Table des matières 5.0 Législation et mesures de protection

Protection des arbres pendant des travaux et conflits avec les fondations d’un bâtiment

Bardekjian, A. et Puric-Mladenovic, D. (2025). Protection des arbres pendant des travaux et conflits avec les fondations d’un bâtiment. Dans Cultiver des villes vertes : Guide pratique de la foresterie urbaine au Canada. Arbres Canada. Repéré sur le site Web d’Arbres Canada : https://arbrescanada.ca/guide-foresterie-urbaine/protection-des-arbres-pendant-des-travaux-et-conflits-avec-les-fondations-dun-batiment/

Construction d’une route à côté d’un parc. Les arbres sont recouverts de planches et de cordes rouges pour les protéger.

Points saillants

Les travaux de construction ont des répercussions importantes sur les arbres urbains

Les activités comme l’excavation, le creusement de tranchées et l’utilisation de machinerie à proximité des arbres peuvent causer le compactage du sol et des dommages aux racines, ce qui mène souvent au déclin de la santé des arbres à long terme, voire à leur mort.

Les dommages aux arbres n’apparaissent souvent que des années plus tard

Les signes de déclin liés à des dommages causés par des travaux de construction (comme le dépérissement de la cime ou la vulnérabilité aux ravageurs) n’apparaissent pas toujours immédiatement et peuvent prendre plusieurs années à se manifester, surtout dans des conditions environnementales stressantes comme la sécheresse.

Une protection des arbres proactive est essentielle

Une évaluation des arbres avant les travaux et des plans de protection (p. ex. des barrières, des règlements ou des zones de protection des racines) améliorent grandement le taux de survie des arbres et l’intégrité de la canopée urbaine.

En ville, les arbres et les infrastructures peuvent être en conflit

Les arbres plantés trop près des bâtiments peuvent endommager les fondations et la chaussée, en particulier lorsque la croissance des racines est stimulée par l’humidité dans les fissures structurelles.

Le type de sol a son importance

Dans les sols argileux, les arbres situés à proximité des structures peuvent exacerber les mouvements et le tassement du sol. C’est pourquoi il est indispensable de bien sélectionner les espèces et de prêter attention à la distance de plantation.

Protection des arbres et travaux

Dans les zones urbaines, les activités de développement sont souvent en concurrence avec les arbres en raison du manque d’espace. Les arbres urbains sont souvent touchés par l’entretien des infrastructures, l’expansion des services publics dans le sol ou les travaux de construction. Lorsque des travaux ont lieu dans une zone où se trouvent des racines d’arbres ou à proximité, l’enlèvement du sol, les tranchées, l’équipement lourd et la circulation piétonne intense peuvent entraîner un compactage du sol et endommager les racines (Despot et Gerhold, 2003). Parfois, des mouvements non intentionnels d’équipement lourd peuvent également entraîner des dommages mécaniques aux parties des arbres situées au-dessus du sol. Par exemple, des activités courantes de construction comme le pavage, l’installation (ou la réinstallation) de trottoirs, les excavations, les tranchées et les élargissements de route nécessitent plusieurs engins qui peuvent gravement toucher les arbres existants (Despot et Gerhold, 2003).

Sans protection adaptée durant les travaux, les arbres peuvent être endommagés, ce qui entraîne un déclin de leur santé potentiellement mortel. Dans le pire des cas, ces blessures peuvent mener à des dommages fonctionnels et structurels qui se présentent sous la forme d’un feuillage affaibli, d’un déclin de la canopée, de pourriture ou de moisissure, voire de la mort de l’arbre (Hauer et al., 2020; North et al., 2017). Les dommages aux racines causés par le compactage peuvent avoir des répercussions sur l’accès de l’arbre à l’eau et aux nutriments, ce qui à terme peut mettre en danger sa santé, sa longévité et sa capacité à se rétablir (Fini et al., 2020). Dans de nombreux cas, cela peut prendre des années pour remarquer le déclin et la mort d’un arbre (Fini et al., 2020). Il a été prouvé que les arbres situés dans des zones de travaux enregistrent un taux de mortalité annuel plus élevé et sont en moins bonne santé que les autres (Hauer et al., 2020; Hilbert et al., 2019). Les arbres exposés à des dommages liés à des travaux dans le passé sont également plus vulnérables à d’autres facteurs de stress environnementaux et biologiques. Par exemple, un arbre stressé pendant des travaux ne montrera pas forcément de signes évidents de déclin avant une période de sécheresse, qui causera la défoliation de la cime et, à terme, d’autres problèmes de santé comme le dépérissement terminal, la perte de branches et une vulnérabilité grandissante aux insectes et aux maladies (Fini et al., 2020). Cela pourra sembler être un déclin soudain, mais en raison de la réduction des racines liée aux travaux, l’arbre déjà stressé a un accès limité à l’eau, à l’oxygène et aux nutriments et ne peut plus supporter aucun stress environnemental supplémentaire. Cependant, le taux de déclin des arbres après des travaux dépend de nombreux facteurs comme l’âge des arbres, les espèces, l’ampleur et la nature des dommages, l’état de santé des arbres avant les travaux, et les soins accordés à la fin des travaux (North et al., 2017; Fini et al., 2020).

