence par l’évaluation de l’état existant des forêts urbaines en s’appuyant sur les données les plus récentes. Si aucun inventaire d’arbres n’est disponible, les nouveaux plans de gestion doivent prévoir un inventaire qui recense les espèces, la taille, la santé générale et la valeur des arbres. Les inventaires sont un prérequis pour évaluer les bienfaits des forêts urbaines et élaborer des plans de gestion forestière et servent également de base au développement de plans de gestion des actifs naturels (GIOC, 2016). Bien que l’idée de gestion des actifs naturels en lien avec les zones naturelles ait émergé en 2017, le concept a aussi été appliqué aux forêts urbaines en général. Récemment, des normes de certification en forêt urbaine ont été développées pour répondre au besoin croissant de gestion durable des forêts urbaines (SFI, 2024). Toutes ces approches contribuent à la gestion des forêts urbaines et partagent de nombreux objectifs et composantes communs, notamment les inventaires d’arbres.

Planification stratégique de la gestion forestière urbaine dans les villes canadiennes

Les forêts urbaines et toutes leurs composantes sont reconnues comme la pierre angulaire des infrastructures vertes au Canada et comme essentielles pour relier les zones vertes urbaines et rurales (GIOC, 2015; RNCan, Service canadien des forêts, 2022). La planification stratégique de la gestion souligne l’importance de la prise en compte de toutes les composantes de la forêt urbaine et des éléments biotiques et abiotiques connexes dans différentes zones et dans le cadre d’utilisations diverses, des petites localités aux plus grandes, ainsi que dans les zones qui les relient. De plus, l’ensemble de la forêt urbaine, y compris les arbres dans différents espaces urbains (rues, parcs, cimetières, arboretums, propriétés privées et parcelles de forêt naturelle), est reconnue par la planification stratégique de la gestion.

L’importance de la planification stratégique de la gestion forestière urbaine a été introduite au Canada par Kenney et al. (2011), mais le premier plan directeur de foresterie urbaine a été élaboré pour Prince George en 2003 en réponse aux répercussions des feux qui ont ravagé la région. S’appuyant sur les principes de la planification stratégique de la gestion forestière urbaine, les plans de gestion stratégique des forêts urbaines ont été élaborés par de nombreuses municipalités comme la Ville d’Oakville (2008), la Ville de Guelph (2008), la Ville d’Ajax (2011), Halifax et la Ville de Toronto (2013), pour n’en citer que quelques-unes. Le développement de plans sur les forêts urbaines au Canada a connu son apogée entre 2010 et 2014 dans des régions de forêt mixte plus urbanisées (Ordóñez Barona, 2024; Puric-Mladenovic et Bardekjian, 2023b), mais de nouveaux plans de foresterie urbaine sont toujours en cours d’élaboration, tandis que les plans initiaux sont mis à jour ou en préparation de renouvellement.

Les plans ou stratégies de gestion forestière urbaine qui présentent une approche stratégique à long terme pour protéger, préserver et améliorer les forêts urbaines municipales sont généralement approuvés par les conseils municipaux. Les municipalités canadiennes font partie des leaders mondiaux en matière de planification de la gestion forestière urbaine : plus de 80 municipalités urbaines disposent d’un plan de gestion de la forêt urbaine. Par exemple, selon une étude de 2023 (Puric-Mladenovic et Bardekjian, 2023b), 89 municipalités sur les 800 examinées (11 %) avaient une stratégie ou un plan de gestion forestière urbaine. Depuis, ce chiffre a atteint 118 (14,7 %). Autre exemple, Saskatoon a récemment publié son plan de gestion forestière urbaine 2022-2031, qui souligne l’importance de la durabilité des forêts urbaines (Ville de Saskatoon, 2022). La Ville de Saanich (2024) l’a suivi de près en publiant sa stratégie décennale sur la forêt urbaine en 2024.

