Table des matières 3.0 Inventaire et surveillance

Bardekjian, A. et Puric-Mladenovic, D. (2025). Valeur économique et évaluation des arbres. Dans Cultiver des villes vertes : Guide pratique de la foresterie urbaine au Canada. Arbres Canada. Repéré sur le site Web d’Arbres Canada : https://arbrescanada.ca/guide-foresterie-urbaine/valeur-economique-et-evaluation-des-arbres/

Une personne qui porte un gilet néon marche dans la forêt. Elle est vêtue d’un chandail à capuchon bleu, tient une planchette à pince et regarde dans des jumelles vers le haut. En arrière-plan, on peut voir des échantillons de mousse sur le tapis forestier.

Points saillants

Mesure de la valeur économique

Les bienfaits et les services écologiques des forêts urbaines peuvent être évalués et quantifiés.

Méthodes d’évaluation de la valeur des arbres

La valeur des arbres urbains individuels peut être déterminée à l’aide de techniques d’évaluation spécialisées.

Signification juridique et pratique

Comprendre la valeur des arbres est essentiel pour leur remplacement, les litiges juridiques, l’aménagement urbain, le développement d’infrastructures et les déclarations de sinistre.

Au-delà de la valeur monétaire

Les arbres urbains apportent d’autres bienfaits comme le stockage de carbone, l’amélioration de la qualité de l’air et la réduction de la chaleur en ville.

Outils

Outils disponibles pour évaluer les bienfaits économiques et la valeur des arbres urbains.

Les forêts urbaines remplissent de nombreuses fonctions écologiques et sociales qui peuvent se traduire en valeur économique, en avantages financiers et en valeur monétaire. Les arbres urbains augmentent la valeur des propriétés et réduisent les coûts énergétiques grâce au rafraîchissement naturel. Par ailleurs, les zones urbaines arborées et boisées font la promotion du tourisme et des loisirs, qui peuvent se transformer en valeur monétaire (Ewane at al., 2023; Nowak et al., 2017; Wolf et al., 2020). La valeur économique des arbres peut être évaluée de plusieurs façons selon la géographie, l’objectif de l’évaluation et qui la réalise. Par exemple, les arbres peuvent être évalués pour leur valeur intrinsèque (en matière de diversité, de complexité, de beauté ou de signification spirituelle) ou pour leur valeur objective (AWES, 2021). Les arbres urbains peuvent également être évalués sur place en fonction de la valeur monétaire qu’apportent leurs services écologiques (par exemple, gestion des eaux pluviales ou séquestration du carbone) ou en fonction du coût de leur remplacement qui s’appuie sur leur taille, leur état de santé et leur espèce.

Évaluation de la valeur des arbres

En plus de mesurer, d’évaluer et de quantifier les bienfaits et les services écologiques des forêts urbaines, l’évaluation de la valeur des arbres est menée pour différentes raisons obligatoires telles que les évaluations officielles et juridiques des arbres urbains. Plusieurs méthodes d’évaluation ont été développées et mises en œuvre pour estimer leur valeur monétaire (Watson, 2002). Les résultats de l’évaluation de la valeur des arbres peuvent varier selon la méthode utilisée et la personne qui mène l’évaluation (Watson, 2002). Toutefois, ces évaluations restent un moyen important de transmettre la signification et la valeur des arbres urbains (Komen et Hodel, 2015; Purcell, s. d.).

Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour estimer la valeur de remplacement des arbres, en particulier lors de l’estimation dans le cadre d’un litige juridique, d’une vente, de besoins d’aménagement urbain et de développement d’infrastructures ou d’une déclaration de sinistre. Différentes méthodes d’évaluation de la valeur des arbres sont utilisées selon les zones urbaines, mais toutes évaluent la valeur monétaire selon plusieurs variables communes : caractéristiques de l’espèce, taille de l’arbre, conditions physiques, emplacement et contribution au milieu environnant (Doick et al., 2018). Il peut par exemple s’agir des méthodes suivantes : la méthode de la formule basée sur le tronc (Trunk Formula Method, TFM), souvent utilisée pour les grands arbres non remplaçables; la méthode du coût de remplacement, utilisée pour des arbres remplaçables plus petits; l’approche du coût, utilisée pour évaluer les coûts de plantation et d’entretien à vie des arbres; l’approche du marché (ventes comparables), pour évaluer la valeur d’un arbre selon les prix du marché pour des arbres similaires; l’approche des revenus, qui se concentre sur les avantages économiques des arbres (p. ex. les économies d’énergie); l’évaluation des immobilisations, qui estime la valeur qu’un arbre apporte à une propriété; l’évaluation du service d’écosystème, qui affecte une valeur à l’arbre en fonction des bienfaits environnementaux qu’il apporte (p. ex. séquestration du carbone et amélioration de la qualité de l’air); et le Guide pour l’évaluation monétaire des végétaux du Council of Tree and Landscape Appraisers (CTLA), une approche de l’ISA qui prend en compte plusieurs variables des arbres (taille, espèce, état, etc.) dans l’évaluation (Watson, 2002; Szaller et al., 2019; Doick et al., 2018).

Généralement, une évaluation est menée selon les besoins spécifiques du client et prend souvent en compte la gestion de pertes inattendues, les responsabilités délictuelles (poursuites civiles pour compenser des actes répréhensibles ou des blessures), les déclarations de sinistre, les déductions fiscales, les évaluations immobilières ou la planification proactive. Une fois tous les renseignements pertinents sur les arbres collectés, l’expert choisit une méthode d’évaluation appropriée et donne une évaluation objective en dollars (Purcell, s. d.; Ponce-Donoso, Vallejos-Barra et Escobedo, 2017; CTLA, 2020; Grande-Ortiz, Ayuga-Téllez et Contato-Carol, 2012).

Le Guide pour l’évaluation monétaire des végétaux du CTLA est l’une des méthodes d’évaluation les plus courantes au Canada et aux États-Unis. Il est considéré comme une référence dans le secteur (Cullen, 2007; Komen et Hodel, 2015). Le processus d’évaluation nécessite la collecte de renseignements sur le site, y compris les mesures des arbres et une évaluation pour obtenir toutes les variables mesurables efficacement. Les caractéristiques de l’espèce et la taille de l’arbre, ainsi que son état, les dégâts, les cicatrices, son emplacement et de nombreux autres critères déterminent la valeur d’un arbre. L’évaluation des arbres et des éléments du paysage nécessite une formation spécialisée, de l’expertise et de l’expérience. Les outils et les cours d’évaluation de la valeur des arbres sont accessibles par le biais d’organisations comme l’International Society of Arboriculture (ISA) et l’ISA Ontario. Les méthodes du CTLA, approuvées par l’ISA et des organisations d’arboriculture locales, sont applicables pour l’évaluation des arbres en cas de litige juridique, d’aménagement urbain, d’études d’impact sur l’environnement et de déclaration de sinistre. Par exemple, les villes d’Ottawa, Edmonton, Guelph et Mississauga utilisent l’approche du CTLA pour évaluer la valeur des arbres touchés par des projets de construction et de développement (Ville de Guelph, 2019; Ville d’Edmonton, 2024; AECOM, 2022). Les plus petites municipalités n’ont parfois pas les ressources nécessaires pour mener des inventaires d’arbres complets. La collaboration avec des consultants ou des universités peut apporter un soutien précieux à l’échelle de la ville.