L’évaluation des espaces verts et des arbres, ainsi que la mise en œuvre de stratégies pour sauver et protéger les arbres urbains doivent constituer une part essentielle du développement urbain. Une évaluation doit être réalisée avant de commencer les travaux pour s’assurer de la conservation et de la préservation des arbres existants, et ainsi maintenir le couvert forestier urbain et son intégrité. Des études ont démontré qu’investir dans la protection des arbres matures a des effets positifs sur l’ensemble du couvert forestier dans les milieux urbains (Benson, Koeser et Morgenroth, 2019a). Les études sur les forêts urbaines ajustent constamment leurs recommandations sur la protection des arbres en fonction des dommages causés aux racines émergentes et des études sur la santé des arbres. Par exemple, Benson et al. (2019a) recommandent de prévoir une zone de protection équivalant à 15 fois le diamètre de l’arbre en question pour garantir sa santé. Les arbres matures embellissent les espaces publics, mais ils offrent également des services aux écosystèmes et aux infrastructures qui ne peuvent pas être facilement remplacés (Hotte et al., 2015). Toutefois, des questions demeurent toujours sur l’étendue appropriée de la zone de protection des arbres, et ce type de recherche continue pour faire progresser les connaissances en la matière (Benson et al., 2019a; Ville de Toronto, 2016; Matheny et Clark, 1998).

Parmi les meilleures pratiques de gestion pour protéger les arbres durant des travaux, on peut citer les règlements de protection des arbres spécifiques aux travaux, des plans de chantier qui garantissent un espace adéquat pour les racines des arbres ainsi que des mesures de protection des arbres, du sol et des racines. Plusieurs grandes municipalités canadiennes rendent ces mesures obligatoires. On les retrouve dans des règlements, des lignes directrices et des plans de gestion de la forêt urbaine visant la protection des arbres (Yung, 2018). Les plans de protection des arbres prévoient souvent des barrières physiques à une certaine distance autour des arbres qui restreignent généralement l’accès à leur système racinaire et leur tronc. Ces barrières protègent le sol autour de l’arbre du compactage et peuvent aussi prévenir les dommages causés par l’équipement lourd. Les documents de chantier détaillent souvent ce qui peut être fait ou non à une certaine distance de chaque arbre (Despot et Gerhold, 2003). Les techniques et lignes directrices de protection des arbres s’appuient sur des recherches qui ont mesuré la santé des arbres pendant plusieurs années voire décennies après des travaux (Hauer et al., 2020; Fini et al., 2020). Dans certains cas où une expertise complémentaire est nécessaire, un arboriste ou un forestier professionnel peut formuler des recommandations liées à la protection et à la préservation des arbres à proximité des chantiers.

Arbres et fondations de bâtiments

Un grand nombre d’arbres urbains sont plantés trop près de bâtiments ou d’autres infrastructures grises. Cela peut être dû à un manque d’espace, un manque de connaissances concernant le développement des arbres au fil du temps, des plans de conception qui ne considèrent pas les arbres comme des organismes vivants ou une sélection inappropriée d’espèce pour l’espace donné. Par conséquent, les arbres poussent souvent en confit avec des structures et ont le potentiel de causer des dommages directs ou indirects aux structures urbaines. Par exemple, il y a un conflit direct entre un arbre et une structure lorsque le tronc de l’arbre pousse vers un bâtiment ou lorsque les racines d’un arbre soulèvent un trottoir (Overkeke, 2008; Day, 1991). Quand les racines d’un arbre cherchent de l’eau, de l’air et des nutriments, elles peuvent pousser dans des endroits indésirables. C’est souvent le cas lorsqu’il y a des fissures dans les structures ou les trottoirs, ce qui laisse l’humidité s’infiltrer. Cela peut être évité en prenant en compte la taille adulte d’un arbre avant sa plantation, y compris l’ampleur de la zone racinaire, et en sélectionnant les bonnes espèces pour l’espace (Overkeke, 2008).

