Table des matières 2.0 Services écologiques

Qualité de l’air, changements climatiques et forêts urbaines

Bardekjian, A. et Puric-Mladenovic, D. (2025). Qualité de l’air, changements climatiques et forêts urbaines. Dans Cultiver des villes vertes : Guide pratique de la foresterie urbaine au Canada. Arbres Canada. Repéré sur le site Web d’Arbres Canada : https://arbrescanada.ca/guide-foresterie-urbaine/qualite-de-lair-changements-climatiques-et-forets-urbaines/

Une rivière entourée d’arbres avec des nénuphars flottants.

Points saillants

Forêts urbaines et qualité de l’air

Les arbres assainissent l’air en emprisonnant et en filtrant les polluants comme l’azote, le soufre et le dioxyde de carbone.

Séquestration du carbone

Les arbres urbains contribuent à compenser les importantes émissions de gaz à effet de serre en séquestrant le dioxyde de carbone.

Gestion et planification

Une gestion appropriée, l’aménagement urbain et la sélection attentive des espèces d’arbres sont essentiels pour optimiser la qualité de l’air et les bienfaits sur le climat.

Zones de plantation ciblées

Il convient de donner la priorité à la plantation d’arbres dans les zones sujettes à la chaleur, où la circulation est dense et où le couvert forestier est limité pour améliorer la qualité de l’air.

Les forêts urbaines, qui apportent de multiples services à l’écosystème, offrent une solution naturelle et durable pour améliorer la qualité environnementale des zones urbaines en purifiant l’air, en régulant les températures et en séquestrant du carbone. Les arbres, individuellement et collectivement lorsqu’ils forment des forêts urbaines, jouent un rôle crucial dans l’amélioration de la qualité de l’air en filtrant les polluants comme le dioxyde d’azote (NO2) et le dioxyde de soufre (SO2). En absorbant ces polluants, les arbres les métabolisent et les convertissent en substances moins nocives. Ils emprisonnent également de la matière particulaire sur leurs feuilles, leurs aiguilles et leur écorce, réduisant ainsi efficacement leurs concentrations dans l’air. Selon des recherches de Nowak et al. (2018), les forêts urbaines du Canada éliminent des quantités considérables de polluants dans l’air chaque année, ce qui améliore grandement la qualité de l’air et apporte des bienfaits pour la santé publique. Un arbre urbain peut absorber entre 10 et 40 kg de CO2 chaque année et intercepter jusqu’à 4,5 kg de polluants comme le NO2, le SO2, la poussière, la suie et la fumée (EcoTree, 2024; Vallet, 2005; Greener Seasons, 2022).

Les forêts urbaines jouent un rôle essentiel pour aider les collectivités à gérer les répercussions des changements climatiques. En plus de leurs fonctions d’assainissement de l’air, les arbres contribuent à atténuer l’effet d’îlot de chaleur urbain, qui exacerbe les niveaux de pollution de l’air. Les arbres rafraîchissent les zones urbaines en apportant de l’ombre et en libérant de l’humidité par transpiration, ce qui réduit la formation d’ozone au niveau du sol (McDonald et al., 2016). Cet effet rafraîchissant est important, car les villes connaissent des étés plus chauds et des vagues de chaleur plus intenses et plus fréquentes. Par ailleurs, il peut limiter la consommation énergétique des bâtiments, ce qui réduit indirectement les émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, des recherches menées à Montréal ont démontré que planter plus d’arbres le long des rues pouvait réduire de façon importante l’effet d’îlot de chaleur urbain, ce qui entraîne une baisse des températures et un plus grand confort thermique (Wang et Akbari, 2016).

Les forêts urbaines contribuent aussi considérablement à l’atténuation des changements climatiques en séquestrant le dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’atmosphère et en servant de puits de carbone. Les forêts urbaines canadiennes stockent déjà des quantités importantes de carbone (Pasher et al., 2014; McGovern et Pasher, 2016; Steenberg et al., 2023). De plus, en tant que solution climatique naturelle, elles ont le potentiel d’en séquestrer et d’en stocker encore plus si les arbres existants sont gérés de façon efficace et les nouveaux arbres plantés stratégiquement (Drever et al., 2021).

Des projets de crédits de carbone partout au Canada font la promotion d’une gestion durable des forêts, de la séquestration du carbone et de la préservation de la biodiversité. Cependant, les programmes de crédit de carbone des forêts urbaines sont moins présents dans les milieux urbains que dans les initiatives rurales et ciblant la forêt boréale au Canada. Dans les forêts urbaines, en raison de l’espace limité pour la croissance des arbres, du compactage du sol et de la pollution, qui ont des conséquences sur la longévité des arbres, la mortalité des arbres et la gestion constante du carbone, sa séquestration et son stockage présentent des défis uniques. Les forêts urbaines ont une biomasse relativement limitée pour la séquestration de carbone par rapport aux forêts rurales. Par ailleurs, les multiples propriétaires des forêts urbaines et les coûts élevés d’investissements associés à la certification compliquent le processus de génération des crédits liés aux arbres urbains. Toutefois, l’importance de la séquestration du carbone a été reconnue, et des programmes ciblant le carbone des forêts urbaines offrent une occasion de renforcer la durabilité urbaine et de contribuer à l’atténuation des changements climatiques. La Norme de durabilité des forêts urbaines et communautaires de la Sustainable Forestry Initiative (SFI) et la norme de certification du Forest Stewardship Council (FSC) peuvent aider les municipalités à élaborer des cadres qui incorporent le stockage du carbone dans leurs plans de gestion forestière (SFI, 2024; FSC, s. d.). La Ville de Mississauga a obtenu la certification FSC® pour ses terrains boisés en 2024. Au Canada, il existe également des programmes de compensation du carbone locaux et volontaires basés sur une autoévaluation. Ces programmes font la promotion de la préservation et de la plantation d’arbres et des crédits de carbone sur une base volontaire (Université de Toronto, 2019).

