Introduction – Note des autrices

Cultiver des villes vertes : Guide pratique de la foresterie urbaine au Canada est une ressource essentielle pour comprendre la foresterie urbaine dans toute sa complexité et son rôle crucial dans la gestion des espaces verts et l’entretien de la santé des arbres dans les villes canadiennes. Ce guide complet s’appuie sur la précédente ressource en ligne, Recueil des meilleures pratiques de gestion des forêts urbaines au Canada. Il développe certains thèmes essentiels et soulève de nouvelles questions émergentes qui nécessitent une attention particulière.

Chaque chapitre se penche sur différentes facettes de l’aménagement forestier urbain et présente des conseils pratiques, des normes techniques et des exemples concrets. Ce guide est également une mine de ressources en ligne, de liens et de références. Les lecteurs et les lectrices ont ainsi accès aux tout derniers outils et aux plus récentes initiatives dans le domaine. Que vous soyez professionnel·le de la foresterie urbaine, urbaniste municipal·e, résident·e local·e ou élu·e, vous pourrez, grâce à ce guide, approfondir votre compréhension des stratégies, des processus de planification et des considérations essentielles en matière de foresterie urbaine afin de créer des villes vertes durables.

Ce guide n’est pas une simple ressource, c’est une invitation à vous joindre à un mouvement qui vise à créer des milieux urbains plus sains, plus verts et plus durables partout au Canada.

8.0 Ressources supplémentaires

Pour citer cette ressource

Pour citer l’ensemble du texte :

Bardekjian, A. et Puric-Mladenovic, D. (2025). Cultiver des villes vertes : Guide pratique de la foresterie urbaine au Canada. Arbres Canada. Repéré sur le site Web d’Arbres Canada : https://arbrescanada.ca/guide-foresterie-urbaine

Pour citer des chapitres individuels :

Bardekjian, A. et Puric-Mladenovic, D. (2025). Insérer le nom du chapitre à citer. Dans Cultiver des villes vertes : Guide pratique de la foresterie urbaine au Canada. Arbres Canada. Repéré sur le site Web d’Arbres Canada : ajouter hyperlien du chapitre.

Remerciements

Ce travail n’aurait pas été possible sans le soutien et les contributions des nombreuses personnes qui ont participé à la rédaction, à la révision et à la relecture de cette ressource. Nous tenons à remercier sincèrement les personnes ci-dessous pour leur dévouement et leur aide inestimable tout au long de ce projet.

Emma Harper, assistante de recherche au laboratoire de Danijela Puric-Mladenovic, Ph. D., a apporté un soutien essentiel en matière d’analyse documentaire, d’édition, de rédaction et de gestion des fichiers. Son sens de l’organisation a assuré le bon déroulement du projet et la bonne gestion de toutes les ressources connexes.

Nous remercions également les étudiant·es de cycle supérieur de la Faculté Daniels – Fion Kong, Georgia Sa, Monique Sewornu, Hashem Al-Zubiedi et Zoe Turner-Debs (diplômée de maîtrise en foresterie) – pour leur précieuse contribution en matière d’analyse documentaire et de soutien à la rédaction.

Un merci spécial à Kayleigh Hutt-Taylor, Sylvia Jorge et Randall Van Wagner pour leurs suggestions avisées et leurs révisions pertinentes, qui ont grandement amélioré la qualité de cette ressource.

Nous remercions l’équipe des communications d’Arbres Canada pour ses conseils et son aide.

Notre équipe de révision externe, qui a enrichi ce projet grâce à son expertise, était notamment composée des personnes suivantes :

  • Joshua Shea, M.ES, gestionnaire, Foresterie et zones naturelles, Parcs et cimetières, Ville de Kitchener;
  • Giuliana Casimirri, Ph. D., directrice générale, Green Venture, Hamilton;
  • Toni Ellis, directrice générale, Tree Trust, Elora Environment Centre.

Leurs commentaires et leurs contributions ont été essentiels pour parvenir à la version finale de cette ressource.

Merci à toutes les personnes qui ont contribué à concrétiser ce projet.

Sincères salutations,

Adrina C. Bardekjian, MFC, Ph. D.
Directrice, Recherche et engagement, Arbres Canada

Danijela Puric-Mladenovic, Ph. D.

Université de Toronto, Faculté Daniels (foresterie)

Cultiver des villes vertes : Guide pratique de la foresterie urbaine au Canada

Bardekjian, A. et Puric-Mladenovic, D. (2025). Cultiver des villes vertes : Guide pratique de la foresterie urbaine au Canada. Arbres Canada. Repéré sur le site Web d’Arbres Canada : https://arbrescanada.ca/guide-foresterie-urbaine/

1.0 Contexte

Définition des forêts urbaines

Points saillants

Définitions clés

Explication des forêts urbaines, de la foresterie urbaine et de la canopée urbaine.

Évolution des définitions

Changement de la compréhension des forêts urbaines, de la foresterie et des zones urbaines au fil du temps.

Foresterie urbaine en tant que pratique

Gestion, planification, plantation, entretien et protection des forêts urbaines.

Ressources sur la foresterie urbaine au Canada

Ressources disponibles.

Lorsqu’on imagine une « forêt urbaine », à quoi pense-t-on? Aux arbres qui longent les rues? Aux arbres dans des contenants placés sur les trottoirs? À des forêts de ravins? Aux arrière-cours des lotissements? La forêt urbaine, c’est tout cela et plus encore!

Depuis le milieu du XXe siècle, les zones urbaines du Canada ont connu une croissance importante et une augmentation de la densité de la population, ce qui a fait émerger un grand nombre de problèmes environnementaux, écologiques et sociaux. Ces défis ont souligné l’importance de bâtir des villes plus vertes et ont renforcé le besoin de mesures de conservation et de gestion des arbres urbains. Au fil des années, le verdissement urbain est passé d’une approche de gestion arbre par arbre à une approche qui reconnaît l’importance de tous les arbres en milieu urbain (Konijnendijk et al., 2004). Des termes comme « forêt urbaine », « foresterie urbaine » et « canopée urbaine » ont été créés, et leurs définitions se sont progressivement enrichies. Ces trois termes sont liés et sont souvent employés de façon interchangeable, mais il est important de souligner leurs différences.

Termes clés en foresterie urbaine

Différentes définitions détaillées de la forêt urbaine et de la foresterie urbaine sont employées au Canada. Habituellement, la forêt urbaine est définie comme un ensemble d’arbres, de plantes ligneuses et de végétation en milieu urbain (Jorgensen, 1974). De façon générale, la foresterie urbaine est considérée comme une branche spécialisée, mais multidisciplinaire de la foresterie. Elle se concentre sur les techniques et les pratiques de gestion de la forêt et des arbres, de la planification à la plantation, en passant par l’entretien et la protection des arbres ainsi que la mobilisation et la sensibilisation du public (Deneke, 1993). La canopée urbaine (ou couvert forestier) est une expression à deux facettes : elle désigne la forêt urbaine ainsi que l’ampleur de l’ombrage au sol de la canopée des arbres (CSLA, 2024; Vogt, 2020). Facilement cartographiable à l’aide de technologies spatiales modernes, la canopée urbaine est souvent utilisée comme une mesure simple et générale pour quantifier, comparer et surveiller les forêts urbaines dans l’espace et le temps (Arbres Canada, 2019).

L’approche consistant à considérer les arbres en milieu urbain comme une forêt est née à la suite de la perte des ormes d’Amérique (Ulmus americana) en raison de la maladie hollandaise de l’orme qui a touché des villes d’Amérique du Nord dans les années 1960. Cette maladie causée par un champignon vasculaire a tué la plupart des ormes d’Amérique dans les villes et a dévasté le couvert forestier de nombreuses localités de l’est de l’Amérique et du Canada. En raison de cette perte soudaine de canopée, les rues et les quartiers ne disposaient plus de suffisamment de protection et d’ombre, ce qui a mené à une mobilisation importante de la population en appui à la conservation et à la gestion des arbres urbains. Le mouvement a mobilisé des spécialistes de la foresterie et des scientifiques pour reconnaître et valoriser les forêts urbaines en tant que ressources naturelles essentielles des milieux urbains. La société a alors commencé à reconnaître que les forêts urbaines étaient indispensables pour apporter des bienfaits environnementaux et sociaux et rendre les zones urbaines agréables à vivre.

C’est ainsi que l’importance de tous les arbres en milieu urbain a été reconnue et que les termes « forêt urbaine » et « foresterie urbaine » ont été créés. Ces termes ont été définis en 1965 par Eric Jorgensen, Ph. D. à la Faculté de foresterie de l’Université de Toronto, au Canada. Jorgensen a été le premier à définir la « foresterie urbaine » comme « un secteur spécialisé des sciences forestières dont l’objectif est la culture et la gestion des arbres en vue d’assurer leur contribution actuelle et future au bien-être physiologique, social et économique de la société urbaine. Sont inclus dans cette contribution, les bienfaits environnementaux, les activités récréatives et l’utilité publique des arbres » (Jorgensen, 1974). Il considérait également que la foresterie urbaine ne se réduisait pas « aux arbres de la ville ou à la gestion des rues uniques, mais plutôt à la gestion des arbres dans l’ensemble de la zone influencée par la population urbaine » (Jorgensen, 1974).

Évolution des définitions

La définition d’origine de Jorgensen de la foresterie urbaine a été améliorée et enrichie au fil du temps. En 1993, lors de la première Conférence canadienne sur la forêt urbaine, Frederick Deneke a étoffé cette définition en déclarant : « La foresterie urbaine est la planification, la plantation, la protection, l’entretien et le soin durables des arbres, des forêts, des espaces verts et des ressources connexes dans les villes et collectivités ainsi qu’en périphérie de celles-ci visant à fournir aux gens des bienfaits associés à l’économie, à l’environnement, à la société et à la santé publique. Cette définition comprend la préservation des arbres et du couvert forestier alors que les populations s’étendent dans les zones rurales environnantes et la remise en valeur de secteurs vitaux du milieu urbain après les travaux de construction. L’expansion de l’interface entre les zones urbaines et rurales pose des inquiétudes en matière de santé et de sécurité de l’environnement et du public, mais elle offre également des possibilités de former des liens éducatifs et environnementaux entre les résidents urbains et la nature. De plus, la foresterie urbaine communautaire comprend la promotion de la participation et de l’appui des citoyens en vue d’investir dans des programmes permanents et à long terme de plantation, de protection et d’entretien des arbres. »

Au fil des années, à mesure du développement des connaissances et de la compréhension concernant la signification et la valeur de la forêt urbaine, davantage de spécialistes en foresterie et de professionnel·les ont intégré le secteur, et des définitions du terme « forêt urbaine » ont commencé à fleurir dans la documentation et les réglementations professionnelles au Canada. Par exemple, la Loi sur les professionnels forestiers de 2000 du gouvernement de l’Ontario indique que la forêt urbaine s’entend « d’une végétation composée en grande partie d’arbres et des caractéristiques connexes que l’on trouve dans une zone urbaine. S’entend en outre des boisés, des plantations, des arbres d’ombrage, des champs à divers stades de succession, des terres marécageuses et des zones riveraines ». En 2021, la définition de forêt urbaine de la Loi a été complétée, et le terme « terrain boisé urbain » a été ajouté pour inclure les zones naturelles urbaines dans le cadre de la définition suivante : « Terrain boisé situé en milieu urbain, y compris dans une zone riveraine, un ravin ou une terre marécageuse » (Loi sur les forestiers professionnels, 2000).

Au-delà de la définition des forêts urbaines et de la foresterie urbaine, l’importance de la stratégie, de la planification et de la gestion en matière de forêts urbaines est devenue évidente. Kenney (2003) a été le premier à évoquer l’idée de planification stratégique de la gestion forestière urbaine et à souligner l’importance d’une gestion stratégique de toutes les composantes de la forêt urbaine et des facteurs biotiques et abiotiques connexes dans des milieux urbains divers, des petites localités aux plus grandes, et dans les zones qui les relient. C’est ainsi qu’on a commencé à mettre en place des mesures de gestion stratégique des forêts urbaines dans différents espaces urbains : rues, parcs, cimetières, arboretums, propriétés privées et parcelles de forêt naturelle. Tous les éléments de la forêt urbaine étaient considérés comme les pierres angulaires des infrastructures vertes, et comme contributions de la forêt urbaine pour relier les zones vertes urbaines et rurales et améliorer l’environnement urbain (GIOC 2015; RNCan et Service canadien des forêts, 2022).

S’appuyant sur l’idée de Kenney (2003) qui défendait l’importance de la gestion stratégique des forêts urbaines et reconnaissait l’importance écologique et sociale des arbres urbains dans les zones urbaines mais aussi en dehors, la Stratégie canadienne sur la forêt urbaine 2019-2024 (SCFU) adopte une définition plus large des forêts urbaines : « les arbres, les forêts, les espaces verts et les éléments abiotiques, biotiques et culturels connexes qui se trouvent dans les zones allant du noyau urbain à la limite périurbaine » (Arbres Canada, 2019). De plus, la définition de la SCFU de la foresterie urbaine inclut également « la planification, la plantation, la protection, l’entretien, la gestion et le soin durables des arbres, des forêts, des espaces verts et des ressources connexes dans les villes et collectivités ainsi qu’en périphérie de celles-ci visant à fournir aux gens des bienfaits associés à l’économie, à l’environnement, à la société et à la santé publique ». On y mentionne par ailleurs « les techniques associées à la préservation des arbres dans le contexte de la densification, le couvert forestier alors que les populations s’étendent vers les zones rurales environnantes et le verdissement de secteurs vitaux du milieu urbain à la suite du développement et de l’urbanisation ». Comme le fait remarquer la SCFU, à l’heure où « les frontières géographiques et sociales entre zones urbaines et rurales deviennent de moins en moins marquées, l’urbanisation soulève des inquiétudes en matière d’environnement, mais aussi de santé et de sécurité publiques, créant ainsi le besoin de former des liens éducatifs et environnementaux entre les habitants des villes et la nature. À la croisée de plusieurs disciplines, la foresterie urbaine arbore de multiples facettes et implique de nombreux acteurs au niveau de la recherche, des politiques, des pratiques et de l’engagement communautaire. Elle comprend le développement de l’implication et de l’appui des citoyens en vue d’investir dans des programmes permanents et à long terme de plantation, de protection et d’entretien des arbres ».

Définition des zones urbaines

Les définitions de « forêts urbaines » emploient le terme « urbain » pour décrire les limites de la forêt, mais cela soulève la question de la définition du terme « urbain » lui-même. Au Canada, la définition des zones urbaines a évolué au fil des années. Dans le recensement canadien de 1931, une population urbaine était définie comme une « population résidant dans les limites des villes et villages, quelle qu’en soit la taille ». Toutefois, après 1951, on a commencé à définir les zones urbaines par la taille de leur population, puis, par leur densité de population. Le recensement canadien de 1971, selon la taille et la densité de la population à l’époque, indiquait qu’« une zone urbaine a une concentration de population minimale de 1 000 personnes et une densité de population d’au moins 400 personnes par kilomètre carré ». En 2008, Statistique Canada a distingué deux catégories de zones peuplées au Canada : les zones urbaines et les zones rurales. La population urbaine est définie plus précisément comme « toutes les personnes qui vivent dans les noyaux urbains, les noyaux urbains secondaires et les banlieues urbaines des régions métropolitaines de recensement » (Statistique Canada, 2008).

Par conséquent, puisque les définitions des zones urbaines et de la population urbaine ont évolué spatialement et structurellement, la définition des forêts urbaines s’est également élargie pour inclure les arbres et la végétation connexe qu’on trouve dans les métropoles, les villes ou les villages, ainsi que dans les zones touchées par la population urbaine. Il a également été reconnu que les forêts urbaines et l’urbanisation sont interdépendantes et que les forêts urbaines s’étendent au-delà des limites de la ville et pas uniquement dans les limites municipales (Arbres Canada, 2019). Les zones urbaines et leur population profitent des forêts et des terrains boisés au-delà des délimitations urbaines. Ces forêts et ces arbres, entre les zones urbaines et rurales, dans la zone d’influence urbaine souvent appelée « forêt périurbaine » (FAO, s. d.; Salbitano et al., 2016), offrent des possibilités récréatives pour la population urbaine, favorisent la protection de la biodiversité et, même s’ils se trouvent en dehors des zones urbaines, contribuent à réguler le climat urbain et l’hydrologie, à assainir l’air et la qualité de l’eau et à apporter une valeur esthétique et culturelle. Cependant, les pressions exercées par l’urbanisation, l’aménagement et la population urbaine ont des effets négatifs sur les forêts et le milieu naturel des zones périurbaines, ce qui se traduit souvent par des parcelles de forêt fragmentées et des forêts définitivement perdues ou perturbées à la suite de l’aménagement (Puric-Mladenovic, Kenney et Csillag, 2000). Il est primordial de comprendre et de reconnaître l’interdépendance des zones urbaines et périurbaines, ainsi que les similarités et les relations entre les forêts urbaines et périurbaines, pour établir une gestion et une planification stratégiques en la matière (Kenney et Rosen, 2003; Konijnendijk et al., 2004; Salbitano et al., 2016).

Canadiennes
Non canadiennes
Lectures complémentaires

1.0 Contexte

Historique des forêts urbaines au Canada

Points saillants

Colonisation des terres

Déforestation, changement d’usage des terres et colonies permanentes.

Évolution des pratiques

La foresterie urbaine a évolué, de la lutte contre les ravageurs à la gestion de problèmes plus vastes comme les infrastructures vertes, la gestion des ressources et les solutions climatiques naturelles.

Intérêt du public et intendance

Les préoccupations environnementales et sociales grandissantes ont renforcé l’intérêt du public pour les forêts urbaines, ce qui a permis davantage de mobilisation communautaire et d’initiatives d’intendance.

Développement constant

La foresterie urbaine au Canada évolue pour répondre à de nouveaux défis et tirer parti de nouvelles possibilités alors que les zones urbaines continuent de s’étendre.

L’histoire des forêts urbaines et de la foresterie au Canada ainsi que les relations entre les gens et les arbres urbains sont profondément ancrées dans l’environnement naturel et la diversité des valeurs culturelles de la population canadienne. L’intendance des terres et des forêts basée sur un profond respect du monde naturel et l’harmonie avec la nature est pratiquée par les peuples autochtones qui prennent soin des terres et des cours d’eau depuis des millénaires (Artelle et al., 2019). Des villes canadiennes ont été créées sur les territoires traditionnels ancestraux de Premières Nations, d’Inuits et de Métis, dont les droits affirment l’autorité à exercer leur propre jurisprudence et décisions sur ces terres (Reo et al., 2017; Artelle et al., 2019; Dietz et al., 2021; Moola et al., 2024).

Cependant, ces droits n’étaient pas reconnus par les colons anglais et français qui ont apporté leurs valeurs européennes d’usage des terres et modifié le territoire et les forêts de façon drastique. Ils ont dépouillé les peuples autochtones de leurs terres, de leurs ressources, de leurs droits, de leurs connaissances et de leur façon de gérer les terres (Youdelis et al., 2021; Mansuy et al., 2023; Townsend et Roth, 2023). Les colons européens considéraient les terres avant tout comme une ressource pour l’extraction et une possibilité de faire des profits à court terme. Cet état d’esprit a mené à de rapides changements et à la dégradation des forêts et des terres. Ce qui était auparavant un paysage luxuriant, riche de forêts et de terres humides, a été défiguré de façon permanente par la déforestation, l’extraction de ressources et l’établissement permanent de colonies, de villes, de villages et de fermes.

Les colons européens ont établi des villages et des petites villes permanents et ont introduit de nouvelles pratiques d’usage des terres : fermes, zones résidentielles, routes permanentes, chemins de fer, parcs, cimetières et zones industrielles, par exemple. Ces changements d’usage des terres, combinés à un siècle de déforestation et de dégradation intensives, ont entraîné des problèmes environnementaux comme l’érosion et la sédimentation des cours d’eau après quelques décennies de colonisation (par exemple, en Ontario à la fin des années 1800). Constatant le coût économique de la déforestation et de la dégradation environnementale, le premier mouvement de protection de la nature mené par le gouvernement est né en Ontario au tournant du XXe siècle. Les arbres, auparavant considérés uniquement pour la valeur de leur bois et les revenus associés, ont été reconnus pour leur importance en vue de stabiliser les sols, de protéger les habitations du vent, d’apporter de l’ombre, de prévenir la sédimentation des cours d’eau et d’apporter de la nourriture et une valeur esthétique près des habitations et des colonies. En raison des mauvaises conditions environnementales en milieu urbain, les citadins et citadines ont commencé à vouloir davantage d’espaces verts et à s’échapper dans les environs naturels en dehors des villes. C’est ainsi qu’on a créé certains des premiers parcs dans les centres urbains, ou à proximité, comme le parc Stanley à Vancouver (C.-B.) (1888), le parc High à Toronto (Ont.) (1873), le parc Mont-Royal à Montréal (Qc) (1876) et le parc Point Pleasant à Halifax (N.-É.) (1866). Ces premiers parcs urbains sont aujourd’hui iconiques et indispensables au tissu urbain de ces villes.

La création de parcs naturels et entretenus, la plantation d’arbres urbains et la pratique de l’aménagement paysager et de l’esthétique à l’européenne se sont répandues dans les villes et les villages au fil du temps. On plantait des arbres en ville pour l’ombre qu’ils apportaient, leurs propriétés exotiques et leur beauté. Ainsi, des groupes qui se consacraient au « verdissement urbain » ont commencé à se former dans les villes comme le groupe des parcs, des forêts et des loisirs de Toronto, créé en 1884 sous le nom de « Comité des promenades et jardins publics », ainsi que la Commission des parcs de Vancouver en 1886. À Ottawa, c’est un règlement entré en vigueur en 1869 qui a été la première mesure municipale liée aux arbres urbains (Dean, 2005).

Au début des années 1900, un champignon pathogène dévastateur appelé maladie hollandaise de l’orme (MHO) a fait son apparition au Canada et a décimé les ormes d’Amérique (Ulmus americana), l’un des arbres urbains les plus courants. C’est ainsi que de nombreuses villes de l’Est du Canada ont perdu leur couvert forestier, à l’époque principalement constitué d’ormes. À la suite de cette épidémie et de la perte de canopée dans les régions de l’est du pays, la population et les personnes au pouvoir ont commencé à réaliser le grand vide laissé par les nombreux arbres perdus dans leurs localités. L’ampleur de la perte de canopée causée par un seul pathogène a également souligné le risque d’une sélection d’espèces limitées et la vulnérabilité liée à la plantation en trop grand nombre d’une même espèce. Elle a par ailleurs mis en lumière la nécessité de gérer stratégiquement les arbres et les parcs urbains pour empêcher de telles catastrophes à l’avenir.

Dans les années 1960, cette vulnérabilité a été reconnue par un pathologiste forestier avant-gardiste, Erik Jorgensen, qui menait des recherches sur les maladies touchant les arbres, y compris la MHO, à l’Université de Toronto. Pendant près d’une décennie, il s’est notamment penché sur les mesures de prévention et de protection des arbres. Dans les années 1950, il estimait que 90 % des arbres du campus St. George de l’Université de Toronto étaient des ormes d’Amérique (Ulmus americana) susceptibles d’être touchés par la MHO (Dean, 2009). En tant que chercheur, il a assisté à la dévastation causée par cette maladie tout en reconnaissant que le problème aurait pu être atténué en gérant et en entretenant les arbres correctement. Jorgensen et le brigadier J. F. Westhead ont fait pression sur les élus et les représentants municipaux pour faire front uni contre la MHO en établissant le Comité de lutte contre la maladie hollandaise de l’orme du Grand Toronto en 1962.

Au final, la perte d’ormes et de canopée en milieu urbain était telle que Jorgensen a créé le terme « foresterie urbaine » en 1974 et mis sur pied le premier programme en la matière à l’Université de Toronto. Une fois définies, les forêts urbaines sont devenues plus reconnues et des services de gestion des arbres urbains ou d’autres départements similaires ont vu le jour dans de grandes villes, comme Toronto en 1965 et Montréal en 1977 (Jorgensen, 1974; Desbiens, 1998). Ces services portaient différents noms (par exemple, parcs et aires récréatives), mais ils ont donné naissance à la pratique de la « foresterie urbaine » et aux activités connexes. Dans plusieurs villes, ces services ont depuis changé de nom et sont aujourd’hui des services de foresterie urbaine. Dans d’autres villes, on pratique la « foresterie urbaine » au sein de différents services municipaux (Puric-Mladenovic et Bardekjian, 2023) ou agences de la ville. Par exemple, les forêts urbaines et les arbres d’Ottawa sont gérés par plusieurs entités dont la Commission de la capitale nationale, le ministère fédéral des Transports, Hydro Ottawa, le Service de la planification, de l’infrastructure et du développement économique et le Service des travaux publics et des services environnementaux, pour n’en citer que quelques-unes (Bider, 2024).

Au milieu des années 1970, alors que la foresterie urbaine s’étendait aux plus grandes municipalités, le Comité de lutte contre la maladie hollandaise de l’orme de Toronto (dirigé par Jorgensen) est devenu l’Ontario Shade Tree Council, un réseau provincial avec le mandat plus vaste de gérer les arbres dans la zone urbaine (Dean, 2009). C’est à peu près au même moment que le premier programme fédéral de foresterie urbaine a été lancé : « A Forest for Man » (une forêt pour les êtres humains). Bien que le programme n’ait duré que jusqu’en 1979, le mouvement s’est poursuivi avec la première conférence internationale sur les forêts urbaines la même année, à l’Université Laval (Rosen et Arbres Canada, 2015).

Dans les deux décennies qui ont suivi, même si de nombreuses municipalités canadiennes avaient développé des services de foresterie urbaine ou liés à la foresterie urbaine, il y avait toujours un manque de cohésion à l’échelle provinciale et nationale. Pour combler cette lacune, on a créé une ONG appelée Arbres Canada en 1992 (Arbres Canada, 2024). Seule ONG nationale avec un mandat lié à la foresterie urbaine, Arbres Canada s’est associée à l’Ontario Shade Tree Council ainsi qu’à des professionnel·les spécialisé·es en foresterie urbaine au Canada pour organiser la première Conférence canadienne sur la forêt urbaine (CCFU) en 1993 à Winnipeg, au Manitoba. Arbres Canada a continué à organiser des conférences tous les deux ans afin de permettre aux spécialistes des quatre coins du pays de se réunir et de partager les dernières innovations et connaissances en matière de pratiques, de politiques et de recherches dans le domaine de la foresterie urbaine (Arbres Canada, 2024; Arbres Canada, 1993). À la suite de la cinquième CCFU en 2003, on a mis en place le Réseau canadien de la forêt urbaine (RCFU) et créé une liste de diffusion (CANUFNET, 2024; RCFU, s. d.).

La foresterie urbaine a continué à évoluer au Canada des années 1990 au début des années 2000. Un autre rappel de la vulnérabilité des forêts urbaines s’est manifesté au début des années 2000 : l’agrile du frêne (AF) et la perte de frênes qui en a découlé en Ontario et au Québec. Une fois encore, la disparition d’arbres urbains a suscité un vif intérêt pour la protection des arbres, ce qui a donné naissance à d’autres programmes de foresterie urbaine dans les municipalités. De plus, les forêts urbaines et la foresterie urbaine ont été intégrées pour la première fois à la Stratégie nationale sur la forêt du Canada 2003-2008 (SNF, 2003). Depuis 2010, le domaine de la foresterie urbaine n’a cessé de croître au Canada. Environ 50 % des municipalités de plus de 3 000 personnes financent une forme ou une autre de service de foresterie urbaine ou de verdissement urbain (Puric-Mladenovic et Bardekjian, 2023).

Alors que de nouveaux défis environnementaux et sociaux se manifestent en milieu urbain au Canada, l’intérêt de la population pour la protection des forêts urbaines et les initiatives d’intendance communautaire des arbres sont en pleine croissance. Les objectifs et les valeurs de la foresterie urbaine sont en constante évolution. Ce qui a commencé comme une réponse à la lutte contre les ravageurs inclut aujourd’hui différents aspects des arbres urbains, leur valeur et leur gestion. De nouvelles questions ont été soulevées comme les infrastructures vertes, la gestion des ressources impliquant les arbres et les solutions climatiques naturelles. La foresterie urbaine au Canada a une histoire riche et elle continue de se développer à mesure de la croissance et de l’intensification des zones urbaines ainsi que de la sensibilisation du public aux arbres et aux forêts urbaines.

Ressources
  • Andresen, J. W. et Swaigen, J. (1978). Urban tree and forest legislation in Ontario (No. 0-X–282). Service canadien des forêts.
  • Artelle, K. A., Zurba, M., Bhattacharyya, J., Chan, D. E., Brown, K., Housty, J. et al. (2019). Supporting resurgent indigenous-led governance: a nascent mechanism for just and effective conservation. Biological Conservation, 240:108284.
  • Association des architectes paysagistes du Canada. (s. d.). Ressources de la canopée urbaine.
  • Réseau canadien de la forêt urbaine (CANUFNET). (2024). Serveur de liste du Réseau canadien de la forêt urbaine (RCFU).
  • Réseau canadien de la forêt urbaine (RCFU). (s. d.). Réseau canadien de la forêt urbaine – Le plus grand réseau d’experts en foresterie urbaine au Canada.
  • Dean, J. (2009). Seeing trees, thinking forests: Urban Forestry at the University of Toronto in the 1960s. Dans A. A. MacEachern et W. J. Turkel, Method and meaning in Canadian environmental history.
  • Desbiens, E. (1988). Urban Forestry in Quebec. Journal of Agriculture, 14(1), 24-26. DOI :
  • Dietz, S., Beazley, K. F., Lemieux, C. J., St Clair, C., Coristine, L., Higgs, E. et al. (2021). Emerging issues for protected and conserved areas in Canada. Facets 6, 1892–1921.
  • Jorgensen, E. (1974). Towards an Urban Forestry Concept. Proceedings of the 10th Commonwealth Forestry Conference. Ottawa, Canada. Service des forêts.
  • Mansuy, N., Staley, D., Alook, S., Parlee, B., Thomson, A., Littlechild, D. B. et al. (2023). Indigenous protected and conserved areas (IPCAs): Canada’s new path forward for biological and cultural conservation and indigenous well-being. Facets 8, 1–16.
  • Moola, F., Jolly, H., Borah, J. et Roth, R. (2024) The potential for Indigenous-led conservation in urbanized landscapes in Canada. Frontiers in Human Dynamics, 6, 1340379.
  • Coalition pour la stratégie nationale sur les forêts (CSNF). (2003). Stratégie nationale sur la forêt 2003–2008 – Une forêt durable, l’engagement canadien. 27 p.
  • Ontario Urban Forest Council (OUFC). (2023). History of OUFC - Ontario Urban Forest Council (OUFC).
  • Puric-Mladenovic, D. et Bardekjian, A. (2023). Canada’s Urban Forest Footprint: Mapping the extent and intensity of urban forestry activities. Forests in Settled & Urban Landscapes applied science and research lab. Faculté Daniels, Université de Toronto. Faculté d’architecture, de paysagisme et de design John H. Daniels, Université de Toronto.
  • Reo, N. J., Whyte, K. P., McGregor, D., Smith, M. A. et Jenkins, J. F. (2017). Factors that support indigenous involvement in multi-actor environmental stewardship. AlterNative 13, 58–68.
  • Rosen, M. et Arbres Canada. (2015). Une perspective historique des forêts urbaines au Canada. Dans Série sur les forêts urbaine: Volume I (p. 27–32).
  • Townsend, J. et Roth, R. (2023). Indigenous and decolonial futures: indigenous protected and conserved areas as potential pathways of reconciliation. Frontiers in Human Dynamics, 5, 970.
  • Arbres Canada. (2024). Qui nous sommes. Arbres Canada.
  • Arbres Canada. (1993). Compte rendu de la première Conférence canadienne sur la forêt urbaine – Du 30 mai au 2 juin 1993. Association forestière canadienne : Ottawa.
  • Youdelis, M., Townsend, J., Bhattacharyya, J., Moola, F. et Fobister, J. B. (2021). Decolonial conservation: establishing indigenous protected areas for future generations in the face of extractive capitalism. Journal of Political Ecology, 28:4716.

2.0 Services écologiques

Bienfaits des forêts urbaines

Points saillants

Valeur écologique et économique

Les forêts urbaines régulent le climat, améliorent la qualité de l’air, favorisent la biodiversité et apportent des bienfaits économiques.

Climat et durabilité urbaine

Les villes canadiennes étendent leurs forêts urbaines pour lutter contre les changements climatiques et améliorer la santé et la qualité de vie.

Quantification des bienfaits des forêts urbaines

Les municipalités canadiennes ont recours à tout un éventail d’outils pour évaluer la structure des forêts urbaines, cartographier les services écologiques et éclairer la prise de décisions.

Les arbres urbains, individuellement ou collectivement en tant que forêts urbaines, apportent une variété de services écologiques, dont certains peuvent être monétisés et apporter une valeur économique à la société. Les services écologiques des forêts urbaines incluent généralement des services liés à la régulation, à l’approvisionnement, au soutien et à la culture (Filho et al., 2020). Les services de régulation des forêts urbaines sont capables de modérer l’environnement en régulant le climat, en contrôlant les inondations, en éliminant la pollution dans l’air et en stockant du carbone. Les services d’approvisionnement offrent des produits concrets comme de la nourriture, de l’eau, du bois et des plantes médicinales (Visentin, 2019). Les services de soutien désignent les processus naturels qui soutiennent la vie, y compris les cycles des nutriments, la création du sol, la biodiversité, l’habitat, la production d’oxygène, la photosynthèse, la production de biomasse, la lutte contre l’érosion et le cycle de l’eau (Przewoźna, 2022). Par exemple, les forêts urbaines soutiennent la biodiversité grâce à la pollinisation et à la dispersion des graines, et offrent un habitat aux oiseaux, aux mammifères et aux espèces invertébrées (FAOUN, 2022; Pickett et al., 2016). Les services culturels des forêts urbaines profitent aux humains lors des interactions directes ou indirectes avec les arbres. Par rapport aux autres types de services, les services culturels sont souvent plus difficiles à quantifier et à monétiser. Toutefois, ils améliorent la qualité de vie de la population grâce à leur valeur esthétique, récréative et restauratrice (NWF, s. d.). La pratique de la foresterie urbaine, qui inclut la gestion et la planification associées à l’entretien et à la protection des forêts urbaines et des espaces verts, soutient également un flux constant de services écologiques pour la société (Arbres Canada, 2019; Salmond et al., 2016). Elle apporte aussi des avantages économiques en matière de création d’emplois, de réduction de l’entretien des infrastructures et d’autres bienfaits directs et indirects (Filho et al., 2020).

Climat et durabilité urbaine

En raison des préoccupations grandissantes relatives à l’instabilité climatique et des engagements gouvernementaux envers la durabilité environnementale et la protection de la biodiversité, les forêts urbaines et les espaces verts sont reconnus comme des solutions climatiques naturelles et des outils essentiels pour améliorer la qualité de vie en milieu urbain. Alors que près de 75 % de la population canadienne vit dans des zones urbaines ou métropolitaines (Statistique Canada, 2022), des efforts concertés d’aménagement des terres et de gestion des forêts urbaines sont indispensables pour maintenir la qualité du cadre de vie en ville face aux changements climatiques et aux défis environnementaux.

Les répercussions négatives des changements climatiques, l’expansion urbaine et le développement intensif se poursuivent, ce qui renforce également la prise de conscience du public concernant les questions environnementales. Bon nombre de personnes reconnaissent l’importance des forêts urbaines et des services écologiques qu’elles apportent. Par conséquent, la foresterie urbaine est devenue un sujet de premier plan dans les discussions liées aux politiques municipales et au processus de prise de décisions partout au Canada. Conscientes de ces défis et de la nécessité d’augmenter le couvert forestier urbain pour profiter des bienfaits des arbres, des villes canadiennes se sont fixé des objectifs des plus ambitieux en matière de canopée urbaine. Par exemple, plusieurs grandes villes du pays dont Vancouver, Halifax, Montréal, Ottawa et Winnipeg se sont engagées à augmenter leur couvert forestier de plus de 25 % d’ici 2030 (ICC, 2021). Toronto a même fixé son objectif encore plus haut : 40 % d’ici 2050. Ainsi, avec plus de 11,5 millions d’arbres et environ 1 500 parcs urbains et espaces verts, Toronto a intégré les forêts urbaines dans le tissu d’aménagement urbain en vue de devenir l’une des villes comptant le plus de forêt au Canada (Ville de Toronto, 2024; Ville de Toronto, s. d.).

Les bienfaits des espaces verts et des forêts urbaines, quel qu’en soit l’usage, sont considérables à Toronto. Selon plusieurs indicateurs sanitaires, notamment la santé cardiovasculaire et respiratoire (Statistique Canada, 2019), Toronto est l’une des villes les plus saines au Canada. D’autres villes canadiennes comme Ottawa, Winnipeg et le Grand Vancouver développent et mettent également en place des stratégies de gestion, d’exploitation, d’entretien et de protection pour gérer les espaces verts urbains et profiter pleinement de leurs bienfaits. Il a été prouvé que les services écologiques fournis par les forêts urbaines et les espaces verts améliorent grandement la qualité de vie en milieu urbain tout en favorisant la santé mentale et la promotion de la cohésion sociale (Arbres Canada, 2019). Selon des études épidémiologiques, même de brèves expériences en milieu naturel peuvent réduire l’activité neuronale dans le cortex préfrontal, ce qui indique une diminution des sentiments de stress et d’anxiété (Bratman et al., 2015). Lorsque des expériences similaires ont été menées dans des zones urbaines où il y avait un manque de nature, on n’a pas observé les mêmes effets (Bratman et al., 2015). Des études médicales montrent que les aires naturalisées urbaines et les espaces verts sont essentiels pour améliorer la santé mentale en milieu urbain (Astell-Burt et Feng, 2019; Rugel, Carpiano, Henderson et Brauer, 2019). On a également établi un lien direct entre couvert forestier et capital social : les quartiers urbains avec une canopée plus importante ont plus de réseaux sociaux et un plus grand sentiment de cohésion et bénéficient ainsi d’une meilleure santé mentale (Holtan, Dieterlan et Sullivan, 2014).

Lorsque des espaces verts arborés sont disponibles, les Canadiennes et les Canadiens ont tendance à les utiliser, ce qui augmente la probabilité d’interactions sociales tout en encourageant des activités récréatives dans toutes les tranches de la population (Koley, Kuo et Sullivan, 1997). La proximité et la disponibilité des espaces verts en milieu urbain encouragent l’activité physique, ce qui est bénéfique pour la santé mentale de la population urbaine tout en améliorant les indicateurs généraux de santé physique (FAOUN, 2022). On a démontré des liens positifs entre des zones urbaines plus vertes et une meilleure santé cardiovasculaire, une diminution de la tension artérielle, une réduction des cas d’obésité, d’asthme et de diabète et une amélioration de la mémoire et de la capacité de concentration (Richardson et al., 2013; Pretty et al., 2006; Kim, Lee et Ramos, 2021; Arbres Canada, 2024; Kardan et al., 2015).

Par ailleurs, les arbres urbains sont également des biofiltres essentiels, car ils capturent les polluants atmosphériques et les particules dans l’air des villes, ils assainissent l’air et ils réduisent la gravité des troubles et maladies liés au système respiratoire (Wolf et al., 2020). Les arbres urbains au Canada sont responsables de la séquestration et de la neutralisation d’environ 2,5 millions de tonnes métriques de carbone atmosphérique chaque année (Steenberg et al., 2023). Les arbres peuvent réduire la température ambiante de 2 à 5 degrés Celsius dans les zones urbanisées, luttant ainsi contre les effets négatifs sur la santé relatifs aux températures élevées durant les mois d’été (RNCan, 2016).

