Hommage personnel à Royal Galipeau, Fondateur de la Journée nationale de l’arbre
Je me souviens encore du début unique de mon amitié de dix ans avec Royal Galipeau.
Après sa première élection en tant que député conservateur fédéral en 2006, Royal Galipeau a instauré une magnifique tradition : planter des arbres dans sa circonscription fédérale (Orléans), lors de la Semaine nationale de l’arbre et des forêts. Il m’a donc approché avec une demande spéciale, il voulait que la plantation des arbres demeure un succès.
C’est ainsi qu’a débuté notre belle et magnifique relation d’amitié de 10 ans.
Malgré son mandat électoral, nous n’avons jamais beaucoup parlé de politique. Une fois cependant, tandis que j’étais assis dans son bureau sur la colline du Parlement, ma curiosité a pris le dessus. Je me suis interrogé à haute voix sur la photo grandeur nature de Pierre Trudeau qui se trouvait derrière sa table de travail. « J’ai énormément de respect pour lui », a-t-il simplement dit. Il m’a avoué que la photo avait provoqué la colère d’un grand nombre de ses collègues conservateurs. C’était ma première relation personnelle avec un député, une relation que certains au sein d’Arbres Canada qualifiaient comme étant du «lobbying réussi» fait par Mike. Ils en savaient encore très peu.
Royal Galipeau est né à Saint-Isidore, dans l’est de l’Ontario. Fier Franco-Ontarien, ses intérêts ont fondé la particularité de notre relation : francophile, il aimait s’amuser et vouait un amour aux arbres et au peuple juif. Nous avions envie de nous voir le plus souvent possible. Il faisait preuve d’un remarquable bilinguisme et était une véritable autorité en matière d’histoire et de procédures parlementaires. Il était aussi, comme il l’admettait lui-même, un « personnage » – dans le meilleur sens du terme.
Son amour des arbres lui venait de sa jeunesse dans l’est de l’Ontario; selon ses calculs, il y avait planté 52 000 arbres, sur diverses propriétés; sa famille avait fait de même, ajoutant 23 000 arbres à son total.
Son amour du peuple juif lui venait d’un ami qui lui inspirait beaucoup de respect, Carl Rosen (qui n’est pas parent avec moi). Manifestant de la vivacité d’esprit et une propension à apprendre, Royal s’était familiarisé avec de nombreuses expressions yiddish, des fêtes juives et d’autres aspects de la culture juive. Il avait notamment utilisé le nombre « 18 » (nombre spirituel dans le judaïsme) pour sa plaque d’immatriculation et ses numéros de téléphone. Je me souviens encore qu’en rencontrant mes parents, lors du 15e anniversaire d’Arbres Canada en 2007, il les a regardés dans les yeux et leur a dit : « M. et Mme Rosen… votre fils… est un mensch! (« bonne personne » en yiddish). Ils étaient stupéfaits. Plus tard dans la journée, il les a emmenés faire le « Tour Royal Galipeau » des édifices du Parlement, en criant : « Zaida! (grand-père) Booby! (grand-mère)… Venez! »
En 2010, on lui a donné l’occasion de proposer une motion d’initiative parlementaire sur le sujet de son choix. Une personne plus mesquine aurait peut-être profité de cette rare circonstance pour agacer ses opposants politiques ou faire avancer une cause locale. Mais Royal m’a tout de suite dit qu’il voulait faire quelque chose pour les arbres du Canada.
Nous avons conçu ensemble l’idée d’instaurer une « Journée nationale de l’arbre ». Après beaucoup de travail, le 2 mars 2011, la Chambre des communes a adopté la motion 575, décrétant que la Journée nationale de l’arbre se tiendrait le mercredi de la Semaine nationale de l’arbre et des forêts. Elle visait fièrement à ce que « tous les Canadiens puissent célébrer et partager leur passion pour les forêts et les arbres de notre nation ». Seuls trois individus ont voté contre – ils ont fini par être défaits lors d’élections ou se sont retirés de la politique. Dans certains discours, Royal y faisait allusion avec humour; il commençait en disant : « La leçon à en tirer, mes amis, c’est de ne jamais voter contre les arbres! »
Royal Galipeau, ancien député fédéral d’Ottawa-Orléans et fondateur de la Journée nationale de l’arbre, est décédé le 27 janvier 2018. Il avait 71 ans. Il était, comme il le disait souvent, « un ami des arbres ». Il était aussi mon ami à moi. J’adresse mes condoléances à sa femme, Anne, et à sa famille.
La dernière fois que j’ai vu Royal était le 5 janvier dernier, à son 71e anniversaire à l’Hôpital d’Ottawa où il se faisait soigner pour le cancer. C’était loin d’être une joyeuse occasion, mais je me souviens qu’il m’a pris par le bras et m’a dit: «Michael, nous sommes en 2018, tu sais… 2018». Eh bien, tu as raison Royal, nous sommes en 2018, mais malheureusement pour nous, nous devrons tous passer les 11 prochains mois sans ton merveilleux sens de l’humour et ta joie de vivre.
J’espère qu’Arbres Canada parviendra à concrétiser la vision de Royal pour la Journée nationale de l’arbre. J’espère que nous pourrons créer quelque chose de spécial pour sauvegarder son héritage. Coïncidence inouïe, les funérailles de Royal se sont déroulées à Ottawa, le 30 janvier 2018, au coucher du soleil : elles ont concordé avec le début du Tou Bichvat, le Festival juif des arbres.
Salut, mon ami.
Michael Rosen, F.P.I.
Président, Arbres Canada
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