Table des matières 4.0 Gestion

Sélection et plantation des arbres

Bardekjian, A. et Puric-Mladenovic, D. (2025). Sélection et plantation des arbres. Dans Cultiver des villes vertes : Guide pratique de la foresterie urbaine au Canada. Arbres Canada. Repéré sur le site Web d’Arbres Canada : https://arbrescanada.ca/guide-foresterie-urbaine/selection-et-plantation-des-arbres/

Rue d’une ville avec des trottoirs comptant trois rangées d’arbres et d’arbustes.

Points saillants

Les espèces d’arbres doivent être sélectionnées en fonction du site et en pensant à l’avenir

Pour faire une sélection efficace, il faut prendre en compte les aspects environnementaux, écologiques et liés aux infrastructures ainsi que la résilience à long terme aux facteurs de stress urbain et aux changements climatiques.

Les changements climatiques imposent d’adapter la planification des espèces

Le choix des arbres doit anticiper les changements des zones de températures et la pertinence des espèces à l’aide de modèles climatiques et de tests progressifs pour orienter les décisions de plantation.

La diversité garantit la résilience des forêts urbaines

En évitant de tout miser sur quelques espèces, on réduit la vulnérabilité aux ravageurs, aux maladies et aux changements environnementaux tout en favorisant la biodiversité urbaine.

Une planification efficace minimise les conflits entre les arbres et les infrastructures

Les arbres doivent être sélectionnés et visualisés à leur taille adulte pour éviter de futurs conflits avec les trottoirs, les bâtiments ou les installations publiques, et ainsi réduire les coûts d’entretien et les risques.

La qualité du matériel de reproduction et les méthodes de plantation sont essentielles

L’état de santé des arbres au moment de la plantation, la manipulation appropriée des systèmes racinaires et l’entretien continu déterminent les chances des arbresde s’épanouir et d’apporter tous leurs bienfaits écologiques.

Une sélection appropriée des espèces doit être basée sur des considérations environnementales, écologiques, sociales, infrastructurelles et d’entretien des arbres. Par exemple, la sélection des arbres doit garantir une forêt urbaine résiliente capable de supporter des conditions environnementales urbaines difficiles, y compris la pollution de l’air et du sol, le compactage du sol, la sécheresse et les sels de voirie. La sélection et la plantation des arbres dépendent également du site. Il faut tenir compte des propriétés du sol, de l’humidité, du vent, du gel et de l’exposition à la lumière (Nowak et al., 2010). Les caractéristiques propres aux espèces comme la vitesse de croissance des arbres, la tolérance à l’ombre et l’attrait visuel jouent également un rôle critique dans la sélection des espèces. De plus, prendre en considération les besoins d’entretien est primordial, car cela peut déterminer la durabilité à long terme des forêts urbaines et réduire les coûts de gestion (Almas et Conway, 2016; LSRCA, 2018; Nowak, 2000; Conway et Vander Vecht, 2015).

Sélection des arbres et sites

La sélection des espèces d’arbres doit s’appuyer sur les conditions du site, l’emplacement, la compatibilité des espèces avec le climat local et la zone de rusticité, la taille des arbres, leur forme et leur attrait esthétique pour le public. Autres facteurs à prendre en compte : la vitesse de croissance des arbres, la durabilité environnementale (caractéristiques du sol, pH, taux d’humidité, tolérance aux sels) et la fonction de l’arbre dans l’espace (ombre, esthétique, etc.). En prenant soin de sélectionner les espèces selon ces critères, on peut obtenir des bienfaits secondaires pour la foresterie urbaine en général. Parmi ces bienfaits, on peut citer la réduction des coûts d’entretien à long terme, la création d’une forêt urbaine résiliente aux changements climatiques, des solutions en matière de forêts urbaines apportées aux quartiers et aux collectivités et le maintien de la diversité des espèces d’arbres qui profitent à la faune dans les villes de toutes tailles (Almas et Conway, 2016).

Lors de la phase de conception et de planification de sélection des espèces, les arbres doivent être visualisés à leur taille complète. Cela permet de minimiser les conflits futurs entre les arbres et les structures et de réduire les besoins d’entretien liés à des problèmes inattendus. Le choix d’un arbre qui convient bien aux conditions du sol, à la lumière disponible, à la circulation des piétons, au drainage, à l’espace et au microclimat du site est essentiel pour assurer sa survie à long terme et la sécurité du public (Vibrant Cities Lab, s. d.).