Quantification des bienfaits des forêts urbaines

Les zones urbaines qui disposent d’espaces verts nombreux et variés et de solides pratiques de foresterie urbaine profitent pleinement des services écologiques des forêts urbaines (FAOUN, 2022). Dans l’ensemble, les forêts urbaines dans les villes canadiennes apportent de multiples bienfaits, et de nombreuses municipalités ont quantifié et cartographié ces services (i-Tree, 2024; Ville d’Oakville, 2016). L’inventaire et la surveillance des forêts urbaines constituent des étapes fondamentales pour quantifier les forêts urbaines et leurs bienfaits. Selon la méthode et les outils employés, il est possible d’estimer et de quantifier les services des forêts urbaines et de les suivre dans le temps en utilisant des cartes de canopée urbaine, des indicateurs d’espèces d’arbres et des données sur la santé des arbres.

L’un de ces outils permettant d’estimer les services écologiques est i-TreeEco, un outil développé par le service forestier de l’USDA. i-Tree fournit des outils d’analyse de la foresterie en matière d’arbres individuels ou de peuplements entiers, des outils d’évaluation des bienfaits et une base de données pour soutenir la quantification de la structure forestière et éclairer la prise de décisions (i-Tree, s. d.). i-Tree a été utilisé dans plus de 20 municipalités au Canada pour estimer les services écologiques (i-Tree, s. d.).

Au niveau national
Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Île-du-Prince-Édouard
Nouveau-Brunswick
Nouvelle-Écosse
Manitoba
Ontario
Québec
Terre-Neuve-et-Labrador
Saskatchewan
Non canadiennes
Lectures complémentaires

2.0 Services écologiques

Arbres et îlot de chaleur urbain (ICU)

Points saillants

Effet d’îlot de chaleur urbain (ICU)

Les zones urbaines enregistrent des températures plus élevées que les milieux ruraux.

Forêts urbaines

Les arbres et les espaces verts aident à rafraîchir les villes en réduisant la température de l’air, en absorbant la lumière du soleil et en apportant de l’ombre.

Incidence des arbres et des espaces verts en ville

Les villes qui comptent plus d’arbres enregistrent des baisses de températures plus importantes que les autres.

Avantages sur la santé et les dépenses

Dans les villes où les températures sont moins élevées, on rapporte moins de maladies liées à la chaleur et des coûts énergétiques plus faibles.

Parmi les nombreux bienfaits de la forêt urbaine, on peut citer sa capacité à améliorer les microclimats urbains, à rafraîchir des zones plus ou moins vastes et à avoir une incidence positive sur la santé humaine. En ville, la température de l’air ambiant a tendance à être plus élevée que dans les zones rurales en raison de la grande capacité d’absorption de la chaleur de différents matériaux de construction (Gouvernement du Canada, 2022). Le béton, l’asphalte et le ciment absorbent et emprisonnent la chaleur bien plus efficacement que les arbres, les parcs et les champs, ce qui fait augmenter les températures dans les espaces construits (USEPA, 2024). Les villes produisent également leur propre chaleur, qui est émise par les véhicules, les climatiseurs et les machines (Atlas climatique du Canada, s. d.). Les arbres et les espaces verts peuvent améliorer le climat urbain, réduire la température de l’air et de surface, rafraîchir l’environnement, améliorer le confort de la population en apportant de l’ombre et atténuer les effets des îlots de chaleur urbains (ICU) grâce à l’évapotranspiration (Yin et al., 2024; Schwaab et al., 2021). Les effets combinés de l’évapotranspiration et de l’ombre permettent de réduire les températures durant l’été de 1 à 5 °C (USEPA, 2008).

L’effet d’ICU dans les villes du monde entier est amplifié par le réchauffement climatique. Les forêts urbaines et les infrastructures vertes sont reconnues comme des solutions basées sur la nature et des investissements de capitaux naturels pour lutter contre les répercussions des changements climatiques (IFC, 2024). Comme beaucoup d’autres pays urbanisés, le Canada fait face à des défis liés aux changements climatiques et à l’effet d’ICU. Ces problèmes incluent les effets sur la santé humaine, les infrastructures, la biodiversité et la faune. Les zones urbaines en Colombie-Britannique et au Québec ont connu des chaleurs extrêmes, ce qui a mené à une augmentation des maladies liées à la chaleur et de la mortalité durant les vagues de chaleur de ces dernières années (Poitras et al., 2018; Beugin et al., 2023). L’ampleur et la répartition du couvert forestier urbain dans les villes canadiennes peuvent apporter des bienfaits importants à la santé humaine et environnementale, en particulier durant les mois d’été. Par conséquent, les arbres urbains et les espaces verts deviennent de plus en plus précieux alors que les changements climatiques continuent d’entraîner des événements climatiques extrêmes, comme des vagues de chaleur et des fluctuations de températures (Santé Canada, 2020).

ICU : arbres et rafraîchissement de l’air

De nombreuses études ont démontré que partout dans le monde au pic de l’été, la température de l’air des grandes villes avec des surfaces absorbant la chaleur et un manque d’espaces verts peut être 10 à 15 °C plus élevée que dans les environs, tandis que la nuit, la différence peut aller jusqu’à 12 °C (Centre commun de recherche, 2022; Mentaschi et al., 2022). On appelle la température de l’air plus élevée dans les zones urbaines l’effet d’îlot de chaleur urbain (ICU). Ce phénomène touche de nombreuses villes au Canada. Par exemple, il a atteint la valeur la plus élevée en journée de 7,25 °C à Vancouver et l’intensité d’ICU la plus élevée durant la nuit (4,36 °C) à Toronto (Duan, Agrawal, Sanchez-Azofeifa et Welegedara, 2024). Lorsque des infrastructures grises absorbent la chaleur du soleil, cette chaleur est retenue et lentement libérée y compris après le coucher du soleil, ce qui maintient les températures de la ville élevées pendant la nuit (USEPA, 2024).

Les forêts urbaines, les arbres et les espaces verts en ville peuvent contribuer à réduire l’effet d’ICU en rafraîchissant les températures urbaines grâce à l’absorption de la lumière du soleil, l’évapotranspiration et l’interception de matière particulaire. L’évapotranspiration, le processus qui ajoute de l’eau dans l’air par l’évaporation des plantes et du sol environnant, peut réduire la température de l’air ambiant de 1 à 5 °C (USEPA, 2024). Selon des études, les zones urbaines plus vertes sont plus fraîches en moyenne que celles qui sont moins vertes. Dans la journée, les forêts urbaines enregistrent des températures environ 1,5 °C plus fraîches que les environs pendant les mois d’été (Knight et al., 2021). Par ailleurs, en interceptant les gaz à effet de serre et la matière particulaire associée à la pollution de l’air par la poussière, aux gaz d’échappement et aux feux de forêt, les arbres urbains utilisent leurs feuilles et leurs aiguilles pour filtrer l’air et réduire les températures au niveau du sol en compensant les émissions de gaz à effet de serre et en réduisant le smog dans les villes (Knight et al., 2021).

La canopée des arbres urbains apporte de l’ombre nécessaire et peut réduire la quantité de chaleur absorbée par les infrastructures grises comme les bâtiments et les routes (SFI, 2024). Elle contribue à réduire l’intensité de l’effet d’ICU en interceptant la lumière du soleil avant qu’elle n’atteigne les bâtiments et les routes. De plus, l’ombre fournie par les arbres urbains peut contribuer à réduire les coûts énergétiques liés au refroidissement de plus de 7 % en été en diminuant la quantité de lumière du soleil absorbée par les revêtements extérieurs des bâtiments, ce qui limite les coûts de climatisation (Nowak, 2017). En plus des forêts urbaines, les technologies de toits verts peuvent réduire la température de surface des toits jusqu’à 20 °C, ce qui confirme les bienfaits de la végétation et des espaces verts (USEPA, 2024).

Des municipalités canadiennes comme Kingston, Vancouver et Surrey ont mis en place avec succès des initiatives de foresterie urbaine pour lutter contre les températures élevées et les changements climatiques. Par exemple, la forêt urbaine de Kingston a contribué à lutter contre l’effet d’ICU en améliorant le confort thermique et en réduisant la consommation d’énergie associée au refroidissement (Guilbault, 2016). La Ville de Vancouver a analysé les zones climatiques locales pour optimiser l’emplacement de plantation des arbres afin de s’assurer que les arbres urbains contribuent efficacement au maintien du confort thermique à l’extérieur (Aminipouri et al., 2019). Cette approche souligne la valeur des stratégies de foresterie urbaine locales élaborées en fonction des sites. En outre, la Ville de Surrey a sensibilisé la population à la chaleur urbaine en élaborant un guide de conversation soulignant le rôle des arbres urbains pour atténuer les vagues de chaleur et renforcer la résilience des collectivités (Ville de Surrey, 2021). Ces quelques exemples illustrent des approches novatrices d’utilisation de la foresterie urbaine comme outil visant à lutter contre les changements climatiques et à améliorer la santé humaine dans les zones urbaines au Canada.

ICU : santé humaine

Alors que le climat change au Canada, le rôle des arbres pour rafraîchir les zones urbaines et soutenir la santé humaine devient de plus en plus important. Les forêts urbaines servent de mesure essentielle d’atténuation des changements climatiques. En raison de l’augmentation des températures estivales, la capacité des arbres à rafraîchir l’air et à apporter de l’ombre est une ressource essentielle pour la santé publique au Canada.

Chaque année, les vagues de chaleur et les températures excessives sont à l’origine de nombreuses maladies et décès dans les villes canadiennes. Ces températures élevées peuvent entraîner des crampes de chaleur, des difficultés respiratoires, des coups de chaleur et même des décès (Gouvernement du Canada, 2020; Chen et al., 2016). En augmentant les températures en journée et en limitant le rafraîchissement la nuit, l’effet d’ICU est responsable de plus de 45 décès au Canada chaque année (Statistique Canada, 2024). Dans les localités où le couvert forestier est faible, les jeunes enfants de moins de 5 ans, les plus de 65 ans, les personnes vivant avec des maladies chroniques, les sans-abri et les personnes à faible revenus sont particulièrement à risque en matière de maladies et de mortalité liées à la chaleur (Atlas climatique du Canada, s. d.; Whittingham et al., 2022).

Les arbres urbains peuvent réduire la gravité de ces dangers pour la santé en rafraîchissant l’air et en apportant de l’ombre. La Ville de Toronto est devenue la première municipalité canadienne à élaborer une politique spécifiquement liée aux arbres urbains et à la chaleur. En collaboration avec plusieurs services municipaux et des ONG comme le service des parcs, des forêts et des loisirs, les services à l’enfance, Arbres Canada et LEAF, les services de santé publique de Toronto ont formé une équipe interdisciplinaire pour élaborer la première politique sur l’ombre au Canada (Ville de Toronto, 2007, 2010). Cette initiative, menée par la Toronto Cancer Prevention Coalition entre 2005 et 2015, est la première en son genre. Elle représente un pas important vers la préparation à un climat plus chaud où la fréquence et la durée des événements extrêmes de chaleur augmentent.

L’initiative de politique sur l’ombre de la Toronto Cancer Prevention Coalition témoigne de l’importance de l’ombre pour protéger du cancer de la peau. Intégrer des zones ombragées, en particulier lorsque l’ombre est créée par des arbres, dans les parcs urbains, les rues, les écoles et les installations établit un lien important entre la foresterie urbaine, l’aménagement urbain et la santé publique (Sivarajah, Thomas et Smith, 2020). Cette politique a reconnu officiellement la valeur des arbres apportant de l’ombre dans les villes, en particulier les grands arbres à la canopée dense, pour apporter de l’ombre et faire baisser la température de l’air. Elle a également créé un cadre politique pour incorporer l’apport d’ombre à la planification, aux règlements et aux plans d’action sur l’énergie et les changements climatiques (Ville de Toronto, 2010).

Canadiennes
Non canadiennes
Lectures complémentaires

2.0 Services écologiques

Qualité de l’air, changements climatiques et forêts urbaines

Points saillants

Forêts urbaines et qualité de l’air

Les arbres assainissent l’air en emprisonnant et en filtrant les polluants comme l’azote, le soufre et le dioxyde de carbone.

Séquestration du carbone

Les arbres urbains contribuent à compenser les importantes émissions de gaz à effet de serre en séquestrant le dioxyde de carbone.

Gestion et planification

Une gestion appropriée, l’aménagement urbain et la sélection attentive des espèces d’arbres sont essentiels pour optimiser la qualité de l’air et les bienfaits sur le climat.

Zones de plantation ciblées

Il convient de donner la priorité à la plantation d’arbres dans les zones sujettes à la chaleur, où la circulation est dense et où le couvert forestier est limité pour améliorer la qualité de l’air.

Les forêts urbaines, qui apportent de multiples services à l’écosystème, offrent une solution naturelle et durable pour améliorer la qualité environnementale des zones urbaines en purifiant l’air, en régulant les températures et en séquestrant du carbone. Les arbres, individuellement et collectivement lorsqu’ils forment des forêts urbaines, jouent un rôle crucial dans l’amélioration de la qualité de l’air en filtrant les polluants comme le dioxyde d’azote (NO2) et le dioxyde de soufre (SO2). En absorbant ces polluants, les arbres les métabolisent et les convertissent en substances moins nocives. Ils emprisonnent également de la matière particulaire sur leurs feuilles, leurs aiguilles et leur écorce, réduisant ainsi efficacement leurs concentrations dans l’air. Selon des recherches de Nowak et al. (2018), les forêts urbaines du Canada éliminent des quantités considérables de polluants dans l’air chaque année, ce qui améliore grandement la qualité de l’air et apporte des bienfaits pour la santé publique. Un arbre urbain peut absorber entre 10 et 40 kg de CO2 chaque année et intercepter jusqu’à 4,5 kg de polluants comme le NO2, le SO2, la poussière, la suie et la fumée (EcoTree, 2024; Vallet, 2005; Greener Seasons, 2022).

Les forêts urbaines jouent un rôle essentiel pour aider les collectivités à gérer les répercussions des changements climatiques. En plus de leurs fonctions d’assainissement de l’air, les arbres contribuent à atténuer l’effet d’îlot de chaleur urbain, qui exacerbe les niveaux de pollution de l’air. Les arbres rafraîchissent les zones urbaines en apportant de l’ombre et en libérant de l’humidité par transpiration, ce qui réduit la formation d’ozone au niveau du sol (McDonald et al., 2016). Cet effet rafraîchissant est important, car les villes connaissent des étés plus chauds et des vagues de chaleur plus intenses et plus fréquentes. Par ailleurs, il peut limiter la consommation énergétique des bâtiments, ce qui réduit indirectement les émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, des recherches menées à Montréal ont démontré que planter plus d’arbres le long des rues pouvait réduire de façon importante l’effet d’îlot de chaleur urbain, ce qui entraîne une baisse des températures et un plus grand confort thermique (Wang et Akbari, 2016).

Les forêts urbaines contribuent aussi considérablement à l’atténuation des changements climatiques en séquestrant le dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’atmosphère et en servant de puits de carbone. Les forêts urbaines canadiennes stockent déjà des quantités importantes de carbone (Pasher et al., 2014; McGovern et Pasher, 2016; Steenberg et al., 2023). De plus, en tant que solution climatique naturelle, elles ont le potentiel d’en séquestrer et d’en stocker encore plus si les arbres existants sont gérés de façon efficace et les nouveaux arbres plantés stratégiquement (Drever et al., 2021).

Des projets de crédits de carbone partout au Canada font la promotion d’une gestion durable des forêts, de la séquestration du carbone et de la préservation de la biodiversité. Cependant, les programmes de crédit de carbone des forêts urbaines sont moins présents dans les milieux urbains que dans les initiatives rurales et ciblant la forêt boréale au Canada. Dans les forêts urbaines, en raison de l’espace limité pour la croissance des arbres, du compactage du sol et de la pollution, qui ont des conséquences sur la longévité des arbres, la mortalité des arbres et la gestion constante du carbone, sa séquestration et son stockage présentent des défis uniques. Les forêts urbaines ont une biomasse relativement limitée pour la séquestration de carbone par rapport aux forêts rurales. Par ailleurs, les multiples propriétaires des forêts urbaines et les coûts élevés d’investissements associés à la certification compliquent le processus de génération des crédits liés aux arbres urbains. Toutefois, l’importance de la séquestration du carbone a été reconnue, et des programmes ciblant le carbone des forêts urbaines offrent une occasion de renforcer la durabilité urbaine et de contribuer à l’atténuation des changements climatiques. La Norme de durabilité des forêts urbaines et communautaires de la Sustainable Forestry Initiative (SFI) et la norme de certification du Forest Stewardship Council (FSC) peuvent aider les municipalités à élaborer des cadres qui incorporent le stockage du carbone dans leurs plans de gestion forestière (SFI, 2024; FSC, s. d.). La Ville de Mississauga a obtenu la certification FSC® pour ses terrains boisés en 2024. Au Canada, il existe également des programmes de compensation du carbone locaux et volontaires basés sur une autoévaluation. Ces programmes font la promotion de la préservation et de la plantation d’arbres et des crédits de carbone sur une base volontaire (Université de Toronto, 2019).

Stratégies d’atténuation et de gestion

L’optimisation de ces bienfaits nécessite une gestion efficace des arbres existants et une planification et mise en œuvre stratégiques de la plantation des arbres. L’un des éléments essentiels de la planification de futures forêts urbaines est la sélection appropriée des espèces d’arbres, car toutes les espèces n’ont pas la même capacité à contribuer à l’élimination de la pollution de l’air et à supporter des conditions climatiques changeantes. Le recours à des conditions climatiques analogues et à des indicateurs de vulnérabilité pour orienter les choix d’espèces permet de s’assurer que les forêts urbaines demeurent résilientes dans les futures conditions climatiques (Esperon-Rodriguez et al., 2022). De plus, l’intégration de la gestion des forêts urbaines dans les politiques climatiques municipales peut améliorer l’efficacité des stratégies d’adaptation climatique. L’harmonisation des politiques municipales sur les changements climatiques et sur la foresterie urbaine dans les villes canadiennes peut mener à des cadres d’adaptation plus cohérents et solides bénéfiques pour les forêts urbaines et pour l’atténuation des changements climatiques (Cheng et al., 2021).

Plusieurs municipalités canadiennes ont mis en place avec succès des initiatives de foresterie urbaine pour lutter contre des problèmes de qualité de l’air et contre les changements climatiques. À Kingston, l’influence de la forêt urbaine a été déterminante pour atténuer l’effet d’îlot de chaleur urbain, ce qui a amélioré le confort thermique et a limité la consommation d’énergie pour le rafraîchissement (Guilbault, 2016). À Vancouver, des zones climatiques locales ont été analysées pour optimiser les sites de plantation d’arbres afin de s’assurer que les arbres urbains contribuent efficacement au maintien du confort thermique extérieur (Aminipouri et al., 2019). Cette approche souligne l’importance des stratégies locales et propres aux sites dans l’aménagement des forêts urbaines. En outre, la Ville de Surrey a élaboré un guide de conversation pour sensibiliser la population en matière de chaleur urbaine, en soulignant le rôle des arbres urbains pour atténuer les vagues de chaleur et renforcer la résilience des collectivités (Ville de Surrey, 2021).

Des municipalités et des professionnel·les du secteur envisagent plusieurs recommandations vitales pour optimiser les bienfaits des forêts urbaines, y compris ceux liés à la qualité de l’air. Entretenir des arbres sains de grande stature et encourager un ensemble varié d’espèces à la longue durée de vie et au faible niveau de maintenance renforce la résilience contre les ravageurs, les maladies et les changements climatiques tout en apportant un éventail plus complet de services pour l’écosystème (Wood et Dupras, 2021). Par ailleurs, recenser les zones prioritaires pour la plantation d’arbres, comme les quartiers sujets à la chaleur et les zones de grande circulation peut optimiser la qualité de l’air et le confort thermique (Chan et al., 2007). De plus, mettre en place des mesures plus efficaces d’entretien des arbres, comme l’arrosage pendant les sécheresses, peut soutenir la santé des arbres et renforcer leur rôle dans l’atténuation des effets des changements climatiques. Ces efforts peuvent être soutenus en mettant à contribution les collectivités locales dans les initiatives de foresterie urbaine grâce à des programmes d’éducation et de sensibilisation. Une population impliquée est plus susceptible de soutenir les arbres urbains et d’en prendre soin, ce qui vient renforcer les efforts d’entretien des municipalités et garantir la réussite et la durabilité des forêts urbaines à long terme (Bourque et al., 2021).

Enfin, des programmes de suivi et d’entretien réguliers sont indispensables pour garantir des forêts urbaines saines et fonctionnelles. Les forêts urbaines sont des ressources primordiales pour les villes canadiennes. Elles offrent des bienfaits importants en matière d’amélioration de la qualité de l’air et d’atténuation des changements climatiques. En gérant stratégiquement et en étendant le couvert forestier urbain, les municipalités et les spécialistes du secteur peuvent renforcer la résilience urbaine, améliorer les environnements urbains et créer des villes plus agréables et plus résilientes (Cheng et al., 2024).

Au niveau national
Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Manitoba
Nouveau-Brunswick
Terre-Neuve-et-Labrador
  • Gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. (2024). Environment and Climate Change - Government of Newfoundland and Labrador.
Nouvelle-Écosse
Ontario
Île-du-Prince-Édouard
Québec
Saskatchewan
Non canadiennes
Calculatrices de carbone pour la foresterie urbaine
Lectures complémentaires

2.0 Services écologiques

Gestion des eaux pluviales

Points saillants

Ruissellement des eaux pluviales et urbanisation

Les surfaces imperméables des villes entraînent un ruissellement excessif des eaux pluviales, ce qui augmente les risques d’inondation et les dommages causés aux infrastructures.

Rôle des forêts urbaines

Les arbres contribuent à restaurer les cycles naturels de l’eau en interceptant la pluie, en stabilisant le sol et en améliorant l’absorption de l’eau.

Stratégies de gestion des eaux pluviales

Étendre et renforcer le couvert forestier urbain et les surfaces souples est un moyen efficace de réduire le ruissellement et de gérer les eaux pluviales.

L’urbanisation et le développement intensif des terres ont grandement modifié la perméabilité des paysages urbains et leurs cycles et processus hydrologiques naturels. Les villes deviennent plus vulnérables aux importantes chutes de pluie qui causent un ruissellement rapide et des inondations (Kaykhosravi et al., 2020). Lorsqu’il y a moins de forêts et de végétation naturelles, toute réduction du couvert forestier cause un ruissellement accru ce qui rend les zones urbaines plus susceptibles d’être touchées par des inondations. Les forêts urbaines qui disposent d’un couvert forestier, d’une structure et d’une composition adaptés ont le potentiel d’améliorer l’hydrologie urbaine et de limiter le ruissellement (Berland et al., 2018; Kuehler, Hathaway et Tirpak, 2017; Xiao, McPherson, Simpson et Ustin, 1998). Cependant, pour gérer efficacement les forêts urbaines afin d’améliorer l’hydrologie, de nombreuses villes manquent globalement d’espaces appropriés pour planter des arbres dans l’avenir. Les zones urbaines canadiennes ne font pas exception en matière de problèmes tels que l’urbanisation, l’hydrologie et le couvert forestier.

Les arbres, individuellement et collectivement dans les forêts urbaines, jouent un rôle crucial dans la gestion des eaux pluviales. Des forêts urbaines conservées, gérées et renforcées de façon stratégique peuvent apporter une solution durable aux municipalités canadiennes qui rencontrent des défis environnementaux. Les arbres urbains et leurs canopées gèrent les eaux pluviales par le biais de l’évapotranspiration et en interceptant physiquement la pluie grâce à leurs feuilles, leurs branches et leurs troncs, ce qui permet de réduire le volume d’eau qui atteint le sol (Carlyle-Moses et al., 2020; Dowtin et al., 2023). Cependant, l’interception et l’évapotranspiration sont déterminées par des caractéristiques morphologiques d’espèces, de taille et de stature d’arbres, la densité de la zone feuillue, la structure des branches et le fait que les arbres sont plantés en groupes ou individuellement (Berland et al., 2018; Kuehler, Hathaway et Tirpak, 2017; Xiao, McPherson, Simpson et Ustin, 1998).

Par ailleurs, les racines des arbres stabilisent le sol, améliorent la structure du sol et la matière organique, et augmentent la stabilité du sol pour absorber et filtrer l’eau. Cela permet de réduire le poids sur les infrastructures de gestion des eaux pluviales, les cours d’eau et les étangs, mais aussi de diminuer les risques d’inondation tout en atténuant l’érosion et la sédimentation dans les cours d’eau (Agence de protection de l’environnement des États-Unis, 2023). Les arbres urbains améliorent également la qualité globale de l’eau (The Mersey Forest, 2014) en réduisant le ruissellement et les substances chimiques toxiques comme les métaux, les carburants, les solvants et d’autres polluants (Agence de protection de l’environnement des États-Unis, 2013). Les forêts urbaines qui ont des fonctions hydrologiques contribuent à protéger les propriétés et les infrastructures urbaines grises en réduisant les inondations et le ruissellement lors des vagues de sécheresse extrême, ce qui apporte d’importants avantages économiques (Nesbitt et al., 2017).

De nombreuses villes canadiennes ont élaboré des normes de développement vert pour incorporer les arbres et intégrer les forêts urbaines à l’aménagement des terres (Ville de Toronto, 2023b; Ville de Mississauga, 2012; Ville de Halton Hills, 2019). En préservant et en gérant les arbres urbains, les municipalités réduisent le ruissellement global et renforcent la capacité d’absorption du sol, ce qui créé un milieu urbain, une forêt urbaine et un écosystème naturel plus résilients (Ville de Mississauga, 2023; Ministère des Affaires municipales, 2023).

Stratégies de mise en œuvre

L’une des stratégies les plus efficaces pour gérer les eaux pluviales et réduire le ruissellement est d’augmenter la surface et la qualité de la canopée des arbres. On peut y parvenir en plantant stratégiquement des arbres dans des zones comme les rues, les parcs et les propriétés privées ainsi qu’en adoptant différents types d’utilisation des terres. Pour tirer un plus grand parti des avantages des forêts urbaines, il est recommandé de combiner la plantation et la conservation du couvert forestier avec d’autres formes d’infrastructures vertes comme des jardins de pluie, des toits verts et des chaussées perméables. Cette approche intégrée peut grandement améliorer la gestion des eaux pluviales et optimiser les bienfaits apportés par les forêts urbaines (Carlyle-Moses et al., 2020; USEPA, 2024).

Dernièrement au Canada, plusieurs ordres de gouvernement ont encouragé la plantation d’arbres en ville pour augmenter le couvert forestier et améliorer les conditions environnementales urbaines, ainsi que pour optimiser la gestion des eaux pluviales (Green Infrastructure Ontario Coalition, 2016; Ville de Toronto, 2023a; Ville de Toronto 2023b). Dans ce but, de nombreuses municipalités canadiennes ont établi des objectifs et des lignes directrices en matière de gestion des eaux pluviales qui utilisent les forêts urbaines et renforcent le couvert forestier. Par exemple, conformément aux exigences vertes standardisées de Toronto, la Ville de Toronto vise à limiter le ruissellement à au moins 50 % de ses précipitations annuelles et, dans certains sites, à retenir au moins 5 mm de pluie (par le biais de la réutilisation des eaux de pluie, l’infiltration sur site et l’évapotranspiration) à chaque épisode de précipitations (Ville de Toronto, 2017). En plus de tous les services que les forêts urbaines apportent aux écosystèmes, les arbres urbains permettent également d’économiser des ressources pour la gestion des infrastructures grises. Par exemple, la Ville de Surrey a économisé 4,8 millions de dollars par an sur ses infrastructures d’eaux pluviales grâce à la présence d’arbres (Ville de Surrey et Urban Systems, 2023). Certaines municipalités comme la Ville de Mississauga et la Ville de Kitchener ont mis en place des frais liés aux eaux de pluie pour encourager les propriétaires privés à réduire les surfaces dures sur leurs propriétés. Ces frais sont basés sur un pourcentage de surfaces imperméables pour inciter les propriétaires à utiliser des infrastructures vertes et des surfaces perméables en vue de réduire le ruissellement localisé (Commissaire à l’environnement de l’Ontario, 2016).

Au niveau national
Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Manitoba
Nouveau-Brunswick
Nouvelle-Écosse
Ontario
Québec
Saskatchewan
Terre-Neuve-et-Labrador
Territoires du Nord-Ouest
Non canadiennes
Lectures complémentaires
  • Bartens, J., Day, S. D., Harris, J. R., Dove, J. E. et Wynn, T. M. (2008). Can Urban Tree Roots Improve Infiltration through Compacted Subsoils for Stormwater Management? Journal of Environmental Quality, 37(6), 2048-2057.
  • Carlyle-Moses, D. E. (2012). Trees as green infrastructure in our cities.
  • Carlyle-Moses, D. E., Livesley, S., Baptista, M. D., Thom, J. et Szota, C. (2020). Urban Trees as Green Infrastructure for Stormwater Mitigation and Use. Dans D. F. Levia, D. E. Carlyle-Moses, S. i. Iida, B. Michalzik, K. Nanko et A. Tischer (dir.), Forest-Water Interactions (p. 397-432). Springer International Publishing.
  • Carlyle-Moses, D. E. et Schooling, J. T. (2015). Tree traits and meteorological factors influencing the initiation and rate of stemflow from isolated deciduous trees. Hydrological Processes, 29(18), 4083-4099.
  • Dowtin, A. L., Cregg, B. C., Nowak, D. J. et Levia, D. F. (2023). Towards optimized runoff reduction by urban tree cover: A review of key physical tree traits, site conditions, and management strategies. Landscape and Urban Planning, 239, 104849.
  • Frosi, M. H., Kargar, M., Jutras, P., Prasher, S. O. et Clark, O. G. (2019). Street Tree Pits as Bioretention Units: Effects of Soil Organic Matter and Area Permeability on the Volume and Quality of Urban Runoff. Water, Air, & Soil Pollution, 230(7), 152.
  • Garg, M., Valeo, C., Gupta, R., Prasher, S., Sharma, N. R. et Constabel, P. (2018). Integrating natural and engineered remediation strategies for water quality management within a low-impact development (LID) approach. Environmental Science and Pollution Research, 25(29), 29304-29313.
  • Green Communities Canada. (2017c). Urban Flooding in Ontario: Towards Collective Impact Solutions. Rain Community Solutions.
  • Green Communities Canada, Living Cities Canada Fund. (2023). Living Cities Canada Fund 2023 Impact Report.
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  • Kirnbauer, M. C., Baetz, B. W. et Kenney, W. A. (2013). Estimating the stormwater attenuation benefits derived from planting four monoculture species of deciduous trees on vacant and underutilized urban land parcels. Urban Forestry & Urban Greening, 12(3), 401-407.
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  • Xiao, Q., McPherson, E. G., Simpson J, R. et Ustin, S. L. (1998). Rainfall Interception by Sacramento’s Urban Forest. Arboriculture & Urban Forestry, 24(4) 235-244.

3.0 Inventaire et surveillance

Valeur économique et évaluation des arbres

Points saillants

Mesure de la valeur économique

Les bienfaits et les services écologiques des forêts urbaines peuvent être évalués et quantifiés.

Méthodes d’évaluation de la valeur des arbres

La valeur des arbres urbains individuels peut être déterminée à l’aide de techniques d’évaluation spécialisées.

Signification juridique et pratique

Comprendre la valeur des arbres est essentiel pour leur remplacement, les litiges juridiques, l’aménagement urbain, le développement d’infrastructures et les déclarations de sinistre.

Au-delà de la valeur monétaire

Les arbres urbains apportent d’autres bienfaits comme le stockage de carbone, l’amélioration de la qualité de l’air et la réduction de la chaleur en ville.

Outils

Outils disponibles pour évaluer les bienfaits économiques et la valeur des arbres urbains.

Les forêts urbaines remplissent de nombreuses fonctions écologiques et sociales qui peuvent se traduire en valeur économique, en avantages financiers et en valeur monétaire. Les arbres urbains augmentent la valeur des propriétés et réduisent les coûts énergétiques grâce au rafraîchissement naturel. Par ailleurs, les zones urbaines arborées et boisées font la promotion du tourisme et des loisirs, qui peuvent se transformer en valeur monétaire (Ewane at al., 2023; Nowak et al., 2017; Wolf et al., 2020). La valeur économique des arbres peut être évaluée de plusieurs façons selon la géographie, l’objectif de l’évaluation et qui la réalise. Par exemple, les arbres peuvent être évalués pour leur valeur intrinsèque (en matière de diversité, de complexité, de beauté ou de signification spirituelle) ou pour leur valeur objective (AWES, 2021). Les arbres urbains peuvent également être évalués sur place en fonction de la valeur monétaire qu’apportent leurs services écologiques (par exemple, gestion des eaux pluviales ou séquestration du carbone) ou en fonction du coût de leur remplacement qui s’appuie sur leur taille, leur état de santé et leur espèce.

Évaluation de la valeur des arbres

En plus de mesurer, d’évaluer et de quantifier les bienfaits et les services écologiques des forêts urbaines, l’évaluation de la valeur des arbres est menée pour différentes raisons obligatoires telles que les évaluations officielles et juridiques des arbres urbains. Plusieurs méthodes d’évaluation ont été développées et mises en œuvre pour estimer leur valeur monétaire (Watson, 2002). Les résultats de l’évaluation de la valeur des arbres peuvent varier selon la méthode utilisée et la personne qui mène l’évaluation (Watson, 2002). Toutefois, ces évaluations restent un moyen important de transmettre la signification et la valeur des arbres urbains (Komen et Hodel, 2015; Purcell, s. d.).

Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour estimer la valeur de remplacement des arbres, en particulier lors de l’estimation dans le cadre d’un litige juridique, d’une vente, de besoins d’aménagement urbain et de développement d’infrastructures ou d’une déclaration de sinistre. Différentes méthodes d’évaluation de la valeur des arbres sont utilisées selon les zones urbaines, mais toutes évaluent la valeur monétaire selon plusieurs variables communes : caractéristiques de l’espèce, taille de l’arbre, conditions physiques, emplacement et contribution au milieu environnant (Doick et al., 2018). Il peut par exemple s’agir des méthodes suivantes : la méthode de la formule basée sur le tronc (Trunk Formula Method, TFM), souvent utilisée pour les grands arbres non remplaçables; la méthode du coût de remplacement, utilisée pour des arbres remplaçables plus petits; l’approche du coût, utilisée pour évaluer les coûts de plantation et d’entretien à vie des arbres; l’approche du marché (ventes comparables), pour évaluer la valeur d’un arbre selon les prix du marché pour des arbres similaires; l’approche des revenus, qui se concentre sur les avantages économiques des arbres (p. ex. les économies d’énergie); l’évaluation des immobilisations, qui estime la valeur qu’un arbre apporte à une propriété; l’évaluation du service d’écosystème, qui affecte une valeur à l’arbre en fonction des bienfaits environnementaux qu’il apporte (p. ex. séquestration du carbone et amélioration de la qualité de l’air); et le Guide pour l’évaluation monétaire des végétaux du Council of Tree and Landscape Appraisers (CTLA), une approche de l’ISA qui prend en compte plusieurs variables des arbres (taille, espèce, état, etc.) dans l’évaluation (Watson, 2002; Szaller et al., 2019; Doick et al., 2018).

Généralement, une évaluation est menée selon les besoins spécifiques du client et prend souvent en compte la gestion de pertes inattendues, les responsabilités délictuelles (poursuites civiles pour compenser des actes répréhensibles ou des blessures), les déclarations de sinistre, les déductions fiscales, les évaluations immobilières ou la planification proactive. Une fois tous les renseignements pertinents sur les arbres collectés, l’expert choisit une méthode d’évaluation appropriée et donne une évaluation objective en dollars (Purcell, s. d.; Ponce-Donoso, Vallejos-Barra et Escobedo, 2017; CTLA, 2020; Grande-Ortiz, Ayuga-Téllez et Contato-Carol, 2012).

Le Guide pour l’évaluation monétaire des végétaux du CTLA est l’une des méthodes d’évaluation les plus courantes au Canada et aux États-Unis. Il est considéré comme une référence dans le secteur (Cullen, 2007; Komen et Hodel, 2015). Le processus d’évaluation nécessite la collecte de renseignements sur le site, y compris les mesures des arbres et une évaluation pour obtenir toutes les variables mesurables efficacement. Les caractéristiques de l’espèce et la taille de l’arbre, ainsi que son état, les dégâts, les cicatrices, son emplacement et de nombreux autres critères déterminent la valeur d’un arbre. L’évaluation des arbres et des éléments du paysage nécessite une formation spécialisée, de l’expertise et de l’expérience. Les outils et les cours d’évaluation de la valeur des arbres sont accessibles par le biais d’organisations comme l’International Society of Arboriculture (ISA) et l’ISA Ontario. Les méthodes du CTLA, approuvées par l’ISA et des organisations d’arboriculture locales, sont applicables pour l’évaluation des arbres en cas de litige juridique, d’aménagement urbain, d’études d’impact sur l’environnement et de déclaration de sinistre. Par exemple, les villes d’Ottawa, Edmonton, Guelph et Mississauga utilisent l’approche du CTLA pour évaluer la valeur des arbres touchés par des projets de construction et de développement (Ville de Guelph, 2019; Ville d’Edmonton, 2024; AECOM, 2022). Les plus petites municipalités n’ont parfois pas les ressources nécessaires pour mener des inventaires d’arbres complets. La collaboration avec des consultants ou des universités peut apporter un soutien précieux à l’échelle de la ville.

Valeur économique des forêts urbaines – Bienfaits apportés

Les arbres urbains apportent tout un éventail de services écologiques qui peuvent se traduire en valeur économique. Par exemple, les bienfaits des arbres incluent l’augmentation de la valeur des propriétés (Han et al., 2024), des répercussions positives sur les préférences immobilières (Farr, 2017), une réduction des coûts énergétiques en apportant de l’ombre aux bâtiments et à la chaussée et un abaissement des températures ambiantes (McDonald et al., 2024). Selon un rapport des Services économiques TD de 2014, les forêts urbaines d’Halifax, de Montréal, de Vancouver et de Toronto représentaient une valeur combinée de 42 milliards de dollars et rapportaient 330 millions de dollars en bienfaits environnementaux chaque année. Selon la ville, pour chaque dollar investi dans l’entretien des arbres, on observait un retour d’environ 1,88 $ à 12,70 $ sous forme de bienfaits divers (Alexander et DePratto, 2014). Ces valeurs sont probablement sous-estimées puisqu’elles ne prennent pas en compte le tourisme, les activités récréatives ou l’effet sur la valeur des propriétés, la santé humaine et le bien-être (Farr, 2017). Les arbres urbains apportent des services comme d’autres infrastructures urbaines en réduisant le ruissellement et l’érosion, en améliorant la qualité de l’air, en économisant de l’énergie et en séquestrant du carbone. Ces bienfaits augmentent dans le temps à mesure que les arbres poussent (Hotte et al., 2015; Farr, 2017).

Les technologies comme la télédétection (p. ex. les images multispectrales et LiDAR) et les systèmes d’information géographiques (p. ex. SIG ou Google Maps), associés à des méthodes d’échantillonnage sur le terrain (p. ex. échantillonnage de parcelles et d’arbres, ainsi que les données collectées par des initiatives de science citoyenne), jouent un rôle crucial dans l’estimation de l’ampleur, de la structure et de la composition des forêts urbaines et de leurs bienfaits (Hotte et al., 2015). Ces technologies facilitent la cartographie de la canopée urbaine et la collecte de mesures sur les forêts urbaines et les boisés dans les municipalités de toutes tailles. Ces renseignements spatiaux et sur le terrain sont ensuite utilisés pour soutenir la valeur écologique et économique des arbres et des services qu’ils fournissent.

Par exemple, les mesures sur le terrain, en combinaison avec des outils comme i-Tree ou d’autres formules allométriques pertinentes pour les arbres, peuvent servir à déterminer les taux de séquestration du carbone dans les forêts urbaines. En utilisant des données sur le terrain ainsi que les cartes de la canopée urbaine, il devient possible d’estimer la quantité de dioxyde de carbone séquestrée dans l’atmosphère par l’ensemble du couvert forestier urbain, par les arbres individuels et par une unité (p. ex. 1 ha) de la canopée urbaine. Ainsi, une étude menée au Canada par Pasher et al. (2014) a estimé que la capacité moyenne de séquestration du carbone du couvert forestier urbain est de 2,9 tonnes de CO2 par hectare chaque année.