Stratégies d’atténuation et de gestion

L’optimisation de ces bienfaits nécessite une gestion efficace des arbres existants et une planification et mise en œuvre stratégiques de la plantation des arbres. L’un des éléments essentiels de la planification de futures forêts urbaines est la sélection appropriée des espèces d’arbres, car toutes les espèces n’ont pas la même capacité à contribuer à l’élimination de la pollution de l’air et à supporter des conditions climatiques changeantes. Le recours à des conditions climatiques analogues et à des indicateurs de vulnérabilité pour orienter les choix d’espèces permet de s’assurer que les forêts urbaines demeurent résilientes dans les futures conditions climatiques (Esperon-Rodriguez et al., 2022). De plus, l’intégration de la gestion des forêts urbaines dans les politiques climatiques municipales peut améliorer l’efficacité des stratégies d’adaptation climatique. L’harmonisation des politiques municipales sur les changements climatiques et sur la foresterie urbaine dans les villes canadiennes peut mener à des cadres d’adaptation plus cohérents et solides bénéfiques pour les forêts urbaines et pour l’atténuation des changements climatiques (Cheng et al., 2021).

Plusieurs municipalités canadiennes ont mis en place avec succès des initiatives de foresterie urbaine pour lutter contre des problèmes de qualité de l’air et contre les changements climatiques. À Kingston, l’influence de la forêt urbaine a été déterminante pour atténuer l’effet d’îlot de chaleur urbain, ce qui a amélioré le confort thermique et a limité la consommation d’énergie pour le rafraîchissement (Guilbault, 2016). À Vancouver, des zones climatiques locales ont été analysées pour optimiser les sites de plantation d’arbres afin de s’assurer que les arbres urbains contribuent efficacement au maintien du confort thermique extérieur (Aminipouri et al., 2019). Cette approche souligne l’importance des stratégies locales et propres aux sites dans l’aménagement des forêts urbaines. En outre, la Ville de Surrey a élaboré un guide de conversation pour sensibiliser la population en matière de chaleur urbaine, en soulignant le rôle des arbres urbains pour atténuer les vagues de chaleur et renforcer la résilience des collectivités (Ville de Surrey, 2021).

Des municipalités et des professionnel·les du secteur envisagent plusieurs recommandations vitales pour optimiser les bienfaits des forêts urbaines, y compris ceux liés à la qualité de l’air. Entretenir des arbres sains de grande stature et encourager un ensemble varié d’espèces à la longue durée de vie et au faible niveau de maintenance renforce la résilience contre les ravageurs, les maladies et les changements climatiques tout en apportant un éventail plus complet de services pour l’écosystème (Wood et Dupras, 2021). Par ailleurs, recenser les zones prioritaires pour la plantation d’arbres, comme les quartiers sujets à la chaleur et les zones de grande circulation peut optimiser la qualité de l’air et le confort thermique (Chan et al., 2007). De plus, mettre en place des mesures plus efficaces d’entretien des arbres, comme l’arrosage pendant les sécheresses, peut soutenir la santé des arbres et renforcer leur rôle dans l’atténuation des effets des changements climatiques. Ces efforts peuvent être soutenus en mettant à contribution les collectivités locales dans les initiatives de foresterie urbaine grâce à des programmes d’éducation et de sensibilisation. Une population impliquée est plus susceptible de soutenir les arbres urbains et d’en prendre soin, ce qui vient renforcer les efforts d’entretien des municipalités et garantir la réussite et la durabilité des forêts urbaines à long terme (Bourque et al., 2021).

Enfin, des programmes de suivi et d’entretien réguliers sont indispensables pour garantir des forêts urbaines saines et fonctionnelles. Les forêts urbaines sont des ressources primordiales pour les villes canadiennes. Elles offrent des bienfaits importants en matière d’amélioration de la qualité de l’air et d’atténuation des changements climatiques. En gérant stratégiquement et en étendant le couvert forestier urbain, les municipalités et les spécialistes du secteur peuvent renforcer la résilience urbaine, améliorer les environnements urbains et créer des villes plus agréables et plus résilientes (Cheng et al., 2024).

Au niveau national
Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Manitoba
Nouveau-Brunswick
Terre-Neuve-et-Labrador
  • Gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. (2024). Environment and Climate Change – Government of Newfoundland and Labrador.
Nouvelle-Écosse
Ontario
Île-du-Prince-Édouard
Québec
Saskatchewan
Non canadiennes
Calculatrices de carbone pour la foresterie urbaine
Lectures complémentaires