Ces plans de gestion forestière urbaine, bien qu’ils visent tous à maintenir et optimiser la canopée de la forêt urbaine et les bienfaits des arbres, diffèrent selon leur approche de mise en œuvre, d’entretien et d’augmentation du couvert forestier, de diversification des espèces ou d’implication de la population (Kenney et al., 2011; Ordóñez et Duinker, 2013). Les plans de gestion forestière urbaine sont également essentiels pour optimiser les services écologiques et la résilience en orientant la gestion à long terme d’une forêt urbaine saine, biodiverse et résiliente.

Tous ces plans sont différents. Certains sont détaillés et ont des objectifs et un calendrier précis, tandis que d’autres sont davantage des stratégies que des plans. Par exemple, certains plans ressemblent davantage à un rappel de l’importance des forêts urbaines plutôt qu’à des mesures de gestion. Ils restent toutefois précieux pour pouvoir élaborer des plans de gestion stratégique des forêts urbaines, c’est-à-dire des plans à long terme (généralement 20 ou 25 ans) prévoyant une feuille de route détaillée sur la façon de réaliser la vision et les objectifs fixés à long terme. Ces plans sont basés sur des objectifs mesurables qui leur permettent d’avancer stratégiquement d’un état de base à un objectif souhaité tout en donnant la priorité à la mise en place et au suivi des progrès. Ils dépendent de la compréhension de l’état existant de la forêt urbaine et de la définition d’objectifs, de critères et d’indicateurs mesurables, qui sont tous indispensables à l’élaboration d’un plan de gestion concret. Selon la région, le type de zone urbaine et l’état de la forêt urbaine, les objectifs de planification de la gestion forestière urbaine peuvent inclure le renforcement du couvert forestier, l’amélioration de la longévité et de la santé des forêts urbaines, la diversification des espèces ou la mobilisation de la population. D’autres objectifs qu’on retrouve couramment dans des plans au Canada comprennent l’expansion de la diversité des espèces, l’amélioration de la santé des arbres, la gestion des espèces envahissantes, le renforcement de la résilience face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, et l’amélioration de l’équité en matière de couvert forestier.

Ces objectifs sont atteints grâce à des plans opérationnels détaillés, qui peuvent inclure l’atteinte d’un pourcentage spécifique de couvert forestier, des plans pour l’élimination des espèces envahissantes suivie de la plantation d’espèces indigènes, des initiatives d’intendance communautaire ou l’abattage d’arbres dangereux, entre autres (Kenney et al., 2011; Ordóñez et Duinker, 2013). Par exemple, le plan sur la forêt urbaine de la Ville de Calgary vise à augmenter le couvert forestier jusqu’à 16 % d’ici 2060, à protéger les forêts existantes et à mobiliser la population dans de la cadre de projets de foresterie (Ville de Calgary, s. d.), tandis que le plan de la Ville de Toronto entend atteindre 40 % de couvert forestier d’ici 2050 (Ville de Toronto, 2023). Les objectifs stratégiques des plans de gestion stratégique des forêts urbaines peuvent être atteints grâce à des plans opérationnels spécifiques qui s’échelonnent généralement tous les quatre à cinq ans, dont certains sont mis en œuvre dans le cadre de plans annuels d’exploitation (PAE). Les PAE comprennent les décisions quotidiennes sur des points comme la plantation, l’élagage et l’abattage des arbres, le contrôle des ravageurs et des maladies et la garantie de conditions optimales pour l’eau et le sol. La planification annuelle d’exploitation passe également par l’élaboration d’un budget, la délégation des rôles et responsabilités et l’établissement d’indicateurs pour suivre les progrès. À titre d’exemple, un plan stratégique sur la forêt urbaine de la Ville de Calgary prévoit des initiatives opérationnelles d’entretien des arbres existants, la plantation de 3 500 nouveaux arbres chaque année ainsi que la priorité à la sécurité publique et aux mesures de protection juridiques pour protéger les arbres nouveaux et existants par le biais de règlements (Ville de Calgary, s. d.).