Bienfaits et valeur des forêts urbaines – Au-delà de la valeur monétaire

Pour estimer la valeur d’une forêt urbaine, on peut évaluer ses composantes structurelles comme le couvert forestier, la composition des espèces et l’âge. Les nombreux bienfaits des forêts urbaines, tels que le stockage et la séquestration du carbone, l’amélioration de la qualité de l’air et la modération de l’effet d’îlot de chaleur urbain (Han et al., 2024), créent également de la valeur grâce à des avantages connexes, comme une diminution de la consommation d’électricité durant une vague de chaleur (McDonald et al., 2024). Il a été démontré qu’il existe une corrélation négative entre couvert forestier urbain et taux de mortalité et de morbidité lors des vagues de chaleur (McDonald et al., 2020), ce qui prouve un effet positif des forêts urbaines sur la santé humaine. Au-delà de fournir un refuge l’été, les forêts urbaines à proximité sont liées à la réduction de la durée des séjours à l’hôpital pour les personnes qui ont subi une chirurgie et à de meilleurs résultats de santé pour les grossesses (Ulrich, 1984; Hotte et al., 2015). Bien que plus difficiles à quantifier, les valeurs culturelle, spirituelle, visuelle et sensorielle des arbres urbains sont souvent les aspects les plus précieux pour le grand public.

Outils d’évaluation économique et d’estimation
Lectures complémentaires

3.0 Inventaire et surveillance

Inventaire des arbres individuels et des boisés, et cycle d’inspection des arbres

Points saillants

Importance des inventaires d’arbres

Les inventaires d’arbres sont essentiels pour la foresterie urbaine et fournissent des données précieuses pour les spécialistes de la foresterie, les urbanistes, les responsables politiques et les propriétaires de maison.

Détails des inventaires

Espèce, état de santé, taille et emplacement des arbres.

Méthodes de collecte des données

Les inventaires et les inspections peuvent être réalisés à différentes échelles spatiales, manuellement ou à distance.

Science citoyenne et participation de la population

Des inventaires réalisés avec l’aide de bénévoles peuvent être une façon rentable et socialement avantageuse pour commencer ou mettre à jour l’inventaire d’arbres d’une ville.

La structure, la répartition et la composition de la canopée urbaine ont une grande influence sur les bienfaits et les services apportés par les espaces verts urbains dans les villes canadiennes (Przewoźna et al., 2022). Les fondements d’un programme de gestion des forêts urbaines efficace et les renseignements de base permettant d’estimer les services écologiques reposent sur un inventaire d’arbres détaillé. Un inventaire d’arbres est un outil de gestion forestière urbaine nécessaire qui fournit des renseignements sur les arbres comme leur espèce, leur état de santé, leur taille et leur emplacement. Les autorités municipales, les membres de la profession et les chercheuses et chercheurs peuvent exploiter les données d’inventaire de plusieurs façons. Ces données peuvent servir à identifier et analyser la diversité et la répartition des espèces, le pourcentage de couvert forestier, la répartition des tailles et classes, la répartition des groupes fonctionnels, l’état de santé, les tendances de croissance et plus encore (Nielsen, Delshammer et Ostberg, 2014). Les données des inventaires d’arbres peuvent également être utilisées pour soutenir différentes initiatives comme les plans stratégiques de gestion forestière, les évaluations coûts-avantages des mesures d’atténuation du climat urbain ou de la pollution, la création de plans de gestion des espèces envahissantes, l’évaluation des risques, l’étude des dimensions sociales des forêts urbaines et plus encore (Ville de Toronto, 2013). Les gestionnaires de forêts peuvent également donner la priorité aux efforts et ressources d’entretien en connaissant les ressources des forêts urbaines. Par conséquent, pour garantir une gestion efficace des forêts urbaines, il est fondamental de tenir un inventaire des arbres urbains à jour et de prévoir des inspections de routine des arbres.

Inventaire basé sur un échantillon

Il existe différentes méthodes et portées d’inventaire d’arbres auxquelles une ville peut avoir recours. La méthode la plus rapide à la portée la plus réduite est l’inventaire basé sur un échantillon, qui contient des renseignements sur un petit sous-ensemble d’arbres au sein d’un peuplement plus vaste. Un échantillon avec suffisamment de données permet aux forestières et forestiers urbains d’extrapoler les données sur les arbres dans la ville pour représenter une forêt urbaine entière. Ce type d’inventaire est considéré comme une méthode rentable pour obtenir une représentation statistiquement valide d’une forêt urbaine lorsque la portée de l’inventaire et de l’analyse ne requiert pas des données sur chaque arbre pour des applications de gestion spécifiques (Sabatini, 2021). De la même façon, les inventaires partiels se concentrent sur certains domaines d’intérêt, comme des espèces d’arbres spécifiques, des catégories d’utilisation des terres ou des zones géographiques. On a recours à ce type d’inventaire en cas d’invasion de ravageurs ou de maladies qui touchent des espèces en particulier, comme dans le cas de l’agrile du frêne. Un inventaire partiel est également utile pour évaluer les dégâts d’une tempête et lorsqu’on réalise une évaluation des risques (EFUF, 2018).

Inventaire d’arbres individuels

Lorsqu’une analyse plus exhaustive des arbres urbains est nécessaire pour soutenir leur gestion et leur entretien quotidien, on peut mener des études et inventaires à l’échelle des arbres individuels. Parmi les méthodes d’étude, on peut citer l’inspection directe et l’évaluation d’arbres individuels pour obtenir un aperçu complet de l’espèce, de l’âge, de la taille, de l’état de santé, de l’emplacement et d’autres qualités (Nielsen, Delshammer et Ostber, 2014; Morales-Gallegos et al., 2023). Cette approche peut demander beaucoup de travail et être chronophage, mais elle permet de soutenir la gestion et l’exploitation des forêts urbaines avec les données les plus exactes et précises. Les inventaires d’arbres individuels peuvent être considérés comme la méthode d’inventaire privilégiée dans des situations où l’analyse de la diversité et de la répartition des espèces, de la répartition des arbres par taille et classe et de l’évaluation monétaire des arbres individuels ou des espèces est requise, par exemple pour préparer des recommandations de plantation d’arbres ou créer un inventaire de référence pour une future évaluation (Urban Forest Analytics, 2024).

Inspection des arbres

Un cycle d’inspection des arbres, associé à un inventaire des arbres à jour, est indispensable pour les entretenir correctement et pour gérer les risques. Une surveillance efficace des arbres permet d’évaluer les ressources forestières urbaines et d’élaborer des plans et des stratégies d’entretien à court et à long terme, ce qui peut faire économiser des sommes considérables tout en atténuant les risques de sécurité et de dangers liés aux arbres.

L’inspection, l’élagage et l’abattage des arbres sont des composantes essentielles de la foresterie urbaine au Canada [Voir le chapitre Entretien des arbres]. Tenir des inspections à jour des conditions et de l’état de santé des arbres urbains de rue et répertorier les travaux effectués et prévus, sont à la base d’un entretien et d’une gestion efficaces (Ville de Toronto, 2013). Des cycles d’inspection réguliers sont également des outils de santé et de sécurité importants, lors desquels on peut évaluer et gérer en temps opportun les dégâts causés aux arbres par des tempêtes ou des travaux, le dépérissement de la canopée, les dommages aux branches, la présence de ravageurs et de maladies, l’entretien de routine des arbres et le déclin de leur santé pour prévenir les dangers et les risques pour les citoyens et les citoyennes (International Society of Arboriculture, s. d.).

Des indicateurs de santé des arbres à l’échelle de chaque arbre (dommage au tronc, dépérissement de la cime, vandalisme, présence de ravageurs ou de maladies et dommage aux racines) nécessitent une inspection au sol (Morales-Gallegos et al., 2023). En revanche, des indicateurs de santé au niveau de la rue et du peuplement (densité des cimes, âge/taille du peuplement, indices de végétation, facteurs édaphiques – liés au sol – et stress climatiques ou environnementaux) peuvent être inspectés et observés à l’aide d’images satellite, d’inventaires d’échantillonnage, d’indicateurs indirects et de modèles (Haq et al., 2023).

Inventaire aérien de forêt urbaine

À l’inverse, lorsque des données générales sur les arbres sont nécessaires pour des régions plus étendues, de nombreuses villes canadiennes créent des inventaires d’arbres à l’aide de photographies aériennes et de systèmes d’information géographique (SIG) (Esri Canada et Ville de Guelph, s. d.). En s’appuyant sur des images satellite et des outils d’analyse, les villes peuvent mener un inventaire des types de couvert forestier et des qualités générales du peuplement sans inspecter chaque arbre individuellement [Voir le chapitre SIG, télédétection et autres technologies spatiales]. Ce type d’inventaire peut être utile lorsqu’on veut déterminer l’état de santé et les bienfaits de la canopée urbaine, lorsqu’on évalue de vastes régions où les études sur le terrain peuvent être trop coûteuses et chronophages et lorsque les renseignements sur les arbres individuels ne sont pas nécessaires selon la portée de l’application des données (Wood, Norton et Rowland, s. d.; Nielsen, Delshammer et Ostber, 2014).

Science citoyenne et participation de la population

Pour réaliser des inventaires d’arbres, les villes canadiennes peuvent faire appel à la population et à des organisations à but non lucratif pour qu’elles participent à la collecte des données. Recruter des bénévoles pour recenser des observations générales sur l’état de santé des arbres dans leur quartier (pourrissement des cavités, dépérissement de la cime et dommages au tronc) est un moyen précieux et peu coûteux de créer et de tenir à jour des inventaires sur la santé des arbres sans mener constamment des études sur le terrain (Sabatini, 2021). Au Canada, les programmes d’intendance communautaire comme Neighbourwoods™ (Kenney et Puric-Mladenovic, 1995) permettent à des groupes communautaires et à des bénévoles de contribuer aux inventaires d’arbres, ce qui aide les spécialistes de la foresterie et les urbanistes à connaître l’état des forêts urbaines tout en encourageant la participation de la population aux initiatives de préservation des forêts urbaines. Plusieurs municipalités ontariennes ont mis en place ce programme, qui pourrait être appliqué ailleurs au Canada et au-delà. De plus, les données d’inventaires sur les arbres urbains canadiens peuvent être ajoutées à des bases de données nationales et internationales (comme Forêts urbaines ouvertes de l’IFC (2024), i-Tree (s. d.), Making Nature’s City ToolKit (s. d.), etc.), ce qui soutient les efforts concertés de gestion et de planification.

Il est important de reconnaître que plusieurs programmes de mobilisation communautaire qui s’appuient sur des bénévoles ne touchent qu’un public très ciblé. Souvent, on ne met pas suffisamment l’accent sur la conception paysagère et la mobilisation selon le lieu, qui devraient varier en fonction des besoins des quartiers, des localités et des municipalités (Eisenman et al., 2024). Pour adopter une approche basée sur le lieu en matière de mobilisation communautaire dans le domaine de la foresterie urbaine, il faut comprendre les problématiques, les relations et les besoins des membres de la collectivité à l’endroit en question et coordonner spécifiquement la planification et les ressources pour améliorer la qualité de vie de cette collectivité (Improvement Service UK, 2016). Lorsque les besoins et les objectifs selon le lieu ne sont pas bien compris, les bienfaits de l’implication de la population dans la foresterie urbaine peuvent être répartis de façon non équitable (Kudryavtsev, Stedman et Krasny, 2012).

Pour mettre en place un programme de mobilisation basé sur le lieu réussi et équitable, il est nécessaire d’allouer les fonds correctement, d’échanger de façon authentique avec les bénévoles ciblés, de codévelopper les occasions de participation avec les membres de la collectivité et de viser des résultats en fonction des besoins et des objectifs du lieu (Eisenman et al., 2024). Les gens issus de toutes les communautés doivent pouvoir participer équitablement aux initiatives de foresterie urbaine. Les programmes de participation du public doivent donc refléter leurs besoins et leurs objectifs spécifiques [Voir le chapitre Équité en foresterie urbaine].

Inventaire d’aire naturelle ou de boisé

Table des matières

  • Aires naturelles et boisés urbains
  • Objectifs de gestion : Déterminer le type d’inventaire à utiliser.
  • Méthodes d’inventaire : Sélection des méthodes d’inventaire, échelle et plan d’échantillonnage.
  • Surveillance des boisés et des aires naturelles : Processus continu de suivi des changements dans les collectivités forestières dans le temps et l’espace.

La gestion efficace des boisés et des aires et parcs naturels s’appuie sur des connaissances précises sur la composition des espèces de plantes, la structure de la collectivité et l’état de santé de ses composantes. Les inventaires de boisés diffèrent des inventaires d’arbres de rue en matière d’étendue spatiale, mais aussi car dans un boisé, certains arbres poussent naturellement à partir de graines et on trouve des plantes de sous-bois, des animaux et d’autres composantes sur lesquelles les humains n’ont pas de contrôle. Les inventaires de boisés vont d’inventaires forestiers basiques à des inventaires détaillés comprenant le sol, la végétation et la faune. Les objectifs de gestion du boisé déterminent généralement le type d’inventaire choisi pour un projet. Cependant, il est important de garder à l’esprit qu’un inventaire peut mettre au jour de nouvelles informations (comme la présence d’une espèce en péril ou de plantes envahissantes) susceptibles de modifier les objectifs de gestion (Ma et al., 2021).

La première étape pour comprendre ce qui se trouve dans un boisé est d’étudier les images aériennes et les cartes à disposition. Selon le moment et la raison de leur création, ces cartes existantes peuvent déjà délimiter les différents types de peuplements, les routes et les étendues d’eau dans un boisé. Les images aériennes peuvent servir à créer ces cartes et à déterminer la précision d’anciennes cartes ou de cartes à grande échelle en l’absence de nouvelles données (Gougeon, 2014). La disponibilité des cartes d’inventaire de ressources forestières varie selon la région au Canada. On peut les trouver sur les sites de données spatiales ouvertes des provinces [Voir le chapitre Ensembles de données nationaux et provinciaux]. On peut également utiliser les cartes LiDAR pour délimiter les peuplements (Wang et al., 2004).

Après avoir obtenu un aperçu de base des peuplements et des autres caractéristiques d’un boisé, on peut réaliser un plan d’échantillonnage pour créer un inventaire basique. La forme la plus simple d’échantillonnage d’inventaire de boisé est l’inventaire forestier. Dans cette forme d’inventaire, un échantillon d’emplacements (des parcelles de différentes tailles) sont sélectionnés et les arpenteurs y recensent les espèces d’arbres, leur diamètre et leur forme de croissance. Ces données sont ensuite utilisées pour estimer la quantité d’arbres de chaque espèce ainsi que la surface terrière et la quantité de bois marchand par hectare. De nombreux guides d’inventaire forestier sont fournis par des gouvernements provinciaux et des associations de boisés. Toutefois, ce type d’inventaire ne fournit pas suffisamment d’information sur la structure de la forêt, sa composition, la diversité des plantes, les espèces de plantes autres que les arbres, les conditions du sol, la communauté forestière et les autres aspects des boisés, qui déterminent leur intégrité écologique ainsi que leur état de santé et leur classification.

Un inventaire plus détaillé, souvent basé sur des parcelles fixes et qui collecte des données sur les espèces au-delà des arbres ainsi que sur les caractéristiques du site, peut mieux soutenir une gestion personnalisée à des fins multiples comme la surveillance, la protection des habitats et des espèces en péril, la réussite de la régénération, les loisirs ou le stockage de carbone (Day et Puric-Mladenovic, 2012). Un exemple de programme d’inventaire et de surveillance de ce type est le protocole d’échantillonnage de végétation (Puric-Mladenovic, 2016), qui peut être adapté à différentes échelles spatiales selon les besoins du paysage et de gestion (Puric-Mladenovic et Baird, 2017). Il s’agit d’un protocole d’échantillonnage qui collecte des renseignements détaillés à plusieurs fins sur les arbres et leur taille, mais aussi une liste complète des espèces, du bois mort et de l’abondance d’espèces envahissantes (Sherman, 2015). Ce protocole, en tant qu’inventaire stratégique, rassemble des renseignements multifonctionnels et normalisés (collecte de données et portail Web pour la saisie de données) et donne un aperçu précis de l’étendue spatiale et de l’emplacement, ce qui permet aux données récoltées sur le terrain d’être traduites dans différents formats spatiaux et produits de cartographie de la végétation. Il est également utilisé pour la surveillance, car il permet de réaliser un nouvel échantillonnage et de suivre les changements dans les écosystèmes forestiers dans le temps et l’espace. Des protocoles détaillés comme celui-ci peuvent être de formidables ressources pour créer des inventaires précis et des plans de gestion des boisés flexibles.

Canadiennes
Non canadiennes
Outils et protocoles d’inventaire
Lectures complémentaires

3.0 Inventaire et surveillance

SIG, télédétection et autres technologies

Points saillants

Technologies

SIG, télédétection, LiDAR (télédétection par laser) et ortho-images, et leur utilisation dans le domaine de la foresterie urbaine.

Aperçu

SIG et télédétection en foresterie urbaine.

Les technologies comme les systèmes d’information géographique (SIG), la télédétection, d’autres technologies spatiales basées sur le Web et des logiciels spécialisés sont souvent utilisées pour soutenir la gestion, la conservation et la planification des forêts urbaines. Elles permettent de cartographier, cataloguer, inventorier et surveiller les caractéristiques des forêts urbaines à l’échelle des arbres individuels, des boisés et des espaces verts ou de l’ensemble du couvert forestier urbain (Ward et Johnson, 2007). En plus de dresser des cartes des arbres, elles représentent l’environnement urbain et les conditions environnementales dans lesquels les arbres poussent. Il existe toute une gamme de SIG et de technologies de télédétection en usage et en développement, et un ensemble de données spatiales et de télédétection relatives aux forêts urbaines. Certaines de ces technologies ont été conçues pour être utilisées en foresterie urbaine, tandis que d’autres ont été développées par d’autres professions, puis adoptées par le secteur forestier urbain (Fonds municipal vert, s. d.). Ce chapitre résume brièvement les technologies utilisées en foresterie urbaine et fournit une liste d’exemples pertinents au Canada.

Systèmes d’information géographique (SIG)

Les SIG jouent un rôle essentiel dans la gestion des ressources naturelles, et par conséquent dans le domaine de la foresterie urbaine, depuis plusieurs décennies. Depuis les années 1980, et particulièrement en 1990, en raison du développement et de l’essor des technologies et logiciels spatiaux, les SIG sont devenus un outil indispensable pour la gestion et la prise de décisions concernant les forêts urbaines. Par exemple, les SIG permettent d’obtenir des cartes et des analyses détaillées des arbres et de la canopée et de gérer les données liées aux peuplements d’arbres. Les SIG créent des inventaires spatiaux des arbres contenant les espèces, l’état de santé, la taille et d’autres renseignements. De telles données spatiales sur les arbres facilitent une gestion et une surveillance plus efficaces et souples des forêts urbaines, qui sont primordiales pour éclairer les stratégies de plantation d’arbres et un développement urbain durable et basé sur des données.

Par ailleurs, les SIG, lorsqu’ils sont combinés à la télédétection, permettent d’échantillonner l’ensemble de la zone urbaine, de surveiller les forêts urbaines en temps opportun et de détecter le déclin des forêts urbaines et les infestations de ravageurs, pour ne citer que quelques exemples. De plus, en intégrant les données spatiales sur les forêts urbaines à l’aménagement urbain, les SIG soutiennent la future planification des forêts urbaines et renforcent leur conservation dans le contexte de l’intensification et du développement des villes. Les SIG facilitent également l’utilisation d’autres données spatiales (p. ex. les modèles d’élévation numérique, les cartographies d’infrastructures et les zones de sol) pour fournir du contexte sur un site de plantation proposé, et potentiellement protéger les arbres et les espaces verts et d’autres projets de foresterie urbaine (Kip, 2022).

De nombreux logiciels de SIG commerciaux et libres existent et sont utilisés en foresterie urbaine. Des programmes de SIG commerciaux comme ESRI ArcGIS Pro sont largement employés par les municipalités, les gouvernements et les grandes ONG. MapInfo Professional est un autre logiciel commercial qui propose des outils de cartographie et d’analyse spatiale adaptés à la gestion des forêts urbaines et à l’aménagement des terres. Dans la catégorie des logiciels libres, QGIS est probablement l’une des plateformes de SIG les plus populaires. Elle contient un vaste éventail d’outils de cartographie, d’analyse géospatiale et de visualisation des données. GRASS GIS est un SIG libre avancé, particulièrement utilisé en combinaison avec des images de télédétection. Il possède des capacités d’analyse puissantes. Chacun de ces outils permet la création de bases de données spatiales, la maintenance des données, la création de cartes ainsi que la génération d’analyses et de rapports. Par exemple, ils peuvent servir à créer ou à tenir à jour des bases de données d’arbres de rue individuels, pour faciliter l’évaluation des risques et de la santé des arbres, pour suivre l’abattage d’arbres et la planification des travaux, pour analyser et cartographier les caractéristiques des boisés et des forêts urbaines, et plus encore.

Les municipalités, les gouvernements provinciaux et les grandes ONG utilisent généralement le logiciel Esri pour gérer leurs données, réaliser des analyses et partager leurs informations avec le public. En exploitant la cartographie Web, les municipalités canadiennes partagent les inventaires d’arbres de rue avec la population. Par exemple, Vancouver, Ottawa, Charlottetown, Oakville, Winnipeg et Montréal mettent leurs données d’inventaire d’arbres à disposition en ligne. L’utilisation d’un SIG en combinaison avec la cartographie Web soutient également des applications en ligne interactives spécifiques et d’autres formes de partage de connaissances, de rapports et communication scientifique qui permettent au public et à d’autres groupes concernés de visualiser et de comprendre les données de foresterie facilement. Parmi les exemples d’applications Web interactives, on peut citer le rapport sur l’équité forestière de Nature Canada de 2022 et la carte canadienne des mesures d’adaptation connexe, la carte sur l’équité forestière de la Ville de Toronto et la carte de gestion des forêts urbaines de Calgary.

Des outils et applications de SIG mobiles et Web sont également utilisés pour collecter des renseignements sur les forêts urbaines et inciter le public à recueillir des données et à contribuer à la surveillance des forêts urbaines. Par ailleurs, ces plateformes permettent aux citoyens et aux citoyennes, aux équipes de recherche et au grand public de contribuer à l’inventaire, à la surveillance et à la gestion des forêts urbaines et de leur biodiversité. Par exemple, iNaturalist est utilisé pour suivre la biodiversité urbaine et téléverser des photos de plantes, d’animaux et d’insectes en indiquant les endroits où ils ont été observés. Quant au programme Neighbourwoods©, il utilise des applications mobiles de SIG pour soutenir l’inventaire et la surveillance des arbres sur les terrains urbains privés en incitant les groupes communautaires et les étudiantes et étudiants de cycle supérieur à contribuer à la collecte de données.

Télédétection

Collecter des données et échantillonner l’ensemble des forêts urbaines uniquement à l’aide d’études sur le terrain ne serait pas évident ni viable économiquement. La télédétection est une méthode de collecte de données spatiales sur l’intégralité des zones visées sans contact direct avec les objets observés. Elle joue un rôle crucial dans la cartographie, la gestion, la conservation et la planification urbaine. La télédétection fournit des renseignements précieux sur l’étendue, la structure, la composition et les dynamiques des forêts urbaines en capturant des données à grande échelle, cohérentes et reproductibles. Les produits de télédétection incluent les images multispectrales de foresterie, comme la télédétection, la télédétection aéroportée, les images de drones et LiDAR (Staley, 2022). L’avantage de la télédétection est qu’elle permet souvent un échantillonnage de l’ensemble de la forêt urbaine et fournit des données à haute résolution avec différents dérivés et de multiples applications. Par exemple, des images satellite et LiDAR haute résolution permettent de cartographier précisément le couvert forestier urbain de villes entières.

Les technologies de télédétection disposant de capteurs hyperspectraux et multispectraux contribuent à identifier le stress de la végétation et même des espèces d’arbres spécifiques. Les images de télédétection et les outils dérivés permettent également une surveillance constante qui peut contribuer à détecter les effets des changements climatiques et environnementaux, les changements de phénologie et la perte d’espaces verts. Elles peuvent même servir à évaluer l’efficacité des programmes de foresterie urbaine (p. ex. les initiatives de plantation d’arbres). Grâce aux technologies de télédétection, les spécialistes de la foresterie urbaine peuvent évaluer la santé, la répartition et les changements de végétation, ainsi que les répercussions de l’urbanisation. En plus de fournir des renseignements sur les forêts urbaines et les arbres, les plateformes de télédétection satellite et aéroportée permettent également de surveiller des facteurs environnementaux comme la température, les effets des îlots de chaleur urbains, la pollution et l’humidité du sol.

Images de télédétection utilisées en foresterie urbaine

Les technologies de télédétection satellite collectent et analysent des données sur la surface et l’atmosphère de la Terre à l’aide de capteurs satellite. Elles permettent une surveillance régulière et reproductible à grande échelle de différentes caractéristiques environnementales et urbaines (Wulder et al., 2024; Latifovic et al., 2015). Les images de télédétection satellite peuvent être gratuites ou commerciales. Ces deux types d’images jouent des rôles complémentaires : les données gratuites offrent une plus grande accessibilité, et les données commerciales plus de détails et précisions pour les applications spécialisées.

Les images satellite gratuites sont librement accessibles par le public et largement utilisées pour la recherche et à des fins éducatives et non commerciales. Ces ensembles de données sont gratuits, mais ils peuvent présenter des limites en matière de résolution spatiale. Par exemple, Landsat Data met à disposition des images multispectrales avec une résolution de 30 m (15 m panchromatique) et une résolution temporelle de 16 jours. Les images Sentinel-2 (ESA) sont des images à haute résolution (10 à 60 m) avec des bandes multispectrales. Comme celles de Landsat, elles sont pertinentes pour la foresterie urbaine et la classification de la couverture terrestre ainsi que l’analyse de la canopée. Les images de MODIS (NASA) sont capturées chaque jour et ont une résolution moyenne (250 m à 1 km) adaptée à une surveillance à grande échelle de la végétation, de la couverture terrestre et des changements climatiques, mais leur utilisation pour les forêts urbaines est limitée.

Les images commerciales fournissent des données spatiales, temporelles et spectrales spécialisées plus précises, mais leur coût peut être très élevé, en particulier pour les projets de grande envergure et à long terme. Bon nombre d’images satellite commerciales sont basées sur l’achat ou un abonnement, comme les images à haute résolution de PlanetScope (Planet), capturées quotidiennement. La résolution des images plus anciennes est de 5 m, et d’environ 3 m pour les images prises par des satellites plus récents. Ces images n’ont pas de bande panchromatique. Elles disposent de 4 bandes multispectrales (bleu, vert, rouge et proche infrarouge). GeoEye-1 a 1 bande panchromatique avec une résolution de 41 cm et 4 bandes multispectrales (bleu, vert, rouge et proche infrarouge) avec une résolution de 1,65 m. Les images de WorldView Series (Maxar) sont des images à haute résolution (jusqu’à 30 cm) multispectrales et panchromatiques. Les images satellite multispectrales de WorldView fournissent des données en bandes multispectrales, qui sont utiles pour la foresterie urbaine. Les images de WorldView-2 ont 8 bandes multispectrales (côte, bleu, vert, jaune, rouge, bordure rouge, proche infrarouge 1, proche infrarouge 2) avec une résolution spatiale de 1,84 m. Leur bande panchromatique a une résolution de 0,46 m. Les images de WorldView-3 (et de WorldView-4 mises hors service en 2019) ont une résolution de 1,24 m pour 8 bandes multispectrales standards, 8 bandes infrarouges à ondes courtes et une résolution de 0,31 m pour une bande panchromatique.

La télédétection aéroportée est utilisée pour capturer des données à haute résolution sur les forêts urbaines. Elle nécessite des aéronefs ou des drones équipés de capteurs multispectraux, hyperspectraux ou LiDAR. Comme pour la télédétection aéroportée, les drones sont équipés de caméras multispectrales et de capteurs ou LiDAR. Cela rend la télédétection aéroportée et par drone particulièrement précieuse pour surveiller et cartographier les forêts urbaines et les espaces verts en repérant les changements dans le couvert forestier et en utilisant les résultats pour soutenir la gestion des forêts urbaines et planifier un développement urbain durable.

La télédétection par laser (LiDAR) utilise des lasers pour générer des nuages de points représentant le monde réel lorsque les lasers rencontrent des obstacles comme des bâtiments, des branches d’arbres et de la végétation. Ces nuages de points peuvent ensuite être classés selon ce qu’ils représentent afin de générer des modélisations du monde réel utilisées dans ces analyses. Ces ensembles de données deviennent plus facilement accessibles au grand public à mesure que leur utilisation augmente (Ressources naturelles Canada, 2023). La technologie LiDAR fournit des topographies 3D et des modèles 3D détaillés des hauteurs des arbres et de la densité de la canopée. Une fois traitées pour une utilisation pratique, ces données offrent des renseignements spatiaux détaillés à des fins spécifiques, comme des modèles de hauteur d’arbres pour appuyer les inventaires d’arbres, les évaluations des risques et les évaluations de structure des forêts. L’analyse LiDAR d’une zone peut être utilisée pour estimer la surface foliaire et la densité de la cime des arbres individuels ou de régions entières, ce qui permet d’obtenir des estimations plus précises du couvert forestier à mesure que la technologie évolue (LidarBC, s. d.). La méthode LiDAR est également souvent utilisée comme outil d’inventaire forestier (Ressources naturelles Canada, 2024; Ontario Woodlot Association, s. d.). Elle est également explorée comme outil de classification des risques en matière d’incendie (Burns, 2012) et d’évaluation des répercussions des catastrophes naturelles (Blackman et Yuan, 2020).

Rouge, vert et bleu (RVB) sont les couleurs des bandes spectrales de base utilisées pour visualiser, évaluer et cartographier visuellement la végétation dans les zones urbaines. Les bandes proches infrarouges sont sensibles à la santé de la végétation et peuvent être utilisées pour distinguer le couvert forestier des autres utilisations des terres. Par exemple, les infrarouges à ondes courtes sont utiles pour détecter le niveau d’humidité dans la végétation et donner un aperçu de l’état de santé et de stress des arbres. Selon les bandes spectrales disponibles et les images utilisées, une combinaison de bandes spectrales peut permettre de déduire plusieurs indices de végétation qui fournissent des renseignements sur le couvert forestier. Par exemple, l’indice différentiel normalisé de végétation (NDVI), largement utilisé pour évaluer la densité et la santé de la végétation, est calculé à partir des bandes proches infrarouges et des bandes rouges. L’indice de végétation amélioré (EVI), une variante du NDVI, peut être plus sensible pour cartographier de la végétation dense. La disponibilité des bandes proches infrarouges (NIR) et rouges est particulièrement précieuse pour l’analyse de la végétation, la cartographie de la canopée et la surveillance de la santé des arbres dans des applications de foresterie urbaine. Par exemple, l’indice de surface foliaire (LAI) peut être estimé à partir des bandes infrarouges et des études sur le terrain pour créer un LAI des forêts urbaines dans une zone plus vaste (Ren et al., 2018; Le Saint et al., 2024) à l’aide de données LiDAR (Alonzo et al., 2015).

Par ailleurs, des images hyperspectrales aéroportées ou satellite peuvent être utilisées pour cartographier l’état de santé du couvert forestier, détecter le stress de la végétation ou classifier la végétation. Elles peuvent même identifier des espèces et les propriétés biochimiques des feuilles comme la teneur en chlorophylle, l’indice de surface foliaire ou la teneur en eau. Par exemple, AVIRIS est un capteur aéroporté avec 224 bandes spectrales. HyMap a 126 bandes spectrales et SpecTIR offre des données hyperspectrales sur des centaines de bandes. Le satellite EO-1, Hyperion, a 220 bandes spectrales, tandis que PRISMA, de l’agence spatiale italienne, offre 239 bandes qui peuvent être utilisées pour soutenir et éclairer la surveillance environnementale et la gestion de la foresterie urbaine. Les images hyperspectrales ont une haute résolution spectrale et sont complexes, mais elles créent un large volume de données, ce qui nécessite un logiciel de télédétection spécialisé pour les gérer et en extraire des renseignements concrets sur les forêts urbaines.

Ortho-images aériennes

L’orthophotographie numérique (ortho-images) est une méthode d’images aériennes ou satellite, généralement RVB et corrigées géométriquement (orthorectifiées) pour supprimer les distorsions dues au terrain, aux angles de prise de vue et à la distorsion de lentille. On l’utilise généralement pour représenter visuellement des paysages et comme carte de référence en SIG. L’avantage des ortho-images est qu’elles sont publiquement disponibles et partagées par les provinces ou les municipalités, et qu’elle peuvent avoir une résolution de pixel de 16 cm et une précision de 45 cm, ce qui permet une identification précise de l’emplacement des arbres dans les milieux urbains et les rend donc appropriées pour cartographier ces emplacements.

Ces cartes de référence sont largement utilisées dans les applications de SIG. En tant qu’images à haute résolution, elles sont superposées avec des données vectorielles et matricielles, fournissent un contexte spatial rapide et vérifient la précision des données spatiales. Les cartes de référence sont des couches d’images qui affichent des photographies satellite ou aériennes de la surface de la Terre. Par exemple, Esri a inclus une carte de référence d’images aériennes de haute qualité qui fait partie de l’Atlas vivant du monde d’Esri. Contrairement aux produits d’Esri, QGIS n’a pas de carte de référence native, mais grâce aux modules d’extension adaptés, il peut utiliser Google Maps, Bing Maps et d’autres services comme cartes de référence. Par exemple, même si elles sont chronophages pour les plus grandes zones, l’orthophotographie numérique et les cartes de base peuvent être utilisées pour numériser les lignes de canopée pour les plus petites zones (comme une parcelle).

Outils de données spatiales et SIG
Technologies gratuites ou du domaine public et SIG
Technologies payantes ou à modèle d’adhésion et SIG
Outils liés aux arbres
Inventaire d’arbres
Évaluation des risques pour les arbres
Outils de dendrologie
Identification de plantes et de ravageurs et maladies
Orthophotographie
Canadiennes
Non canadiennes
Lectures complémentaires

3.0 Inventaire et surveillance

Ensembles de données nationaux et provinciaux ou territoriaux

Points saillants

Ensembles de données sur la foresterie urbaine

Au Canada, les gouvernements et des organisations non gouvernementales tiennent à jour des ensembles de données librement accessibles sur les forêts urbaines.

Types de données

Données spatiales et de télédétection, inventaires d’arbres, données sur la canopée, données sur la géologie et le sol, données de recensement, données sur la couverture terrestre, ensembles de données municipaux et à grande échelle.

Données ouvertes

Données en ligne accessibles publiquement.

Les gouvernements au niveau fédéral et provincial ou territorial ainsi que des organismes et des ONG de protection de la nature et des établissements d’enseignement produisent, tiennent à jour et mettent à disposition plusieurs ensembles de données sur les forêts urbaines et les milieux urbains de l’ensemble du Canada. Bon nombre des données disponibles sont utiles pour les spécialistes de la foresterie urbaine, car elles sont standardisées et disposent de plans de mise à jour à long terme, ce qui garantit leur disponibilité dans l’avenir. La plupart de ces ensembles de données sont disponibles en ligne, accessibles publiquement ou dans le cadre d’ententes de partage de données. Les données nationales et provinciales/territoriales sont listées ci-dessous, ainsi que des ensembles de données nationales individuels mis à disposition par des ONG. Les ensembles de données au niveau fédéral et provincial ou territorial contiennent généralement des données spatiales et de télédétection, des données sur la géologie et le sol, des données de recensement et d’autres types de données à grande échelle.

Les ensembles de données municipaux incluent souvent des données sur le couvert terrestre local, des ortho-images et des données spatiales au niveau des villes. De nombreuses municipalités et villes au Canada développent et tiennent à jour des portails de données ouvertes propres à leur zone géographique. Par exemple : en Alberta, Edmonton, Calgary, Medicine Hat, Red Deer et Grande Prairie. En Colombie-Britannique, les données ouvertes incluent Vancouver, Kamloops, Langley, Nanaimo, North Vancouver, Prince George, Surrey et le district régional du Nord de l’Okanagan. Au Manitoba, il existe des données ouvertes pour Winnipeg. Au Nouveau-Brunswick, pour Fredericton. Les municipalités couvertes par les données ouvertes de l’Ontario incluent London, Ottawa, Toronto, Windsor, Niagara Falls, Mississauga, Burlington, la région de York, la région de Peel, la région de Niagara, Guelph, Hamilton, la Ville de Waterloo et la région de Waterloo. Au Québec, les villes concernées sont Montréal, la Ville de Québec et Sherbrooke. En Saskatchewan, des données ouvertes sont disponibles pour Regina et Saskatoon, et sur l’Île-du-Prince-Édouard, pour Charlottetown.

Pour plus de renseignements sur toute autre municipalité, visitez le site municipal en question pour déterminer si un portail de données ouvertes est mis à jour par une autorité dirigeante appropriée.

Ensembles de données ouverts au Canada par gouvernement
Au niveau national/fédéral
Ensembles de données canadiens
Au niveau national
Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Île-du-Prince-Édouard
Manitoba
Nouveau-Brunswick
Nouvelle-Écosse
Nunavut
Ontario
Québec
Saskatchewan
Terre-Neuve-et-Labrador
Territoires du Nord-Ouest
Yukon
Ensembles de données internationaux

4.0 Gestion

Planification de la gestion forestière urbaine

Points saillants

Gestion stratégique des forêts urbaines

Pour maintenir la santé des forêts urbaines, optimiser leurs bienfaits et adopter une gestion proactive.

Planification de la gestion forestière urbaine dans les villes canadiennes

Exemples.

Stratégies de soutien

Ces plans peuvent être renforcés par le biais de la gestion des actifs naturels, la surveillance des forêts urbaines et les certifications.

Gestion des actifs naturels

Stock de ressources naturelles.

Sustainable Forestry Initiative (SFI)

Normes sur les forêts urbaines.

Plusieurs pratiques de gestion forestière urbaine et d’entretien des arbres jouent un rôle vital pour maintenir la santé des forêts urbaines, gérer les dangers liés aux arbres, planter des arbres ou soutenir la canopée en général dans les zones urbaines. Cependant, ces pratiques ont souvent ciblé des arbres publics, en se concentrant sur les arbres de rue ou des pratiques de gestion spécifiques (comme l’élagage). La gestion et l’entretien des arbres urbains ont surtout été mis en œuvre comme réponses en réaction aux répercussions de catastrophes naturelles ou d’espèces envahissantes plutôt qu’en tant qu’approches proactives. L’importance des forêts urbaines a été reconnue dans les années 1960, mais il a fallu plus de 50 ans pour comprendre comment gérer cette précieuse ressource naturelle dans son intégralité et plus stratégiquement.

La gestion stratégique des forêts urbaines au Canada est apparue au début des années 2000. Elle s’appuie sur l’idée que l’ensemble de la forêt urbaine et de ses composantes doivent être gérés stratégiquement dans le cadre d’un processus soigneusement planifié (Kenney, 2003; Kenney et al., 2011). Une telle gestion stratégique et efficace des forêts urbaines garantit l’optimisation et la durabilité des bienfaits des forêts urbaines au fil du temps. En tant que composantes essentielles des infrastructures vertes et des utilisations du territoire urbain, les forêts urbaines et les espaces verts nécessitent une planification et une gestion soignées, flexibles et durables. Il convient également d’adopter une approche proactive pour s’assurer de la gestion des forêts urbaines. Un plan de gestion forestière urbaine doit par ailleurs envisager les pressions et défis potentiels comme le développement urbain, la diversité génétique des espèces d’arbres et la répartition des âges des arbres. Il doit aussi prévoir des mesures pour les défis imprévus susceptibles de survenir en raison d’invasions de ravageurs, d’espèces envahissantes ou des changements climatiques.