Les racines des arbres peuvent contribuer à l’établissement de substrats sous les fondations du bâtiment et autour. Selon des études, une combinaison de sol argileux, de la proximité des arbres par rapport aux structures et de la qualité des travaux peut mener à des dommages indirects sur les bâtiments au fil du temps (Navarro et al., 2009; Overkeke, 2008; Day, 1991; Vorwerk, Cameron et Keppel, 2015). Le sol argileux est particulièrement sujet au rétrécissement et à l’expansion, ce qui peut entraîner davantage de mouvement autour des bâtiments quand ils s’établissent et créent un espace où les racines de l’arbre peuvent se développer (Overkeke, 2008; Vorwerk, Cameron et Keppel, 2015). Lorsque les arbres sont plantés trop près des fondations, ils peuvent influer sur la quantité d’eau extraite du sol (en particulier les sols argileux) et mener à davantage de mouvements de racines au fil du temps. Puisque les exigences en matière d’eau des arbres dépendent des espèces, le type de sol et les espèces doivent être pris en compte lors de l’élaboration du plan de plantation. Planter des arbres à distance des bâtiments ou des structures est une bonne mesure de prévention dans les terrains argileux. Une exception toutefois à cette recommandation : les voies de chemin de fer et les berges verticales basés sur des sols argileux, où la végétation apporte une stabilité nécessaire (Vorwerk, Cameron et Keppel, 2015). Enfin, étant donné que les structures aux fondations peu profondes sont particulièrement vulnérables aux dommages, les solutions d’infrastructure comme des fondations avec un périmètre plus profond sont également une mesure de prévention efficace (Day, 1991).

Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Nouvelle-Écosse
Ontario
Non canadiennes
Lectures complémentaires
  • Benson, A., Koeser, A. et Morgenroth, J. (2019a). Responses of mature roadside trees to root severance treatments. Urban Forestry & Urban Greening, 46.
  • Benson, A., Koeser, A. et Morgenroth, J. (2019b). A test of tree protection zones: Responses of Quercus virginiana Mill trees to root severance treatments. Urban Forestry & Urban Greening, 38, 54-63.
  • Day, R. (1991). Damage of Structures due to Tree Roots. Journal of Performance of Constructed Facilities, 5(3).
  • Despot, D., Gerhold, H. (2003). Preserving trees in construction projects: Identifying incentives and barriers.Journal of Arboriculture, 29(5), 267-275.
  • Fini, A., Frangi, P., Mori, J., Sani, L., Vigevani, I. et Ferrini, F. (2020). Evaluating the effects of trenching on growth, physiology and uprooting resistance of two urban tree species over 51-months. Urban Forestry & Urban Greening, 53, 126734.
  • Grahn, P., Stigsdotter, U. (2003). Landscape Planning and Stress. Urban Forestry and Urban Greening,2, 1-18.
  • Hauer, R. J., Koeser, A. K., Parbs, S., Kringer, J., Krouse, R., Ottman, K., … Werner, L. P. (2020). Long-term effects and development of a tree preservation program on tree condition, survival, and growth. Landscape and Urban Planning, 193, 103670.
  • Hilbert, D. R., Roman, L. A., Koeser, A. K., Vogt, J. et van Doorn, N. A. (2019). Urban Tree Mortality: A Literature Review. Arboriculture & Urban Forestry, 45 (5) 167-200.
  • Hotte, N., Barron, S., Cheng, Z., Nesbitt, L. et Cowan, J. (2015). The Social and Economic Values of Canada’s Urban Forests: A National Synthesis.
  • Matheny, N. et Clark, J. (1998). Trees and Development: A Technical Guide to Preservation of Trees during Land Development. International Society of Arboriculture.
  • Navarro, V., Candel, M., Yustres, Á., Alonso, J. et García, B. (2009). Trees, lateral shrinkage and building damage. Engineering Geology, 108(3), 189-198.
  • Overbeke, C. (2008). Do trees really cause so much damage to property? Journal of Building Appraisal, 3(4), 247-258.
  • Sorvig, K. et Thompson, J. W. (2018). Sustainable Landscape Construction: A Guide to Green Building Outdoors (3rd ed.). Washington, DC : Island Press.
  • Vorwerk, S., Cameron, D. et Keppel, G. (2015). Chapter 22 – Clay Soil in Suburban Environments: Movement and Stabilization through Vegetation. Dans B. Indraratna, J. Chu et C. Rujikiatkamjorn (éd.), Ground Improvement Case Histories (pp. 655-682): Butterworth-Heinemann.
  • Watson, G., Hewitt, A., Custic, M. et Lo, M. (2014). The management of tree root systems in urban and suburban settings: A review of soil influence on root growth. Arboriculture & Urban Forestry, 40(4).
  • Watson, G., Neely, D. (1995). Trees and Building Sites: Proceedings of an International Conference Held in the Interest of Developing a Scientific Basis for Managing Trees in Proximity to Buildings. International Society of Arboriculture, Champaign, IL.
  • Yung, Y. K. (2018). State of Urban Forest Policy and Bylaws across Ontario Municipalities (thèse).