Pour simplifier le processus de décision, les municipalités canadiennes dressent souvent une liste des espèces qui peuvent se développer dans leur milieu urbain spécifique selon les critères de sélection des arbres et leur expérience (voir Ville de Markham, 2009; Ville de Kelowna, 2020; Ville de Toronto, 2021, 2024; Metro Vancouver, 2017; Ville de Québec, s. d.).

Changements climatiques

Lors de la sélection des espèces d’arbres, il est de plus en plus important de tenir compte de leur durabilité climatique à long terme pour prendre les bonnes décisions de plantation. Étant donné que les changements climatiques apportent un temps plus chaud dans de nombreuses villes canadiennes, la pertinence des espèces individuelles va certainement changer au fil du temps (Khan et Conway, 2020). La composition des forêts urbaines doit s’adapter et changer pour anticiper cette tendance. Les conditions climatiques qui conviennent à bon nombre d’espèces d’arbres se déplacent vers le nord beaucoup plus rapidement que les arbres ne peuvent migrer naturellement (Metro Vancouver, 2017). Par conséquent, la sélection des espèces doit prendre en considération les changements climatiques, l’augmentation des températures et les niveaux de tolérance de chaque espèce à ces conditions changeantes.

Pour déterminer la pertinence d’une espèce dans le contexte des changements climatiques, une combinaison de portée historique, d’habitat pertinent actuel et de modèles de projection climatique peut être utilisée comme base d’analyse (LSRCA, 2018). Ce processus permet de déterminer si une espèce se replie vers le nord, persiste ou devient une nouvelle possibilité pertinente. Les arbres et d’autres espèces qui deviennent de moins en moins adaptés à leur milieu peuvent avoir un retard de croissance et une durée de vie plus courte. Les espèces qui persistent en milieu urbain ont tendance à avoir une amplitude écologique et une diversité climatique plus vastes et devraient continuer à se développer dans le futur (Das, Ossola et Beaumont, 2024; Liang et Huang, 2023).

Pour les espèces qui pourraient devenir plus pertinentes à mesure que les changements climatiques progressent, tester leur capacité de survie dans le nouvel environnement en plantant une quantité limitée peut permettre d’éviter une mortalité à grande échelle (LSRCA, 2018). Ces évaluations doivent être mises à jour à mesure que davantage de données sur les différentes espèces et les nouveaux modèles climatiques deviennent disponibles. Avoir de la souplesse dans la modification des programmes de plantation peut contribuer à atténuer le risque d’introduction de nouvelles espèces.

Étant donné que la planification des forêts urbaines est une vision à long terme et que les jeunes arbres mettent plusieurs années à pousser, une collaboration active avec des pépinières peut garantir qu’une quantité suffisante de matériel de reproduction est disponible pour des espèces en particulier. La coordination avec des pépinières peut également mener au partage de connaissances, ce qui peut être une source très précieuse d’information pour mettre en place de nouveaux programmes de plantation ou pour tester de nouvelles espèces (Khan et Conway, 2020; LSRCA, 2018).

Diversité des espèces et composition

La diversité des espèces est essentielle pour créer et entretenir une forêt urbaine résiliente. Grâce à un vaste éventail d’espèces d’arbres, une forêt urbaine peut mieux absorber les chocs provoqués par des ravageurs, des maladies et des changements climatiques. Par exemple, la propagation de l’agrile du frêne a mis en danger environ 20 % de la forêt urbaine de Montréal, et des milliers d’arbres ont été abattus entre 1999 et 2020 (Institut canadien pour des choix climatiques, 2021). Bon nombre des arbres touchés étaient matures avec des canopées développées, ce qui apportait différents bienfaits comme la régulation du climat, la qualité de l’air et la gestion des eaux pluviales qu’un arbre nouvellement planté ne pourrait pas immédiatement remplacer. Les frênes en Amérique du Nord ont été touchés à un rythme similaire voire pire. Cela prouve l’importance de favoriser la diversité des arbres pour renforcer la résilience des forêts urbaines face à l’évolution du climat et des menaces environnementales.