Le principal objectif de la gestion forestière urbaine est d’optimiser la superficie foliaire de la canopée en plantant et en entretenant un ensemble d’arbres et d’arbustes génétiquement divers et appropriés au site, objectif qui doit être atteint de façon rentable tout en maximisant les bienfaits publics et en minimisant les risques pour la sécurité de la population. La planification de la gestion forestière urbaine commence par l’évaluation de l’état existant des forêts urbaines en s’appuyant sur les données les plus récentes. Si aucun inventaire d’arbres n’est disponible, les nouveaux plans de gestion doivent prévoir un inventaire qui recense les espèces, la taille, la santé générale et la valeur des arbres. Les inventaires sont un prérequis pour évaluer les bienfaits des forêts urbaines et élaborer des plans de gestion forestière et servent également de base au développement de plans de gestion des actifs naturels (GIOC, 2016). Bien que l’idée de gestion des actifs naturels en lien avec les zones naturelles ait émergé en 2017, le concept a aussi été appliqué aux forêts urbaines en général. Récemment, des normes de certification en forêt urbaine ont été développées pour répondre au besoin croissant de gestion durable des forêts urbaines (SFI, 2024). Toutes ces approches contribuent à la gestion des forêts urbaines et partagent de nombreux objectifs et composantes communs, notamment les inventaires d’arbres.

Planification stratégique de la gestion forestière urbaine dans les villes canadiennes

Les forêts urbaines et toutes leurs composantes sont reconnues comme la pierre angulaire des infrastructures vertes au Canada et comme essentielles pour relier les zones vertes urbaines et rurales (GIOC, 2015; RNCan, Service canadien des forêts, 2022). La planification stratégique de la gestion souligne l’importance de la prise en compte de toutes les composantes de la forêt urbaine et des éléments biotiques et abiotiques connexes dans différentes zones et dans le cadre d’utilisations diverses, des petites localités aux plus grandes, ainsi que dans les zones qui les relient. De plus, l’ensemble de la forêt urbaine, y compris les arbres dans différents espaces urbains (rues, parcs, cimetières, arboretums, propriétés privées et parcelles de forêt naturelle), est reconnue par la planification stratégique de la gestion.

L’importance de la planification stratégique de la gestion forestière urbaine a été introduite au Canada par Kenney et al. (2011), mais le premier plan directeur de foresterie urbaine a été élaboré pour Prince George en 2003 en réponse aux répercussions des feux qui ont ravagé la région. S’appuyant sur les principes de la planification stratégique de la gestion forestière urbaine, les plans de gestion stratégique des forêts urbaines ont été élaborés par de nombreuses municipalités comme la Ville d’Oakville (2008), la Ville de Guelph (2008), la Ville d’Ajax (2011), Halifax et la Ville de Toronto (2013), pour n’en citer que quelques-unes. Le développement de plans sur les forêts urbaines au Canada a connu son apogée entre 2010 et 2014 dans des régions de forêt mixte plus urbanisées (Ordóñez Barona, 2024; Puric-Mladenovic et Bardekjian, 2023b), mais de nouveaux plans de foresterie urbaine sont toujours en cours d’élaboration, tandis que les plans initiaux sont mis à jour ou en préparation de renouvellement.

Les plans ou stratégies de gestion forestière urbaine qui présentent une approche stratégique à long terme pour protéger, préserver et améliorer les forêts urbaines municipales sont généralement approuvés par les conseils municipaux. Les municipalités canadiennes font partie des leaders mondiaux en matière de planification de la gestion forestière urbaine : plus de 80 municipalités urbaines disposent d’un plan de gestion de la forêt urbaine. Par exemple, selon une étude de 2023 (Puric-Mladenovic et Bardekjian, 2023b), 89 municipalités sur les 800 examinées (11 %) avaient une stratégie ou un plan de gestion forestière urbaine. Depuis, ce chiffre a atteint 118 (14,7 %). Autre exemple, Saskatoon a récemment publié son plan de gestion forestière urbaine 2022-2031, qui souligne l’importance de la durabilité des forêts urbaines (Ville de Saskatoon, 2022). La Ville de Saanich (2024) l’a suivi de près en publiant sa stratégie décennale sur la forêt urbaine en 2024.

Ces plans de gestion forestière urbaine, bien qu’ils visent tous à maintenir et optimiser la canopée de la forêt urbaine et les bienfaits des arbres, diffèrent selon leur approche de mise en œuvre, d’entretien et d’augmentation du couvert forestier, de diversification des espèces ou d’implication de la population (Kenney et al., 2011; Ordóñez et Duinker, 2013). Les plans de gestion forestière urbaine sont également essentiels pour optimiser les services écologiques et la résilience en orientant la gestion à long terme d’une forêt urbaine saine, biodiverse et résiliente.

Tous ces plans sont différents. Certains sont détaillés et ont des objectifs et un calendrier précis, tandis que d’autres sont davantage des stratégies que des plans. Par exemple, certains plans ressemblent davantage à un rappel de l’importance des forêts urbaines plutôt qu’à des mesures de gestion. Ils restent toutefois précieux pour pouvoir élaborer des plans de gestion stratégique des forêts urbaines, c’est-à-dire des plans à long terme (généralement 20 ou 25 ans) prévoyant une feuille de route détaillée sur la façon de réaliser la vision et les objectifs fixés à long terme. Ces plans sont basés sur des objectifs mesurables qui leur permettent d’avancer stratégiquement d’un état de base à un objectif souhaité tout en donnant la priorité à la mise en place et au suivi des progrès. Ils dépendent de la compréhension de l’état existant de la forêt urbaine et de la définition d’objectifs, de critères et d’indicateurs mesurables, qui sont tous indispensables à l’élaboration d’un plan de gestion concret. Selon la région, le type de zone urbaine et l’état de la forêt urbaine, les objectifs de planification de la gestion forestière urbaine peuvent inclure le renforcement du couvert forestier, l’amélioration de la longévité et de la santé des forêts urbaines, la diversification des espèces ou la mobilisation de la population. D’autres objectifs qu’on retrouve couramment dans des plans au Canada comprennent l’expansion de la diversité des espèces, l’amélioration de la santé des arbres, la gestion des espèces envahissantes, le renforcement de la résilience face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, et l’amélioration de l’équité en matière de couvert forestier.

Ces objectifs sont atteints grâce à des plans opérationnels détaillés, qui peuvent inclure l’atteinte d’un pourcentage spécifique de couvert forestier, des plans pour l’élimination des espèces envahissantes suivie de la plantation d’espèces indigènes, des initiatives d’intendance communautaire ou l’abattage d’arbres dangereux, entre autres (Kenney et al., 2011; Ordóñez et Duinker, 2013). Par exemple, le plan sur la forêt urbaine de la Ville de Calgary vise à augmenter le couvert forestier jusqu’à 16 % d’ici 2060, à protéger les forêts existantes et à mobiliser la population dans de la cadre de projets de foresterie (Ville de Calgary, s. d.), tandis que le plan de la Ville de Toronto entend atteindre 40 % de couvert forestier d’ici 2050 (Ville de Toronto, 2023). Les objectifs stratégiques des plans de gestion stratégique des forêts urbaines peuvent être atteints grâce à des plans opérationnels spécifiques qui s’échelonnent généralement tous les quatre à cinq ans, dont certains sont mis en œuvre dans le cadre de plans annuels d’exploitation (PAE). Les PAE comprennent les décisions quotidiennes sur des points comme la plantation, l’élagage et l’abattage des arbres, le contrôle des ravageurs et des maladies et la garantie de conditions optimales pour l’eau et le sol. La planification annuelle d’exploitation passe également par l’élaboration d’un budget, la délégation des rôles et responsabilités et l’établissement d’indicateurs pour suivre les progrès. À titre d’exemple, un plan stratégique sur la forêt urbaine de la Ville de Calgary prévoit des initiatives opérationnelles d’entretien des arbres existants, la plantation de 3 500 nouveaux arbres chaque année ainsi que la priorité à la sécurité publique et aux mesures de protection juridiques pour protéger les arbres nouveaux et existants par le biais de règlements (Ville de Calgary, s. d.).

Gestion des actifs naturels

La gestion des actifs naturels est une approche émergente de la foresterie urbaine au Canada où les ressources naturelles sont considérées comme tout autre actif municipal ou infrastructure grise fournissant des services essentiels. Dans ce contexte, les forêts urbaines, en tant qu’actif naturel, font partie des cadres et des plans de gestion des actifs des municipalités. Plusieurs municipalités canadiennes ont mis en place des stratégies de gestion des actifs naturels pour améliorer la gestion des forêts urbaines. La Ville de Gibsons, en Colombie-Britannique, a été la première à mettre en place ce type de stratégie et à reconnaître les nappes, les forêts et les terres humides comme infrastructures vertes devant être gérées. Une valeur monétaire a été attribuée à ces systèmes naturels, ce qui leur a permis d’être incorporés dans les plans de gestion des actifs de la ville et de veiller à leur gestion et à leur utilisation durable (Ville de Gibsons, 2018). La Ville d’Edmonton est un autre exemple. Elle a développé un plan de gestion des actifs de forêt urbaine qui se concentre sur les caractéristiques et les conditions des ressources de forêt urbaine gérées publiquement (Ville d’Edmonton, 2021). Ce plan fournit également un cadre pour atteindre les niveaux de service souhaités à des coûts de cycle de vie optimaux. La Ville de Saskatoon a aussi récemment réalisé un inventaire de ses ressources naturelles (terres humides, une portion de la rivière Saskatchewan Sud, prairies, forêts et zones arbustives) et terminé son évaluation en appui à son propre plan de gestion des actifs naturels (Ville de Saskatoon, 2020).

Certification en forêt urbaine

Des certifications en durabilité forestière et en bonne gestion existent au Canada pour les forêts et les boisés gérés depuis 2005 (PEFC, 2024), mais récemment, l’organisme de certification Sustainable Forestry Initiative (SFI) a développé des normes de certification liées aux défis environnementaux, sociaux et de gouvernance pour les forêts urbaines. Ces normes sont regroupées en 16 objectifs différents qui visent l’amélioration continue des programmes de foresterie urbaine. Les 16 objectifs principaux sont les suivants : encourager la participation des collectivités, de la population et des communautés autochtones; améliorer la santé et le bien-être de la population; préserver la biodiversité; protéger les ressources naturelles comme l’air, l’eau et le sol; promouvoir la santé et la vitalité des arbres; protéger les sites spéciaux, y compris les aires naturelles; adopter une gestion intelligente vis-à-vis du climat; faire progresser l’aménagement des forêts urbaines; assurer une gestion et un entretien efficaces des forêts urbaines; se préparer et répondre aux catastrophes; renforcer les capacités; utiliser les ressources en bois urbaines; renforcer les communications; soutenir la science, la recherche et la technologie; respecter les normes juridiques et réglementaires, y compris les droits autochtones et garantir des rapports transparents (SFI, 2024). Atteindre ces objectifs doit être le but ultime de tout nouveau plan de gestion stratégique des forêts urbaines.

Surveillance des forêts urbaines

Les résultats de toutes les initiatives de gestion des forêts urbaines doivent être évalués à l’aide de critères prédéterminés et en jugeant de façon flexible l’effet des stratégies de gestion sur les forêts urbaines. Ainsi, une surveillance régulière à long terme est indispensable pour soutenir et évaluer tout plan de gestion forestière urbaine. Cette surveillance peut prendre la forme d’inventaires d’arbres mis à jour, d’analyses et de cartes sur l’équité en matière de couvert forestier, de répercussions politiques, de la surveillance des boisés et des aires naturelles, de la surveillance de la végétation ou de sondage d’opinion du public (parmi une myriade d’autres approches de surveillance) (Fonds municipal vert, s. d.). Des mesures de surveillance continue doivent être incluses à toutes les étapes des plans de gestion.

Canadiennes
Plans de foresterie urbaine au Canada (36)
Alberta
Colombie-Britannique
Île-du-Prince-Édouard
Manitoba
Nouveau-Brunswick
Nouvelle-Écosse
Ontario
Québec
Saskatchewan
Yukon
Non canadiennes
Lectures complémentaires

4.0 Gestion

Entretien des arbres

Points saillants

Pratiques d’entretien

Assurer la santé et la sécurité des arbres et des gens qui les entourent.

Pratiques d’entretien des arbres

Élagage, arrosage, paillage, élimination des dangers.

Lignes directrices

Règlements et manuels pour les propriétaires et les professionnel·les.

Insectes envahissants et maladies

Surveillance et traitement.

L’entretien des arbres est essentiel pour garantir la santé et la longévité des arbres urbains, qui peuvent avoir une influence directe sur la durabilité des forêts urbaines dans les municipalités canadiennes. Selon la région géographique, les conditions environnementales, l’âge et l’espèce de l’arbre, l’entretien peut prendre différentes formes : élagage, arrosage, paillage, application d’engrais, câblage, contreventement et repérage et élimination des arbres dangereux. Non seulement ces pratiques améliorent la vitalité des arbres, mais elles contribuent également à atténuer les stress auxquels les arbres urbains sont confrontés en raison de facteurs environnementaux comme la sécheresse, les ravageurs et les pathogènes, les déficiences en nutriments, les espèces envahissantes et les dommages d’ordre général liés aux stress physiques comme les conditions météo ou les activités de construction.

Pratiques d’entretien

Investir dans l’entretien d’arbres jeunes ou récemment plantés est une décision payante à long terme, car les arbres seront sains, ce qui réduira les coûts de leur gestion. Parmi les pratiques d’entretien les plus courantes pour les jeunes arbres, on peut citer l’arrosage, le paillage, la taille de l’arbre pour renforcer sa structure, la protection de la base et du tronc contre les dommages mécaniques, l’inspection pour vérifier la présence de ravageurs ou de maladies et l’amélioration du sol (par exemple, grâce à des engrais). Pour les arbres plus matures, les principales pratiques d’entretien sont l’élagage régulier, la protection du système racinaire par rapport au compactage du sol, l’arrosage d’appoint en période de sécheresse et la fertilisation réfléchie. Toutes ces pratiques peuvent augmenter la longévité et la vitalité des arbres (ISA, 2021a).

L’élagage est l’une des pratiques d’entretien les plus courantes pour soutenir la santé, la structure et la sécurité des arbres urbains gérés. Les pratiques d’élagage incluent l’élagage structurel des jeunes arbres, la taille des branches mortes, malades ou endommagées, l’éclaircie par le haut ou le bas, l’étêtage ou, dans certains cas, la réduction de la cime pour prévenir les conflits entre les arbres et les structures ou les lignes des services publics. Il est préférable de procéder à l’élagage durant la saison dormante et d’éviter les techniques comme l’écimage, qui peuvent nuire à l’arbre (Voir le chapitre Lignes et couloirs hydroélectriques).

Le câblage et le contreventement sont des techniques de soutien structurel utilisées pour stabiliser les arbres qui ont des troncs multiples ou faibles, des larges branches ou ceux qui sont soumis à des vents forts (Mayne, 1975; Vandergriff et Clatterbuck, 2005). Ces méthodes sont particulièrement utiles en milieu urbain où les chutes d’arbres peuvent poser des risques importants pour la sécurité publique et les infrastructures (Purcell, 2017).

Dans les espaces verts urbains où les sources d’eau naturelles peuvent être limitées et irrégulières, un arrosage important et régulier est essentiel pour établir les jeunes arbres et leur permettre de développer leurs systèmes racinaires dans les premières années (deux à cinq ans). Cela est d’autant plus important en période de sécheresse, ce qui devient de plus en plus fréquent en raison des changements climatiques, et pour les arbres récemment plantés qui ont un plus grand risque de sécher (Steil, 2022; Zuzek, 2018; UMC, 2023).

Le paillage complète l’arrosage en conservant l’humidité du sol, en réduisant la concurrence des mauvaises herbes, en protégeant les arbres des dommages mécaniques des tondeuses et tailleurs, mais aussi en améliorant le développement des racines (Sun et al., 2023; Magditsch, 2021; Qu et al., 2019). Le paillage contribue également à atténuer le compactage du sol, un problème fréquent en milieu urbain qui peut entraver la croissance des racines et l’infiltration de l’eau. Les arbres plus matures peuvent aussi bénéficier du paillage, qui aide à conserver l’humidité et à améliorer la santé du sol (ISA, 2021b).

La fertilisation des arbres urbains est une approche ciblée pour gérer les carences en nutriments souvent observées dans les sols des villes. Cependant, il est important d’appliquer les engrais judicieusement, car une fertilisation excessive peut mener à la pollution de l’eau et à des problèmes de santé pour les arbres (Appleton et Kauffman, 2021; Maine Forest Service, 2000; Bellis, 2023). Au Canada, les lignes directrices en matière de fertilisation des arbres urbains insistent sur l’importance de tester le sol et d’utiliser des engrais à libération lente qui correspondent aux besoins spécifiques des espèces d’arbres et des conditions du site (CFIA, 2024).

Le repérage et l’élimination des arbres dangereux sont des pratiques essentielles en gestion forestière. Les systèmes de classement des dangers, qui évaluent la probabilité de chute d’arbre et les répercussions potentielles sur les gens ou les propriétés, sont utilisés par de nombreuses municipalités canadiennes pour définir les priorités en matière d’entretien des arbres (TRCA, 2006). En évaluant des facteurs de danger clés comme des branches endommagées, la pourriture du bois et des chancres, ainsi que des conditions liées à la situation comme les zones très fréquentées, la proximité des infrastructures et la probabilité de danger présenté par l’espèce, une décision peut être prise quant à l’ampleur du danger et l’urgence avec laquelle les mesures (par exemple, élagage ou abattage de l’arbre) doivent être prises. Une approche proactive de la gestion des dangers liés aux arbres contribue à gérer les risques et à allouer les ressources efficacement (Gurney et Ward, s. d.; Pokorny et al., 2003; ISA, s. d.).

En plus des pratiques d’entretien traditionnelles, la gestion des insectes envahissants et des maladies est une préoccupation croissante dans le secteur de la foresterie urbaine au Canada et dans le monde (Sweeney et al., 2019). La propagation de ravageurs comme l’agrile du frêne (Agrilus planipennis) a mené à des initiatives d’entretien importantes pour sauver certains arbres. Les municipalités ont dû mettre en place des programmes complets de surveillance, de traitement et d’élimination. Par exemple, la Ville de Montréal, a abattu des milliers de frênes (Genus Fraxinus) pour gérer ce ravageur.

Entretien des arbres et lignes directrices pertinentes

Les municipalités canadiennes suivent les lignes directrices provinciales et nationales en matière d’entretien des arbres. Ces directives sont souvent complétées par des règlements locaux et des plans de gestion des forêts urbaines. Ces cadres fournissent une approche structurée de l’entretien des arbres, en mettant l’accent sur des pratiques durables, sur la résilience climatique et sur la mobilisation de la population. Par exemple, la Stratégie canadienne sur la forêt urbaine (SCFU) fait la promotion des pratiques exemplaires en foresterie urbaine, y compris l’entretien des arbres, et suggère aux municipalités d’intégrer la gestion des forêts urbaines aux initiatives plus vastes d’aménagement de la ville (Arbres Canada, 2018).

À l’échelle provinciale, des organisations comme l’Ontario Urban Forest Council, le British Columbia Urban Forest Network et le Manitoba Urban Forest Council offrent des ressources et des conseils sur l’entretien des arbres urbains, tandis que les municipalités ont souvent leurs propres normes d’arboriculture et protocoles d’entretien. Cela comprend des inspections régulières, des cycles d’élagage et des plans d’intervention d’urgence en cas d’événements climatiques extrêmes.

Entretien des arbres et ressources humaines

L’efficacité des programmes d’entretien des arbres dépend de la disponibilité de professionnel·les qualifié·s, y compris des arboristes, des spécialistes de la foresterie urbaine et du personnel municipal formé à l’entretien et à la gestion des arbres (Trees Are Good, s. d.). L’éducation et la formation continues sont primordiales pour s’assurer que les dernières techniques et connaissances sont appliquées sur le terrain. Au Canada, les programmes d’agrément comme ceux offerts par l’International Society of Arboriculture (ISA) et d’autres entités régionales sont largement reconnus et contribuent à garantir des normes élevées en matière d’entretien des arbres urbains.

De plus, les municipalités collaborent souvent avec des groupes locaux et des bénévoles pour soutenir les initiatives d’entretien, en particulier dans le contexte des activités de plantation d’arbres et des campagnes de sensibilisation du public. Les municipalités canadiennes peuvent gérer et renforcer efficacement leurs forêts urbaines en mobilisant la population pour prendre soin des arbres et surveiller les espèces envahissantes et les arbres, contribuant ainsi à créer des villes plus saines et plus agréables. Par exemple, montrer aux gens comment tailler et entretenir leurs arbres privés contribue à la santé des forêts urbaines et au renforcement du couvert forestier (Johnson et al., 2008; CIFU, s. d.). Ces partenariats sont indispensables pour encourager un sentiment partagé de responsabilité de la forêt urbaine et garantir son entretien plus durable.

Ressources sur l’entretien des arbres
Élagage
Câblage et contreventement
Arrosage
Paillage
Engrais
Arbres dangereux
Espèces envahissantes
Guides d’entretien
Autres sources

4.0 Gestion

Lignes et couloirs hydroélectriques

Points saillants

Lignes et couloirs hydroélectriques

Interactions avec les arbres urbains.

Règlements

Sélection des arbres, plantation et entretien de routine.

Les lignes et couloirs hydroélectriques sont des infrastructures énergétiques qui se trouvent en milieu urbain et dans les forêts urbaines canadiennes. L’emplacement des lignes hydroélectriques au Canada, aériennes ou souterraines, dépend de l’époque de développement et de construction des zones urbaines. On trouve les lignes hydroélectriques aériennes le long des rues de ville, des trottoirs et des allées dans les quartiers plus anciens au Canada. Les poteaux auxquels sont rattachées les lignes électriques sont l’une des installations les plus communes dans les rues canadiennes. En raison des normes d’entretien, cette infrastructure énergétique interfère avec les arbres et limite le développement de la canopée, la croissance et la hauteur des arbres (Appleton, 2006). Dans les quartiers plus récents, les lignes hydroélectriques sont enterrées dans le sol où elles risquent de restreindre la croissance des racines et la plantation des arbres. Dans les deux cas, les arbres urbains partagent un espace de croissance limité avec ces installations publiques, ce qui restreint le nombre et les espèces d’arbres qu’il est possible de planter sous ces câbles électriques. L’aménagement, la plantation et l’entretien des arbres sous des lignes électriques ou à proximité de lignes électriques nécessitent toujours de prendre soigneusement en compte des facteurs comme l’espace de croissance disponible, la proximité des câbles électriques, les futurs risques d’interférence des arbres avec les infrastructures électriques, la conformité avec les règlements locaux ou les lignes directrices publiques, la sélection des espèces d’arbres, la hauteur des arbres et l’étendue de la canopée une fois les arbres matures, les habitudes de croissance, les exigences d’entretien à long terme, l’élagage ou la taille des arbres, l’accessibilité pour les équipes d’entretien, le potentiel de dégâts en cas de tempête ou de grand vent, l’aspect esthétique visuel et l’influence sur la population (Dupras et al., 2016; Appleton, 2006; Bloniarz, 1992; Browning et Wiant, 1997).

Lignes hydroélectriques

Lors des phases de planification et de conception, les plans paysagers et de plantation d’arbres dans des zones à proximité de lignes hydroélectriques ou sous des lignes hydroélectriques doivent prendre en compte la hauteur des arbres et l’étendue de leur canopée une fois les arbres matures. Il est primordial de soigneusement planifier la plantation des arbres en fonction de leur taille à maturité, des conditions de croissance (sol, nutriments) et de la distance des lignes hydroélectriques pour déterminer les espèces adaptées à la plantation sous des lignes hydroélectriques. Choisir les espèces d’arbres adaptées peut réduire l’intensité de l’élagage et de l’entretien, ce qui permet d’avoir des arbres plus sains et plus agréables à regarder le long des rues et sous les lignes hydroélectriques. Plus important encore, les bonnes espèces d’arbres peuvent réduire considérablement le risque de pannes d’électricité et de feux accidentels, ce qui permet de faire des économies (Bloniarz, 1992). Les sociétés d’énergie et de nombreuses municipalités canadiennes (voir la section Ressources en ligne canadiennes) recommandent une liste d’espèces d’arbres qui peuvent être plantées à proximité de lignes électriques (Appleton, 2006).

Au Canada, ce sont généralement les entreprises de services publics qui s’occupent de l’entretien de routine des arbres le long des lignes et couloirs électriques (Parent et al., 2019; Perrette et al., 2021). Elles entretiennent également les arbres des rues et des parcs qui se trouvent à proximité de lignes. Pour garantir la sécurité et s’assurer qu’il y a suffisamment d’espace pour les câbles électriques, les arbres qui se trouvent sous des lignes hydroélectriques ou à proximité sont gérés individuellement. L’entretien autour des lignes électriques peut seulement être effectué par des arboristes formé·es et agréé·es. Les entreprises de services publics canadiennes développent et fournissent souvent différentes ressources sur les arbres, y compris des normes d’entretien et d’élagage des arbres, les dangers à surveiller et une liste d’arboristes agréé·es dans la région sur leur site Web (voir la section Ressources en ligne canadiennes). Les arbres le long des lignes électriques sont généralement taillés tous les cinq à six ans, même si cela peut parfois être tous les trois ans (Perrette, Delagrange et Messier, 2020; Browning et Wiant, 1997; Millet et Bouchard, 2003; Millet, 2012; Lecigne et al. 2018). Une bonne connaissance de la biologie des espèces d’arbres peut contribuer à améliorer les pratiques d’élagage, atténuer ses conséquences sur les arbres et réduire les coûts d’élagage (Perrette, Delagrange et Messier, 2020; Millet, 2012). De plus, l’évaluation régulière de la santé globale d’un arbre peut contribuer à déterminer la fréquence de l’élagage et si une taille approfondie est appropriée (Perrette et al., 2021). Cela peut ainsi éclairer la planification de l’entretien pour optimiser l’allocation du temps, des ressources humaines et du financement.

Couloirs hydroélectriques

En plus des lignes hydroélectriques, les zones urbaines sont souvent quadrillées par des couloirs de transmission, communément appelés couloirs hydroélectriques. Les couloirs hydroélectriques sont des espaces longs et étroits, couverts d’arbustes et d’herbes, utilisés par les sociétés d’électricité pour la transmission d’électricité à haut voltage, qui nécessite de très hautes tours de transmission. Ces zones ont des réglementations strictes concernant le type de végétation qui pousse sous les lignes de transmission pour des questions de sécurité. Les arbres sont interdits sous les lignes de transmission ou à proximité, car leur hauteur peut poser des risques de sécurité. L’électricité peut facilement faire des arcs à partir des lignes transmission et sauter jusqu’aux branches les plus hautes des arbres. Par conséquent, la végétation directement sous les lignes hydroélectriques dans ces couloirs doit être basse. Les sociétés d’électricité et les municipalités peuvent avoir différentes règles, mais la plupart des directives indiquent que la végétation boisée de plus de six mètres est interdite dans ces zones (Hydro Ottawa, 2025).

Les couloirs hydroélectriques peuvent accueillir des plantes indigènes et offrir un habitat pour la faune, les insectes et les oiseaux. Ils servent souvent également de couloirs écologiques et de lien paysager entre les centres urbains, les collectivités rurales et au-delà (Hydro Ottawa, 2010). L’utilisation des terres situées sous les couloirs hydroélectriques en zone urbaine a également été repensée. Par exemple, elles peuvent servir d’espaces de loisirs ou de jardinage urbain ou renforcer stratégiquement la biodiversité et améliorer la connectivité écologique dans les villes canadiennes. Ainsi, le couloir hydroélectrique Meadoway de 16 kilomètres de long à Toronto a été progressivement transformé en prairie indigène et sera à terme un parc urbain linéaire (TRCA, 2022). Les terres de couloirs hydroélectriques ont été intégrées au système vert urbain pour soutenir les loisirs à Winnipeg (Sage Creek, 2023) et la restauration de la biodiversité urbaine à Calgary (Ville de Calgary, s. d.). Des efforts similaires visant à restaurer les couloirs hydroélectriques et à les convertir en collectivités de plantes indigènes et en habitats pour la faune sont mis en place dans plusieurs villes canadiennes comme Montréal, Guelph et Ottawa, entre autres (Hydro Québec, 2024; Milkweed Journal, 2016; OSC, 2024).

Canadiennes
Non canadiennes
  • Bloniarz, D. (1992). (rep.). Street Trees, Overhead Utility Distribution, and Physical Infrastructure: Design Implications, Maintenance Costs and Proposed Alternatives. Northeast Center for Urban & Community Forestry, USDA Forest Service.
Lectures complémentaires

4.0 Gestion

Sélection et plantation des arbres

Points saillants

Les espèces d’arbres doivent être sélectionnées en fonction du site et en pensant à l’avenir

Pour faire une sélection efficace, il faut prendre en compte les aspects environnementaux, écologiques et liés aux infrastructures ainsi que la résilience à long terme aux facteurs de stress urbain et aux changements climatiques.

Les changements climatiques imposent d’adapter la planification des espèces

Le choix des arbres doit anticiper les changements des zones de températures et la pertinence des espèces à l’aide de modèles climatiques et de tests progressifs pour orienter les décisions de plantation.

La diversité garantit la résilience des forêts urbaines

En évitant de tout miser sur quelques espèces, on réduit la vulnérabilité aux ravageurs, aux maladies et aux changements environnementaux tout en favorisant la biodiversité urbaine.

Une planification efficace minimise les conflits entre les arbres et les infrastructures

Les arbres doivent être sélectionnés et visualisés à leur taille adulte pour éviter de futurs conflits avec les trottoirs, les bâtiments ou les installations publiques, et ainsi réduire les coûts d’entretien et les risques.

La qualité du matériel de reproduction et les méthodes de plantation sont essentielles

L’état de santé des arbres au moment de la plantation, la manipulation appropriée des systèmes racinaires et l’entretien continu déterminent les chances des arbresde s’épanouir et d’apporter tous leurs bienfaits écologiques.

Une sélection appropriée des espèces doit être basée sur des considérations environnementales, écologiques, sociales, infrastructurelles et d’entretien des arbres. Par exemple, la sélection des arbres doit garantir une forêt urbaine résiliente capable de supporter des conditions environnementales urbaines difficiles, y compris la pollution de l’air et du sol, le compactage du sol, la sécheresse et les sels de voirie. La sélection et la plantation des arbres dépendent également du site. Il faut tenir compte des propriétés du sol, de l’humidité, du vent, du gel et de l’exposition à la lumière (Nowak et al., 2010). Les caractéristiques propres aux espèces comme la vitesse de croissance des arbres, la tolérance à l’ombre et l’attrait visuel jouent également un rôle critique dans la sélection des espèces. De plus, prendre en considération les besoins d’entretien est primordial, car cela peut déterminer la durabilité à long terme des forêts urbaines et réduire les coûts de gestion (Almas et Conway, 2016; LSRCA, 2018; Nowak, 2000; Conway et Vander Vecht, 2015).

Sélection des arbres et sites

La sélection des espèces d’arbres doit s’appuyer sur les conditions du site, l’emplacement, la compatibilité des espèces avec le climat local et la zone de rusticité, la taille des arbres, leur forme et leur attrait esthétique pour le public. Autres facteurs à prendre en compte : la vitesse de croissance des arbres, la durabilité environnementale (caractéristiques du sol, pH, taux d’humidité, tolérance aux sels) et la fonction de l’arbre dans l’espace (ombre, esthétique, etc.). En prenant soin de sélectionner les espèces selon ces critères, on peut obtenir des bienfaits secondaires pour la foresterie urbaine en général. Parmi ces bienfaits, on peut citer la réduction des coûts d’entretien à long terme, la création d’une forêt urbaine résiliente aux changements climatiques, des solutions en matière de forêts urbaines apportées aux quartiers et aux collectivités et le maintien de la diversité des espèces d’arbres qui profitent à la faune dans les villes de toutes tailles (Almas et Conway, 2016).

Lors de la phase de conception et de planification de sélection des espèces, les arbres doivent être visualisés à leur taille complète. Cela permet de minimiser les conflits futurs entre les arbres et les structures et de réduire les besoins d’entretien liés à des problèmes inattendus. Le choix d’un arbre qui convient bien aux conditions du sol, à la lumière disponible, à la circulation des piétons, au drainage, à l’espace et au microclimat du site est essentiel pour assurer sa survie à long terme et la sécurité du public (Vibrant Cities Lab, s. d.).

Pour simplifier le processus de décision, les municipalités canadiennes dressent souvent une liste des espèces qui peuvent se développer dans leur milieu urbain spécifique selon les critères de sélection des arbres et leur expérience (voir Ville de Markham, 2009; Ville de Kelowna, 2020; Ville de Toronto, 2021, 2024; Metro Vancouver, 2017; Ville de Québec, s. d.).

Changements climatiques

Lors de la sélection des espèces d’arbres, il est de plus en plus important de tenir compte de leur durabilité climatique à long terme pour prendre les bonnes décisions de plantation. Étant donné que les changements climatiques apportent un temps plus chaud dans de nombreuses villes canadiennes, la pertinence des espèces individuelles va certainement changer au fil du temps (Khan et Conway, 2020). La composition des forêts urbaines doit s’adapter et changer pour anticiper cette tendance. Les conditions climatiques qui conviennent à bon nombre d’espèces d’arbres se déplacent vers le nord beaucoup plus rapidement que les arbres ne peuvent migrer naturellement (Metro Vancouver, 2017). Par conséquent, la sélection des espèces doit prendre en considération les changements climatiques, l’augmentation des températures et les niveaux de tolérance de chaque espèce à ces conditions changeantes.

Pour déterminer la pertinence d’une espèce dans le contexte des changements climatiques, une combinaison de portée historique, d’habitat pertinent actuel et de modèles de projection climatique peut être utilisée comme base d’analyse (LSRCA, 2018). Ce processus permet de déterminer si une espèce se replie vers le nord, persiste ou devient une nouvelle possibilité pertinente. Les arbres et d'autres espèces qui deviennent de moins en moins adaptés à leur milieu peuvent avoir un retard de croissance et une durée de vie plus courte. Les espèces qui persistent en milieu urbain ont tendance à avoir une amplitude écologique et une diversité climatique plus vastes et devraient continuer à se développer dans le futur (Das, Ossola et Beaumont, 2024; Liang et Huang, 2023).

Pour les espèces qui pourraient devenir plus pertinentes à mesure que les changements climatiques progressent, tester leur capacité de survie dans le nouvel environnement en plantant une quantité limitée peut permettre d’éviter une mortalité à grande échelle (LSRCA, 2018). Ces évaluations doivent être mises à jour à mesure que davantage de données sur les différentes espèces et les nouveaux modèles climatiques deviennent disponibles. Avoir de la souplesse dans la modification des programmes de plantation peut contribuer à atténuer le risque d’introduction de nouvelles espèces.

Étant donné que la planification des forêts urbaines est une vision à long terme et que les jeunes arbres mettent plusieurs années à pousser, une collaboration active avec des pépinières peut garantir qu’une quantité suffisante de matériel de reproduction est disponible pour des espèces en particulier. La coordination avec des pépinières peut également mener au partage de connaissances, ce qui peut être une source très précieuse d’information pour mettre en place de nouveaux programmes de plantation ou pour tester de nouvelles espèces (Khan et Conway, 2020; LSRCA, 2018).

Diversité des espèces et composition

La diversité des espèces est essentielle pour créer et entretenir une forêt urbaine résiliente. Grâce à un vaste éventail d’espèces d’arbres, une forêt urbaine peut mieux absorber les chocs provoqués par des ravageurs, des maladies et des changements climatiques. Par exemple, la propagation de l’agrile du frêne a mis en danger environ 20 % de la forêt urbaine de Montréal, et des milliers d’arbres ont été abattus entre 1999 et 2020 (Institut canadien pour des choix climatiques, 2021). Bon nombre des arbres touchés étaient matures avec des canopées développées, ce qui apportait différents bienfaits comme la régulation du climat, la qualité de l’air et la gestion des eaux pluviales qu’un arbre nouvellement planté ne pourrait pas immédiatement remplacer. Les frênes en Amérique du Nord ont été touchés à un rythme similaire voire pire. Cela prouve l’importance de favoriser la diversité des arbres pour renforcer la résilience des forêts urbaines face à l’évolution du climat et des menaces environnementales.

En plus de tenir compte de la diversité des forêts urbaines, les espèces dioïques (arbres mâle et femelle), le sexe des espèces et la diversité globale des arbres doivent être gardés à l’esprit lorsqu’on choisit quels arbres planter. Historiquement, les arbres mâles ont été de préférence plantés en milieu urbain, car ils sont considérés comme moins « désordonnés » et ne produisent pas de fruits ou de graines (Nowak et Ogren, 2021). Les plantes femelles produisent des fruits et des noix et sont une source de nourriture pour les oiseaux et d’autres animaux urbains, mais elles nécessitent plus d’entretien. Ainsi, leur plantation n’a pas été privilégiée pour éviter de devoir ramasser les fruits dans les zones à forte circulation piétonnière. Les études ont montré que la plantation d’arbres principalement mâles dans les villes d’Amérique du Nord a entraîné des concentrations urbaines de pollen plus élevées, et par conséquent, davantage d’allergies saisonnières. Privilégier les arbres mâles a des répercussions à long terme sur les forêts urbaines et la composition des espèces d’arbres, ainsi que sur la résilience aux ravageurs et sur la biodiversité en général en ville. Cela contribue également à une perception nocive des arbres, car la surproduction de pollen peut affecter la santé humaine (Katz, Robinson, Ellis et Nowak, 2024).

Par ailleurs, les arbres urbains plantés le long des rues, des parcs et dans les zones résidentielles et institutionnelles incluent souvent de nombreux cultivars sélectionnés pour leurs caractéristiques spécifiques, comme la vitesse de croissance, la forme de la canopée, la couleur des feuilles et des fleurs, l’absence de fruits, l’attrait visuel ou d’autres propriétés. La prévisibilité de leur croissance et d’autres caractéristiques ainsi que la façon dont ces arbres poussent rendent ces cultivars pertinents pour certains environnements et paysages urbains. Il existe des centaines de cultivars, dont certains ont été plus plantés que d’autres. Cependant, les cultivars sont des clones qui partagent le même matériel génétique, réduisent la diversité génétique et augmentent la vulnérabilité aux ravageurs, aux maladies et aux facteurs de stress environnementaux. S’appuyer largement sur les cultivars peut transformer des portions de la forêt urbaine en monocultures, mais aussi entraîner le développement de monocultures dans les villes (Avolio, 2023; Sacre, 2020; Lohr, Kendal et Dobbs, 2016).

Plantation d’arbres

Avant d’acheter du matériel de plantation d’arbres en pépinière, il convient de vérifier l’absence de dommages et de maladies pour garantir l’établissement et la croissance des arbres. Parmi les problèmes courants, on peut repérer des dommages au niveau du tronc, des branches cassées ou des dommages au système racinaire (International Society of Arboriculture, 2021). La plupart du temps, les arbres de pépinière sont de trois types : motte enveloppée dans de la jute, pot ou racines nues. Chaque type présente des avantages et des inconvénients à la plantation. Il convient de tenir compte des besoins du site ou du projet (International Society of Arboriculture, 2021; Ressources naturelles Canada, 2023). L’Arbor Day Foundation propose un guide utile sur la plantation de chaque type d’arbre de pépinière. Les exigences peuvent varier selon les circonstances. Par exemple, si les arbres sont plantés sous des lignes électriques ou dans des surfaces dures dans des zones intensément urbanisées.