Gestion des actifs naturels

La gestion des actifs naturels est une approche émergente de la foresterie urbaine au Canada où les ressources naturelles sont considérées comme tout autre actif municipal ou infrastructure grise fournissant des services essentiels. Dans ce contexte, les forêts urbaines, en tant qu’actif naturel, font partie des cadres et des plans de gestion des actifs des municipalités. Plusieurs municipalités canadiennes ont mis en place des stratégies de gestion des actifs naturels pour améliorer la gestion des forêts urbaines. La Ville de Gibsons, en Colombie-Britannique, a été la première à mettre en place ce type de stratégie et à reconnaître les nappes, les forêts et les terres humides comme infrastructures vertes devant être gérées. Une valeur monétaire a été attribuée à ces systèmes naturels, ce qui leur a permis d’être incorporés dans les plans de gestion des actifs de la ville et de veiller à leur gestion et à leur utilisation durable (Ville de Gibsons, 2018). La Ville d’Edmonton est un autre exemple. Elle a développé un plan de gestion des actifs de forêt urbaine qui se concentre sur les caractéristiques et les conditions des ressources de forêt urbaine gérées publiquement (Ville d’Edmonton, 2021). Ce plan fournit également un cadre pour atteindre les niveaux de service souhaités à des coûts de cycle de vie optimaux. La Ville de Saskatoon a aussi récemment réalisé un inventaire de ses ressources naturelles (terres humides, une portion de la rivière Saskatchewan Sud, prairies, forêts et zones arbustives) et terminé son évaluation en appui à son propre plan de gestion des actifs naturels (Ville de Saskatoon, 2020).

Certification en forêt urbaine

Des certifications en durabilité forestière et en bonne gestion existent au Canada pour les forêts et les boisés gérés depuis 2005 (PEFC, 2024), mais récemment, l’organisme de certification Sustainable Forestry Initiative (SFI) a développé des normes de certification liées aux défis environnementaux, sociaux et de gouvernance pour les forêts urbaines. Ces normes sont regroupées en 16 objectifs différents qui visent l’amélioration continue des programmes de foresterie urbaine. Les 16 objectifs principaux sont les suivants : encourager la participation des collectivités, de la population et des communautés autochtones; améliorer la santé et le bien-être de la population; préserver la biodiversité; protéger les ressources naturelles comme l’air, l’eau et le sol; promouvoir la santé et la vitalité des arbres; protéger les sites spéciaux, y compris les aires naturelles; adopter une gestion intelligente vis-à-vis du climat; faire progresser l’aménagement des forêts urbaines; assurer une gestion et un entretien efficaces des forêts urbaines; se préparer et répondre aux catastrophes; renforcer les capacités; utiliser les ressources en bois urbaines; renforcer les communications; soutenir la science, la recherche et la technologie; respecter les normes juridiques et réglementaires, y compris les droits autochtones et garantir des rapports transparents (SFI, 2024). Atteindre ces objectifs doit être le but ultime de tout nouveau plan de gestion stratégique des forêts urbaines.

Surveillance des forêts urbaines

Les résultats de toutes les initiatives de gestion des forêts urbaines doivent être évalués à l’aide de critères prédéterminés et en jugeant de façon flexible l’effet des stratégies de gestion sur les forêts urbaines. Ainsi, une surveillance régulière à long terme est indispensable pour soutenir et évaluer tout plan de gestion forestière urbaine. Cette surveillance peut prendre la forme d’inventaires d’arbres mis à jour, d’analyses et de cartes sur l’équité en matière de couvert forestier, de répercussions politiques, de la surveillance des boisés et des aires naturelles, de la surveillance de la végétation ou de sondage d’opinion du public (parmi une myriade d’autres approches de surveillance) (Fonds municipal vert, s. d.). Des mesures de surveillance continue doivent être incluses à toutes les étapes des plans de gestion.

Canadiennes
Plans de foresterie urbaine au Canada (36)
Alberta
Colombie-Britannique
Île-du-Prince-Édouard
Manitoba
Nouveau-Brunswick
Nouvelle-Écosse
Ontario
Québec
Saskatchewan
Yukon
Non canadiennes
Lectures complémentaires