En plus de tenir compte de la diversité des forêts urbaines, les espèces dioïques (arbres mâle et femelle), le sexe des espèces et la diversité globale des arbres doivent être gardés à l’esprit lorsqu’on choisit quels arbres planter. Historiquement, les arbres mâles ont été de préférence plantés en milieu urbain, car ils sont considérés comme moins « désordonnés » et ne produisent pas de fruits ou de graines (Nowak et Ogren, 2021). Les plantes femelles produisent des fruits et des noix et sont une source de nourriture pour les oiseaux et d’autres animaux urbains, mais elles nécessitent plus d’entretien. Ainsi, leur plantation n’a pas été privilégiée pour éviter de devoir ramasser les fruits dans les zones à forte circulation piétonnière. Les études ont montré que la plantation d’arbres principalement mâles dans les villes d’Amérique du Nord a entraîné des concentrations urbaines de pollen plus élevées, et par conséquent, davantage d’allergies saisonnières. Privilégier les arbres mâles a des répercussions à long terme sur les forêts urbaines et la composition des espèces d’arbres, ainsi que sur la résilience aux ravageurs et sur la biodiversité en général en ville. Cela contribue également à une perception nocive des arbres, car la surproduction de pollen peut affecter la santé humaine (Katz, Robinson, Ellis et Nowak, 2024).

Par ailleurs, les arbres urbains plantés le long des rues, des parcs et dans les zones résidentielles et institutionnelles incluent souvent de nombreux cultivars sélectionnés pour leurs caractéristiques spécifiques, comme la vitesse de croissance, la forme de la canopée, la couleur des feuilles et des fleurs, l’absence de fruits, l’attrait visuel ou d’autres propriétés. La prévisibilité de leur croissance et d’autres caractéristiques ainsi que la façon dont ces arbres poussent rendent ces cultivars pertinents pour certains environnements et paysages urbains. Il existe des centaines de cultivars, dont certains ont été plus plantés que d’autres. Cependant, les cultivars sont des clones qui partagent le même matériel génétique, réduisent la diversité génétique et augmentent la vulnérabilité aux ravageurs, aux maladies et aux facteurs de stress environnementaux. S’appuyer largement sur les cultivars peut transformer des portions de la forêt urbaine en monocultures, mais aussi entraîner le développement de monocultures dans les villes (Avolio, 2023; Sacre, 2020; Lohr, Kendal et Dobbs, 2016).

Plantation d’arbres

Avant d’acheter du matériel de plantation d’arbres en pépinière, il convient de vérifier l’absence de dommages et de maladies pour garantir l’établissement et la croissance des arbres. Parmi les problèmes courants, on peut repérer des dommages au niveau du tronc, des branches cassées ou des dommages au système racinaire (International Society of Arboriculture, 2021). La plupart du temps, les arbres de pépinière sont de trois types : motte enveloppée dans de la jute, pot ou racines nues. Chaque type présente des avantages et des inconvénients à la plantation. Il convient de tenir compte des besoins du site ou du projet (International Society of Arboriculture, 2021; Ressources naturelles Canada, 2023). L’Arbor Day Foundation propose un guide utile sur la plantation de chaque type d’arbre de pépinière. Les exigences peuvent varier selon les circonstances. Par exemple, si les arbres sont plantés sous des lignes électriques ou dans des surfaces dures dans des zones intensément urbanisées.

Selon la façon dont les arbres sont emballés et vendus, les méthodes de plantation diffèrent. Les jeunes plants sont souvent en pot, en motte enveloppée dans de la jute ou avec des racines nues. Les racines étrangleuses sont l’une des principales préoccupations pour les arbres en pot. Les masses racinaires doivent être détendues en bas et sur les côtés pour s’assurer qu’aucune racine ne va étouffer la plante (International Society of Arboriculture, 2021a; Arbres Canada, 2023). Pour les arbres en motte enveloppée dans de la jute, il est important de couper la toile de jute et la corbeille de treillis pour éviter que l’emballage n’étrangle progressivement l’arbre lorsqu’il pousse (Arbres Canada, 2023). Pour les plants à racines nues, le plus important est de veiller à ce que les racines ne sèchent pas avant et pendant le processus de plantation (Département de foresterie de Virginie, s. d.). L’objectif ultime de la plantation d’arbres urbains est que les arbres arrivent à maturité et apportent un maximum de bienfaits tels que la séquestration du carbone, l’ombre et la biodiversité. C’est pourquoi la surveillance et l’entretien des jeunes arbres pour qu’ils continuent à se développer et à s’épanouir est une partie impérative de la gestion des forêts urbaines.

Au niveau national
Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Manitoba
Nouvelle-Écosse
Ontario
Québec
Saskatchewan
Non canadiennes
Lectures complémentaires