Selon la façon dont les arbres sont emballés et vendus, les méthodes de plantation diffèrent. Les jeunes plants sont souvent en pot, en motte enveloppée dans de la jute ou avec des racines nues. Les racines étrangleuses sont l’une des principales préoccupations pour les arbres en pot. Les masses racinaires doivent être détendues en bas et sur les côtés pour s’assurer qu’aucune racine ne va étouffer la plante (International Society of Arboriculture, 2021a; Arbres Canada, 2023). Pour les arbres en motte enveloppée dans de la jute, il est important de couper la toile de jute et la corbeille de treillis pour éviter que l’emballage n’étrangle progressivement l’arbre lorsqu’il pousse (Arbres Canada, 2023). Pour les plants à racines nues, le plus important est de veiller à ce que les racines ne sèchent pas avant et pendant le processus de plantation (Département de foresterie de Virginie, s. d.). L’objectif ultime de la plantation d’arbres urbains est que les arbres arrivent à maturité et apportent un maximum de bienfaits tels que la séquestration du carbone, l’ombre et la biodiversité. C’est pourquoi la surveillance et l’entretien des jeunes arbres pour qu’ils continuent à se développer et à s’épanouir est une partie impérative de la gestion des forêts urbaines.

Au niveau national
Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Manitoba
Nouvelle-Écosse
Ontario
Québec
Saskatchewan
Non canadiennes
Lectures complémentaires

4.0 Gestion

Plantation sur des surfaces dures

Points saillants

Les arbres urbains ont besoin d’espace

Les arbres apportent des bienfaits écologiques essentiels, mais ils ont du mal à s’épanouir dans les zones urbaines compactées et pavées.

Racines et chaussée

L’espace de sol limité et les surfaces dures causent des dommages aux racines et des problèmes aux infrastructures.

La chaussée limite les bienfaits

Les surfaces dures réduisent les fonctions écologiques et de refroidissement des arbres.

La conception compte

Une planification intelligente, des solutions pour le sol et des surfaces perméables soutiennent des arbres plus sains.

Un soin continu est essentiel

Un entretien à long terme et des solutions propres à chaque site aident les arbres à s’épanouir dans les villes.

À l’heure de l’essor de l’urbanisation et des changements climatiques et environnementaux, des arbres urbains sains à la longue durée de vie sont essentiels pour apporter des services écologiques comme l’amélioration de la qualité de l’air, la gestion des eaux pluviales et la conservation de l’énergie. Toutefois, on ne peut profiter pleinement de ces bienfaits si la croissance des arbres est limitée par un espace ou un sol non adaptés (Mullaney, Lucke et Trueman, 2015a). L’un des défis les plus courants lorsqu’on cherche à établir et à entretenir une forêt urbaine saine, résiliente et fonctionnelle est la lutte constante entre les racines des arbres, les infrastructures grises et les différents revêtements durs. En raison du manque d’espace de croissance, les arbres sont souvent plantés dans des espaces où le sol est limité par les trottoirs, l’asphalte ou le béton. Par conséquent, ces arbres ont souvent un volume de sol limité pour soutenir leur croissance, un accès inadapté aux nutriments et un manque d’oxygène et d’eau pour répondre à leurs fonctions physiologiques de base.

Les conflits avec les structures urbaines, l’espace de croissance limité et les surfaces dures qui recouvrent le système racinaire peuvent entraîner des dommages ou des racines étrangleuses. Cela se traduit souvent par des trottoirs qui se soulèvent lorsque les racines des grands arbres tentent d’accéder aux nutriments et à l’eau (Watson, Hewitt, Custic et Lo, 2014; Mullaney et al., 2015a). Le soulèvement des trottoirs crée des dangers pour la sécurité des piétons, cause des préoccupations pour les propriétaires et les résidents, et a un effet considérable sur la valeur esthétique des espaces publics (Watson et al., 2014).

Selon des études récentes, le revêtement de surface influence grandement la capacité des arbres à fournir des services écologiques. Les surfaces dures environnantes influencent l’effet de rafraîchissement d’un arbre davantage que le choix de l’espèce. Cela prouve l’ampleur que l’effet et les restrictions des revêtements imposent sur la santé des arbres urbains et leur capacité à remplir leurs fonctions écologiques (Konarska et al., 2023).

Planter des arbres dans des surfaces dures et dans le cadre de nouveaux projets d’aménagement peut coûter très cher, et sans une réflexion approfondie en amont, cela peut apporter peu de bienfaits et même devenir un danger. Lorsque la plantation des arbres est soigneusement conçue, planifiée et mise en œuvre, les problèmes liés aux surfaces dures peuvent être évités ou minimisés. Pour garantir la croissance et la survie d’arbres sains, il faut sélectionner les espèces appropriées en fonction de l’espace de croissance disponible, en utilisant une terre adaptée pour encourager la croissance des racines des arbres, en construisant des liens continus entre les fosses de plantation individuelles, en installant des revêtements perméables autour des arbres et en assurant suffisamment d’irrigation.

Des décisions d’aménagement de site et d’utilisation des terres associées à une sélection d’arbres non adaptés et de mauvaises pratiques de plantation peuvent générer des problèmes à long terme. Cependant, les erreurs du passé sont des occasions d’apprentissage pour améliorer les futures pratiques. Par exemple, des études sur les revêtements perméables avec des substrats granulaires profonds ont montré des résultats prometteurs pour atténuer les dégâts sur les trottoirs et les racines des arbres, car ils leur permettent de pousser plus en profondeur. Le revêtement perméable fournit au sol suffisamment d’oxygène, de nutriments et d’humidité pour permettre une croissance plus profonde sans influencer la vitesse de croissance (Lucke et Beechman, 2019). Toutefois, selon le type de sol de la couche de base sous-jacente, l’efficacité du revêtement perméable peut varier (Mullaney et al., 2015b).

Il existe des solutions pour améliorer les conditions de croissance des arbres existants et ainsi leur permettre de vivre plus longtemps et de continuer à fournir des services écologiques. La gestion et l’entretien des arbres pour soutenir la croissance des racines à proximité de surfaces dures comprennent des techniques comme le dépavage, l’aération du sol, l’amélioration du sol, la création de ponts au-dessus des racines et la mise en place de barrières de racines. Cependant, ces interventions sont souvent des solutions à court terme, car les racines continuent à pousser, et les arbres risquent de décliner et de nécessiter d’autres interventions. Cela souligne également la nature constante de la gestion des arbres et le besoin de soins continus (Watson et al., 2014). Il existe des techniques moins coûteuses propres aux sites pour améliorer les conditions de croissance. Par exemple, on peut planter des massifs de fleurs et d’autres végétations autour des troncs d’arbres ou installer des protections ou des grilles sur les fosses de plantation pour réduire le trafic piétonnier autour des arbres tout en améliorant les conditions du sol.

Dans les endroits où le volume et la qualité du sol ne sont pas adaptés, on peut ajouter du sol de structure pour garantir une croissance saine des racines. On a souvent recours à ces solutions dans les milieux très urbains, comme les stationnements et les rues du centre-ville où il y a beaucoup de trottoirs et de circulation. Cette solution de plantation protège le sol de croissance du compactage et est conçue pour apporter les nutriments nécessaires à la croissance des arbres. Les sols structurels coûtent cher à mettre en place, sont difficiles à entretenir et offrent souvent un nombre d’années de croissance aux arbres plus court que sa durée de vie habituelle. Cependant, il s’agit généralement de la seule solution viable dans les milieux urbains très denses où la circulation piétonne est importante.

Canadiennes
Non canadiennes
Lectures complémentaires

4.0 Gestion

Gestion des boisés et des parcs urbains

Points saillants

Boisés

Espaces verts urbains autonomes qui fournissent un habitat pour la faune, des possibilités de loisirs et des bienfaits écologiques aux collectivités urbaines.

Défis

Pollution, contamination, pression des activités récréatives, compactage du sol et prolifération des espèces envahissantes.

Plans de gestion des boisés

Présentent les stratégies explicites de gestion et de conservation, doivent être axés sur des objectifs et basés sur des renseignements et des données spécifiques aux sites.

Les zones naturelles comme les boisés, les ravins et d’autres zones ouvertes qui comprennent de la végétation autonome constituent une composante importante de la forêt urbaine et du tissu d’utilisation des terres. Elles sont composées de végétation naturelle et semi-naturelle et entretenues pour leurs multiples fonctions écologiques et sociales. Les zones naturelles sont gérées au niveau du peuplement (groupe d’arbres). Elles forment une partie essentielle de l’infrastructure urbaine verte et permettent de relier les zones urbaines et les réseaux régionaux (Ville d’Ottawa, 2022; Ontario Nature, 2014). En raison de leur emplacement à proximité des villes et dans les villes, les boisés et les parcs naturels urbains sont également confrontés à de multiples défis anthropogéniques comme la pollution, la contamination et une pression extrême liée aux activités récréatives, ce qui cause le compactage du sol et la prolifération d’espèces envahissantes. Généralement, plusieurs groupes de parties prenantes ont différents besoins et capacités de gestion relativement à ces espaces (Duinker et al., 2017; Miller et al., 2015).

En tant qu’éléments essentiels de la forêt urbaine, les parcs naturels et les boisés urbains présentent une diversité indigène et offrent un habitat faunique, absorbent et filtrent les eaux de pluie et fournissent des possibilités de loisirs à la population. La gestion des boisés et des parcs urbains implique la gestion de plusieurs problèmes fréquents, y compris garantir la sécurité par le biais d’évaluations régulières des risques et des arbres, atténuer les effets des loisirs comme le compactage du sol et l’abandon d’ordures, mais aussi surveiller et gérer les espèces envahissantes pour limiter leur propagation et les répercussions sur les populations de plantes et d’animaux. Les efforts visent également à encourager l’utilisation et l’entretien des espaces par la population en favorisant l’implication dans la plantation d’arbres, la restauration et d’autres initiatives et activités d’intendance, ainsi qu’en protégeant et en restaurant les écosystèmes par la biais d’une surveillance continue et d’initiatives pour renforcer la santé des forêts. En raison de leurs multiples fonctions, facteurs de pression et parties prenantes, les boisés et les parcs urbains doivent être gérés en gardant à l’esprit plusieurs objectifs. Leur gestion doit être basée sur des connaissances et des données détaillées sur leur structure, leur composition et leur santé, ainsi que sur les pressions qu’ils subissent liées à l’utilisation par la population (Duinker et al., 2017).

La gestion des parcs naturels et des boisés comprend plusieurs étapes. Tout d’abord, il est essentiel d’établir des objectifs clairs de gestion pour orienter toutes les mesures qui en découlent. Ces objectifs peuvent inclure l’amélioration de la biodiversité, la promotion des loisirs et les valeurs écologiques, la garantie de la sécurité, la préservation des cultures, ou le stockage du carbone. Établir un inventaire détaillé et informatif qui inclut l’ensemble de la composition de la végétation de la collectivité permet d’avoir les données de base nécessaires pour développer un plan de gestion et de conservation efficace. La collecte de données détaillées permet d’évaluer l’état actuel des boisés et des parcs, y compris leur flore, leur faune, les conditions de leur sol, les ressources en eau et toute répercussion ou infrastructure humaines existantes (Tuckett, 2013; Puric-Mladenovic et Baird, 2017). Des stratégies de gestion et de conservation spécifiques sont élaborées en suivant les objectifs définis et sont basées sur les données d’inventaire et les facteurs de pression environnementaux et anthropogéniques identifiés. Les stratégies de gestion peuvent inclure le contrôle des plantes envahissantes, la gestion des sentiers pour réduire le compactage du sol, la plantation d’espèces indigènes ou l’implication de la population dans les projets de restauration.

Bien que les zones naturelles et les boisés en général puissent présenter des problèmes et possibilités similaires, ceux qui se trouvent en milieu urbain doivent souvent être évalués et gérés selon leurs conditions spécifiques, leur désignation politique ou leur rôle dans l’écosystème urbain local. Par exemple, certains d’entre eux peuvent avoir une plus grande densité de sentiers, des problèmes de broutage par les cerfs et un déclin des espèces d’arbres. D’autres pourraient fournir un habitat pour la faune ou des espèces en péril ou nécessiter des brûlages pour gérer la biodiversité indigène, comme le parc High à Toronto (High Park Nature, 2019).

En matière d’activités de gestion des boisés, des villes comme Guelph, Saskatoon, Winnipeg et Halifax ont orienté leurs plans de gestion pour gérer la propagation de nerprun envahissant à l’aide de stratégies chimiques comme des herbicides et de méthodes physiques comme l’abattage d’arbres (ISC, s. d.). D’autre municipalités ont donné la priorité à la biodiversité et à la conservation dans ces vestiges de boisés naturels (Ville de Toronto, 2019; Ville de Surrey, 2014; Ville d’Edmonton, 2009). Certaines localités d’Ontario s’associent à des établissements universitaires ou à des organisations partenaires menant des initiatives de surveillance et de recherche de la végétation établie pour mieux comprendre et gérer ces zones naturelles (Puric-Mladenovic, 2015; Puric-Mladenovic et Baird, 2017). La gestion des boisés urbains prend différentes formes et doit s’appuyer sur des données détaillées, orientées par des objectifs définis à l’échelle de chaque boisé, et mises à jour régulièrement selon les besoins locaux et la santé écologique.

Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Nouvelle-Écosse
Ontario
Lectures complémentaires
  • Canadian Model Forest Network. (s. d.). The Value of a Woodlot Management Plan. Gouvernement du Canada.
  • Carpentier, S., Filotas, E., Handa, I. T. et Messier, C. (2017). Trade-offs between timber production, carbon stocking and habitat quality when managing woodlots for multiple ecosystem services. Environmental Conservation, 44(1), 14–23.
  • Duinker, P., Lehvävirta, S., Busse Nielsen, A. et Toni, S. A. (2017). Chapter 34 – Urban woodlots and their management. Dans Ferrini, F., Konijnendijk van den Bosch, C.C. et Fini, A. (éd.). (2017). Routledge Handbook of Urban Forestry (1st ed.). Routledge.
  • Invasive Species Council (ISC). (s. d.). Common Buckthorn (Rhamnus cathartica).
  • Miller, R.W. & Hauer, Richard & Werner, Les. (2015). Urban Forestry Planning and Managing Urban Greenspaces (third ed.).
  • O’Brien, J. (2019). Impacts of Urban Forest Structure on Bat Populations in Kitchener, Ontario. Thèse soumise à la Faculté de foresterie, Université de Toronto.
  • Prevost, G. (2018). Victoria Park Woodlot Management Plan, Cambridge, ON. Thèse soumise à la Faculté de foresterie, Université de Toronto.
  • Puric-Mladenovic, D. (2016). Vegetation Sampling Protocol (VSP). Forests and Settled Urban Landscapes.
    • http://forests-settled-urban-landscapes.org/VSP/
  • Rakika, R. (2020). Observed Differences in Woodland Characteristics of Fenced vs Unfenced Woodlands in Mississauga, Ontario. Thèse soumise à la Faculté de foresterie, Université de Toronto.
  • Ricketts-Moncur, G. (2020). Indicators of Natural Cover Quality: Management Applications in the City of Toronto. Thèse soumise à la Faculté de foresterie, Université de Toronto.
  • Shakespeare, M. (2020). The Current State of Natural Succession of Pine Plantations at Huron Natural Area. Thèse soumise à la Faculté de foresterie, Université de Toronto.
  • Tucket, A. S. (2013). A Plant Ecological Study and Management Plan for Mogale’s Gate Biodiversity Centre, Gauteng. Thèse soumise à la Faculté de gestion environnementale, Université d’Afrique du Sud.

4.0 Gestion

Préparation aux urgences

Points saillants

Risque accru

Les catastrophes naturelles comme les inondations, les événements climatiques extrêmes, les températures élevées, les feux, les ravageurs et les maladies sont de plus en plus fréquentes au Canada.

Préparation aux catastrophes

Elle doit faire partie des plans de gestion forestière urbaine pour assurer la résilience en cas de catastrophes et d’urgences.

Gestion et atténuation

Méthodes de prévention comme l’évaluation des risques et la planification, la cartographie des zones à haut risque, les efforts de surveillance et l’entretien proactif.

Stratégies et politiques canadiennes

Importance de la gouvernance et de la coordination entre les différents ordres de gouvernement et services d’urgence.

Dans le domaine de la foresterie urbaine, la préparation aux urgences est primordiale pour protéger les arbres et les boisés ainsi que les collectivités qui en dépendent. Les villes canadiennes sont confrontées à des menaces de plus en plus importantes de catastrophes naturelles (feux de forêt, inondations, chaleur extrême, propagation de ravageurs et de maladies). C’est pourquoi il est essentiel que les pratiques de foresterie urbaine se concentrent sur l’entretien de routine, mais aussi sur la préparation et la résilience.

La tempête de verglas dans l’est du Canada de 1998, les répercussions et la propagation de l’agrile du frêne, la tempête Derecho (Ontario, 21 mai 2022), l’ouragan Juan (Nouvelle-Écosse, 29 septembre 2003) et les feux de forêt de Colombie-Britannique de 2003 illustrent clairement la nécessité pour les municipalités d’intégrer la préparation aux urgences et la gestion des catastrophes aux plans de gestion des forêts urbaines. La préparation aux urgences contribue à limiter les dommages, garantit la sécurité publique et permet de planifier et mettre en œuvre les initiatives de rétablissement à la suite d’une situation d’urgence (Sécurité publique Canada, 2022a).

Incorporer la gestion des catastrophes à la gestion des forêts urbaines inclut plusieurs composantes essentielles à la fois préventives et réactives. Parmi les mesures préventives, on peut citer l’évaluation des risques, la planification et la prévention. L’évaluation des risques inclut l’identification des vulnérabilités et la cartographie des zones à haut risque à l’aide de données d’inventaire et de surveillance, tandis que les mesures de planification et de prévention comprennent les inventaires d’arbres, la surveillance de la santé, l’entretien proactif des arbres (par exemple, l’élagage) et la protection des infrastructures (par exemple, la gestion des arbres à proximité de lignes électriques). Les mesures réactives incluent l’application de plans d’intervention et la coordination de la réponse aux urgences et des efforts de rétablissement. Cela passe par la collaboration avec des agences d’intervention d’urgence et de gestion des terres, la communication avec le public et les évaluations après la catastrophe (par exemple, l’identification des arbres endommagés). Les efforts de rétablissement doivent cibler des stratégies pour replanter des arbres, pour restaurer les terres et affiner la préparation à l’avenir (US Forest Service, s. d.; Smart Trees Pacific, 2013a; Huff, E. et al., 2020). Des plans d’intervention complets en cas d’urgence doivent également inclure des mesures préventives et réactives qui donnent la priorité à la sécurité des équipes et du public pendant et après les urgences (The Arborist Safe Work Practices (ASWP), 2023).

Stratégies de gestion et d’atténuation

Les municipalités doivent allouer les ressources appropriées dans leurs budgets pour se préparer aux catastrophes, y compris en finançant des formations spécialisées pour le personnel en foresterie urbaine. La formation doit couvrir la gestion sécuritaire de situations dangereuses, comme des lignes électriques tombées à terre ou des arbres instables, et l’application de protocoles de santé et de sécurité. Par ailleurs, des exercices et des simulations réguliers permettent de s’assurer que le personnel est bien préparé pour répondre rapidement et efficacement en cas de catastrophe (Gouvernement du Canada, 2024b). Les villes devraient également investir dans des ressources humaines spécialisées dans la gestion des catastrophes au sein du secteur de la foresterie urbaine. Cela comprend des postes chargés de l’évaluation des risques, de la planification des urgences et de la sensibilisation du public à l’importance de l’entretien des arbres dans l’atténuation des catastrophes (Konijnendijk et al., 2021). La collaboration avec des agences locales, les services publics et les organismes communautaires est également essentielle pour garantir une réponse concertée en cas de situation d’urgence.

Les stratégies et politiques canadiennes soulignent par ailleurs l’importance de la gouvernance et de la coordination entre les différents ordres de gouvernement et services d’urgence. Par exemple, la Stratégie canadienne en matière de feux de forêt (Conseil canadien des ministres des forêts, 2016) présente une approche concertée de la gestion des feux de forêt, tandis que Sécurité publique Canada (Sécurité publique Canada, 2022b) fournit des lignes directrices pour la gestion des urgences qui ont des répercussions sur la foresterie urbaine. Les municipalités peuvent aussi bénéficier de programmes provinciaux comme le programme de protection de la santé des forêts de l’Ontario (Gouvernement de l’Ontario, s. d.), qui soutient la gestion des épidémies de ravageurs et de maladies [Voir le chapitre Insectes et maladies].

Il est indispensable d’intégrer la gestion des catastrophes aux plans de gestion des forêts urbaines. De nombreux plans de gestion municipaux des forêts urbaines comprennent une section sur la préparation aux urgences. Les municipalités doivent viser à adopter des stratégies, des politiques et des pratiques robustes pour que les villes puissent mieux protéger leurs forêts urbaines et, par extension leur population, des risques grandissants posés par les catastrophes naturelles.

Au niveau national
Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Nouvelle-Écosse
Ontario
Non canadiennes
Lectures complémentaires
  • Huff, E., Johnson, M., Roman, L., Sonti, N., Pregitzer, C., Campbell, L. et McMillen, H. (2020). A Literature Review of Resilience in Urban Forestry. Arboriculture & Urban Forestry, 46(3), 185–196.
  • Kenney, W. A., van Wassenaer, P. J. E. et Satel, A. L. (2011). Criteria and Indicators for Strategic Urban Forest Planning and Management. Arboriculture & Urban Forestry (AUF), 37(3), 108-117. Consulté au
  • Konijnendijk, C., Nesbitt, L. et Wirtz, Z. (2021). Urban Forest governance in the face of Pulse Disturbances—Canadian Experiences. Arboriculture & Urban Forestry, 47(6), 267–283.
  • Ordóñez, C. et Duinker, P. (2014). Assessing the vulnerability of urban forests to climate change. Environmental Reviews, 22(3), 311–321.

5.0 Législation et mesures de protection

Lois, arrêtés municipaux et règlements habilitants

Points saillants

Politique forestière urbaine au Canada

Manque à l’échelle provinciale et fédérale.

Gestion des forêts urbaines dans les municipalités

Gestion compliquée et fragmentée au sein des municipalités avec un vaste éventail de départements, titres et responsabilités.

Règlements municipaux sur les arbres

Utilisés pour orienter la gestion, la planification, la gouvernance et la législation.

Règlements publics et privés sur les arbres

Utilisés pour réguler les activités liées aux arbres comme l’entretien, la plantation, l’inspection, la surveillance et l’abattage.

Les zones urbaines, bien qu’elles ne représentent qu’environ 1 % des terres au Canada, abritent plus de 80 % de la population et des contribuables. Les zones urbaines et leurs populations servent différents intérêts nationaux et provinciaux, mais il n’existe pas de législation nationale sur les forêts urbaines. Les politiques locales existantes sont décentralisées. Par conséquent, la politique forestière urbaine au Canada est fragmentée entre les municipalités et les ordres supérieurs de gouvernement ne sont pas réellement impliqués (Kenney 2003; Barker et Kenney 2012). Ainsi, la plupart des politiques en matière de forêts urbaines ne sont pas déterminées par les gouvernements à l’échelle provinciale ou nationale, mais par les municipalités (Hudson, 2014). La gouvernance est décentralisée selon trois ordres de gouvernement, ce qui implique que les décisions de gestion et de protection des forêts urbaines sont largement prises à l’échelle municipale.

Les politiques et la gestion des forêts urbaines sont complexes en raison de la multitude de propriétés en milieu urbain, des changements de droits et de responsabilités et de l’intersection des politiques d’aménagement du territoire et des règlements de planification. En réponse aux pressions du public, certaines municipalités adoptent une approche proactive pour protéger les arbres et les forêts urbaines, tandis que d’autres optent pour une position plus réactive, en donnant la priorité au développement plutôt qu’à la préservation de l’environnement. La législation et les règlements sur les arbres urbains peuvent varier grandement entre les municipalités et les zones géographiques. Ces différents règlements et niveaux de gestion ont été recensés dans un projet de 2018 qui mesure l’empreinte environnementale de la foresterie urbaine au Canada (Puric-Mladenovic et Bardekjian, 2023a, b). Cet outil sert de ressource pour les petites et moyennes municipalités qui cherchent à lancer de nouveaux programmes de foresterie urbaine ou à développer des initiatives déjà existantes.

Les programmes municipaux de foresterie urbaine ont un vaste éventail de domaines et responsabilités de gestion comme la gestion des arbres dans les rues, l’abattage d’arbres dangereux et la plantation d’arbres dans de nouveaux lotissements. Il existe différentes politiques liées aux arbres et aux forêts urbaines, qui sont toutes adoptées par les municipalités comme outils visant à protéger les arbres et à réguler les dommages qui leur sont causés. On compte neuf principaux domaines de politique municipale liés aux arbres et aux forêts urbaines au Canada : (1) politique liée aux permis pour les arbres (p. ex. permis d’abattage, permis de récolte et certificat d’autorisation), (2) politique liée aux normes en matière d’arbres dans les nouveaux lotissements (p. ex. spécifications pour le développement, évaluation du paysage, zone tampon), (3) politiqué liée aux lignes directrices de plantation d’arbres, (4) politique liée au choix des espèces d’arbres (p. ex. liste des espèces recommandées et interdites), (5) politique liée aux arbres sur les boulevards, (6) politique liée aux arbres commémoratifs, (7) politique liée à la protection des arbres patrimoniaux et du patrimoine naturel, (8) politique liée à la plantation d’arbres indigènes et (9) politique liée à la plantation d’arbres qui apportent de l’ombre (Puric-Mladenovic et Bardekjian, 2023a).

Règlements municipaux

Les règlements sur les arbres sont créés par les municipalités et mis en œuvre dans les limites municipales. Ces règlements soutiennent des activités sûres, durables et légales au Canada et sont souvent rédigés conformément aux lois sur la propriété privée et aux plans de gestion forestière et d’aménagement du territoire des villes. Par exemple, les règlements sur les arbres mentionnent les activités interdites, les exemptions, les exigences de permis et l’application des règles par l’intermédiaire de processus obligatoires, d’amendes fixes et de pénalités (Ville de Guelph, 2010). Les règlements sur les arbres, selon leurs implications, relèvent de différentes lois provinciales. Souvent, les plans municipaux incluent également des dispositions pour consulter le public sur les politiques relatives aux arbres (CEN, s. d.). En Colombie-Britannique, la charte communautaire fait office de « règlementation cadre » et en Ontario, la Loi de 2001 sur les municipalités donne le pouvoir aux municipalités de promulguer des règlements sur les arbres. À Terre-Neuve, le New Urban and Rural Planning Act est la législation habilitante qui établit le système d’aménagement du territoire de la province. Elle permet de préparer une variété de documents de planification, d’approbation de subventions et de mise en œuvre et fournit des renseignements au public et un processus d’appel par lequel les décisions de développement peuvent être soumises à un examen indépendant (De Santis, 2020). Cette loi sert de législation cadre pour la gestion de la planification urbaine et rurale (Puric-Mladenovic et Bardekjian, 2023).

L’étude de Puric-Mladenovic et Bardekjian (2023b) montre qu’il existe un large éventail de règlements relatifs aux arbres dans les municipalités canadiennes. Plus d’un cinquième (22,8 %) des municipalités interrogées en 2018 avait promulgué des règlements sur les arbres privés en réponse au besoin municipal de réguler les dommages infligés aux arbres et l’abattage. Parmi les municipalités interrogées, 18,3 % disposaient de règlements sur les arbres publics ou de rue. Sans surprise, la plupart des 146 municipalités canadiennes qui ont promulgué des règlements sur les arbres publics se trouvent dans les provinces les plus urbanisées comme l’Ontario (26 %), suivi de la Colombie-Britannique (24 %) et du Québec (17 %). Parmi les 182 municipalités qui ont des règlements sur les arbres privés, la majorité sont situées au Québec (57,7 %), en Colombie-Britannique (22 %) et en Ontario (13,7 %).

Selon une étude récente, en Ontario, les municipalités les plus peuplées ont tendance à avoir plus de règlements sur les arbres, ce qui suggère l’influence de différents facteurs comme davantage de financement, une volonté politique plus marquée, une plus grande capacité en matière de conformité et d’application et une pression plus forte du public (Yung, 2018). Par ailleurs, l’étude soulignait les différences importantes dans les types de règlements et politiques dans les municipalités en Ontario. Ces différences reflètent une approche réactive et fragmentée de la protection des arbres où chaque municipalité adopte ses propres stratégies et réglementations uniques.

Les règlements sur les arbres publics régissent les activités sur les propriétés publiques et menées par la ville, comme les pratiques des services publics d’électricité, les activités d’aménagement paysager, la gestion des ravageurs, la construction et la planification du développement résidentiel, industriel et commercial (Ville d’Edmonton, 2019). Les règlements sur les arbres privés régulent les activités liées aux arbres sur les propriétés privées comme la coupe d’arbres, l’élimination des arbres, l’écimage (le sectionnement de grandes portions de la cime d’un arbre) et les pratiques de construction (Conway et al., 2022). Certaines municipalités comme le comté de Prince George dans le Maryland, aux États-Unis, disposent de règlements sur le remplacement du couvert forestier, exigeant que plusieurs arbres soient plantés pour compenser l’élimination de vastes pans de la canopée ou de grands arbres anciens (Dalke et Hawkins-Nixon, 2012). Ces règlements « sans perte nette » ou avec « gain net » contribuent à préserver et même renforcer le couvert forestier urbain tout en autorisant les opérations d’entretien et d’élimination habituelles des arbres lorsqu’elles sont nécessaires.

Les municipalités reconnaissent par ailleurs de plus en plus la valeur des boisés, de la biodiversité, des habitats pour la faune et des services des écosystèmes dans leurs règlements sur les arbres. Par exemple, le règlement sur la préservation des arbres de la Ville de Peterborough (règlement no 17-120) reconnaît explicitement les bienfaits environnementaux, esthétiques et de santé publique des arbres. Le règlement régule également l’abattage des arbres et les dommages qu’ils subissent sur les propriétés privées. De la même façon, la politique sur la foresterie urbaine de la Ville d’Orangeville met l’accent sur les bienfaits pour l’environnement, l’économie et la santé apportés par les arbres (Yung, 2018).

Au Québec, de nombreuses municipalités ont adopté des règlements qui nécessitent des permis et des certificats pour l’entretien des arbres. Ces règlements contiennent des dispositions explicites concernant l’« obligation d’obtenir un certificat d’autorisation pour abattre un arbre ». En Ontario, 23,2 % des municipalités (103 sur 444) avaient des politiques sur les arbres spécifiques en 2018. Ces politiques abordent un vaste éventail de disciplines et de départements municipaux, comme des lignes directrices pour les arbres et l’aménagement paysager, des spécifications pour la plantation d’arbres et d’arbustes dans les municipalités et des lignes directrices pour la préservation des arbres et le défrichage pour les nouveaux développements (Puric-Mladenovic et Bardekjian, 2023b). Cependant, 74,5 % des municipalités ontariennes (331 sur 444) n’avaient aucun règlement sur les arbres en 2018.

En 2018, au Québec, 44,2 % des municipalités (106 sur 240) disposaient de règlements sur les arbres (privés ou publics). Le règlement sur les arbres a été promulgué dans le cadre d’une loi sur le zonage qui régit l’abattage et la plantation des arbres en milieu urbain (p. ex. dans les zones résidentielles) et industriel. Ces règlements établissent des règlementations et des lignes directrices pour la coupe ou la plantation des arbres, qui nécessitent que les propriétaires présentent une demande de permis ou de certificat d’autorisation. Au Québec, un règlement visant à stopper la propagation de l’agrile du frêne a été voté dans les dernières années, et environ 8 % des municipalités (19 sur 240) québécoises disposaient d’un tel règlement en 2018.

En Saskatchewan, approximativement 26 % des municipalités (6 sur 23) ont adopté le règlement sur la foresterie urbaine ou le règlement sur la politique visant les arbres urbains. Il existe des règlements provinciaux relatifs aux arbres urbains (p. ex. le règlement sur la maladie hollandaise de l’orme en Saskatchewan), qui donnent lieu à des programmes de foresterie urbaine plus normalisés (comme les programmes de gestion de la maladie hollandaise de l’orme partout dans la province). Ces règlements et ces arrêtés sont essentiels pour l’entretien et la gestion des forêts et des arbres urbains au Canada.

Au niveau national
Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Île-du-Prince-Édouard
Manitoba
Nouveau-Brunswick
Nouvelle-Écosse
Ontario
Québec
Saskatchewan
Terre-Neuve-et-Labrador
Non canadiennes
Lectures complémentaires
  • Andresen, J. W. (1977). Urban Forestry Legislation in Ontario. The Forestry Chronicle, 53(5), 291-293.
  • Barker, E. J. et Kenney, W. A. (2012). Urban forest management in small Ontario municipalities. The Forestry Chronicle, 88, 118-123.
  • Conway, T.M., Khatib, J.K., Tetreult, J. et Almas, A.D. (2022). A Private Tree Bylaw’s Contribution to Maintaining a Diverse Urban Forest: Exploring Homeowners’ Replanting Compliance and the Role of Construction Activities in Toronto, Canada. Arboriculture & Urban Forestry, 48(1), 9-26.
  • Conway, T.M. et Urbani, L. (2007). Variations in municipal urban forestry policies: A case study of Toronto, Canada. Urban Forestry & Urban Greening, 6(3), 181-192.
  • De Santis, J. (2020). Impact of Residential Intensification on Urban Forest in the Long Branch Neighbourhood, Toronto. Thèse soumise à la Faculté de foresterie, Université de Toronto.
  • Hudson, B. (2014). Institutions, law, and the political ecology of urban forests: A comparative approach. Dans : Urban Forests, Trees, and Greenspace - A Political Ecology Perspective. Éditeur : Routledge, édité par : Sandberg, A. L., Bardekijan, A., Butt, S., Pages 61-76.
  • Kenney, W. A. (2003). A strategy for Canada’s urban forests. The Forestry Chronicle, 79, 785-789.
  • Puric-Mladenovic, D. et Bardekjian, A. (2023a). Canada’s Urban Forest Footprint: Mapping the Extent and Intensity of Urban Forestry Activities. Forests in Settled & Urban Landscapes applied science and research lab. Faculté Daniels, Université de Toronto. Faculté d’architecture, de paysagisme et de design John H. Daniels, Université de Toronto.
  • Puric-Mladenovic, D. et Bardekjian, A. C. (2023b). Canada’s Urban Forestry Footprint.
  • Yung, Y. K. (2018). State of Urban Forest Policy and By-laws across Ontario Municipalities. Thèse soumise à la Faculté de foresterie, Université de Toronto.

5.0 Législation et mesures de protection

Protection des arbres pendant des travaux et conflits avec les fondations d’un bâtiment

Points saillants

Les travaux de construction ont des répercussions importantes sur les arbres urbains

Les activités comme l’excavation, le creusement de tranchées et l’utilisation de machinerie à proximité des arbres peuvent causer le compactage du sol et des dommages aux racines, ce qui mène souvent au déclin de la santé des arbres à long terme, voire à leur mort.

Les dommages aux arbres n’apparaissent souvent que des années plus tard

Les signes de déclin liés à des dommages causés par des travaux de construction (comme le dépérissement de la cime ou la vulnérabilité aux ravageurs) n’apparaissent pas toujours immédiatement et peuvent prendre plusieurs années à se manifester, surtout dans des conditions environnementales stressantes comme la sécheresse.

Une protection des arbres proactive est essentielle

Une évaluation des arbres avant les travaux et des plans de protection (p. ex. des barrières, des règlements ou des zones de protection des racines) améliorent grandement le taux de survie des arbres et l’intégrité de la canopée urbaine.

En ville, les arbres et les infrastructures peuvent être en conflit

Les arbres plantés trop près des bâtiments peuvent endommager les fondations et la chaussée, en particulier lorsque la croissance des racines est stimulée par l’humidité dans les fissures structurelles.

Le type de sol a son importance

Dans les sols argileux, les arbres situés à proximité des structures peuvent exacerber les mouvements et le tassement du sol. C’est pourquoi il est indispensable de bien sélectionner les espèces et de prêter attention à la distance de plantation.

Protection des arbres et travaux

Dans les zones urbaines, les activités de développement sont souvent en concurrence avec les arbres en raison du manque d’espace. Les arbres urbains sont souvent touchés par l’entretien des infrastructures, l’expansion des services publics dans le sol ou les travaux de construction. Lorsque des travaux ont lieu dans une zone où se trouvent des racines d’arbres ou à proximité, l’enlèvement du sol, les tranchées, l’équipement lourd et la circulation piétonne intense peuvent entraîner un compactage du sol et endommager les racines (Despot et Gerhold, 2003). Parfois, des mouvements non intentionnels d’équipement lourd peuvent également entraîner des dommages mécaniques aux parties des arbres situées au-dessus du sol. Par exemple, des activités courantes de construction comme le pavage, l’installation (ou la réinstallation) de trottoirs, les excavations, les tranchées et les élargissements de route nécessitent plusieurs engins qui peuvent gravement toucher les arbres existants (Despot et Gerhold, 2003).

Sans protection adaptée durant les travaux, les arbres peuvent être endommagés, ce qui entraîne un déclin de leur santé potentiellement mortel. Dans le pire des cas, ces blessures peuvent mener à des dommages fonctionnels et structurels qui se présentent sous la forme d’un feuillage affaibli, d’un déclin de la canopée, de pourriture ou de moisissure, voire de la mort de l’arbre (Hauer et al., 2020; North et al., 2017). Les dommages aux racines causés par le compactage peuvent avoir des répercussions sur l’accès de l’arbre à l’eau et aux nutriments, ce qui à terme peut mettre en danger sa santé, sa longévité et sa capacité à se rétablir (Fini et al., 2020). Dans de nombreux cas, cela peut prendre des années pour remarquer le déclin et la mort d’un arbre (Fini et al., 2020). Il a été prouvé que les arbres situés dans des zones de travaux enregistrent un taux de mortalité annuel plus élevé et sont en moins bonne santé que les autres (Hauer et al., 2020; Hilbert et al., 2019). Les arbres exposés à des dommages liés à des travaux dans le passé sont également plus vulnérables à d’autres facteurs de stress environnementaux et biologiques. Par exemple, un arbre stressé pendant des travaux ne montrera pas forcément de signes évidents de déclin avant une période de sécheresse, qui causera la défoliation de la cime et, à terme, d’autres problèmes de santé comme le dépérissement terminal, la perte de branches et une vulnérabilité grandissante aux insectes et aux maladies (Fini et al., 2020). Cela pourra sembler être un déclin soudain, mais en raison de la réduction des racines liée aux travaux, l’arbre déjà stressé a un accès limité à l’eau, à l’oxygène et aux nutriments et ne peut plus supporter aucun stress environnemental supplémentaire. Cependant, le taux de déclin des arbres après des travaux dépend de nombreux facteurs comme l’âge des arbres, les espèces, l’ampleur et la nature des dommages, l’état de santé des arbres avant les travaux, et les soins accordés à la fin des travaux (North et al., 2017; Fini et al., 2020).

L’évaluation des espaces verts et des arbres, ainsi que la mise en œuvre de stratégies pour sauver et protéger les arbres urbains doivent constituer une part essentielle du développement urbain. Une évaluation doit être réalisée avant de commencer les travaux pour s’assurer de la conservation et de la préservation des arbres existants, et ainsi maintenir le couvert forestier urbain et son intégrité. Des études ont démontré qu’investir dans la protection des arbres matures a des effets positifs sur l’ensemble du couvert forestier dans les milieux urbains (Benson, Koeser et Morgenroth, 2019a). Les études sur les forêts urbaines ajustent constamment leurs recommandations sur la protection des arbres en fonction des dommages causés aux racines émergentes et des études sur la santé des arbres. Par exemple, Benson et al. (2019a) recommandent de prévoir une zone de protection équivalant à 15 fois le diamètre de l’arbre en question pour garantir sa santé. Les arbres matures embellissent les espaces publics, mais ils offrent également des services aux écosystèmes et aux infrastructures qui ne peuvent pas être facilement remplacés (Hotte et al., 2015). Toutefois, des questions demeurent toujours sur l’étendue appropriée de la zone de protection des arbres, et ce type de recherche continue pour faire progresser les connaissances en la matière (Benson et al., 2019a; Ville de Toronto, 2016; Matheny et Clark, 1998).