Valeur économique des forêts urbaines – Bienfaits apportés

Les arbres urbains apportent tout un éventail de services écologiques qui peuvent se traduire en valeur économique. Par exemple, les bienfaits des arbres incluent l’augmentation de la valeur des propriétés (Han et al., 2024), des répercussions positives sur les préférences immobilières (Farr, 2017), une réduction des coûts énergétiques en apportant de l’ombre aux bâtiments et à la chaussée et un abaissement des températures ambiantes (McDonald et al., 2024). Selon un rapport des Services économiques TD de 2014, les forêts urbaines d’Halifax, de Montréal, de Vancouver et de Toronto représentaient une valeur combinée de 42 milliards de dollars et rapportaient 330 millions de dollars en bienfaits environnementaux chaque année. Selon la ville, pour chaque dollar investi dans l’entretien des arbres, on observait un retour d’environ 1,88 $ à 12,70 $ sous forme de bienfaits divers (Alexander et DePratto, 2014). Ces valeurs sont probablement sous-estimées puisqu’elles ne prennent pas en compte le tourisme, les activités récréatives ou l’effet sur la valeur des propriétés, la santé humaine et le bien-être (Farr, 2017). Les arbres urbains apportent des services comme d’autres infrastructures urbaines en réduisant le ruissellement et l’érosion, en améliorant la qualité de l’air, en économisant de l’énergie et en séquestrant du carbone. Ces bienfaits augmentent dans le temps à mesure que les arbres poussent (Hotte et al., 2015; Farr, 2017).

Les technologies comme la télédétection (p. ex. les images multispectrales et LiDAR) et les systèmes d’information géographiques (p. ex. SIG ou Google Maps), associés à des méthodes d’échantillonnage sur le terrain (p. ex. échantillonnage de parcelles et d’arbres, ainsi que les données collectées par des initiatives de science citoyenne), jouent un rôle crucial dans l’estimation de l’ampleur, de la structure et de la composition des forêts urbaines et de leurs bienfaits (Hotte et al., 2015). Ces technologies facilitent la cartographie de la canopée urbaine et la collecte de mesures sur les forêts urbaines et les boisés dans les municipalités de toutes tailles. Ces renseignements spatiaux et sur le terrain sont ensuite utilisés pour soutenir la valeur écologique et économique des arbres et des services qu’ils fournissent.

Par exemple, les mesures sur le terrain, en combinaison avec des outils comme i-Tree ou d’autres formules allométriques pertinentes pour les arbres, peuvent servir à déterminer les taux de séquestration du carbone dans les forêts urbaines. En utilisant des données sur le terrain ainsi que les cartes de la canopée urbaine, il devient possible d’estimer la quantité de dioxyde de carbone séquestrée dans l’atmosphère par l’ensemble du couvert forestier urbain, par les arbres individuels et par une unité (p. ex. 1 ha) de la canopée urbaine. Ainsi, une étude menée au Canada par Pasher et al. (2014) a estimé que la capacité moyenne de séquestration du carbone du couvert forestier urbain est de 2,9 tonnes de CO2 par hectare chaque année.

Bienfaits et valeur des forêts urbaines – Au-delà de la valeur monétaire

Pour estimer la valeur d’une forêt urbaine, on peut évaluer ses composantes structurelles comme le couvert forestier, la composition des espèces et l’âge. Les nombreux bienfaits des forêts urbaines, tels que le stockage et la séquestration du carbone, l’amélioration de la qualité de l’air et la modération de l’effet d’îlot de chaleur urbain (Han et al., 2024), créent également de la valeur grâce à des avantages connexes, comme une diminution de la consommation d’électricité durant une vague de chaleur (McDonald et al., 2024). Il a été démontré qu’il existe une corrélation négative entre couvert forestier urbain et taux de mortalité et de morbidité lors des vagues de chaleur (McDonald et al., 2020), ce qui prouve un effet positif des forêts urbaines sur la santé humaine. Au-delà de fournir un refuge l’été, les forêts urbaines à proximité sont liées à la réduction de la durée des séjours à l’hôpital pour les personnes qui ont subi une chirurgie et à de meilleurs résultats de santé pour les grossesses (Ulrich, 1984; Hotte et al., 2015). Bien que plus difficiles à quantifier, les valeurs culturelle, spirituelle, visuelle et sensorielle des arbres urbains sont souvent les aspects les plus précieux pour le grand public.

Outils d’évaluation économique et d’estimation
Lectures complémentaires