Restaurer le parc Stanley : des efforts de conservation communautaires pour lutter contre les papillons de nuit

Arbres Canada

Le parc Stanley est le plus grand parc urbain de Vancouver. Il s’étend sur 400 hectares de forêt pluviale tempérée côtière et sa longue promenade, le célèbre « Seawall », offre une vue imprenable sur l’océan, les montagnes et les arbres majestueux. Grâce au soutien du programme Opération Renouvert d’Arbres Canada, un récent projet contribue à restaurer des zones précédemment perturbées dans ce parc à la suite d’une infestation dévastatrice d’arpenteuse de la pruche de l’Ouest (Lambdina fiscellaria).

L’initiative a pu compter sur des bénévoles locaux et la Stanley Park Ecology Society (SPES), ce qui a permis de planter 480 arbres indigènes et plantes de sous-bois le long du sentier South Creek. Ces plantes de sous-bois soutiendront la croissance de jeunes conifères plantés par la Ville de Vancouver en empêchant la propagation d’espèces non indigènes comme la ronce discolore.

La menace de l’arpenteuse de la pruche de l’Ouest

La Tordeuse de la pruche de l’Ouest est un papillon indigène qui joue un rôle naturel dans l’écosystème et le cycle de perturbation des forêts en Amérique du Nord de l’Ouest. Ses larves se nourrissent des aiguilles des conifères, en particulier de la pruche de l’Ouest, et occasionnellement du thuya géant et du douglas vert. Dans des conditions normales, la présence de la tordeuse fait partie d’un cycle forestier sain. Cependant, des pratiques forestières inadéquates datant des années 1970 ont conduit à une surabondance de pruches dans le parc Stanley, rendant la forêt particulièrement vulnérable aux cycles d’infestation de la tordeuse. En 2019, ce déséquilibre a amplifié l’impact de la tordeuse, entraînant la perte de plus de 160 000 arbres.

Photo par Jerald E. Dewey, USDA Forest Service, États-Unis, récupéré à partir de Wikipedia. Licencié sous CC BY 3.0

Comme l’explique Dacyn Holinda, gestionnaire des projets de conservation à la SPES : « Un grand nombre d’arpenteuses de la pruche de l’Ouest s’étaient développées dans le parc, et lorsque la population a explosé, les effets ont été dévastateurs. » Le problème est d’autant plus intensifié par les changements climatiques, y compris des étés plus chauds qui favorisent la survie des ravageurs. Le parc Stanley a ainsi dû faire face à d’importants trous dans sa canopée, ce qui a augmenté les risques de colonisation des espaces ouverts par des espèces végétales non indigènes.

Le défi de l’abattage des arbres

Pour gérer cette perte, la Ville de Vancouver est en train de procéder à l’abattage d’environ 16 000 à 20 000 arbres en raison de la mortalité liée à l’arpenteuse. Ce processus a suscité une certaine controverse parmi les résidentes et les résidents qui tiennent fortement à préserver l’aspect sauvage du parc. « L’abattage des arbres est un sujet épineux », confirme Dacyn Holinda, mais la réalité est que ces arbres sont morts. Qu’on les coupe ou qu’on les laisse, les trous dans le couvert forestier sont là. « Par conséquent, c’est une question de sécurité importante ainsi qu’un risque de feu avec tous ces arbres morts. »

Le processus d’abattage a suscité de vives réactions, mais comme Dacyn Holinda l’explique : « Notre approche a toujours été d’essayer de transformer la passion des gens pour le parc Stanley en projets efficaces ». C’est le cas avec ce projet de plantation, qui implique directement la population dans la restauration du parc.

Un effort de plantation porté par la population

En octobre 2024, 40 bénévoles ont participé à une journée de plantation de différentes plantes indigènes, y compris des fougères femelle, des dicentres à belles fleurs, des ronces remarquables et des roses de porcelaine, une espèce importante dans la culture des Nations xʷməθkʷəy̓əm (Musqueam), Sḵwx̱wú7mesh (Squamish) et səlílwətaɬ (Tsleil-Waututh) locales.

Comme le souligne Dacyn Holinda, planter des espèces ayant une importance culturelle était essentiel : « Cela renforce la résilience du parc et [en plantant] des espèces qui ont une importance culturelle, [cela crée] des peuplements dans le parc dont tout le monde peut profiter. »

Photos (y compris l’image d’en-tête) avec l’aimable autorisation de la Stanley Park Ecology Society. Prise par Harry Gray.

Bâtir un écosystème résilient grâce aux plantes de sous-bois et à l’intendance communautaire

Le projet visait à établir un sous-bois florissant pour soutenir la plantation de nouveaux conifères par la Ville de Vancouver et pour empêcher les espèces non indigènes de dominer les espaces ouverts laissés par la perte de canopée.

La SPES surveillera le site pendant au moins trois ans afin de garantir un taux de survie de 70 à 80 %, d’identifier et d’éliminer les espèces non indigènes et de replanter les espaces où le taux de réussite est moindre.

Les bénévoles de la SPES ont souvent l’habitude de retirer des plantes non indigènes, mais cette fois-ci, ils ont pu « planter des plantes indigènes, ce qui leur a beaucoup plu », raconte Dacyn Holinda. Grâce à ces efforts concertés, Arbres Canada et la SPES favorisent un écosystème plus résilient et offrent des occasions concrètes à la population de participer à la restauration du parc.

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