Parmi les meilleures pratiques de gestion pour protéger les arbres durant des travaux, on peut citer les règlements de protection des arbres spécifiques aux travaux, des plans de chantier qui garantissent un espace adéquat pour les racines des arbres ainsi que des mesures de protection des arbres, du sol et des racines. Plusieurs grandes municipalités canadiennes rendent ces mesures obligatoires. On les retrouve dans des règlements, des lignes directrices et des plans de gestion de la forêt urbaine visant la protection des arbres (Yung, 2018). Les plans de protection des arbres prévoient souvent des barrières physiques à une certaine distance autour des arbres qui restreignent généralement l’accès à leur système racinaire et leur tronc. Ces barrières protègent le sol autour de l’arbre du compactage et peuvent aussi prévenir les dommages causés par l’équipement lourd. Les documents de chantier détaillent souvent ce qui peut être fait ou non à une certaine distance de chaque arbre (Despot et Gerhold, 2003). Les techniques et lignes directrices de protection des arbres s’appuient sur des recherches qui ont mesuré la santé des arbres pendant plusieurs années voire décennies après des travaux (Hauer et al., 2020; Fini et al., 2020). Dans certains cas où une expertise complémentaire est nécessaire, un arboriste ou un forestier professionnel peut formuler des recommandations liées à la protection et à la préservation des arbres à proximité des chantiers.

Arbres et fondations de bâtiments

Un grand nombre d’arbres urbains sont plantés trop près de bâtiments ou d’autres infrastructures grises. Cela peut être dû à un manque d’espace, un manque de connaissances concernant le développement des arbres au fil du temps, des plans de conception qui ne considèrent pas les arbres comme des organismes vivants ou une sélection inappropriée d’espèce pour l’espace donné. Par conséquent, les arbres poussent souvent en confit avec des structures et ont le potentiel de causer des dommages directs ou indirects aux structures urbaines. Par exemple, il y a un conflit direct entre un arbre et une structure lorsque le tronc de l’arbre pousse vers un bâtiment ou lorsque les racines d’un arbre soulèvent un trottoir (Overkeke, 2008; Day, 1991). Quand les racines d’un arbre cherchent de l’eau, de l’air et des nutriments, elles peuvent pousser dans des endroits indésirables. C’est souvent le cas lorsqu’il y a des fissures dans les structures ou les trottoirs, ce qui laisse l’humidité s’infiltrer. Cela peut être évité en prenant en compte la taille adulte d’un arbre avant sa plantation, y compris l’ampleur de la zone racinaire, et en sélectionnant les bonnes espèces pour l’espace (Overkeke, 2008).

Les racines des arbres peuvent contribuer à l’établissement de substrats sous les fondations du bâtiment et autour. Selon des études, une combinaison de sol argileux, de la proximité des arbres par rapport aux structures et de la qualité des travaux peut mener à des dommages indirects sur les bâtiments au fil du temps (Navarro et al., 2009; Overkeke, 2008; Day, 1991; Vorwerk, Cameron et Keppel, 2015). Le sol argileux est particulièrement sujet au rétrécissement et à l’expansion, ce qui peut entraîner davantage de mouvement autour des bâtiments quand ils s’établissent et créent un espace où les racines de l’arbre peuvent se développer (Overkeke, 2008; Vorwerk, Cameron et Keppel, 2015). Lorsque les arbres sont plantés trop près des fondations, ils peuvent influer sur la quantité d’eau extraite du sol (en particulier les sols argileux) et mener à davantage de mouvements de racines au fil du temps. Puisque les exigences en matière d’eau des arbres dépendent des espèces, le type de sol et les espèces doivent être pris en compte lors de l’élaboration du plan de plantation. Planter des arbres à distance des bâtiments ou des structures est une bonne mesure de prévention dans les terrains argileux. Une exception toutefois à cette recommandation : les voies de chemin de fer et les berges verticales basés sur des sols argileux, où la végétation apporte une stabilité nécessaire (Vorwerk, Cameron et Keppel, 2015). Enfin, étant donné que les structures aux fondations peu profondes sont particulièrement vulnérables aux dommages, les solutions d’infrastructure comme des fondations avec un périmètre plus profond sont également une mesure de prévention efficace (Day, 1991).

Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Nouvelle-Écosse
Ontario
Non canadiennes
Lectures complémentaires
  • Benson, A., Koeser, A. et Morgenroth, J. (2019a). Responses of mature roadside trees to root severance treatments. Urban Forestry & Urban Greening, 46.
  • Benson, A., Koeser, A. et Morgenroth, J. (2019b). A test of tree protection zones: Responses of Quercus virginiana Mill trees to root severance treatments. Urban Forestry & Urban Greening, 38, 54-63.
  • Day, R. (1991). Damage of Structures due to Tree Roots. Journal of Performance of Constructed Facilities, 5(3).
  • Despot, D., Gerhold, H. (2003). Preserving trees in construction projects: Identifying incentives and barriers.Journal of Arboriculture, 29(5), 267-275.
  • Fini, A., Frangi, P., Mori, J., Sani, L., Vigevani, I. et Ferrini, F. (2020). Evaluating the effects of trenching on growth, physiology and uprooting resistance of two urban tree species over 51-months. Urban Forestry & Urban Greening, 53, 126734.
  • Grahn, P., Stigsdotter, U. (2003). Landscape Planning and Stress. Urban Forestry and Urban Greening,2, 1-18.
  • Hauer, R. J., Koeser, A. K., Parbs, S., Kringer, J., Krouse, R., Ottman, K., … Werner, L. P. (2020). Long-term effects and development of a tree preservation program on tree condition, survival, and growth. Landscape and Urban Planning, 193, 103670.
  • Hilbert, D. R., Roman, L. A., Koeser, A. K., Vogt, J. et van Doorn, N. A. (2019). Urban Tree Mortality: A Literature Review. Arboriculture & Urban Forestry, 45 (5) 167-200.
  • Hotte, N., Barron, S., Cheng, Z., Nesbitt, L. et Cowan, J. (2015). The Social and Economic Values of Canada's Urban Forests: A National Synthesis.
  • Matheny, N. et Clark, J. (1998). Trees and Development: A Technical Guide to Preservation of Trees during Land Development. International Society of Arboriculture.
  • Navarro, V., Candel, M., Yustres, Á., Alonso, J. et García, B. (2009). Trees, lateral shrinkage and building damage. Engineering Geology, 108(3), 189-198.
  • Overbeke, C. (2008). Do trees really cause so much damage to property? Journal of Building Appraisal, 3(4), 247-258.
  • Sorvig, K. et Thompson, J. W. (2018). Sustainable Landscape Construction: A Guide to Green Building Outdoors (3rd ed.). Washington, DC : Island Press.
  • Vorwerk, S., Cameron, D. et Keppel, G. (2015). Chapter 22 - Clay Soil in Suburban Environments: Movement and Stabilization through Vegetation. Dans B. Indraratna, J. Chu et C. Rujikiatkamjorn (éd.), Ground Improvement Case Histories (pp. 655-682): Butterworth-Heinemann.
  • Watson, G., Hewitt, A., Custic, M. et Lo, M. (2014). The management of tree root systems in urban and suburban settings: A review of soil influence on root growth. Arboriculture & Urban Forestry, 40(4).
  • Watson, G., Neely, D. (1995). Trees and Building Sites: Proceedings of an International Conference Held in the Interest of Developing a Scientific Basis for Managing Trees in Proximity to Buildings. International Society of Arboriculture, Champaign, IL.
  • Yung, Y. K. (2018). State of Urban Forest Policy and Bylaws across Ontario Municipalities (thèse).

6.0 Stress sur la forêt urbaine

Stress abiotiques des forêts urbaines

Points saillants

Principaux stress abiotiques

Compactage du sol, pollution de l’air, sels de déverglaçage, métaux lourds, sécheresses, dommages mécaniques.

Stratégies d’atténuation

Solutions d’infrastructure vertes, sélection d’espèces d’arbres résilientes et entretien régulier des arbres.

Effets cumulatifs

Multiples stress abiotiques.

Gestion

Gestion intégrée, aménagement paysager, normes de plantation d’arbres.

Les arbres urbains sont confrontés à de nombreux stress abiotiques qui ont des conséquences importantes sur leur santé, leur croissance et leur longévité. Ces stress incluent un volume de sol limité, le compactage du sol, la pollution de l’air, les sels de déverglaçage, les métaux lourds, la sécheresse, les dommages mécaniques, la pollution lumineuse et l’effet d’îlot de chaleur urbain, pour n’en citer que quelques-uns. Les conditions locales des milieux urbains intensifient la magnitude de ces facteurs de stress et leur effet sur les arbres. Comprendre et gérer ces effets cumulatifs est essentiel pour la durabilité des forêts urbaines (Collins, 2007).

Le compactage du sol et un volume de sol inadapté sont des défis récurrents pour les arbres dans les zones bâties. Des conditions de sol défavorables et un espace limité pour les racines ont des répercussions négatives sur la croissance durable des racines des arbres et leurs fonctions physiologiques en raison d’une quantité limitée d’oxygène, d’un volume d’eau restreint et de la disponibilité des nutriments. Par exemple, le compactage du sol augmente la masse volumique et réduit les espaces poreux du sol, ce qui limite la croissance des radicelles absorbantes essentielles pour l’absorption de l’eau et des nutriments. À terme, cela rend les arbres plus vulnérables à la sécheresse et à d’autres facteurs de stress, qui peuvent mener au déclin prématuré des arbres urbains au fil du temps et menacer la santé globale et la résilience de la forêt urbaine (Cushing, 2009; Jim, 2023).

La pollution de l’air, y compris la matière particulaire, l’ozone, le dioxyde de soufre et les oxydes d’azote, a des répercussions sur les arbres urbains, dont elle réduit l’efficacité photosynthétique et la croissance. Il a été prouvé que les arbres exposés à des niveaux élevés de pollution de l’air peuvent présenter des symptômes comme la chlorose, une taille de feuilles réduite et une chute des feuilles prématurées, ce qui affaiblit les arbres et les rend plus vulnérables à d’autres facteurs de stress (Grote, 2016; Moore, 2023).

Le recours aux sels de déverglaçage est un autre facteur de stress qui pose une menace importante pour les arbres urbains au Canada. Les sels de voirie, notamment le chlorure de sodium, s’accumulent dans le sol, ce qui provoque un stress osmotique et de la toxicité. Il existe plusieurs symptômes d’une utilisation excessive des sels de voirie sur les arbres : brûlure des feuilles, croissance limitée, voire mort, en particulier dans les zones mal drainées (Equiza et al., 2017; Gouvernement du Canada, 2015). Limiter l’application de sels de voirie, utiliser d’autres solutions de déverglaçage comme le sable, choisir des espèces tolérantes aux sels et désigner des paysages pour minimiser l’écoulement des sels sont des stratégies efficaces qui aident à soutenir les forêts urbaines (Gouvernement du Canada, 2015; Association des transports du Canada (ATC), 2024).

Les arbres urbains, en particulier ceux qui se trouvent à proximité de la circulation et de sites industriels, accumulent souvent des métaux lourds dans leurs organismes, ce qui cause de la toxicité et entraîne une croissance perturbée. Ces contaminants peuvent réduire la vitesse de croissance, causer une décoloration des feuilles, exercer un stress sur les arbres et augmenter leur vulnérabilité aux ravageurs et aux maladies. Des études ont démontré qu’on trouve de plus grandes concentrations de métaux lourds comme le cuivre, le mercure, le manganèse, le nickel, le plomb et le zinc dans l’écorce des arbres qui poussent à proximité des rues, ce qui contribue à un stress physiologique à long terme et à une croissance limitée (Nechita et al., 2021; Yousaf et al., 2020; Kargar, 2013). Il est essentiel de suivre et gérer la qualité du sol régulièrement, de restaurer les sites contaminés lorsque cela est nécessaire, et de sélectionner des espèces d’arbres tolérantes aux polluants (Nechita et al., 2021).

La sécheresse est un facteur de stress courant dans les zones urbaines, en particulier l’été lorsque la disponibilité d’eau est limitée. Les arbres urbains, déjà stressés par les mauvaises conditions du sol et les surfaces imperméables, sont davantage sujets à la sécheresse, ce qui limite leur croissance et peut causer leur dépérissement, voire leur mort. L’effet d’îlot de chaleur urbain exacerbe ces conditions en augmentant les températures dans les zones urbaines et en accélérant la perte d’eau par le biais de l’évapotranspiration (Dale et Frank, 2022). Ce phénomène est particulièrement préoccupant dans le contexte des changements climatiques qui intensifient les vagues de chaleur et d’autres facteurs de stress pour les arbres urbains, ce qui les affaiblit et augmente leur vulnérabilité aux maladies et aux ravageurs (Duinker et al., 2015; Ziter et al., 2019). Grâce à une sélection d’espèces résistant à la sécheresse, à une irrigation efficace et au recours au paillage, on peut renforcer la capacité de rétention d’eau des sols urbains et réduire les répercussions de la sécheresse (Saddle Hills County, s. d.).

Les dommages mécaniques liés aux travaux, les effets des véhicules et un élagage inapproprié sont également courants en milieu urbain. Ces blessures deviennent des points d’entrée pour les pathogènes, ce qui entraîne le pourrissement et un affaiblissement de la structure, réduisant de façon considérable la durée de vie de l’arbre (Krige, 2024). Par exemple, des dommages mécaniques ont été identifiés comme une menace importante pour la forêt urbaine à Toronto, ce qui nécessite des stratégies réfléchies de gestion et d’atténuation comme le recours à des barrières physiques ou des clôtures autour des arbres, l’élagage des arbres préoccupants et le traitement de la blessure ou du sol après les travaux (Ville de Toronto, 2017; Krige, 2024; Shinwary, 2021; Fraedrich, s. d.). Afin de réduire les dommages mécaniques, il est essentiel de mettre en place des mesures de protection, comme des corsets d’arbres et de sensibiliser le public et la profession aux bonnes pratiques d’entretien des arbres. Des inspections et un entretien réguliers peuvent aussi contribuer à repérer et gérer les blessures mécaniques avant qu’elles n’entraînent des problèmes plus graves (Ville de Toronto, 2017; Krige, 2024; Shinwary, 2021).

D’autres facteurs de stress sont également négligés, comme la lumière artificielle et l’urine des chiens. La lumière artificielle peut perturber les cycles de croissance naturels des arbres urbains, en interférant avec la photosynthèse et la respiration. Il a été démontré qu’une exposition excessive à la lumière pouvait retarder la chute des feuilles, perturber la floraison et réduire la vigueur globale. Les arbres sont ainsi affaiblis et davantage sujets à d’autres facteurs de stress (Meng et al., 2022). Utiliser des protections contre la lumière, ajuster la durée de l’éclairage et choisir des espèces moins sensibles aux fluctuations de lumière peut atténuer les effets de la pollution lumineuse (Meng et al., 2022). L’urine des chiens est un stress abiotique lié à l’augmentation de la densité de la population urbaine, et par conséquent, des propriétaires de chiens. Selon des études, même si le dépôt et la « fertilisation » de l’urine des chiens sont localisés en raison de ses hautes concentrations en nitrate, en ammonium et en phosphore, cela peut avoir un effet négatif sur les sols et les arbres. Les sols sur lesquels les chiens urinent présentent également une concentration en sel considérablement plus élevée (plus faible potentiel osmotique), ce qui complique la tâche aux arbres, en particulier les plus jeunes, pour accéder à l’eau (De Frenne, 2022).

Des stratégies comme renforcer le couvert forestier, utiliser des matériaux réfléchissants dans les conceptions urbaines et créer des infrastructures vertes qui rafraîchissent l’environnement urbain peuvent être utilisées pour atténuer l’effet de la chaleur sur les arbres. Les solutions d’infrastructures vertes, comme les jardins de pluie et les trottoirs perméables, contribuent également à réduire le stress lié à la chaleur (Dale et Frank, 2022; Ziter et al., 2019). Ces stratégies profitent aux arbres et améliorent la qualité de vie générale en ville en réduisant la chaleur et en assainissant l’air (Dale et Frank, 2022).

De plus, il faut donner la priorité à des espèces résilientes capables de supporter un vaste éventail de conditions environnementales. Sélectionner des espèces d’arbres qui tolèrent des conditions urbaines est primordial. Par exemple, on a observé que des espèces comme le ginkgo (Ginkgo biloba), le févier épineux (Gleditsia triacanthos), les chênes (Quercus spp.) et les ormes (Ulmus spp.), ainsi que le chicot févier (Gymnocladus dioicus) et le chêne rouge d’Amérique (Quercus rubra) semblent être plus résilientes aux facteurs de stress urbains comme la sécheresse, le compactage du sol et la pollution (Carol-Aristizabal, 2024; Credit Valley Conservation, 2022).

Étant donné les interactions complexes entre les stress abiotiques et la santé des arbres urbains, des approches de gestion et de planification intégrées sont nécessaires pour assurer la résilience des forêts urbaines. Une surveillance régulière et une gestion flexible garantissent leur durabilité à long terme. Par ailleurs, l’aménagement paysager associé à une sélection stratégique des espèces et à des normes de plantation peut minimiser l’infiltration des sels et la contamination du sol.

Les facteurs de stress abiotique sur les arbres et la gestion des arbres dans de telles conditions sont pris en considération dans les plans et mesures de gestion de la forêt urbaine de nombreuses villes canadiennes [Voir le chapitre Planification de la gestion forestière urbaine]. Une gestion bien planifiée qui comprend des activités régulières d’entretien, comme l’élagage, l’arrosage durant les périodes de sécheresse et la surveillance de la santé des arbres, est essentielle pour faire face aux effets cumulatifs des stress abiotiques. En adoptant des pratiques exemplaires de gestion en foresterie urbaine, les villes canadiennes veillent à ce que leurs forêts urbaines continuent d’apporter des bienfaits écologiques, sociaux et économiques à long terme.

Au niveau national
Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Manitoba
Ontario
Non canadiennes
Lectures complémentaires

6.0 Stress sur la forêt urbaine

Insectes et maladies

Points saillants

Définitions clés

Espèces indigènes, exotiques et envahissantes.

Effets

Répercussions négatives des ravageurs envahissants et des maladies.

Gestion et atténuation

Surveillance, pratiques culturelles, régulation biologique et chimique, sensibilisation du public et conversation de la biodiversité.

Les arbres en milieu urbain sont confrontés à des stress abiotiques et liés aux changements climatiques, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux insectes et aux maladies (Atlas climatique du Canada, s. d.). Comme les changements climatiques entraînent des températures plus élevées et des conditions plus sèches, on s’attend à ce que la vulnérabilité des forêts urbaines à ces menaces augmente [Voir le chapitre Qualité de l’air et changements climatiques]. Bien que de nombreuses espèces d’insectes indigènes contribuent positivement à la biodiversité et aux écosystèmes urbains, d’autres, indigènes ou non, peuvent causer de graves dommages aux forêts urbaines. Ces insectes peuvent faire perdre leurs feuilles aux arbres, aspirer leur sève, faire des trous dans leur écorce, transporter des maladies, affaiblir les arbres et mener à la mort de l’arbre et à des conséquences coûteuses à gérer.

Les insectes et les maladies qui touchent les forêts au Canada peuvent être classés en trois grandes catégories : les espèces indigènes, exotiques et envahissantes (RNCan, 2023). Les espèces envahissantes, qu’elles soient indigènes ou exotiques, sont des espèces qui se propagent au-delà de leur portée connue habituelle et qui sont capables de causer des dommages environnementaux ou économiques. Le dendroctone du pin ponderosa, qui a étendu sa portée de la Colombie-Britannique à l’Alberta, est un exemple d’insecte indigène qui a un comportement envahissant (RNCan, 2024a). Les invasions d’espèces indigènes ont lieu périodiquement et peuvent être graves comme dans le cas de la tordeuse des bourgeons de l’épinette (Choristoneura fumiferana) ou du dendroctone du pin ponderosa (Dendroctonus ponderosae). Les insectes exotiques ont été introduits au Canada et deviennent souvent des ravageurs qui envahissent de nouveaux hôtes et écosystèmes. Parmi les exemples notables, on peut citer l’agrile du frêne (Agrilus planipennis), qui a considérablement touché les populations de frênes (Fraxinus spp). Les espèces de coléoptères propagent principalement la maladie hollandaise de l’orme (MHO). La MHO, qui inclut des pathogènes fongiques (Ophiostoma novo-ulmi, une souche plus agressive et Ophiostoma ulmi) a déjà dévasté des ormes (Ulmus spp) dans l’Est de l’Amérique du Nord et pose une menace pour cette espèce partout au Canada (Gouvernement de la Saskatchewan, s. d.).

Les ravageurs et maladies entraînent des dommages économiques et écologiques et touchent le tissu social des collectivités en altérant les paysages et en réduisant la valeur esthétique des zones urbaines. Des stratégies de gestion et d’atténuation efficaces, y compris la surveillance, les pratiques culturelles, les mesures de régulation biologique et chimique, la sensibilisation du public et la promotion de la diversité, sont essentielles pour protéger ces précieuses forêts urbaines et s’assurer qu’elles continuent de contribuer à la santé et au bien-être des villes canadiennes.

Insectes

Historiquement, les villes canadiennes ont été confrontées à plusieurs défis importants liés à des insectes ou des maladies qui ont eu de profondes répercussions économiques et environnementales. L’agrile du frêne (AF), détecté pour la première fois au Canada en 2002, est l’un des ravageurs les plus destructeurs d’Amérique du Nord. Il a tué des millions de frênes en Ontario, au Québec et dans d’autres régions, ce qui a entraîné des pertes économiques conséquentes (RNCan, 2024b) [Voir le chapitre Valeur économique et évaluation des arbres]. Par exemple, la Ville de Windsor, en Ontario, a dû abattre plus de 10 000 frênes, un changement drastique pour le paysage urbain et une augmentation des coûts de gestion pour la municipalité (Arnberger et al., 2017). La Ville de Montréal a également dû faire face à de graves répercussions : l’abattage d’arbres à grande échelle a perturbé les zones récréatives et a entraîné des coûts élevés de traitement, de remplacement et d’abattage, ce qui souligne les effets économiques et sociaux plus larges des infestations de ravageurs (Ville de Montréal, 2023). On estime que le seul effet de l’AF sur l’économie devrait coûter aux municipalités canadiennes deux milliards de dollars en traitements, remplacement et abattage d’arbres dans les prochaines décennies (RNCan, 2018; Vogt, Hauer et Fischer, 2015).

Le longicorne asiatique (Anoplophora glabripennis), repéré à Toronto en 2003, pose une menace importante pour les feuillus en milieu urbain (Haak et al., 2009). Il tue les arbres en creusant des trous dans leur tronc et leurs branches, détruisant ainsi leur structure. Les efforts visant à éradiquer le longicorne à Toronto sont notamment passés par l’abattage de plus de 25 000 arbres, ce qui a eu des conséquences sur la biodiversité locale et la valeur esthétique des espaces verts (Wilson et Smith, 2017). Ces populations de longicorne asiatique ont été éradiquées (RNCan, 2024a).

La spongieuse (Lymantria dispar) est un autre ravageur qui défolie différentes espèces d’arbres, ce qui les affaiblit et les rend vulnérables à d’autres stress. En 2020, le sud de l’Ontario a connu l’une des plus importantes invasions de spongieuse, ce qui a entraîné une défoliation et un stress importants des chênes (Quercus spp), des érables (Acer spp) et d’autres espèces d’arbres (Invasive Species Centre, 2024b). Le puceron lanigère (Adelges tsugae), un insecte envahissant, menace les forêts dans l’est du Canada, et les restes de forêts indigènes en milieu urbain. Il se nourrit des pruches (Tsuga canadeanis), causant leur déclin et à terme leur mort, ce qui peut entraîner des effets en cascade sur les écosystèmes forestiers (Dreistadt, Dahlsten et Frankie, 1990).

Maladies

La maladie hollandaise de l’orme (MHO), introduite au Canada au milieu du XXe siècle, a dévasté les populations d’ormes partout dans l’est et continue de se propager dans le pays (Gouvernement de la Saskatchewan, s. d.). Winnipeg, surnommée « la ville des ormes », a perdu des milliers d’ormes à cause de cette maladie fongique. La perte de ces arbres a non seulement réduit le couvert forestier, mais elle a également touché la valeur esthétique et culturelle de la ville (Hildahl, 1977). Le chancre du châtaignier, causé par le Cryphonectria parasitica, un champignon introduit d’Asie, a éradiqué les châtaigniers indigènes (genus Castanea) dans toute la zone carolinienne. Cela a réduit la biodiversité et modifié les communautés forestières, mais aussi touché la faune qui se nourrissait de châtaignes. Les maladies des arbres ont également des répercussions sur l’économie canadienne, en particulier dans les régions où ces espèces sont abondantes (Invasive Species Centre, 2024a).

Même si elle n’est pas encore très répandue au Canada, l’encre des chênes rouges, une maladie causée par un pathogène de mousse envahissante (Phytophthora ramorum), représente une menace importante pour les forêts urbaines canadiennes. L’introduction potentielle de cette maladie pourrait entraîner une vague de mortalité des chênes, ce qui affecterait grandement le paysage et la biodiversité des forêts urbaines dans les villes canadiennes (Braddy, 2023). Autre menace émergente récemment détectée en Ontario, le flétrissement du chêne est une maladie fongique causée par le Ceratocystic fagacearum qui bloque les vaisseaux des chênes qui transportent l’eau, ce qui entraîne leur flétrissement et leur mort. Ces maladies pourraient tuer des chênes à grande échelle, ce qui prouve la nécessité d’une surveillance minutieuse et de stratégies d’intervention rapide (Forest Pathology, 2024).

Stratégies de gestion et d’atténuation

Le déclin des espèces d’arbres indigènes au Canada en raison de ravageurs et de maladies a eu de nombreux effets négatifs et importants sur les forêts, la biodiversité, les fonctions écologiques et l’économie canadienne. Le déclin de populations d’espèces comme le châtaignier d’Amérique, le frêne noir (Fraxainus nigra) et la pruche contribue à la perte de diversité génétique des forêts urbaines, ce qui les rend plus vulnérables à de futures menaces. La gestion des répercussions des espèces envahissantes est coûteuse écologiquement et économiquement. Le coût écologique se traduit par la perte d’espèces, de biodiversité, d’habitat et de fonctions écologiques et culturelles, tandis que le coût économique lié à la gestion et à la perte des services écologiques est également considérable (Crystal-Ornelas et al., 2021). Par exemple, les municipalités et les groupes de conservation en Ontario dépensent environ 50,8 millions de dollars chaque année pour gérer les espèces envahissantes (Invasive Species Centre, 2023). Les coûts liés aux répercussions et à la gestion de l’AF dans les rues urbaines pourraient atteindre près de 1,38 milliard de dollars d’ici 2035 (Hope et al., 2020).

La gestion et l’atténuation des infestations d’insectes et de maladies dans les forêts urbaines canadiennes nécessitent une approche complète qui intègre la surveillance, les pratiques culturelles, les méthodes de régulation biologique et chimique, la sensibilisation du public et la promotion de la diversité (Hotte et al., 2015). La surveillance et la détection anticipée sont l’une des méthodes qui s’appuient sur des inspections régulières et sur l’utilisation de pièges, ce qui est crucial pour la détection anticipée de ravageurs et une intervention rapide. Cette approche a été efficace pour gérer des ravageurs comme le longicorne asiatique et l’agrile du frêne à Toronto et à Montréal (RNCan, 2018; Ville de Montréal, 2023), car la détection anticipée et l’éradication ont stoppé la propagation de ces insectes envahissants. Le recours à des prédateurs naturels (régulation biologique) et l’application judicieuse d’insecticides (régulation chimique) peuvent également contribuer à gérer les populations de ravageurs. Par exemple, la réponse de Montréal face à l’agrile du frêne comprenait une combinaison d’abattage d’arbres, de mesures de régulation biologique et de sensibilisation du public pour limiter la propagation (Les amis de la montagne, 2022).

Les plans de gestion forestière urbaine de villes canadiennes ont pris en compte les difficultés liées aux espèces envahissantes, ce qui a permis de prévenir et gérer leurs effets. Par exemple, le plan de gestion stratégique de la Ville de Calgary comprend plusieurs stratégies de lutte contre les espèces envahissantes : détection anticipée et mesures de réaction, recherche et développement de nouvelles stratégies d’éradication, inventaires, prévention et sensibilisation de la collectivité et gestion intégrée des mauvaises herbes par l’utilisation de méthodes de contrôle biologiques, chimiques et culturelles afin d’éliminer les espèces envahissantes prioritaires ou d’empêcher leur propagation. De plus, le plan reconnaît que l’entretien de la santé des arbres grâce à des méthodes appropriées (arrosage, paillage, élagage et autres pratiques culturelles) augmente la résilience des arbres face aux ravageurs et aux maladies [Voir le chapitre Entretien des arbres].

Abattre et éliminer correctement les arbres et plantes infectés et infestés est essentiel pour prévenir la propagation des ravageurs et des maladies. Les quarantaines fédérales et les initiatives locales, comme la zone « sans frêne » dans le sud-ouest de l’Ontario, ont ralenti la propagation de ravageurs comme l’agrile du frêne (RNCan, 2018; MacFarlane et Meyer, 2005). Sensibiliser la population à la santé des forêts urbaines et l’impliquer dans les efforts de surveillance sont également des méthodes essentielles pour gérer efficacement les ravageurs et les maladies. Les campagnes de sensibilisation du public dans des villes comme Montréal et Toronto ont été indispensables pour endiguer la propagation de ravageurs comme l’agrile du frêne ou le longicorne asiatique (Les amis de la montagne, 2018). Le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario souligne également l’importance de pratiques intégrées de gestion des ravageurs qui se concentrent sur des méthodes culturelles et de prévention (OMAFRA, 2012). Enfin, promouvoir les espèces et la diversité génétique dans les forêts urbaines réduit le risque de dommages considérables liés à un seul ravageur ou une seule maladie. Cette stratégie est importante pour atténuer les effets des espèces envahissantes comme la spongieuse et l’encre des chênes rouges, mais aussi pour d’autres espèces d’arbres et pour la gestion des forêts urbaines en général (Braddy, 2023).

Canadiennes
Insectes
Maladies
Gestion
Autres ressources
Lectures complémentaires

6.0 Stress sur la forêt urbaine

Espèces de plantes envahissantes

Points saillants

Effets

Répercussions négatives des plantes envahissantes et exemples issus de forêts urbaines au Canada.

Gestion

Méthodes de contrôle chimiques, physiques et biologiques.

Surveillance et prévention

Détecter, ralentir et stopper la propagation des plantes envahissantes.

Les espèces de plantes envahissantes posent une menace importante pour les forêts urbaines au Canada. Elles ont des répercussions sur la biodiversité, sur la santé des écosystèmes ainsi que sur les fonctions et services écologiques des espaces verts et des zones urbaines naturelles, mais causent aussi des effets économiques non négligeables. Selon un sondage national mené en 2021 par l’Invasive Species Centre (centre de lutte contre les espèces envahissantes), les municipalités canadiennes estimaient leurs dépenses annuelles liées aux espèces de plantes envahissantes entre 95,8 et 400 millions de dollars (Vyn et Invasive Species Centre, 2022). Une prévention et une gestion efficaces et concertées des espèces envahissantes sont essentielles pour assurer l’intégrité et la résilience des forêts urbaines et préserver la biodiversité et les bienfaits économiques et écologiques qu’elles apportent.

En raison du changement de l’utilisation des terres (par exemple, des terres anciennement agricoles ou perturbées converties en zones urbaines) et de l’introduction d’espèces de plantes, ou de la priorité donnée aux espèces introduites, les milieux urbains ont tendance à abriter un grand nombre de plantes non indigènes, dont certaines sont envahissantes. Les espèces envahissantes introduites sont plantées ou s’établissent spontanément selon l’utilisation des terres, ce qui menace la biodiversité des aires naturelles. Par exemple, des plantes envahissantes comme la renouée du Japon (Reynoutria japonica), l’alliaire (Alliaria petiolata), le dompte-venin de Russie (Vincetoxicum rossicum), le nerprun cathartique (Rhamnus cathartica), la ronce discolore (Rubus armeniacus) et l’ailante glanduleux (Ailanthus altissima) prolifèrent en milieu urbain. Elles monopolisent des espaces naturels, concurrencent la flore indigène et perturbent les écosystèmes locaux et les fonctions écologiques (Ville de Toronto, 2013; Ministère des Forêts, 2024; Programme de sensibilisation aux espèces envahissantes de l’Ontario, s. d.; Stanley Park Ecology Society, 2013; Saskatchewan Invasive Species Council, s. d.).

Les espèces de plantes envahissantes altèrent souvent les propriétés biologiques (par exemple, les propriétés mycorhiziennes), la chimie et la disponibilité des nutriments, ce qui entrave l’établissement d’espèces indigènes et favorise l’expansion et l’établissement de plantes envahissantes (Ehrenfeld, 2003; Kourtev et al., 2002). Les plantes envahissantes modifient la composition de la végétation et les conditions de croissance et d’ensoleillement tout en diminuant la quantité d’eau disponible pour les plantes indigènes, ce qui rend ces environnements moins hospitaliers pour ces dernières (Lamarque et al., 2011). Autre risque posé par les plantes envahissantes : la possibilité qu’elles s’hybrident avec des plantes indigènes et finissent par éliminer le potentiel génétique indigène (Mooney et Cleland, 2001). À long terme, ces effets cumulatifs modifient la composition et la structure de la végétation naturelle dans les zones urbaines (Delavaux et al., 2023). Il a été démontré que les arbres non indigènes envahissants réduisent la diversité des insectes indigènes et peuvent faciliter la propagation des ravageurs non indigènes (Branco et al., 2019). Par ailleurs, les espèces de plantes envahissantes peuvent changer de façon importante les fonctions des écosystèmes et avoir des répercussions négatives sur la santé humaine (Vila et al., 2011).

Certains arbres plantés ou qui s’établissent spontanément dans les villes canadiennes sont aussi listés comme espèces envahissantes. Par exemple : le robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia), l’aulne glutineux (Alnus incana), le mûrier blanc (Morus alba), le pin sylvestre (Pinus sylvestris), l’érable plane (Acer platanoides), l’érable à Giguère (Acer negundo), l’ailante glanduleux (Ailanthus altissima), l’oléastre à ombelles (Elaeagnus umbellata), l’épine-vinette du Japon (Berberis thunbergii) et le nerprun cathartique (Rhamnus cathartica). Toutefois, on trouve de nombreuses autres espèces envahissantes d’arbres, d’arbustes et d’herbes dans les milieux urbains canadiens qui représentent une menace pour les écosystèmes naturels.

Gestion des espèces de plantes envahissantes dans les forêts urbaines

La gestion des espèces envahissantes comporte plusieurs facettes et inclut une variété d’outils et de méthodes allant des politiques aux mesures de contrôle et d’éradication, en passant par la sensibilisation du public et les mesures de prévention. Au Canada, différents paliers de gouvernement ont introduit des réglementations en matière de mauvaises herbes et d’espèces envahissantes pour interdire l’introduction et la distribution de plantes. À l’échelle nationale, des mesures de contrôle provinciales complétant les réglementations fédérales peuvent être adoptées pour contrôler la propagation des espèces envahissantes au pays (gouvernement du Canada et Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), 2024; Sherman et Ontario Invasive Plant Council, 2015). Par exemple, le gouvernement de l’Ontario interdit et limite l’importation, la possession, le transport ou la mise en liberté de 42 espèces envahissantes en vertu de la Loi sur les espèces envahissantes (gouvernement de l’Ontario, 2023). Toutes les espèces envahissantes n’ont pas les mêmes répercussions. Une poignée d’espèces causent le plus de dommages. En Colombie-Britannique, six espèces envahissantes ont causé à elles seules près de 65 millions de dollars de dommages en 2008 (Invasive Species Council of British Columbia, 2024b).

Contrôle des plantes envahissantes

Les mesures de contrôle et d’éradication des espèces de plantes envahissantes peuvent prendre différentes formes : techniques mécaniques et chimiques, incinération, inondation, régulation biologique et autres méthodes de contrôle. Des méthodes d’élimination mécanique comme l’arrachage à la main, la tonte et la coupe peuvent être efficaces en cas de petites infestations. Plus récemment, des systèmes de pâturage contrôlé utilisant des chèvres ont été employés pour gérer des espèces envahissantes dans des zones naturelles (Rathfon, 2021; Ville de Mississauga, 2021).

Des herbicides et d’autres mesures de lutte chimique peuvent aussi être utilisés de manière sélective pour contrôler les espèces envahissantes, principalement lorsque les méthodes mécaniques ne peuvent pas être employées. Cependant, l’application de ces produits chimiques doit respecter les réglementations locales et être réalisée par des professionnels agréés (Invasive Species Centre, 2021; Ministère des Ressources naturelles du Wisconsin, s. d.). Par ailleurs, l’utilisation de certaines substances chimiques pour lutter contre les mauvaises herbes et les plantes envahissantes a été interdite par de nombreuses municipalités au Canada (Loi sur les pesticides de l’Ontario, 2024; Ville de Vancouver, s. d.; Santé Canada, 2024).

On a également recours à des méthodes de régulation biologique pour introduire des prédateurs naturels ou des pathogènes propres aux espèces envahissantes en vue de gérer leurs populations. Cette approche nécessite des recherches et une évaluation attentive des risques écologiques pour éviter des répercussions écologiques non désirables (Invasive Species Centre, 2021). Par exemple, après avoir mené plus d’une décennie de tests, l’Agence canadienne d’inspection des aliments a approuvé, dans le cadre d’une plus vaste stratégie de gestion concertée contre des phragmites envahissants (Phragmites australis), la mise en liberté de deux papillons nocturnes foreurs de tiges (Archanara neurica et Lenisa geminipuncta) pour contrôler la propagation. Les phragmites sont l’une des espèces envahissantes qui perturbent le plus l’environnement au Canada (Canards Illimités Canada, 2024). Ils menacent la biodiversité des terres humides et se propagent rapidement le long des routes, y compris en milieu urbain. Toutefois, des mesures de régulation biologique seules ne sont pas suffisantes pour les éradiquer. Elles permettent de réduire progressivement la dominance d’une espèce et les perturbations de l’habitat, ce qui donne la possibilité aux plantes indigènes et à la faune de se rétablir (Canards Illimités Canada, 2024).

Détection précoce et réponse rapide

La détection précoce et le contrôle des espèces envahissantes sont d’autres outils essentiels qui s’appuient sur une surveillance régulière et sur les signalements de plantes envahissantes rapportés par la population. L’une de ces approches est la détection précoce et réponse rapide (DPRR) des espèces envahissantes. En Colombie-Britannique par exemple, les activités de DPRR sont menées en partenariat avec l’Agence canadienne d’inspection des aliments et impliquent les principaux gestionnaires de terres et parties prenantes partout dans la province et les régions voisines (groupe de travail interministériel sur les espèces envahissantes de la Colombie-Britannique (IMISWG), 2014). De plus, la surveillance et la gestion des espèces envahissantes grâce à la télédétection, aux images de drones, au traitement des données et aux analyses se sont imposées comme des solutions pratiques pour détecter des invasions de plantes de grande envergure représentables sur des cartes dans les forêts urbaines (Singh et al., 2024).

Sensibilisation

Sensibiliser la population aux répercussions des espèces envahissantes et encourager l’utilisation des plantes indigènes dans l’aménagement paysager peut considérablement contribuer aux efforts de prévention et de régulation. Partout au Canada, différents paliers de gouvernement, des organisations à but non lucratif, des groupes régionaux et des autorités de conservation sensibilisent le public et éradiquent des plantes envahissantes ou préviennent leur propagation en milieu urbain (gouvernement de l’Alberta, 2014; Invasive Species Council of British Columbia, 2024). Ces groupes commencent souvent par élaborer des plans de gestion stratégique des espèces envahissantes ainsi que des pratiques de gestion exemplaires dans le cadre de la gestion de la foresterie urbaine (Ontario Invasive Plant Council, 2024). Des membres des collectivités et le public s’impliquent également activement dans la régulation des espèces envahissantes et leur élimination des espaces naturels. On recense des exemples d’efforts communautaires indépendants ou en partenariat avec des municipalités ou des ONG aux quatre coins du pays (Invasive Species Centre, 2024).

La volonté de collaboration entre les municipalités et le milieu universitaire ainsi que l’adaptation constante des pratiques de gestion exemplaires selon les dernières recherches et les conditions locales renforcent également l’efficacité du contrôle des espèces envahissantes et contribuent à la durabilité de la forêt urbaine (Sherman et Ontario Invasive Plant Council, 2015).

Les municipalités ont intégré des stratégies de gestion des plantes envahissantes dans leurs plans de gestion forestière urbaine pour préserver la santé écologique et la résilience des espaces verts et des zones naturelles en milieu urbain (Ville de Toronto, 2024a; Gouvernement de l’Alberta, 2024; Patterson, 2015). Bon nombre de municipalités ont commencé à donner la priorité à la plantation d’espèces d’arbres indigènes ou des espèces introduites non envahissantes pour montrer l’exemple et stopper la propagation des plantes envahissantes (Patterson, 2015). Certaines espèces envahissantes comme l’érable plane (Acer platanoides) sont toutefois encore plantées et produites par des pépinières.

Au niveau national
Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Île-du-Prince-Édouard
Nouveau-Brunswick
Nouvelle-Écosse
Manitoba
Ontario
Québec
Saskatchewan
Territoires du Nord-Ouest
Yukon
Non canadiennes
Lectures complémentaires
  • Aoshana, A. (2021). Invasive Plant Management for Stewardship of Naturalized Urban Forests. (projet de recherche de maîtrise en conservation forestière), Université de Toronto, base de données TSpace.
  • Delavaux, C. S., Crowther, T. W., Zohner, C. M., Robmann, N. M., Lauber, T., van den Hoogen, J., Maynard, D. S. (2023). Native diversity buffers against severity of non-native tree invasions. Nature, 621(7980), 773-781.
  • Derickx, L. et Antunes, P. (2013). A Guide to the Identification and Control of Exotic Invasive Species in Ontario’s Hardwood Forests. Invasive Species Research Institute.
  • DiTommaso, A., Lawlor, F. M. et Darbyshire, S. J. (2005). The Biology of Invasive Alien Plants in Canada. 2. Cynanchum rossicum (Kleopow) Borhidi [= Vincetoxicum rossicum (Kleopow) Barbar.] and Cynanchum louiseae (L.) Kartesz & Gandhi [= Vincetoxicum nigrum (L.) Moench]. Canadian Journal of Plant Science, 85(1), 243-263.
  • Duchesneau, K., Derickx, L. et Antunes, P. M. (2021). Assessing the relative importance of human and spatial pressures on non-native plant establishment in urban forests using citizen science. NeoBiota, 65, 1-21.
  • Lapointe, M. et Brisson, J. (2012). A Comparison of Invasive Acer platanoides and Native A. saccharum First-Year Seedlings: Growth, Biomass Distribution and the Influence of Ecological Factors in a Forest Understory. Forests, 3(2), 190-206.
  • Mistry, A. P., Steffeck, A. W. T. et Potosnak, M. J. (2021). Edge Growth Form of European Buckthorn Increases Isoprene Emissions from Urban Forests. Frontiers in Forests and Global Change, 3.
  • Nguyen, N.-A., Eskelson, B. N. I., Gergel, S. E. et Murray, T. (2021). The occurrence of invasive plant species differed significantly across three urban greenspace types of Metro Vancouver, Canada. Urban Forestry & Urban Greening, 59, 126999.
  • Pile Knapp, L. S., Coyle, D. R., Dey, D. C., Fraser, J. S., Hutchinson, T., Jenkins, M. A., … Wang, G. G. (2023). Invasive plant management in eastern North American Forests: A systematic review. Forest Ecology and Management, 550, 121517.
  • Potgieter, L. J., Shrestha, N. et Cadotte, M. W. (2022). Prioritizing sites for terrestrial invasive alien plant management in urban ecosystems. Ecological Solutions and Evidence, 3(3), e12160.
  • Rathfon, R. A., Greenler, S. M. et Jenkins, M. A. (2021). Effects of prescribed grazing by goats on non-native invasive shrubs and native plant species in a mixed-hardwood forest. Restoration Ecology, 29(4), e13361.
  • Singh, K. K., Surasinghe, T. D. et Frazier, A. E. (2024). Systematic review and best practices for drone remote sensing of invasive plants. Methods in Ecology and Evolution, 15(6), 998-1015.

6.0 Stress sur la forêt urbaine

Feux de forêt et interface urbaine-rurale

Points saillants

Interface urbaine-rurale

Répercussions des feux de forêt sur les localités situées dans l’interface.

Gestion des feux

Comment les municipalités canadiennes font en sorte de prévenir et d’atténuer les répercussions des feux de forêt à petite et grande échelle.

Communautés autochtones et feux

Pratiques de brûlage traditionnelles et culturelles.

Les feux de forêt dans les forêts boréales du Canada sont une perturbation naturelle qui stimule la végétation en augmentant la diversité des arbres et de la végétation. Cependant, au cours des dernières décennies, la fréquence, l’intensité et la gravité des feux de forêt ont augmenté en raison de plusieurs facteurs. Les pratiques de foresterie communes pour lutter contre les feux ont mené à une accumulation importante de bois mort et de débris en l’absence de régime de feux naturel pour réduire leur présence (Stocks et Martell, 2016). En raison de la charge de combustible accrue, les feux atteignent la canopée plus en hauteur et brûlent avec plus de chaleur. Ces conditions sont amplifiées par les changements climatiques anthropiques qui ont mené à des étés plus secs et plus longs créant un environnement idéal pour des feux intenses et soutenus. Certaines collectivités urbaines canadiennes et communautés autochtones se sont traditionnellement intégrées aux paysages forestiers, tandis que de nouvelles zones urbaines se sont aussi étendues dans ces régions. Ces interfaces entre zone urbaine et rurale sont menacées par les feux de forêt alors que l’intensité et la fréquence de ces feux augmentent au Canada.

Les feux de forêt sévissent tout au long de l’année, mais la saison des feux au Canada se concentre généralement entre mai et septembre. Pour le Canada, 2023 a été l’année la plus destructrice de l’histoire en matière de feux de forêt. En juin 2023, plus de terres ont été brûlées au Québec que dans les 20 dernières années combinées (Ressources naturelles Canada, 2024). Les répercussions des feux de forêt les plus graves vont au-delà de la perte des arbres. Les feux détruisent les collectivités, déplacent la population, détruisent les bâtiments et poussent de grands groupes de gens à quitter leur domicile. De plus, les conditions climatiques et la fumée liées aux incendies peuvent s’étendre bien au-delà de la zone touchée et ont des effets durables sur la santé humaine (UNDRR, 2024).

Les feux peuvent aussi gravement toucher les forêts urbaines en détruisant un grand nombre d’arbres et d’espaces verts, ce qui réduit le couvert forestier global et la diversité de la forêt. Résultat : les localités situées dans cette interface se retrouvent avec un couvert forestier limité voire nul. La réduction considérable du couvert forestier peut intensifier la chaleur estivale et exacerber les problèmes liés à la chaleur associés aux îlots de chaleur urbains. La perte d’arbres dans les zones urbaines a également des effets sur les espèces animales et végétales qui en dépendent en matière de nourriture et d’abri. Par ailleurs, cette perte d’arbres et de végétation diminue également l’attrait esthétique de ces collectivités et leur valeur en matière de loisirs. Sans compter que la perte soudaine et de grande ampleur du couvert forestier a des conséquences à long terme sur la résilience des collectivités et la santé environnementale. Le processus de rétablissement nécessite la plantation de nouveaux arbres et des initiatives de restauration de la forêt dans les zones urbaines, ce qui peut être un processus coûteux et chronophage.

Gestion des feux

La gestion des incendies comprend des techniques de gestion forestière appropriées, l’éducation du public et la modernisation des plans et méthodes d’aménagement paysager pour les particuliers et les collectivités. Dans les zones à risque élevé, on peut réduire les risques de feux dans les logements en retirant les matériaux inflammables autour des maisons, en créant des pare-feux à l’échelle des bâtiments et en incorporant des matériaux résistant aux feux dans la construction des bâtiments. Les études ont démontré que de nombreux bâtiments prennent feu lorsque des braises tombent sur les propriétés ou à proximité et s’étendent aux logements attenants (BC Wildfire Service, s. d.) et qu’il est courant que le vent transporte les braises à des centaines de mètres (Partners in Protection, 2003). C’est pourquoi nettoyer les gouttières, retirer les piles de bois des propriétés et créer un pare-feu entre les structures en bois et la maison peut réduire les chances de déclencher un incendie. Par exemple, les terrasses rattachées aux maisons et le mobilier en bois peuvent être à l’origine de feux. On peut réduire les risques de propagation en choisissant des espèces de plantes résistant aux feux, en éliminant les branches basses des arbres à proximité pour prévenir les feux des canopées et en se débarrassant des débris végétaux (Beverly et al., 2020). Ces mesures de prévention peuvent réduire le risque des logements de prendre feu et limiter la propagation des flammes dans les localités.

À l’échelle des collectivités et des régions, des initiatives de plus grande ampleur comme des évaluations des feux de forêt, l’identification des facteurs qui augmentent le risque d’incendies en milieu urbain et l’élaboration de plans pour réduire ces risques peuvent contribuer à mieux se préparer à la saison annuelle des feux. Selon des études menées dans la Nord-Ouest Pacifique, l’éclaircissage et le brûlage des forêts sont les solutions les plus efficaces pour limiter la gravité des feux (Copes-Gerbitz et al., 2022). Tailler les branches basses empêche le feu de se propager vers la cime et la canopée. Cependant, il a également été démontré que l’éclaircissage seul pouvait augmenter la gravité des feux, car la charge de combustible globale au sol augmente. Par conséquent, une combinaison d’éclaircissage et de traitements en surface est l’approche la plus efficace, qu’il s’agisse de brûlage dirigé ou de brûlage de débris, pour diminuer l’intensité de futurs feux (Davis et al., 2024). Après traitement, les feux sont moins intenses et on enregistre des taux de survie plus élevés pour les arbres (Davis et al., 2024). Ces paysages gérés sont également plus faciles à traverser pour le personnel de contrôle des incendies, ce qui permet une meilleure maîtrise des feux de forêt (Davis et al., 2024). Au fil du temps, l’efficacité des traitements diminue, ce qui rend la gestion des feux de forêt à long terme indispensable.

Feux et communautés autochtones

Au cours des dernières décennies, les feux les plus extrêmes en matière d’intensité et de propagation ont souvent eu lieu dans des régions éloignées du Canada. Par conséquent, les petites villes et les communautés autochtones sont proportionnellement plus touchées. Elles ont moins de ressources et n’ont généralement pas de plan communautaire de gestion des feux (Copes-Gerbitz et al., 2022). Même si les communautés autochtones sont activement préoccupées par les risques de feux de forêt pour la faune, la qualité de l’eau et la biodiversité, l’inégalité d’accès aux ressources de prévention des feux constitue une barrière systémique qui doit être surmontée pour diminuer les répercussions des feux de forêt (Copes-Gerbitz et al., 2022). Par rapport à de plus grandes zones municipales ou régionales, les groupes autochtones ont également une capacité sociale plus limitée et ont été historiquement exclus du processus de planification. Ainsi, ils n’ont souvent pas accès aux programmes soutenus par le gouvernement. La mobilisation et des approches axées sur les communautés doivent être prises en compte dans la mise en place de plans de prévention des feux, et les connaissances traditionnelles des communautés autochtones doivent être incluses dans les discussions (Gouvernement de la Colombie-Britannique, 2022).

Brûlages dirigés

Historiquement, les peuples autochtones ont utilisé les feux pour gérer les terres et soutenir leur culture, leurs valeurs et leurs pratiques, mais les techniques modernes de lutte contre les feux ont souvent empêché ces brûlages dirigés culturels dans de nombreuses régions du Canada (Lambert, 2021; Intelli-feu Canada, 2022; Intelli-feu Canada, 2024). Cette absence de feux dans le paysage entraîne une perte de biodiversité. Les restes des écosystèmes de prairies et de savane indigènes qu’on trouve dans les villes canadiennes (Ville de Toronto, 2002; District de Saanich, 2023) en témoignent. Les écosystèmes de prairies et de savane font partie des types d’habitat et de végétation les plus menacés au Canada en raison de la conversion des terres et de l’absence de feux. Les brûlages dirigés contribuent à gérer ces écosystèmes dans les villes et à entretenir leur biodiversité. Les feux contrôlés permettent d’éliminer la végétation morte, de contrôler les espèces envahissantes et de recycler les nutriments dans le sol pour stimuler la croissance d’herbes et de fleurs sauvages indigènes. Par exemple, en approfondissant l’écologie des feux, la Ville de Toronto a introduit des brûlages dirigés annuels pour maintenir la savane de chênes noirs dans l’un des parcs les plus iconiques de la ville : le parc High. La pratique a débuté en 2000 et se poursuit chaque année depuis. Les brûlages dirigés annuels ont apporté de nombreux bienfaits écologiques et sociaux, dont la sensibilisation du public et l’incorporation des connaissances et pratiques traditionnelles dans la gestion de la végétation en milieu urbain (Martin, 2024; Prescribed Fire, s. d.).

Au niveau national
Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Ontario
Non canadiennes
  • Abo-El-Ezz, A., AlShaikh, F., Farzam, A., Côté, M. O. et Nollet, M. J. (2023). Post-fire Damage Assessment of Buildings at the Wildland Urban Interface. Paper presented at the Lecture Notes in Civil Engineering.
  • Bénichou, N., Adelzadeh, M., Singh, J., Gomaa, I., Elsagan, N., Kinateder, M., … Sultan, M. (2021). National guide for wildland-urban-interface fires: guidance on hazard and exposure assessment, property protection, community resilience and emergency planning to minimize the impact of wildland-urban interface fires (196 pages). Conseil national de recherches du Canada.
  • Beverly, J. L., Leverkus, S. E. R., Cameron, H. et Schroeder, D. (2020). Stand-level fuel reduction treatments and fire behaviour in Canadian boreal conifer forests. Fire, 3(3), 1-23.
  • Calkin, D. E., Cohen, J. D., Finney, M. A. et Thompson, M. P. (2014). How risk management can prevent future wildfire disasters in the wildland-urban interface. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, 111(2), 746-751.
  • Copes-Gerbitz, K., Dickson-Hoyle, S., Ravensbergen, S. L., Hagerman, S. M., Daniels, L. D. et Coutu, J. (2022). Community Engagement with Proactive Wildfire Management in British Columbia, Canada: Perceptions, Preferences, and Barriers to Action. Frontiers in Forests and Global Change, 5.
  • Davis, K. T., Peeler, J., Fargione, J., Haugo, R. D., Metlen, K. L., Robles, M. D. et Woolley, T. (2024). Tamm review: A meta-analysis of thinning, prescribed fire, and wildfire effects on subsequent wildfire severity in conifer dominated forests of the Western US. Forest Ecology and Management, 561.
  • Erni, S. Johnston, L. Boulanger, Y., Manka, F., Bernier, P., Eddy, B. ... Gauthier, S. (2021). Exposure of the Canadian wildland–human interface and population to wildland fire, under current and future climate conditions. Canadian Journal of Fire Research, 51(9), 1357-1367.
  • Gaur, A., Bénichou, N., Armstrong, M. et Hill, F. (2021). Potential future changes in wildfire weather and behavior around 11 Canadian cities. Urban Climate, 35, 100735.
  • Lambert, E. (2021). Shackan Indian Band and Xwisten First Nation: Reinstating cultural burning practices. Institut de prévention des sinistres catastrophiques.
  • Moritz, M. A., Batllori, E., Bradstock, R. A., Gill, A. M., Handmer, J., Hessburg, P. F., … Syphard, A. D. (2014). Learning to coexist with wildfire. Nature, 515(7525), 58-66.
  • Agence de la santé publique du Canada. (2023). Profil de risque pour la santé publique : Feux de forêt au Canada, 2023. Gouvernement du Canada.
  • Safford, H. D., Schmidt, D. A. et Carlson, C. H. (2009). Effects of fuel treatments on fire severity in an area of wildland-urban interface, Angora Fire, Lake Tahoe Basin, California. Forest Ecology and Management, 258(5), 773-787.
  • Stocks, B. J. et Martell, D. L. (2016). Forest fire management expenditures in Canada: 1970-2013. Forestry Chronicle, 92(3), 298-306.
  • Your Forest Podcast. (s. d.). Good Fire Podcast – List.
Lectures complémentaires
  • Abo-El-Ezz, A., AlShaikh, F., Farzam, A., Côté, M. O. et Nollet, M. J. (2023). Post-fire Damage Assessment of Buildings at the Wildland Urban Interface. Paper presented at the Lecture Notes in Civil Engineering.
  • Bénichou, N., Adelzadeh, M., Singh, J., Gomaa, I., Elsagan, N., Kinateder, M., … Sultan, M. (2021). National guide for wildland-urban-interface fires: guidance on hazard and exposure assessment, property protection, community resilience and emergency planning to minimize the impact of wildland-urban interface fires (196 pages). Conseil national de recherches du Canada.
  • Beverly, J. L., Leverkus, S. E. R., Cameron, H. et Schroeder, D. (2020). Stand-level fuel reduction treatments and fire behaviour in Canadian boreal conifer forests. Fire, 3(3), 1-23.
  • Calkin, D. E., Cohen, J. D., Finney, M. A. et Thompson, M. P. (2014). How risk management can prevent future wildfire disasters in the wildland-urban interface. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, 111(2), 746-751.
  • Copes-Gerbitz, K., Dickson-Hoyle, S., Ravensbergen, S. L., Hagerman, S. M., Daniels, L. D. et Coutu, J. (2022). Community Engagement with Proactive Wildfire Management in British Columbia, Canada: Perceptions, Preferences, and Barriers to Action. Frontiers in Forests and Global Change, 5.
  • Davis, K. T., Peeler, J., Fargione, J., Haugo, R. D., Metlen, K. L., Robles, M. D. et Woolley, T. (2024). Tamm review: A meta-analysis of thinning, prescribed fire, and wildfire effects on subsequent wildfire severity in conifer dominated forests of the Western US. Forest Ecology and Management, 561.
  • Erni, S. Johnston, L. Boulanger, Y., Manka, F., Bernier, P., Eddy, B. ... Gauthier, S. (2021). Exposure of the Canadian wildland–human interface and population to wildland fire, under current and future climate conditions. Canadian Journal of Fire Research, 51(9), 1357-1367.
  • Gaur, A., Bénichou, N., Armstrong, M. et Hill, F. (2021). Potential future changes in wildfire weather and behavior around 11 Canadian cities. Urban Climate, 35, 100735.
  • Lambert, E. (2021). Shackan Indian Band and Xwisten First Nation: Reinstating cultural burning practices. Institut de prévention des sinistres catastrophiques.
  • Moritz, M. A., Batllori, E., Bradstock, R. A., Gill, A. M., Handmer, J., Hessburg, P. F., … Syphard, A. D. (2014). Learning to coexist with wildfire. Nature, 515(7525), 58-66.
  • Agence de la santé publique du Canada. (2023). Profil de risque pour la santé publique : Feux de forêt au Canada, 2023. Gouvernement du Canada.
  • Safford, H. D., Schmidt, D. A. et Carlson, C. H. (2009). Effects of fuel treatments on fire severity in an area of wildland-urban interface, Angora Fire, Lake Tahoe Basin, California. Forest Ecology and Management, 258(5), 773-787.
  • Stocks, B. J. et Martell, D. L. (2016). Forest fire management expenditures in Canada: 1970-2013. Forestry Chronicle, 92(3), 298-306.
  • Your Forest Podcast. (s. d.). Good Fire Podcast – List.

7.0 Considérations sociales

Équité en foresterie urbaine

Points saillants

Perspectives en matière d’équité

La foresterie urbaine équitable d’un point de vue social et écologique.

Justice environnementale

Prise de décisions inclusive, financement équitable, mobilisation communautaire et éducation.

Considérations multiculturelles

Les différentes cultures et la foresterie urbaine.

Équité en matière de main-d’œuvre

 L’inégalité des genres dans les domaines de la foresterie urbaine, de la foresterie et de l’arboriculture.

Par où commencer

Solutions et stratégies de financement, de planification et de mobilisation.

Importance de l’équité en foresterie urbaine

L’équité en matière de forêts urbaines est essentielle pour remédier aux disparités systémiques et historiques du verdissement tout en soutenant la résilience future de l’environnement. D’un point de vue social, elle est indispensable pour s’assurer que les communautés marginalisées et mal desservies reçoivent de justes investissements dans les espaces verts et que l’ensemble de la population a accès aux bienfaits de santé des arbres et au verdissement ainsi qu’aux mêmes occasions de favoriser des liens sociaux solides, de créer et de s’épanouir au sein d’espaces verts urbains. D’un point de vue écologique, l’équité en matière de forêts urbaines est importante pour soutenir la biodiversité et le fonctionnement de l’ensemble de l’écosystème, ce qui améliore la résilience climatique, fournit un habitat pour la faune et atténue la pollution.

Tendances

Les questions d’équité liées aux arbres au Canada suscitent de plus en plus d’intérêt à l’échelle locale et nationale (Watkins et Gerrish, 2018). Les conférences, plans d’action, stratégies de gestion et recherches sur la foresterie urbaine intègrent l’équité de façon plus intentionnelle dans tous les secteurs et toutes les régions. Voici quelques-uns des principaux pôles de recherche qui contribuent à faire avancer nos connaissances : l’Université de la Colombie-Britannique, l’Université de Toronto, l’Université Carleton, l’Université Concordia, l’UQAM et l’Université Laval, pour n’en citer que quelques-unes. Les équipes de recherche de ces universités se penchent sur les aspects sociaux, environnementaux ou technologiques (par exemple, l’IA) de l’équité.

Les principales connaissances incluent :

  • L’accès au couvert forestier : On a observé un changement important au Canada et un intérêt grandissant porté aux projets de plantation dans les régions mal desservies dans le cadre du programme 2 milliards d’arbres.
  • Intégrer le prisme de la justice environnementale, par exemple en prenant en compte comment la régulation des températures peut atténuer les risques pour la santé liés aux chaleurs extrêmes, en particulier dans les collectivités vulnérables où le couvert forestier est limité.
  • Des prises de décisions inclusives impliquant la population et veillant à ce que toutes les voix façonnent les conceptions, les priorités et les pratiques.
  • Un financement équitable pour les plantations d’arbres et l’entretien à long terme pour s’assurer que les régions désavantagées ne sont pas dépassées par l’entretien après la plantation.
  • La mobilisation de la population pour offrir éducation, emplois et formation favorisant ainsi l’intendance à long terme : l’un des aspects essentiels sur ce point est la reconnaissance du rôle du savoir autochtone et du verdissement mené par les Autochtones dans la mobilisation communautaire pour créer des espaces verts équitables dans la planification et l’exploitation. Par ailleurs, il faut augmenter la représentation de groupes divers dans les possibilités de carrière en foresterie urbaine pour soutenir la justice de reconnaissance. Les gens doivent se reconnaître dans le profil du domaine pour se sentir les bienvenus (Vabi et Konijnendijk, 2021).
  • Enfin, on observe un intérêt émergent pour les titres professionnels dans le domaine des forêts urbaines pour soutenir la « légitimisation » du rôle et des compétences des membres de la profession (O’Herrin et al., 2023).

Définition de l’équité en foresterie urbaine

Au Canada, les définitions courantes de l’équité en matière de forêts urbaines sont basées sur la répartition juste des bienfaits liés aux arbres, en particulier dans les régions marginalisées ou mal desservies. L’équité en matière de forêts urbaines s’efforce de veiller à ce que l’ensemble des résidentes et des résidents, quels que soient leur revenu, leur race ou leur lieu de vie, aient un accès égal aux bienfaits environnementaux, sociaux et économiques apportés par les arbres.

De récentes recherches ont montré que l’équité en matière de forêts urbaines va au-delà de l’accès aux espaces verts et doit être considérée de façon plus vaste pour englober trois dimensions : l’équité ou la justice distributive, de reconnaissance et procédurale (Nesbitt et al., 2019). Ces trois formes ne sont pas mutuellement exclusives. L’équité distributive fait référence à la répartition juste des ressources forestières urbaines et de leurs bienfaits dans les collectivités. L’équité de reconnaissance reconnaît et respecte les multiples identités, histoires et perspectives au sein des collectivités. Il s’agit de comprendre qui vit dans une collectivité : d’où vient la population, quels sont ses besoins uniques et les obstacles auxquels elle est confrontée dans l’accès aux espaces verts. Enfin, l’équité procédurale est axée sur l’impartialité des processus de prise de décision, afin de veiller à ce que l’ensemble des membres de la collectivité aient une voix au chapitre des projets de foresterie urbaine et qu’elle influence les résultats.

Répartition du couvert forestier urbain et accès aux espaces verts

Les forêts urbaines sont la première et la seule expérience de la nature pour de nombreuses personnes. Ces forêts façonnent les expériences de nature de millions de Canadiens et de Canadiennes, ce qui fait de l’accès aux espaces verts urbains un sujet essentiel dans les stratégies forestières urbaines. Selon un sondage national, 95 % des Canadiens et Canadiennes affirment que l’accès aux espaces verts est important pour leur qualité de vie (Environics Research, 2017). Cependant, toutes les personnes qui vivent en ville ne profitent pas équitablement des services écologiques que les forêts urbaines et les espaces verts apportent.

À ce jour, les forêts urbaines sont mal réparties dans les villes canadiennes. En moyenne, les quartiers où les revenus sont les plus faibles (moins de 50 % du revenu médian) et les quartiers marginalisés (affaiblis ou manquant de capacité pour participer à la société et bénéficier d’un respect total) disposent de moins d’espaces verts et de couvert forestier que les quartiers plus riches à prédominance blanche (Gouvernement du Canada 2022; Santé publique Ontario, 2021; Cusick, 2021). Dans bon nombre de villes canadiennes, les quartiers aux plus faibles revenus et avec une population réunissant plus de personnes autochtones, noires et de couleur (PANDC) ont généralement jusqu’à 20 à 30 % moins de couvert forestier (Wittingham et al. 2022). Si on prend en compte les bienfaits sur la santé physique et environnementale des forêts urbaines, les disparités dans la répartition du couvert forestier et l’accès inéquitable à ces bienfaits soulèvent une question d’équité sociale (Schell et al., 2020). De plus, dans les zones sujettes à la pauvreté et à la racialisation, on a observé que les femmes utilisaient moins fréquemment les espaces verts si elles les considéraient comme « non sécuritaires » en raison d’un mauvais éclairage ou d’un manque d’entretien ou de propreté (Braçe, Garrido-Cumbrera et Correa-Fernández, 2021).

Ces conclusions prouvent que les quartiers à faibles revenus, les communautés marginalisées, les groupes racialisés et les femmes ne profitent pas équitablement des bienfaits apportés par des espaces verts de qualité. Remédier à ces problèmes et garantir la répartition équitable du couvert forestier et des bienfaits environnementaux est essentiel pour bâtir des collectivités urbaines boisées justes et durables et une société saine. Le bien-être communautaire, l’inclusion sociale, l’équité des genres, la santé environnementale et la résilience climatique dans les quartiers racialisés à faibles revenus profiteront d’une planification forestière urbaine équitable et stratégique (Bikomeye et al., 2021).

Le Canada n’échappe pas aux problèmes d’équité en matière de forêts urbaines dans ses villes. Par exemple, dans les grandes villes comme Toronto, Ottawa, Montréal, Vancouver, Calgary, Surrey et Québec, on observe une corrélation négative entre faible couvert forestier et pauvreté et racialisation (Wittingham et al. 2022). Afin de faire face à ce problème, les municipalités comme les villes d’Ottawa et de Toronto ont fait de l’accès équitable aux forêts urbaines un principe directeur de leurs plans et stratégies en matière de foresterie urbaine (Participons Ottawa, 2024). Toutefois, malgré ces efforts, les villes canadiennes demeurent en retard dans l’aménagement des forêts urbaines (c’est-à-dire leur développement et leur planification) et la mise en place de l’égalité en matière de couvert forestier. Les stratégies d’équité et les plans de mobilisation pour aider des communautés marginalisées spécifiques n’ont encore que des effets mineurs (Mullenix, 2022).

Immigration et considérations multiculturelles

La perception qu’ont les Canadiennes et les Canadiens de leurs forêts urbaines est importante concernant les bienfaits qu’ils reçoivent et leur volonté de s’impliquer dans la préservation et la gestion des forêts urbaines. Pour évaluer les comportements de la population concernant les espaces verts, les équipes de recherche ont souvent recours aux sondages publics qui permettent de recueillir des renseignements qui peuvent aider les municipalités à mieux gérer leurs forêts urbaines (Jennings et al., 2016). Cependant, suivant la région où elle habite, la population peut avoir différentes attitudes et préférences concernant les forêts urbaines ou peut rencontrer des obstacles uniques à sa capacité à participer aux consultations et sondages (Avolio et al., 2015). Les barrières linguistiques rencontrées par les personnes qui viennent d’immigrer et qui sont issues de cultures différentes peuvent être ignorées lorsque les municipalités mènent des sondages publics ou organisent des consultations ouvertes à la population (Ornelas Van Horne et al., 2023).

De plus, les communautés à faibles revenus peuvent manquer de temps, de fonds et d’accès à la technologie nécessaire pour participer aux événements. Les congés, les services de garde d’enfants, Internet et les ordinateurs ou téléphones intelligents sont plus accessibles dans les communautés aux revenus plus élevés, mais pour beaucoup de personnes à plus faibles revenus, ces éléments empêchent leur participation (Chianelli, 2019). Un discours public authentique n’est possible qu’en prenant en compte les obstacles à la participation lorsqu’on aborde les questions d’aménagement urbain et d’environnement, en particulier dans les communautés marginalisées où un aménagement durable et équitable a beaucoup plus d’importance.

En outre, la participation et l’inclusion des nouvelles et nouveaux immigrants, des personnes autochtones, noires et de couleur et issues de milieux multiculturels est également indispensable pour créer une foresterie urbaine équitable. En raison des bienfaits considérables qu’elle apporte, la foresterie urbaine implique des équipes pluridisciplinaires présentant des compétences et des connaissances variées. Les spécialistes de la foresterie, les urbanistes, les architectes en aménagement paysager, les arboristes, les scientifiques et les leaders communautaires contribuent à créer des forêts urbaines saines et durables. Ce domaine multidisciplinaire peut grandement bénéficier de l’inclusion de personnes aux milieux et aux expériences différentes.

Équité en matière de main-d’œuvre et équité des genres

L’équité en matière de main-d’œuvre et de genre sont également des questions cruciales dans les domaines de la foresterie urbaine et de l’arboriculture au Canada, où les deux secteurs ont traditionnellement été dominés par les hommes. L’équité en matière de main-d’œuvre vise à garantir une représentation, une rémunération et des possibilités d’avancement de carrière justes pour les personnes issues de tous les milieux. Cette question est particulièrement importante alors que le milieu de la foresterie urbaine cherche à diversifier sa main-d’œuvre et à attirer des profils plus variés. D’autre part, l’équité des genres s’attaque spécifiquement à la sous-représentation des femmes en foresterie urbaine et en arboriculture, où les femmes occupent souvent des postes à plus faibles responsabilités et sont confrontées à des obstacles à l’avancement de carrière en raisons de biais systémiques et discriminatoires (Bardekjian et al., 2019; Kuhns et al., 2004).

De récentes initiatives comme des programmes de mentorat et de formation et des ateliers visant à réduire les obstacles à l’entrée entendent créer des environnements plus inclusifs pour les femmes et d’autres groupes sous-représentés dans le domaine de la foresterie urbaine (Ville de Toronto, 2023; FSC, 2022). La Conférence canadienne sur la forêt urbaine organisée tous les deux ans par Arbres Canada en partenariat avec une ville hôte, ainsi que des initiatives comme les réseaux Free to Grow, Women in Forestry et Women in Wood, contribuent à rassembler la profession et à promouvoir des effectifs plus équitables, divers et inclusifs (Free to Grow in Forestry, 2021; Women in Forestry, s. d.; Women in Wood, 2017). Ces initiatives sont primordiales alors que les forêts urbaines jouent un rôle de plus en plus important dans la résilience climatique et le bien-être social des villes canadiennes, ce qui nécessite un plus vaste éventail de voix et de perspectives pour leur gestion durable.

À mesure que le domaine de la foresterie urbaine continue d’évoluer, veiller à l’équité en matière de main-d’œuvre et de genres sera essentiel pour s’assurer que l’ensemble des membres de la profession, quels que soient leur genre ou leur profil, peuvent contribuer concrètement à la conception, à la planification et à la gestion des forêts urbaines (Bardekjian, 2016; Bardekjian et al., 2019).

Solutions et stratégies

Une approche du verdissement urbain basée sur l’équité doit être adoptée pour s’assurer que les villes canadiennes peuvent chercher à atteindre leurs objectifs de couvert forestier sans propager de plus grandes disparités sociales et économiques (Angelo, MacFarlane, Sirigotis et Millard-Ball, 2022; Bassett, 2024; Puric-Mladenovic, 2024). L’augmentation des objectifs de couvert forestier et de plantation d’arbres fait partie des plans de gestion forestière urbaine de nombreuses villes canadiennes. Par ailleurs, le verdissement urbain dans les zones racialisées et à faibles revenus présente une occasion de gérer deux problèmes à la fois. Cependant, l’augmentation du couvert forestier dans des zones mal desservies présente certains défis, comme le manque de financement, l’absence d’un processus de planification qui valorise les arbres et la survie des arbres à long terme ainsi qu’une faible participation du public dans les collectivités qui ont le plus besoin d’arbres (Mullinex 2022). De plus, un manque d’espace physique pour planter des arbres et parfois des contaminants environnementaux peuvent affaiblir les chances de survie des arbres (Danford et al., 2014; Wattenhofer et Johnson, 2021).

Par où commencer

Il existe plusieurs outils et méthodes pour gérer les inégalités en matière de foresterie urbaine. Par exemple, Statistique Canada a créé un outil pour répondre au besoin de compréhension de l’embourgeoisement dans un contexte canadien. Cet outil s’appelle GENUINE (qui vient de l’anglais GENtrification, Urban INterventions, and Equity, soit gentrification, interventions urbaines et équité) (voir Team INTERACT, 2016). Il crée automatiquement des cartes pour plusieurs villes canadiennes selon quatre indicateurs différents (Firth et al., 2021). En plus d’évaluer la situation actuelle grâce aux outils disponibles, il existe des programmes de reconnaissance et de certification comme Tree Cities of the World (TCOW) d’Arbor Day Foundation et les normes de foresterie communautaire urbaine de la Sustainable Forestry Initiative (SFI) qui offrent des lignes directrices et des critères structurés pour une bonne gestion. La première étape consiste à déterminer les objectifs liés à l’équité d’une collectivité. Une fois les objectifs établis, ces types d’outils peuvent servir d’approches progressives pour la planification et l’examen.

Financement

Pour pallier le manque de financement pour les activités de foresterie urbaine, certaines municipalités, dont Toronto et Winnipeg, soutiennent des subventions de foresterie urbaine et des programmes d’incitatifs (Ville de Toronto, 2021). Intégrer le financement de la foresterie urbaine dans le budget municipal annuel est une autre façon de garantir des fonds à la gestion des forêts urbaines. Des programmes fédéraux de financement comme le programme 2 milliards d’arbres (Gouvernement du Canada, 2023) et le Programme d’innovation forestière (RNCan, 2023) peuvent également favoriser un accès équitable aux forêts urbaines et une gestion durable des espaces verts urbains, tandis que le Fonds pour les infrastructures naturelles (Gouvernement du Canada, 2024) devrait améliorer les infrastructures naturelles dans les collectivités mal desservies, ce qui permettra de réduire le stress lié à la chaleur, de limiter les dommages causés par les chaleurs extrêmes et de soutenir la gestion des eaux pluviales (Wittingham et al., 2021). Par ailleurs, le gouvernement fédéral devrait augmenter les fonds disponibles pour les municipalités afin de protéger et d’entretenir les arbres existants et d’étendre le couvert forestier de façon juste et équitable. Parmi les initiatives réussies, on peut citer le programme Croissance de la canopée des collectivités canadiennes (CCCC) mis en place en partenariat avec Arbres Canada et la Fédération canadienne des municipalités (FCM). Ce programme propose deux grands volets de financement : le premier vise à augmenter la canopée et à planter des arbres, tandis que le second entend renforcer les capacités dans tous les autres domaines nécessaires à la durabilité des forêts urbaines.

Planification

Les processus de planification doivent donner la priorité à l’équité en s’appuyant sur des prises de décisions fondées sur les données et éclairées par des outils comme les inventaires d’arbres actuels et l’indice d’équité forestière, les données liées aux revenus et les données relatives à l’immigration et aux PANDC (Ordonez et al., 2024). De plus, les municipalités doivent évaluer les données du couvert forestier actuel par rapport aux objectifs de canopée tout en complétant les décisions de verdissement urbain en recensant les zones où le couvert forestier et l’indice d’équité forestière sont plus faibles (Fleming and Steenberg, 2023). Des processus de planification intégrés et intersectionnels pour les arbres urbains doivent être créés, et des fonds municipaux et provinciaux alloués de façon adéquate pour renforcer le couvert forestier urbain dans les communautés racialisées et marginalisées des municipalités (Jennings et al., 2019). En outre, ces forêts urbaines et espaces verts urbains aménagés doivent être accessibles (dans un rayon de 300 m des résidences) et être d’assez bonne qualité pour fournir suffisamment de bienfaits à des communautés mal desservies (Wittingham et al. 2022).

Mobilisation

Enfin, encourager la participation du public en créant des relations avec les parties prenantes (gouvernements, milieu universitaire, secteur privé, organismes communautaires, professionnels et citoyens) est essentiel pour une gestion durable et équitable des forêts urbaines (Campbell, Svendsen, Johnson et Plitt, 2022). La population doit être impliquée dès les premiers stades des processus de planification et consultée tout au long du processus et de la mise en œuvre. Entretenir des relations avec les associations de quartier existantes et les programmes d’intendance (ou en créer s’il n’en existe pas) est une étape importante pour engager le dialogue avec les résidents et les résidentes. La consultation des leaders communautaires concernant des suggestions équitables et accessibles pour encourager l’intérêt et la participation de la population devrait faire partie des premières étapes des stratégies de mobilisation du public. Les efforts de mobilisation devraient recevoir la plupart des fonds de verdissement urbains pour les quartiers ciblés lors des premières étapes afin de veiller à prendre en compte les différentes perspectives, à consulter la population de façon appropriée et à la mobiliser concrètement. La création de relations avec les personnes touchées par les iniquités en matière de forêts urbaines peut contribuer à prendre en compte les besoins communautaires et à y répondre tout en élaborant des programmes durables, réussis et robustes (Wittingham, 2022).

Ressources

7.0 Considérations sociales

Sensibilisation et intendance communautaire

Points saillants

Sensibilisation et intendance

Sensibilisation et participation du public à la gestion des forêts urbaines.

Intendance et ONG

Implication des ONG dans l’intendance et le soutien de la foresterie urbaine communautaire.

Intendance communautaire

Mobilisation du public et des citoyens et citoyennes dans la gestion et la préservation des forêts urbaines.

Ce qui différencie la foresterie urbaine d’autres branches de la foresterie, c’est son lien direct avec la population, et son rôle dans les bienfaits sociaux et écologiques qui profitent à l’ensemble des résidentes et résidents urbains, et non seulement à des personnes ou groupes en particulier. Partout dans le monde, les gens s’impliquent de plus en plus dans leurs collectivités, et au cours des dernières décennies, on a observé une augmentation remarquable de la mobilisation communautaire dans le domaine de la foresterie urbaine. De nos jours, la population urbaine se préoccupe de plus en plus des espaces verts dans les quartiers et de la santé des arbres. Elle souhaite vivement contribuer à la protection et à l’entretien de ces ressources naturelles. Cette sensibilisation croissante à l’importance des forêts urbaines et à leur gestion a mené à une augmentation de la participation du public et des communautés à l’intendance des forêts urbaines au Canada.

La sensibilisation et l’intendance dans le milieu de la foresterie urbaine sont portées par des personnes qui se préoccupent de leur collectivité et souhaitent s’impliquer dans l’entretien et la gestion des arbres (Su et al., 2022). Il existe une diversité de points de vue sur les forêts urbaines et les espaces verts, et de nombreuses raisons pour lesquelles les gens et les collectivités se mobilisent. Que ce soit pour l’aspect esthétique, récréatif ou en raison d’une appréciation générale de l’environnement, les gens se sentent connectés aux arbres dans leur ville. Selon un sondage récent, environ 90 % des personnes résidant en ville ont affirmé ressentir un lien avec les arbres urbains, et près de la moitié ont indiqué avoir un « arbre préféré » (Université de Derby, 2023). Un pourcentage important de citadins (plus de 85 %) a reconnu que les arbres contribuaient à assainir l’air et l’eau, à créer des habitats pour la faune et à améliorer la santé mentale. Cela démontre que les personnes qui vivent en ville ont conscience de la valeur et des bienfaits qu’ils reçoivent des arbres urbains et veulent contribuer à les entretenir (Conway et Scott, 2020; Damian, 2020).

À plusieurs égards, le succès de la foresterie urbaine dépend de l’implication de plusieurs parties prenantes et partenaires dont des organisations, plusieurs ordres de gouvernement et des citoyens et citoyennes. Un grand nombre d’organisations non gouvernementales, officielles ou non, contribuent également à sensibiliser la population et à soutenir l’intendance de la foresterie urbaine.

Intendance communautaire dans les municipalités canadiennes

Au Canada, de nombreuses municipalités ont des stratégies de foresterie urbaine, souvent assorties d’objectifs explicites concernant la sensibilisation de la population, l’intendance et la participation à la gestion des forêts urbaines. L’intendance et la mobilisation de la population sont des composantes majeures de la gestion forestière urbaine, dans le cadre desquelles les collectivités et la population aident les municipalités. L’intendance communautaire est une pierre angulaire de la gestion efficace des forêts urbaines, que ce soit par le biais d’activités de plantation d’arbres, d’initiatives de surveillance et d’inventaire ou simplement d’entretien d’arbres publics ou privés dans un quartier.

De plus, de nombreuses municipalités au Canada fournissent également du soutien et du financement aux personnes qui souhaitent contribuer à la foresterie urbaine. Par exemple, des municipalités comme Ottawa, Kitchener et Halifax reconnaissent directement dans leur plan directeur sur les forêts urbaines que la mobilisation et l’intendance communautaires sont essentielles pour une gestion durable et proactive. La Ville de London, en Ontario, a créé un programme appelé Neighbourhood ReLeaf pour encourager la population à s’impliquer dans la plantation et l’entretien des arbres urbains en fournissant du financement pour les arbres et les activités de plantation, des conseils d’entretien et de la formation sur les bienfaits humains et la valeur écologique des arbres urbains (ReForest London, s. d.).

La Ville de Vancouver a aussi récemment lancé un appel au soutien local pour entretenir les arbres urbains en période de sécheresse. La ville a publié un guide pour informer les résidentes et les résidents de l’importance des arbres urbains, de leurs besoins et de la façon dont on peut s’assurer qu’ils sont en santé et bien arrosés pendant l’été (Ville de Vancouver, 2023). Plusieurs autres municipalités canadiennes au pays ont lancé des initiatives similaires, dont Oakville (2024), Wolfville (2024), Saddle Hills (Bozic, 2024) et Saskatoon (2024).

Toronto fait figure de chef de file parmi les municipalités canadiennes en raison de la solidité de son programme de gestion des forêts urbaines. C’est l’un des plus grands leaders au Canada en matière d’investissement dans l’intendance des forêts urbaines (Ville de Toronto, 2024). En six ans, le programme de subventions et d’incitatifs en foresterie urbaine de la ville a investi plus de 20,5 millions de dollars dans la foresterie urbaine, qui ont permis de financer plus de 200 projets indépendants partout dans la ville et de planter plus de 100 000 arbres (Ville de Toronto, 2024). Le programme soutient des partenariats et des collaborations avec les citoyens, les propriétaires de terrains et des organisations à but non lucratif pour favoriser les priorités de la ville définies dans son plan stratégique de gestion forestière (Ville de Toronto, 2013).

La Ville d’Edmonton soutient également un programme d’intendance des forêts urbaines bien établi : le programme Grow Together. Ce programme permet à la ville d’étendre les forêts urbaines en s’associant à des groupes communautaires et à des associations de quartier qui souhaitent en savoir plus sur l’intendance des forêts urbaines et planter plus d’arbres dans leur quartier (Ville d’Edmonton, s. d.). Le programme propose des activités éducatives, des initiatives de plantation d’arbres et du soutien aux personnes qui souhaitent contribuer à une bonne gestion des forêts urbaines.

Toutefois, l’intendance ne se limite pas à prêter main forte et à planter des arbres. Il s’agit également de mobiliser les citoyennes et les citoyens pour qu’ils réfléchissent à l’avenir de la forêt urbaine en les impliquant dans la planification de la gestion forestière urbaine. Mobiliser la population partout au pays pour élaborer des principes directeurs, des résultats souhaités, des attentes en matière de responsabilité et des stratégies et mesures spécifiques pour les plans de gestion peut soutenir la gestion forestière urbaine la plus efficace. Par exemple, Edmonton, comme plusieurs autres municipalités au Canada, dispose d’un plan de gestion forestière urbaine qui est élaboré par des membres de la collectivité et des scientifiques.

Le soutien des résidentes et des résidents apporté aux politiques de foresterie urbaine, y compris les politiques ciblant spécifiquement les zones résidentielles, sont un aspect peu étudié de la réussite de la gestion forestière urbaine. Cela est lié à la dimension de sensibilisation de la mobilisation communautaire. Les villes commencent à incorporer des rencontres ouvertes, des séances d’information et des façons de recueillir les commentaires du public concernant les objectifs de foresterie, les résultats souhaités et l’application des politiques (Conway et Wang, 2014).

Groupes d’ONG

Les organisations non gouvernementales (ONG) font partie intégrante des efforts d’intendance au Canada. Elles font la promotion de l’éducation et de l’information sur l’intendance des forêts urbaines, le développement durable et la mobilisation communautaire en matière de gestion forestière municipale. Ces organisations tiennent des ateliers, des conférences et des rencontres éducatives pour que les citoyens et les citoyennes puissent comprendre comment s’impliquer dans la foresterie urbaine. Ces initiatives mettant à contribution les collectivités locales se traduisent par une population plus impliquée, qui est plus susceptible de soutenir les arbres urbains et d’en prendre soin. Cela peut ainsi renforcer les efforts d’entretien des municipalités et garantir la réussite et la durabilité des forêts urbaines à long terme (Bourque et al., 2021).

Les contributions des ONG sont essentielles pour les initiatives d’intendance en dehors des terres appartenant aux villes, mais certaines ONG soutiennent aussi souvent des initiatives municipales. Il existe un grand nombre d’initiatives et de partenariats créatifs dans le domaine des forêts urbaines, dans le cadre desquels les ONG s’associent aux villes, aux gouvernements et aux fondations pour assurer l’intendance des forêts urbaines et sensibiliser la population. Les organisations à but non lucratif comme le Fonds municipal vert, Network of Nature et Arbres Canada proposent des subventions ou des listes de subventions pour des plantations d’arbres et des initiatives de foresterie urbaine pour les municipalités et d’autres organisations au Canada, ce qui contribue à établir des relations et des partenariats entre les collectivités et les organisations environnementales (Fonds municipal vert, s. d.; Network of Nature, 2024; Arbres Canada, s. d.).

Les ONG apportent également des fonds et de la main-d’œuvre aux projets de foresterie urbaine. Elles mobilisent des dons du secteur privé et de groupes d’entreprises et négocient souvent des partenariats publics-privés. Par exemple, le McMaster Marauders (Rukavina, 2024) et des manifestations sportives comme le Allstate Soccer Show de Calgary (PlanIT Geo, s. d.) se réunissent afin de collecter des fonds pour des initiatives de plantation d’arbres dans leurs localités.

Les groupes d’origine citoyenne à grande échelle sont aussi importants pour lancer et entretenir des initiatives d’intendance. En Ontario, des citoyens du village de Centre Wellington ont formé une organisation appelée Tree Trust qui se consacre à la sensibilisation aux arbres urbains anciens et irremplaçables dans l’espoir de les préserver (Tree Trust Centre Wellington, s. d.). En informant la population de la valeur des grands arbres anciens, à des fins esthétiques, mais aussi pour leur capacité à séquestrer et stocker du carbone, Tree Trust a officiellement réussi à protéger plus de 80 grands arbres matures dans plusieurs sections du sud de l’Ontario, et poursuit ses efforts. Au Manitoba, des résidentes et des résidents se sont unis pour former l’organisation Trees Winnipeg qui vise à protéger les arbres urbains, en particulier par le biais d’une coalition pour sauver les ormes touchés par une infection fongique fatale connue sous le nom de maladie hollandaise de l’orme (MHO). En sensibilisant la population de Winnipeg et en lui apprenant à reconnaître les signes et les symptômes de la MHO, l’organisation peut étendre sa capacité de surveillance et augmenter la probabilité de repérer la présence de la maladie avant qu’elle ne progresse trop ou qu’elle se propage (Trees Winnipeg, s. d.).

Le public et les résidents peuvent participer à certaines tâches d’entretien des arbres, comme prendre soin des jeunes arbres. Plusieurs programmes et ONG proposent de la formation et de l’aide aux groupes communautaires et à la population pour entretenir les arbres urbains. Par exemple, le programme Citizen Pruners, lancé par Tree Trust, enseigne aux bénévoles comment tailler correctement les arbres et entretient la mobilisation de la population dans les efforts de foresterie urbaine au-delà de la phase de plantation initiale. Cette formation est menée sous la supervision d’arboristes professionnels, et le programme encourage efficacement les bénévoles à participer aux efforts d’entretien des jeunes arbres après la plantation pour garantir leur croissance et leur survie. Le programme a fait l’objet d’un projet pilote à Elora, à Thunder Bay et dans le quartier Long Branch de Toronto (EEC, s. d.). De la même façon, à Vancouver, en Colombie-Britannique, le programme TreeKeepers’ Citizen Forester, mené par des arboristes agréés, éduque les citoyens forestiers en matière de sélection, de plantation et d’entretien des arbres urbains, en leur transmettant des connaissances qu’ils peuvent partager avec leur collectivité (TreeKeepers, s. d.). Par le biais de son programme Subventions d’arbres communautaires, Arbres Canada soutient des initiatives de plantation et d’entretien d’arbres menées par la collectivité partout au pays en fournissant des fonds et des ressources aux municipalités, aux communautés autochtones et aux organisations à but non lucratif qui ont des projets de plantation ou d’intendance (Arbres Canada, s. d.).

Partout au pays, des initiatives sensibilisent aux grands arbres présents au Canada. Sur l’île North Pender en Colombie-Britannique, le Raincoast Conservation Fund a mis sur pied une initiative pour créer un registre des grands arbres afin de multiplier les occasions de mobilisation de la population en matière de conservation. À l’aide d’outils comme iNaturalist, les résidentes et les résidents peuvent soumettre de grands arbres au registre en vue de les protéger de l’exploitation forestière et du développement (Willis, 2023). L’Ontario compte également plusieurs initiatives pour apprendre à la population à mieux connaître et apprécier les grands arbres, comme le programme Tree Trust, qui se concentre sur la préservation des arbres matures, en soulignant leur précieuse valeur environnementale et sociale, et en finançant leur entretien par des professionnels.

Groupes communautaires

L’implication de la population est l’un des piliers de la foresterie urbaine au Canada. À l’échelle locale, les organisations de quartier et les groupes communautaires ont été à l’initiative de nombreux mouvements citoyens réussis dans le domaine. Généralement nées d’une préoccupation pour des zones géographiques spécifiques, ces organisations de bénévolat locales mobilisent autour de certains sujets, comme la protection d’un parc contre le développement, la restauration d’un site dégradé ou la protection de certains arbres et espèces d’arbres en milieu urbain en menant des inventaires et en surveillant les forêts urbaines.

Par exemple, Vancouver adopte une stratégie de foresterie urbaine qui fournit des outils et assure le maintien d’espaces verts urbains sains et résilients en augmentant l’implication de la population dans l’intendance forestière, en proposant de la sensibilisation et de l’information aux résidentes et résidents urbains sur les bienfaits et l’importance des forêts urbaines et en créant des programmes pour améliorer l’accès aux espaces verts (Ville de Vancouver, s. d.). En 2015, la Ville de Vancouver a développé un plan stratégique de foresterie urbaine à mettre en œuvre sur plus de cinq ans en s’appuyant sur l’implication de la population et l’intendance pour atteindre des objectifs concrets guidés par la science dans le but ultime de protéger et d’améliorer les forêts urbaines et la biodiversité (Ville de Vancouver, 2015).

Neighbourwoods© est le premier programme de science citoyenne consacré aux forêts urbaines au Canada. Il a été fondé par Kenney et Puric-Mladenovic pour relier le milieu de la recherche universitaire et l’implication de la population. Ils ont été des pionniers des initiatives de science citoyenne et de mobilisation de la population en matière de conservation forestière visant à former les citoyens et les citoyennes à l’inventaire et à la surveillance des arbres urbains, à l’évaluation de leur santé et à l’identification de potentielles sites de plantation. Le programme a été essentiel pour l’intendance des forêts urbaines sur les terres privées et a permis de former des centaines de bénévoles et de nombreuses localités partout en Ontario. Il a également recruté plusieurs étudiantes et étudiants de la maîtrise en conservation forestière pour aider les collectivités dans les tâches d’inventaire, de sensibilisation et de création de rapports et de plans pertinents. Les données standards et spatiales collectées ont permis de prendre des décisions de gestion et d’intendance fondées sur les données, ce qui a mené au développement de plans d’intendance communautaire. Les données issues de ce programme continuent d’être utilisées dans des recherches appliquées liées à la séquestration du carbone, à la gestion d’espèces envahissantes, à la croissance des arbres, à l’évaluation des risques et plus encore. D’autres initiatives communautaires comme les « Bioblitz », un événement durant lequel les citoyens et les citoyennes contribuent à identifier, inventorier et cataloguer différentes espèces de plantes, d’insectes et d’oiseaux sont également un moyen d’augmenter l’implication de la population dans la biodiversité urbaine et l’intendance (iNaturalist, 2024). Les efforts locaux pour sauver des parcs face aux projets de développement, comme le mouvement Save City Hall Park à Vancouver, sont un exemple de résidentes et résidents qui se réunissent pour défendre les espaces verts urbains et s’impliquer dans leur protection et leur intendance (City Hall Watch, 2024).

Dans l’ensemble, la sensibilisation et l’intendance font partie des aspects les plus puissants et les plus uniques de la foresterie urbaine au Canada. La participation des municipalités, des ONG, des quartiers et des individus est indispensable dans le cadre des efforts visant à gérer les forêts urbaines dans les villes canadiennes de façon efficace et durable.

Au niveau national
Au niveau provincial ou territorial
Alberta
Colombie-Britannique
Île-du-Prince-Édouard
Manitoba
Nouveau-Brunswick
Nouvelle-Écosse
Ontario
Québec
Terre-Neuve-et-Labrador
Saskatchewan
Yukon
Non canadiennes
Lectures complémentaires

7.0 Considérations sociales

Collaboration avec les peuples autochtones et intégration du savoir traditionnel autochtone

Points saillants

Intendance des terres historiques

Les peuples autochtones du Canada, en s’appuyant sur leur connaissance intime des écosystèmes, gèrent les forêts et les terres de façon durable depuis des générations.

Savoir écologique traditionnel (SET)

La valeur des connaissances autochtones est de plus en plus reconnue pour la conservation et la gestion des terres.

Droits et pratiques culturelles

 Les communautés autochtones continuent de se battre pour leurs pratiques culturelles et le droit de gérer les terres.

SET et intendance autochtone dans les zones urbaines

Potentiel de la combinaison du SET et des méthodes scientifiques occidentales.

Les peuples autochtones du Canada vivent en harmonie avec la nature et prennent durablement soin des terres et des forêts depuis de nombreuses générations. Ils possèdent une connaissance intime des complexités des écosystèmes et de la biodiversité des forêts et des terres du Canada. Leur savoir s’est enrichi au fil de nombreuses générations grâce à des échanges directs avec l’environnement et un respect du territoire. Les Premières Nations, les Inuits et les Métis ont toujours été des forces d’influence sur la structure des forêts au Canada, mais historiquement, on les a rarement considérés comme gardiens des terres et du savoir. Encore à ce jour, les peuples autochtones se battent pour protéger le droit à leurs pratiques et valeurs culturelles, ainsi que pour leur droit inhérent et inaliénable de protéger les terres canadiennes (Native Land, 2024).

Récemment, la valeur du savoir traditionnel autochtone (STA) en matière de conservation et de gestion a été reconnue et a occupé le devant de la scène dans les discours des scientifiques et de la profession (Sinthumule, 2023; Alexander et al., 2019). De plus en plus, le Savoir écologique traditionnel (SET) est considéré comme une forme de conservation capable d’améliorer les pratiques traditionnelles de gestion forestière au Canada. La combinaison du SET et des connaissances scientifiques occidentales est également perçue comme un moyen de remédier à l’injustice et à l’exclusion historiques des peuples autochtones des décisions de gestion sur leurs terres (CCFM, 2024, McGreggor, 2002).

Depuis que les premiers colons ont mis le pied sur le sol canadien, l’aménagement du territoire, les changements d’utilisation des terres et l’urbanisation ont été précipités. Des colonies permanentes, des villes et des villages, produits de la civilisation occidentale, ont fleuri partout au Canada en quelques décennies de défrichement. À partir du début des années 1900, et en particulier après la Deuxième Guerre mondiale, les colonies, villes et villages existants se sont développés de façon exponentielle à mesure qu’un grand nombre de zones urbaines s’établissaient. Cette vaste urbanisation a stimulé la croissance du réseau d’infrastructures grises (routes, électricité, lignes électriques, etc.) nécessaires pour soutenir les centres urbains et leurs environs. À la suite de tous ces changements et possibilités économiques en milieu urbain, la population du Canada, y compris les peuples autochtones, est devenue principalement urbaine. Aujourd’hui, plus de 800 000 Autochtones vivent dans des villes au Canada (Trovato et Price, 2024). Selon le recensement de 2016, environ 45 % des Autochtones inscrits, 76 % des non-inscrits, 50 % des Inuits et 70 % des Métis vivent en milieu urbain (Services aux Autochtones Canada, 2020).

Savoir écologique traditionnel (SET)

Le savoir écologique traditionnel (SET) a une valeur culturelle et traditionnelle importante pour les communautés autochtones et les colons canadiens. Le SET s’est développé et a évolué durant des milliers d’années d’expériences vécues et a façonné la culture et l’économie du Canada. Les peuples autochtones possédaient une connaissance essentielle de pratiques liées à la gestion du milieu naturel. Ils étaient experts dans la navigation de cours d’eau et l’utilisation de lacs, de fleuves et de rivières pour se déplacer. Pour les déplacements sur l’eau, les peuples autochtones ont créé des canots en écorce de bouleau (Marsh et Parrott, 2021) et ont conçu des raquettes pour marcher et chasser sur la terre durant les mois enneigés (Atleo et Boron, 2022).

Les Autochtones, maîtres des techniques de piégeage et de chasse, ont appris aux colons comment les animaux migrent, comment suivre leurs traces et comment les piéger et enlever leur peau. Entailler les érables pour produire du sirop d’érable, un savoir et une compétence originellement détenus par les peuples autochtones du Canada, est devenu un emblème de la culture canadienne. Bien que de nombreux parcs et groupes dans les villes ou aux alentours organisent des festivals de sirop d’érable pour démontrer comment les colons entaillaient les érables, ils ne reconnaissent pas nécessairement la contribution des Autochtones (Pine, 2016; Moody, 2015; Huron, 2014).

Les pratiques agricoles autochtones employées par les Haudenosaunee comprenaient des méthodes comme les « Trois Sœurs » (maïs, haricots et courge), ce qui contribuait à optimiser le rendement des récoltes et à assurer la fertilité du sol (Decaire, 2012). Au début de la colonisation, la nature était la principale source de médicaments, et les peuples autochtones détenaient une connaissance approfondie des plantes locales aux propriétés guérisseuses et médicinales. Par exemple, l’écorce de saule (similaire à l’aspirine) était utilisée pour soulager les douleurs, tandis que le thuya occidental était infusé en thé et utilisé par les colons pour prévenir le scorbut (Turner, 2019; Durzan, 2009). Les peuples autochtones ont également une grande connaissance des pratiques de gestion des terres comme les brûlages dirigés visant à maintenir les communautés de végétation et la faune associée dans le paysage dont elles dépendent. Dans plusieurs villes, on a eu recours aux feux contrôlés comme pratique de gestion dans les parcs urbains, et l’abattage sélectif des arbres a également été considéré comme bénéfique (Moola et al., 2024).

Même si ces pratiques autochtones et le SET ont été employés par les colons pour survivre et réaliser des profits économiques, façonnant la culture canadienne telle qu’on la connaît aujourd’hui, le SET n’a pas toujours été reconnu et honoré (Parcs Canada, s. d.). Le SET a été pris, mais le crédit et le respect appropriés n’ont pas été rendus aux peuples autochtones qui ont enseigné et partagé leurs compétences, leurs connaissances et leurs terres. Ce que les colons n’ont pas appris ou retenu des peuples autochtones, c’est comment ne pas abattre, chasser, pêcher de façon excessive, comment respecter les terres et comment penser aux prochaines générations (Dick et al., 2022).

Les perspectives sur le territoire et les valeurs des peuples autochtones et des colons européens étaient également aux antipodes. Le SET, tout comme les ressources abondantes et les terres prises aux peuples autochtones, ont permis aux colonisateurs d’en profiter économiquement jusqu’au point où les gains économiques ont mené à la déforestation, à l’érosion, à la pollution, à la perte d’espèces, à l’effondrement des zones de pêche et à de nombreux autres problèmes découlant de la vision des terres comme une commodité. Cela a rapidement mené au contrôle, à la marginalisation et à l’exclusion des peuples autochtones et de leur culture au Canada, avec des effets dévastateurs qui ont des répercussions encore aujourd’hui.

Intendance autochtone dans les villes canadiennes

Depuis l’établissement de colonies permanentes et de zones urbaines par des colons, les arbres et jardins urbains et leur gestion dans les villes ont été dominés par les valeurs, les conceptions et la science occidentales en excluant les peuples autochtones, leurs connaissances et leur collaboration (Mullenbach et al., 2003).

Toutefois, la société canadienne, y compris les différents ordres de gouvernement et des ONG, commence à intégrer des groupes autochtones et leurs perspectives à des séances d’information et dans les prises de décision dans le cadre de mesures de conservation et d’aménagement du territoire. Le SET est de plus en plus considéré comme une méthode de conservation ayant le potentiel d’améliorer les pratiques de gestion forestière traditionnelles du Canada tout en reconnaissant l’exclusion historique des peuples autochtones des décisions de gestion concernant leurs terres (CCFM, 2024). Dans certains cas, des activités traditionnelles et culturelles sont intégrées aux plans de gestion forestière dont la conception et les plans de zones de protection des terres sont basés sur le SET (Cheveau et al. 2008). Les peuples autochtones dépendent d’écosystèmes forestiers sains et efficaces auxquels ils sont connectés ainsi qu’à leurs produits forestiers autres que le bois, ce qui apporte une perspective holistique sur la vision et la gestion des forêts (Cheveau, Imbeau, Drapeau et Bélanger, 2008). La collaboration avec les peuples autochtones au niveau politique de la foresterie demande plus d’attention, mais il existe un grand nombre d’initiatives d’intendance autochtone dans les paysages forestiers. Par exemple, les désignations de « forêts communautaires » dont la gestion est basée sur des valeurs, des croyances et des décisions locales émergent en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec (RNCan, 2024). Ces forêts communautaires représentent des initiatives conjointes du secteur privé et menées par des Autochtones, ce qui favorise la cogestion autodéterminée. Grâce au soutien du secteur privé et du gouvernement, les communautés autochtones peuvent appliquer des pratiques d’intendance traditionnelles et définir leurs propres résultats souhaités en matière de gestion forestière urbaine tout en faisant progresser les objectifs de foresterie définis en collaboration avec les associations du secteur et la population.

Une coopération et une cogestion efficaces entre le secteur privé, le gouvernement et les peuples autochtones en aménagement urbain peuvent également donner lieu à des pratiques de gestion et d’aménagement du territoire percutantes. Récemment, plusieurs Premières Nations du Manitoba ont montré l’exemple en matière de développement urbain mené par les Autochtones en obtenant la plus grande réserve autochtone urbaine du Canada sur le site des anciennes casernes de Kapyong à Winnipeg. Grâce à des décisions et une planification stratégique largement menées par des Autochtones, des infrastructures vertes (forêts urbaines, étendues d’eau, végétation) ont été reconnues comme « vitales » pour la création de collectivités durables dans le plan directeur de Naawi-Oodena. La Première Nation utilisera des espèces indigènes pour la végétation urbaine comme moyen de partager des connaissances et de reconnaître la valeur culturelle des plantes locales tout en créant un habitat essentiel pour les espèces indigènes de la faune et les pollinisateurs (Société immobilière du Canada, 2021).

Les forêts urbaines sont un nouveau phénomène qui est né avec la croissance des centres urbains. Elles sont le résultat de changements et d’interactions complexes entre les gens et les terres et leur volonté de rendre les villes plus agréables à vivre. Bien que les forêts urbaines soient une combinaison complexe d’arbres et de plantes indigènes et non indigènes, elles reçoivent souvent une réponse positive des peuples autochtones. Les peuples autochtones, en tant que petits groupes ou individuellement, font entendre leur voix dans les zones urbaines et sont souvent les premiers à défendre la nature. Ils défendent les arbres, la faune et même les barrières de thuya occidental face au développement (Therrien, 2022). Ils observent les créatures que les forêts urbaines abritent et ont conscience de ce que les arbres apportent au-delà de la valeur financière.

L’histoire, l’expérience et la recherche ont montré que le SET et les pratiques traditionnelles de foresterie contribuent à des niveaux plus élevés de biodiversité et à des écosystèmes plus sains (Nitah, 2021). Les peuples autochtones utilisent et gèrent le territoire de façon durable et respectueuse (Fisher et al., 2019). Leurs pratiques historiques comme les brûlages culturels et l’abattage sélectif d’arbres ont aujourd’hui été incorporées dans certains plans de gestion forestière contemporaine. Les brûlages dirigés et la foresterie sélective sont adoptés dans la plupart des provinces et territoires du Canada. De plus, lorsqu’on donne les moyens à la population locale de gérer les forêts urbaines, ces forêts ont tendance à être plus résilientes, biodiverses et bénéfiques d’un point de vue socioéconomique (RNCan, 2023). L’incorporation des pratiques traditionnelles comme les brûlages dirigés, l’abattage d’arbres, les jardins pollinisateurs et la protection des plantes indigènes dans la foresterie urbaine contemporaine est vitale pour encourager des pratiques de gestion forestière urbaine durables, mais constitue aussi une étape fondamentale vers la réconciliation (voir Arbres Canada, s. d.). Les voies à suivre pour l’avenir nécessitent plus de connaissances, d’expertise, de collaboration et de gestion menée par les Autochtones en foresterie urbaine.

Intégrer le SET dans la gestion forestière urbaine et encourager les échanges, la collaboration et l’autodétermination des peuples autochtones sont essentiels à la gestion durable des forêts urbaines (Reconciling Ways of Knowing, s. d.). Historiquement et jusqu’à ce jour, la gestion des forêts urbaines a souvent exclu le savoir et les pratiques autochtones traditionnels, mais la voie à suivre montre l’importance, la valeur et la nécessité du SET pour l’avenir.

Canadiennes
Non canadiennes
Lectures complémentaires

7.0 Considérations sociales

Éducation et perfectionnement professionnel

Points saillants

L’écologie urbaine est essentielle

Pour des villes durables, il faut intégrer la nature et favoriser le lien du public avec les forêts urbaines.

L’éducation est en pleine évolution

Des programmes partout au Canada forment la population citoyenne et la profession en matière d’écologie.

L’enseignement supérieur montre la voie

Les universités proposent désormais des diplômes spécialisés et des formations en foresterie urbaine.

Le perfectionnement professionnel est important

Un vaste éventail de certifications, d’ateliers et de partenariats soutiennent les carrières en foresterie urbaine.

La sensibilisation est de plus en plus vaste

De nombreuses organisations sensibilisent les populations urbaines à l’environnement dans tout le pays pour renforcer leur lien avec la nature.

Pour bâtir plus de collectivités urbaines durables, on observe un besoin croissant d’intégrer l’écologie urbaine dans nos villes partout au Canada en incorporant les écosystèmes vivants aux projets d’aménagement et de développement urbain. Cela va au-delà de la protection des parcs et de la plantation des arbres. Cela passe par reconnecter les gens à la nature, développer un lien avec la population urbaine et les aspects naturels de leurs villes et comprendre l’importance des forêts urbaines pour la durabilité en ville. Établir ce lien implique plus qu’une simple exposition aux espaces verts et nécessite une compréhension plus profonde du rôle de la foresterie urbaine dans les villes canadiennes et de favoriser les connaissances qui aideront le mieux à la mettre en place. Par conséquent, les programmes pédagogiques et environnementaux s’adaptent à ces exigences, favorisant l’émergence d’une population et d’une main-d’œuvre écologiquement éduquées et informées.

Les pratiques et les priorités en foresterie urbaine sont en constante évolution, car il existe un besoin grandissant d’utiliser l’éducation écologique urbaine pour bâtir des collectivités durables et arborées et former une population urbaine éduquée et informée en matière d’écologie. Encourager la création de programmes de formation adaptables et divers est indispensable pour tenir les jeunes, la profession et le public correctement informés. Par ailleurs, la diffusion des connaissances et des informations sur les pratiques et priorités nouvelles et émergentes en foresterie urbaine est primordiale pour que les citoyens et les citoyennes ainsi que les professionnels au pays demeurent formés et prêts à se perfectionner dans le domaine de la foresterie urbaine.

Enseignement supérieur

La foresterie urbaine au Canada est née de professeurs et de diplômés de la Faculté de foresterie de l’Université de Toronto (UofT), qui fait aujourd’hui partie de la Faculté d’architecture, de paysage et de conception John H. Daniels [Voir le chapitre Historique des forêts urbaines au Canada]. De plus, depuis 1997, de nombreux professionnels de la foresterie urbaine ont obtenu une maîtrise en conservation forestière (MFC) de l’UofT, le premier programme de deuxième cycle à proposer des cours, des stages et des documents de synthèse dans le domaine de la foresterie urbaine. Les titulaires d’une MFC qui se spécialisent en foresterie urbaine occupent des postes de gestion dans le domaine dans des municipalités, des ONG, des gouvernements à l’échelle fédérale ou provinciale au Canada, des groupes de conseil et à l’étranger. Au cours des 10 dernières années, davantage de possibilités d’éducation ont été créées au Canada au sein de programmes universitaires existants ou nouveaux. On y propose des programmes et des cours sur la foresterie urbaine et le premier programme de baccalauréat en foresterie urbaine au Canada (2015) ainsi que la plus récente maîtrise en gestion de la foresterie urbaine à l’Université de la Colombie-Britannique. Le programme de formation en foresterie urbaine (Ufor) est conçu pour former la future génération de gestionnaires de foresterie urbaine. Le réseau de l’Ufor est constitué de membres d’universités de partout au Canada, ainsi que de collaboratrices et collaborateurs du monde entier. Il inclut des personnes diplômées (maîtrise et doctorat), des chercheuses et chercheurs au postdoctorat des quatre coins du Canada et un grand nombre d’organisations partenaires.

Aujourd’hui, on compte huit facultés qui proposent des programmes accrédités consacrés à la foresterie au Canada, même si certains départements et écoles, commme les études ou sciences environnementales, la géographie et l’aménagement paysager proposent également des cours liés à la foresterie urbaine. Tous ces établissements postsecondaires partout au Canada font également progresser la sensibilisation du public à la foresterie urbaine grâce à des présentations en ligne, des séminaires, des conférences et des ateliers en personne.

Perfectionnement professionnel

En pratique, la foresterie urbaine implique la collaboration de différents professionnels, dont des forestiers, des arboristes, des architectes paysagers, des biologistes, des écologistes, des employés des services publics, des urbanistes, des ingénieurs, des politiciens, des économistes, des analystes politiques, des géographes, des analystes d’informations, des gestionnaires de projet, etc. Certains aspects de la foresterie urbaine peuvent nécessiter de faire appel à des professionnels agréés qui doivent répondre à certaines exigences établies par des organismes professionnels. Par conséquent, les profils de formation des spécialistes de la foresterie urbaine peuvent grandement varier selon les secteurs.

Des programmes internationaux comme l’International Society of Arboriculture (ISA) offrent plusieurs niveaux d’agrément en arboriculture qui sont reconnus dans le monde entier. Au Canada, un agrément provincial en tant que forestier professionnel inscrit (FPI) est exigé pour réaliser des travaux d’arboriculture dans la plupart des provinces. Les spécialistes des forêts urbaines sont souvent inscrits comme FPI et peuvent être engagés par des municipalités, des régions ou une province. Des programmes accrédités offrent une formation professionnelle en foresterie urbaine, mais d’innombrables organisations et mouvements locaux proposent également des possibilités de formation pour le public et la profession. Ces possibilités passent par des activités communautaires, des ateliers, des conférences et des rencontres organisés occasionnellement par les municipalités ou les organisations indépendantes. Des occasions de formation et de perfectionnement professionnel comme le Project Learning Tree et le site d’emplois de l’Institut forestier du Canada, existent également par le biais de plateformes en ligne pour servir et mobiliser les objectifs du Réseau canadien de la forêt urbaine comme informer la population canadienne des emplois en foresterie, faire la promotion d’échanges réguliers et donner un point de départ aux personnes qui souhaitent se lancer ou faire progresser leur carrière dans le milieu de la foresterie (Arbres Canada, 2024; SFI, 2024; IFC, 2024).

Bon nombre de régions au Canada organisent des rencontres en personne pour offrir des expériences interdisciplinaires. Les ateliers pratiques et les activités éducatives sont des moyens courants d’encourager le perfectionnement professionnel et la sensibilisation de la population. De plus, on s’assure de tenir à jour et d’adapter l’éducation en foresterie urbaine grâce à la publication de sujets d’actualité et de séries spéciales sur les principales questions touchant le secteur, comme la participation des peuples autochtones ou la déconstruction des mythes et des préjugés sur les arbres.

Par ailleurs, des programmes comme le Réseau canadien sur la forêt urbaine et la Conférence d’Arbres Canada offrent des ressources et des occasions nationales de réseautage, d’apprentissage et de perfectionnement professionnel pour l’ensemble de la population canadienne (Arbres Canada, 2024). Des organismes financés par le gouvernement fédéral et des ONG unissent leurs efforts dans le cadre de projets tels que la collaboration du gouvernement du Canada avec le Fonds municipal vert de la Fédération canadienne des municipalités pour planter deux milliards d’arbres partout au Canada d’ici 2031 (FCM, 2024). Ce programme offre des possibilités de formation, de l’aide financière et des ressources techniques aux Canadiennes et aux Canadiens ainsi qu’aux organisations qui souhaitent mener des projets de verdissement urbain ou de plantation d’arbres. Il fournit l’information et le soutien nécessaires pour faire croître, gérer et protéger le couvert forestier de façon appropriée.

Formation publique liée à la foresterie urbaine

À mesure que la population urbaine grandit et que les terres s’urbanisent au Canada, les forêts urbaines et l’éducation environnementale connexe sont essentielles pour favoriser les relations entre les personnes, les villes et l’environnement. Pour y parvenir, de nombreux programmes éducatifs et environnementaux, en particulier ceux qui concernent les personnes qui vivent en milieu urbain et leur relation avec le milieu naturel, ont été établis au Canada. Ainsi, au-delà des écoles et organismes professionnels, différents types d’organisations – entités gouvernementales, organismes à but non lucratif, ONG – s’impliquent dans la foresterie urbaine et dans des programmes éducatifs environnementaux pertinents.

Une étude récente menée pour comprendre un large éventail de programmes éducatifs liés à la foresterie urbaine et à l’écologie urbaine au Canada a révélé des résultats intéressants (Puric-Mladenovic et Bardekjian, 2024). Cette étude se concentrait principalement sur des organisations à la portée nationale, provinciale et régionale et incluait quelques programmes locaux de grands centres urbains. Pour Vancouver, Calgary et Montréal, l’exploration des données passait par l’examen de programmes éducatifs locaux et municipaux liés à la foresterie urbaine. L’étude portait sur 188 organisations au Canada, qui proposaient en tout 482 programmes différents en éducation environnementale directement ou indirectement liés à la foresterie urbaine ou à l’écologie urbaine. Ces organisations évoluaient dans différents secteurs, principalement dans la biodiversité et la conservation, les changements climatiques et l’écotourisme, ou encore l’éducation, la foresterie, le paysagisme/l’horticulture, la mobilisation du public et la foresterie urbaine. Sans surprise, les résultats ont démontré que les organisations qui se consacrent principalement à l’éducation (47 %) ont tendance à offrir la majorité des programmes éducatifs. Toutefois, les organisations dont l’activité première est la biodiversité ou la conservation arrivaient en seconde place, avec 29 % des programmes éducatifs, ce qui souligne l’importance croissante de l’éducation liée aux milieux urbains et à l’écologie.

Formation postsecondaire en foresterie et ressources naturelles au Canada
  • Université de l’Alberta : Faculté des sciences de l’agriculture, de la vie et de l’environnement
    • Programme : Baccalauréat ès sciences en foresterie
  • Université de la Colombie-Britannique : Faculté de foresterie
    • Programmes : Baccalauréat en foresterie urbaine; maîtrise en gestion de foresterie urbaine
  • Université du Nord de la Colombie-Britannique : Écologie et gestion forestière
    • Programme : Baccalauréat ès sciences en écologie et gestion forestière
  • Université du Nouveau-Brunswick : Faculté de foresterie et gestion environnementale
    • Programme : Baccalauréat ès sciences en foresterie; baccalauréat ès sciences en gestion environnementale
  • Université de Moncton à Edmundston : École de foresterie
    • Programmes : Baccalauréat en aménagement des forêts; maîtrise en sciences forestières
  • Université de Lakehead : Faculté de gestion des ressources naturelles
    • Programme : Baccalauréat spécialisé en sciences forestières
  • Université de Toronto : École supérieure de l’Institut de foresterie et de conservation
    • Programme : Maîtrise en conservation forestière
  • Université Laval : Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique
    • Programme : Baccalauréat en aménagement et environnement forestiers
  • Programme de formation en foresterie urbaine (Ufor) (Réseau de sept universités canadiennes)
Diplômes et certificats en arboriculture
  • Collège Fleming (Ontario) : École de sciences de l’environnement et des ressources naturelles
    • Programme : Arboriculture (alternance)
  • Collège Humber (Ontario) : École de technologie appliquée
    • Programme : Arboriculture urbaine, entretien des arbres
  • Collège Olds (Agriculture et Technologie) (Alberta)
    • Programme : Certificat de technicien ou technicienne en arboriculture
Désignations de forestier professionnel par province
Alberta
Colombie-Britannique
Île-du-Prince-Édouard

La foresterie n’est pas une profession réglementée dans cette province.

Manitoba

La foresterie n’est pas une profession réglementée dans cette province.

Nouveau-Brunswick
Nouvelle-Écosse
Ontario
Québec
Saskatchewan
International Society of Arboriculture
Canadiennes
Lectures complémentaires

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Ressources supplémentaires

Canadiennes
Non canadiennes